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"Il était une fois un doux matin au milieu des glaces ...

Un igloo habité par un gentil Inuit qui faisait un gros dodo ..."

 

Ça commence comme un conte de fée ... mais cela s'arrête là ! En effet, immédiatement Tonka met les choses au point !

 

"Ah non ! Jamais de la vie ! "Il était une fois", et puis quoi encore, des licornes ? pas chez moi !!! Ni princesse, ni chevalier.

A toutes celles et ceux qui en voulaient, c'est le moment de fermer ce livre !"

 

Voilà, le ton est donné ! Chez Tonka, c'est chacun chez soi ... "ce qui veut surtout dire : PAS chez moi !"

Chez lui, nous voulons dire !

 

 

 

 

Vous l'avez tout de suite compris, Tonka est un "gentil" Inuit qui n'apprécie la vie que seul dans son igloo et surtout loin, très loin des autres. Enfin plutôt les autres qui doivent être loin, très loin de chez lui.

Sa vie se poursuivrait paisiblement si par malheur, un jour Norbert, un grand ours blanc, lunettes sur le museau et écharpe vert et vert autour du cou ne venait s'installer tour près du "Igloo de Tonka" ... trop près d'ailleurs, à deux pattes dirons-nous !

 

© Hervan - Inukshuk 2024

 

Et non content de venir ainsi envahir son espace vitale, le voilà à squatter son trou de pêche, venir lui demander ceci ou cela, ... l'interrompre par ses "bla bla bla bla" ... bref lui rendre la vie impossible !

 

Car Norbert est gentil, bienveillant et surtout ne voit absolument pas qu'il énerve au plus haut point le pauvre Tonka !

L'heure des malheurs sonne ainsi pour ce misanthrope de Inuit, râleur, grognon et désormais toujours de mauvais poil !

 

© Hervan - Inukshuk 2024

 

Un album sur les premières (més)aventures de ce pauvre Tonka hilarant et déconcertant. Nous avons tous, dans nos connaissances, une "bonne âme" toujours prête à râler sur ceci ou cela, à vivre des péripéties incroyables et difficiles à croire. Voilà ce qui attend ce malheureux Tonka avec l'arrivée ... et l'installation de Norbert sur son bout de banquise.

 

" - C'est admirable de pouvoir ainsi compter sur les autres. Entre voisins, c'est une véritable une véritable chance !

- C'est ça, c'est ça ! Bla bla bla bla bla ... Voisin ? Voisin ? Voisin !

VOISIN !! RAAAAH ÇA NOOOON !"

 

Cédric Hervan nous livre ici une petite pépite de rigolade et d'humour ... pas forcément blanc ! Le type qui vient s'incruster dans votre espace alors que vous ne rêvez que d'une chose, qu'on vous f... la paix ! Voilà ce sacré Norbert avec toute son innocence et sa bienveillance !

 

 

© Hervan - Inukshuk 2024

 

Un dessin rond, belgo-belge bien personnel mais où le crayon glisse sans forcer le style sur le papier.

Un graphisme qui colle parfaitement au personnage principal à l'aspect sympathique, presque comique avec son gros nez, ses crises de rage et de mauvaise humeur permanentes !

Sans oublier, Norbert, un ours blanc un rien naïf, à moins que cela ne soit sa philosophie de vie, genre "hakuna matata" ou "Il en faut peu pour être heureux" de Baloo, afin de rester dans les ursidés !

 

Un format à l'italien, plus grand néanmoins que le classique, autorise Cédric à développer ses gags sur 2 faces. Pratique et lisible ... surtout pour les plus jeunes lecteurs.

Car cette histoire est accessible dès 5 ans ! Pas forcément besoin de savoir lire pour bien rentrer dedans et rigoler franchement ! Le dessin est suffisamment expressif pour rendre la narration parfaitement compréhensible dans sa continuité.

 

© Hervan - Inukshuk 2024

 

Difficile également pour Cédric Hervan de ne pas inclure une donnée plus "pédagogique" à son album. Un petit bonus non négligeable justement pour le plus jeune public vient le clôturer : un petit dossier de 10 pages de "jeux" et énigmes ainsi que 2 pages de croquis !

 

Pour info complémentaire, la BD a été plébiscitée grâce à un crowdfunding sur Ulule. Donc pour les heureux participants, de nombreux petits suppléments étaient accessibles en fonction des packs proposés.

 

En fonction du succès de ce premier tome, un second serait envisageable ... pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques !

 

 

© Hervan - Inukshuk 2024

 

Suite à notre passage à l'émission d'Olivier sur Radio Émotion (C'est presque samedi, lien vers le podcast), le vendredi 8 novembre, Cédric Hervan nous a accordé une petite interview bien sympathique : "Derrière la palette, Cédric Hervan"

 

 

 

 

 

 

Ceci se faisait dans le cadre de l'opération "Lisez-vous le Belge ?" à laquelle nous collaborons depuis 2 ans.

Bref, le cadeau idéal de Saint-Nicolas pour nos petits chérubins ou à glisser en bonne place sous le sapin de Noël !

Et d'avance, joyeuses fêtes de fin d'année déjà à toutes et à tous.

 

 

 

Thierry Ligot

 

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Série : Tonka

Tome : 1 - Chacun chez soi

Scénario - dessin - couleurs : Cédric Hervan

Éditeur : Inukshuk

Genre : humour, pédagogique

Public : dès 5 ans

Parution : 23 novembre 2024

Pages : 64

Format : 19 x 28 cm x 1,5 cm, à l'italienne

ISBN : 978 2 490276 29 5

Prix : 12 €



Publié le 05/12/2024.


Source : Bd-best


Sorti il y a à peine un petit mois, largement plébiscité par la chronique et surtout par le public, le tome 1 d'une nouvelle série est toujours un petit événement !

Si nous ajoutons qu'il s'agit d'une première collaboration entre scénariste et dessinateur, que le premier, bien que grand spécialiste du 9e Art, est plutôt "novice" dans l'exercice d'écriture, cela ne pouvait que titiller notre curiosité et nous donner l'envie de déjà en savoir plus sur cette aventure et sur sa suite.

 

 

 

Mais revenons-en à la série. Il s'agira d'un diptyque centré sur l'année 1936, année cruciale dans l'Histoire de l'Europe et la montée du nazisme en Allemagne.

Le premier tome allait de janvier ... plutôt mars, à juin. Nous pouvons donc conclure que le second ira de juillet à décembre.

Largement basé sur des faits historiques, la ligne du temps reprise dans le dossier pédagogique ne fait pas de mystères sur les événements qui serviront de canevas à l'intrigue du tome 2.

 

© Chacma - Goepfert - Kennes 2024

 

Maryse et Abby vont donc partir à Berlin pour les Jeux Olympiques afin de tenter de retrouver, voire libérer Michel, retenu en "otage" par le SD (service de renseignement et de sécurité de la SS, fondé en 1931 et qui lentement prend de la puissance dans la machine politique nazie).

 

Ces Jeux Olympiques d'été se dérouleront du 1er au 16 août 1936. Pourtant depuis 1933, date de l'instauration du régime nazi à Berlin, plusieurs pays et organisations ont demandé son boycott. Ces derniers pousseront leur démarche jusqu'à vouloir en organiser des parallèles, les Olympiades populaires à Barcelone. Programmés du 19 au 26 juillet 1936, les événements feront qu'ils n'auront jamais lieu : la Guerre d'Espagne éclate la veille de son inauguration !

 

Bref, les 2 espionnes se retrouveront certainement mêlées à certains grands moments de ces XIe Olympiades et à leur récupération politique pour raison de propagande par Hitler et ses services de communication.

Mais pas qu'eux ...

 

© Chacma - Goepfert - Kennes 2024

 

Un autre grand attrait du tome 1 est évidemment le plaisir de redécouvrir certaines voitures et avions mythiques des années '30. Je pense notamment au De Havilland DC 88 Comet ou encore à l'emblématique Traction avant de Citroën. Et que dire de l'élégante et racée Viva Grand Sport, version roadster ACX 1 !

Difficile de croire que le tome 2 ne fera pas une belle petite place à d'autres engins roulants ou volants. Avec Maryse, aviatrice confirmée, comme héroïne, à votre avis, quels pourraient être les avions militaires anglais ou allemands qu'elle croiserait ? J'ai bien quelques idées parmi les plus célèbres chasseurs de l'époque. Spitfire contre Messerschmitt ... lequel aurait sa préférence ?

Bien qu'un petit tour en Zeppelin serait bien dans son genre ...

 

Côté intrigue "scientifique", il est évident que la question du radar et du magnétron est loin d'être clôturée. Dans le tome 1, les Allemands le cherchaient car ils étaient également sur le point d'en faire une arme offensive. Il serait impensable que Chacma n'y revienne pas !

 

© Chacma - Goepfert - Kennes 2024

 

Bref, un second tome attendu avec impatience, tant les possibilités de développement de la série sont riches et variées.

Prévu pour le printemps, le scénario est ficelé et Brice Goepfert aurait déjà dépassé la page 40 (sur 54 !).

 

Un second diptyque, centré cette fois sur l'année 1937, serait envisagé (en fonction du succès évidemment de ce premier, mais comment en douter ?).

 

A l'heure où le hasard des événements nous rappelle cette année 1936, montée de l'extrême-droite et année olympique, les deux en France et non plus en Allemagne, l'occasion est trop belle de se laisser embarquer dans cette nouvelle série "Deuxième Bureau", un docu-fiction haletant !

 

Encore une petite dizaine de mois à attendre ! Cela risque d'être long à s'imaginer ce second tome !

 

 

Thierry Ligot



Publié le 08/07/2024.


Source : Bd-best


 

 

"M'adapter ... Je n'aurais pas demandé mieux, moi ! Était-ce ma faute si le monde marchait à l'envers de ma logique ?"

 

Alan Turing ou quand le mérite s'efface, une fois l'ennemi vaincu, devant le puritanisme extrême d'une société aux œillères bien rigides !

 

 

 

 

En voici l'un des exemples le plus humainement abjecte de la Seconde guerre Mondiale. Alors que nous venons de fêter le 80e anniversaire du D-Day, Maxence Collin, François Rivière et Aleksi Cavaillez reviennent sur l'émouvante trajectoire vers le néant de l'homme qui à lui seul perça le secret d'Enigma ! La fabuleuse machine à cryptage nazie ! Son code était incassable et rendait impossible le déchiffrage des messages allemands !

 

 

 

 © Rivière - Collin - Cavaillez - Casterman 2024

 

70 ans après sa mort, ... son suicide, Alan Turing est et reste à la fois l'un des plus brillants cerveaux qui mena à la victoire des Alliés en 1945, et l'une des victimes d'une Angleterre ultraconservatrice appliquant strictement une loi (l'amendement Labouchere datant de 1885) condamnant l'homosexualité et ses mœurs "dissolues" !

 

Il y a peu, le remarquable film "Oppenheimer" nous faisait revivre le parcours complexe du "père de la bombe atomique" face à ses propres contradictions ... D'un côté avoir créer l'arme absolue, de l'autre, être "devenu la mort, le destructeur des mondes" ! D'un côté le scientifique pur, de l'autre l'homme "humain", sensible, amoureux de la poésie !

 

© Rivière - Collin - Cavaillez - Casterman 2024

 

Le roman graphique de Collin, Rivière et Cavaillez retrace celui du père de la cryptoanalyse : Alan Turing ! Plus que le perceur d'Enigma, Alan Turing est considéré comme le précurseur de l'analyse par algorithme grâce à sa "machine de Turing". Lui qui perça les codes les plus inviolables ne réussit pas à vaincre celui de la morale de son époque !

 

Tout homme peut avoir une face sombre, cachée, voire "honteuse" ... ou plutôt jugée telle à certaines époques, en fonction de certaines valeurs morales du moment. Mais ici, prenant comme point de départ son procès pour mœurs en 1950, les auteurs mettent en avant le côté humain de ce génie, les dilemmes qui vont le déchirer à travers un récit émouvant, plein de flash-back, de poésie et de rêverie.

 

© Rivière - Collin - Cavaillez - Casterman 2024

 

Au fur et à mesure de la lecture, le lecteur se sent clairement emporté dans les voluptés de cette passion scientifique côté face et sensuelle, amoureuse mais cachée côté pile.

François Rivière et Maxence Collin réussissent ainsi à nous faire suivre le parcours si héroïque mais désespérément culpabilisé de celui qui révolutionna l'approche de l'informatique. Après avoir craquer Enigma, jeter les bases de l'ordinateur moderne et de l'intelligence artificielle en plein développement aujourd'hui ... pour ne pas dire en pleine conquête de notre société, ce génie tourmenté finira par se suicider avec une pomme au cyanure à la veille de son 42e anniversaire !

 

 

 

© Rivière - Collin - Cavaillez - Casterman 2024

 

Roman en noir et blanc, dans une mise en page complètement éclatée et libérée de toute contrainte de cadrage, le dessin d'Aleksi Cavaillez est à l'image du personnage ... à la fois réaliste, sérieux et poétique, doux. Énormément de légèreté et de force dans le trait et les compositions de planches ! Un résultat qui les rend à la fois fort claires et visuellement agréables.

 

Un indispensable sur un rayon traitant des grands esprits du XXe siècle et de la Seconde Guerre Mondiale.

 

 

 

 

Thierry Ligot

 

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Titre : Alan Turing

Scénario : François Rivière - Maxence Collin

Dessin & couleurs : Aleksi Cavaillez

Editeur : Casterman

Parution : 15/5/2024

Page : 264

Format : 18 x 26 cm

ISBN : 978-2-203-08859-7

Prix : 28 €



Publié le 15/06/2024.


Source : Bd-best


Une gifle, une monumentale baffe narrative et graphique, voilà ce que vous propose l'adaptation BD de la nouvelle d'Emmanuel Delporte par Llyod Chéry (scénario), Amaury Bündgen (dessin) et Elvire De Cock (couleurs).

 

 

L'histoire semble un machiavélique mélange de "Transperceneige" et "Elysium" en version "Tour de Babel" social inversée ! 

 

 

 

 

 

"Un jour tout s'est éteint. L'ère du Grand Nuage Noir a commencé. Les villes furent détruites. La planète devint notre ennemie. L'humanité disparut et des bêtes immenses apparurent, dévorant ceux qui n'avaient pas été emportés.

Des hommes et des femmes se réunirent et les premiers ingénieurs désignèrent une zone sur le sol carbonisé.

Ils décrétèrent que c'était le point de départ de la tour numéro un.

Vertigéo est le phare des survivants. Et les ouvriers bâtissent, année après année, des étages dans le ciel pour nous sauver."

 

Ugo est contre-maître sur le chantier d'une des 13 gigantesques tours, la 9, devant toujours grandir, grandir afin de dépasser les nuages et permettre à ses occupants d'enfin retrouver le soleil !

Le monde a en effet connu une apocalypse nucléaire, ravageant villes et campagnes. Impossible désormais de vivre au niveau du sol et une couche sans fin de nuages toxique entoure désormais la planète ! Dès lors, il s'agira de construire plus haut qu'eux ! Pour cela, chaque individu a une tâche bien précise dans ce chantier qui semble ne pas avoir de fin.

Mais pour Ugo, tout bascule lorsqu'il croise furtivement une ingénieure en fuite lui hurlant que tout est faux !

Une société hyper hiérarchisée, obéissant aveuglément à ses dirigeants, ne supportant aucun retard ou manquements sous peine de mort ... être jeté du haut de la tour !

Et si ce stress constant de ne pas "décevoir" ne suffisait pas, des dangers supplémentaires menacent jour après jour les ouvriers : des tempêtes magnétiques accompagnées de vents effroyables ou encore ces monstres volants, dignes descendants des ptérodactyles préhistoriques qui attaquent les ouvriers trop malchanceux, ...

 

 

 

© Delporte - Chéry - Bündgen - Casterman 2024

 

Dans ce monde déshumanisé où l’espérance de vie ne dépasse pas la quarantaine, réussir à tenir le rythme et le planning de construction imposé par le Grand Chambellan est un miracle à chaque fois.

Il s'agira de terminer les 5 prochains niveaux de la Tour en un temps record si Ugo et son équipe ne veulent pas connaître de punition "mortelle" pour les éléments les plus faibles ou ralentissant l'ouvrage. Par contre, si le planning est respecté, la fête sera à la hauteur ... avec notamment festin et plaisirs charnels, servant essentiellement à la reproduction afin de fournir des générations futures d'ouvriers !

Pourtant, tout ne semble pas si "clair" et Ugo se retrouve mêler à une sorte de complot visant à percer quelques mystères sur les fondements mêmes de cette société tyrannique et sur les véritables buts de ces constructions.

 

 

 

© Delporte - Chéry - Bündgen - Casterman 2024

 

Une réflexion sur la lutte des classes dans un récit d'anticipation extrême. Quel est le prix (inconscient) à payer par les classes laborieuses, la grande majorité de l'espèce humaine pour permettre à quelques (centaines, milliers ?) privilégiés de vivre dans l'abondance, le confort, l'insouciance matérielle ?

Ugo réussira-t-il à transgresser les règles qui depuis sa naissance lui dictent sa conduite, sa soumission "volontaire" à un ordre ne laissant aucune place à l'auto-détermination et au libre-arbitre de l'homme ? Il devra pour cela vaincre le crédo qui guide son existence et oser remettre en question les croyances nées des siècles auparavant du cataclysme initial.

 

"Seul compte le rendement"

 

Ce récit divisé intelligemment en chapitres nous plonge dans une parabole futuriste noire de l'aberration de la vie : vivre pour travailler ou travailler pour vivre ? Une version apocalyptique du "métro-boulot-dodo" n'offrant aucun espoir de réelles améliorations aux masses populaires !

Une quête de vérité, une recherche du Paradis caché, une métaphore dystopique de toute beauté sur notre futur où l'homme sera définitivement et entièrement soumis par le travail à un espoir inatteignable dans une société totalitaire masquée.

Centré clairement sur cette course à la hauteur, sur l'étude de cette organisation sociétale dictatoriale, on fait fi des questions "bassement" matérialistes comme : d'où viennent les matériaux, la nourriture, ...

La chute quant à elle, est aussi vertigineuse que surprenante ... Même si les fans de récit du genre peuvent s'y attendre ou du moins l'envisager !

 

Pour sa première adaptation, son premier scénario BD, Llyod Chéry transpose ainsi à merveille cette nouvelle d'Emmanuel Delporte en réussissant à la transposer en un story board fidèle à l'ambiance angoissante du texte d'origine. Une réelle réussite pour ce spécialiste de la S-F !

 

© Delporte - Chéry - Bündgen - Casterman 2024

 

Bref une nouvelle haletante, rythmée, sans véritables temps morts superbement mis en planches par un Amaury Bündgen qui nous avait déjà scotché avec son trait réaliste dans "Le Rite" ! Un "noir et blanc" des plus contrastés et vertigineux dans ses cases de perspectives et d'actions.

 

 

 

© Delporte - Chéry - Bündgen - Casterman 2024

 

 

Sans aucun doute, un de nos best-sellers 2024 !

 

 

Thierry Ligot

 

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Titre : Vertigéo

Scénario : Emmanuel Delporte, Llyod Chéry

Dessin : Amaury Bündgen

Couleurs : Elvire De Cock

Éditeur : Casterman

Genre : Science-fiction, anticipation

Parution : 15/5/2024

Pages : 136

Format : 24,1 x 32,1

ISBN : 9782203257313

Prix : 22 €



Publié le 15/06/2024.


Source : Bd-best


Il est des chroniques plus agréables que d'autres. Des chroniques qui donnent "faim". Faim de savoir, de découvertes, de plaisirs, de détente, de rire, ...

Et d'autres qui donnent soif ! Une soif de savoir aussi, mais parfois simplement soif de saveurs, de senteurs, de goûts !

Et celle-ci en fait largement partie !

Evidemment, il s'agit d'être sensible à son sujet ! Mais mea culpa, ici, je ne puis être totalement objectif !

Celles et ceux qui me connaissent un peu vous diront sans risque mon amour pour une certaine bière trappiste ... l'Orval pour ne pas la citer !

Mais pas que ... Amateur à mes heures d'un autre breuvage divin, le whisky !

 

 

Ecossais, irlandais entre autres ... mais aussi japonais !

Dès lors, comment ne pas se plonger avec délectation dans "Whisky San" ?

Fabien Rodhain, Didier Alcante nous narrent avec brio et passion l'incroyable "épopée" du créateur du 1er whisky japonais : Masataka Taketsuru.

Car épopée, ce fut bien le cas. Issu d'une célèbre famille de brasseurs de saké depuis 1733, comment imaginer pour son père que son unique héritier rêve de créer le premier whisky japonais ?

 

A 6 ans, son grand-père lui raconte l'arrivée du whisky au Japon. C'était en mars 1854. Une flottille américaine sous les ordres du Commodore Matthew Perry arrive au Japon pour forcer le Shogun à ouvrir ses frontières au commerce international.

Dans leurs bagages, des cadeaux ... et parmi eux, un tonnelet de "whiskey" inconnu au pays du Soleil levant.

 

- C'était bon ?

- Bon ? Oh non, ce n'était pas simplement bon. C'était ... inattendu, délicieux, puissant, incroyable ! C'était comme si le soleil était descendu dans ma gorge !

© Rodhain - Alcante - Grande - Grand Angle 2024

 

Ainsi naît dans la tête du petit Masataka ce rêve insensé !

"Coup de chance", deux ans plus tard, lors d'une petite bagarre avec des condisciples à l'école, il prend la défense d'un gaïjin écossais, nouvellement arrivé dans son école, Craig McConnell et ... un mauvais coup lui casse le nez !

Un nez cassé et surtout la naissance d'une amitié qui lui offre sa première gorgée de whisky !

 

De son nez fracturé naît également sa faculté exceptionnelle à reconnaître, décortiquer, analyser les différentes senteurs l'entourant ! Cette bénédiction des dieux le mènera de fil en aiguille à rencontrer son mentor, futur partenaire, avant d'être concurrent, Shinjiro Torii, puis à partir en Ecosse parfaire ses connaissances sur la distillation de ce breuvage de "sauvages". Là, il y rencontrera Rita Cowan, sa future épouse !

 

Et son parcours se poursuivit au hasard de rencontres, avec cette volonté inébranlable de réussir.

Mais le défi est de taille. Réussira-t-il et jusqu'à quel point ce rêve deviendra-t-il réalité ?

 

 

© Rodhain - Alcante - Grande - Grand Angle 2024

 

 

Ode à l'abnégation d'un homme qui consacrera sa vie entière à réaliser un rêve de gamin. Celui, après avoir entendu le récit de son grand-père, de créer ce premier whisky japonais !

Entre échecs, obstacles, incompréhension de son entourage familial, moqueries, concurrence, allant jusqu'à braver tradition séculaire et autorité paternelle, Masataka s'y plongera corps et âme !

Car oui, oser produire un whisky japonais au pays du saké est pire qu'un sacrilège et mériterait à ces auteurs de se faire seppuku immédiatement !

 

 

Un scénario à 4 mains, rythmé et passionné. Alors que le second tome de leur série des "Damnés de l'or brun" sort également en librairie, le duo Rodhain / Alcante s'offre une récréation bien rafraîchissante avec ce "Whisky San".

 

Et dire que Fabien Rodhain s'y lança suite à une dégustation de whiskies à Orp-Jauche, commune du Brabant Wallon (en Belgique). Il y apprend avec stupeur qu'il existe aussi des whiskies japonais ! Le représentant, devant son étonnement, lui raconte alors l'histoire de ces 2 Japonais à l'origine de cette incroyable aventure : Masataka Taketsuru et Shinjiro Torii !

Partenaires au départ, concurrents à la fin et fondateurs des 2 premières distilleries du Soleil levant : Nikka et Suntori !

2 marques unanimement reconnues, maintes fois primées, aujourd'hui dans le monde du malt !

Au plus il l'écoute, au plus les images défilent dans son esprit ...

Reste à concrétiser l'ensemble en un tout cohérent ...

© Rodhain - Alcante - Grande - Grand Angle 2024

 

 

Projet qui mit plus de 10 ans à mûrir, tel un "pure malt", il gagna en maturité et ... en amour ... "élément indispensable" pour distiller un vrai whisky que McCall, grand-père de Craig, demanda à Masataka d'identifier lors de leur première rencontre.

 

En 2020, apprenant que Didier Alcante, grand connaisseur du Japon notamment après l'écriture de "La Bombe", a une idée similaire, il lui propose de s'associer pour le scénario. Et pour être certain de sa réponse, lui communique ses premières notes ! Malgré une surcharge de travail, un moral à zéro dû au début du confinement, ce dernier est emballé par l'idée. Nous connaissons le résultat ...

 

Encore restait-il à trouver un "crayon" pour tout traduire en images ! Ce sera à Alicia Grande de relever ce défi. Après sa série "Retour de flammes", elle hésite à poursuivre son métier de dessinatrice BD. Manquant de projets, elle est sur le point d'abandonner quand elle reçoit la proposition de Fabien. Elle lui envoie quelques planches d'essai et la magie opère ! Son style BD - manga fait mouche : une ligne claire, des traits fins avec un soupçon d'art manga ! Le parfait mariage pour un album racontant le mariage entre deux traditions aussi différentes que l'écossaise et la japonaise, le whisky et le saké !

 

Mais que serait l'association scénaristes-dessinatrice sans le travail de mise en lumière, en ambiance de Tanja Wenisch ? Une palette proche de l'aquarelle pour un dessin mi BD - mi manga !

 

 

 

© Rodhain - Alcante - Grande - Grand Angle 2024

 

Récit historique, librement adapté de faits réels, mais surtout une ode à la vie, à l'amour, à la passion ... d'un homme pour son rêve, pour sa femme Rita ! Sa foi inflexible, sa conviction intime d'être capable de réaliser l'irréalisable au pays du saké, c'est tout cela que nous offre ce one-shot romanesque.

 

 

Par ailleurs, cette parution fut l'occasion pour BD Best d'une nouvelle capsule de "Derrière la palette ...".  Ce jeudi 29 février, nous rencontrions Fabien Rodhain à l'hôtel Warwich.

L'occasion de découvrir ce scénariste, amoureux de la terre et de ses combats, de son parcours, notamment avec Didier Alcante, son co-scénariste qui signe également avec lui "Les Damnées de l'or brun", une histoire de chocolat ...

Whisky et chocolat ... de quoi damner bien des amateurs de saveurs exquises !

 

 

 

Pour le plaisir de le revoir, lors de notre entrevue, Fabien nous rappela ces 2 publicités pour le whisky Suntory Crest réalisées par Sean Connery ... :

 

 

 

Kampaï !

 

 

Thierry Ligot

 

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Titre : Whisky San

Scénario : Fabien Rodhain & Didier Alcante

Dessin : Alicia Grande

Couleurs : Tanja Wenisch

Editeur : Bamboo

Collection : Grand Angle

Public : tout public et surtout amateurs de whisky

Format : 12,3 x 30,0 cm

Page : 136

ISBN : 978-2-8189-8867-1

Prix : 24,9 €



Publié le 08/03/2024.


Source : Bd-best


Quartier un rien miteux, dans une ville enneigée marquée par les traces de bombardements récents.

Il fait froid, brumeux en ce petit matin. La vitrine du bar Timo illumine tristement la rue.

L'atmosphère y est enfumée et lourde. Plus grand monde ... quelques clients, 4 - 5 femmes de mœurs légères et Frank. Ado de 17 ans, mais déjà adulte dans sa tête et son vécu, il est l'enfant unique chéri de Lotte. Celle-ci tient la maison close du quartier, visitée par les forces d'occupation et autres notables de cette ville moyenne qui pourrait se situer n'importe où en Europe. Cela lui donne les moyens de continuer à vivre "plus que correctement" et de ne pas connaître les pénuries frappant l'habitant.

 

 

 

 

 

Fringuant, légèrement dandy, Frank n'a plus grand chose à apprendre des femmes ... "profitant" à son gré des "pensionnaires" de sa "maquerelle" de mère. Blasé ou perdu, ne sachant qui il est et ce qu'il veut, Frank traîne avec lui une sorte de spleen malsain, une drôle d'étoile rosée, marquée "SWING" cousue sur le revers de son manteau !

D'ailleurs, son nom de famille expliquerait-il cela ? Frank Friedmaier !

 

 

Ah oui, j'oublie, également présent chez Timo, Fred Kromer ! Petit caïd mafieux du quartier. Tous les trafics et mauvais coups passent par lui. Ses mains sont déjà rouges du sang de certaines de ses victimes.

 

 

 

© Fromental - Yslaire - Dargaud 2024

 

Mais ce soir-là, Frank sent qu'il va connaître une sorte de dépucelage ! L'idée lui est venue d'un coup, sans préméditation ... juste une pulsion ... criminelle dont la victime sera un sergent des forces d'occupation, un vicieux qui offre des bonbons aux petites filles. Surnommé "L'Eunuque", Frank décide de l'attendre dans une ruelle sombre et de l'égorger avec le nouveau couteau de Kromer !

Il y a bien Holst, le conducteur de tram, qui l'a croisé mais parlera-t-il ? Nous sommes en guerre et un ennemi reste un ennemi.

Holst, le père de la jolie Sissy. Perle de pureté naïve, Frank n'a aucune difficulté à la séduire et à la manipuler. A moins que ...

© Fromental - Yslaire - Dargaud 2024

 

Une lente descente de la petite délinquance à un banditisme plus brutal, sans âme, l'entraîne vers un enfer qui est loin d'être pavé de bonnes intentions. Une déchéance insondable dans ce monde en totale perdition.

 

Pourtant dans ce décor de plus en plus sombre, ne serait-ce pas en touchant le fond du fond que l'on pourrait rebondir, trouver une lumière, une rédemption ?

Et cette neige omniprésente, si blanche, si immaculée tout au long du roman se teintera-t-elle petit à petit de noir, de rouge ... de misère, de sang ?

© Fromental - Yslaire - Dargaud 2024

 

Lorsque Simenon écrit ce roman, nous sommes en 1948, soit 3 ans seulement après la fin de la guerre. Ces blessures sont loin d'être effacées, guéries ! La noirceur de l'époque doit ressortir ... Et Simenon va nous en offrir un véritable chef-d'œuvre du genre. Tout y est ! Une qualité d'écriture assurée, un thème centré sur toute la noirceur de son personnage principal.

Intrigue, drame humain, violence pure, gratuite, trahison, perte de repères, un monde en perdition noyauté par un occupant (nazi ?), des collabos (Frank reçoit une "carte verte"), police d'Etat qui n'a pas de nom (Gestapo), une croix comme symbole (à la place d'un swastika), torture et exécutions de terroristes, ...

Bref tous les ingrédients également pour un excellent scénario BD ...

Chose que Jean-Luc Fromental se charge de réaliser intelligemment.

 

© Fromental - Yslaire - Dargaud 2024

 

Pour l'adaptation graphique ... un nom ! Bernard Yslaire ! Son style s'accommode parfaitement à l'atmosphère des romans noirs de Georges Simenon, et à celui-ci tout particulièrement. Utilisant essentiellement un cadrage serré, Yslaire fixe l'attention du lecteur sur les expressions des protagonistes. Leur état d'âme transparaît à chaque case.

Jouant avec ses crayonnés, ses nuances de gris-noir parfois légèrement rosées, son découpage impose une lecture rythmée et prenante.

Et pour renforcer son trait unique, teintes sombres, rougeâtres ici, jaunâtres là, bleuâtres ou grisâtres en fonction des ambiances, un splendide travail de mise en lumière.

Ne laissant aucun moment de repos dans sa narration graphique, Yslaire plonge le récit dans cette atmosphère si particulière aux romans noirs, et tout particulièrement à ceux de Simenon !

 

 

 

 

 

Une adaptation plus que réussie d'un roman noir ... ou simplement d'un roman signé "Simenon". Fidèle au roman initial et traduisant la force de cette écriture, Fromental et Yslaire nous offre clairement un "indispensable" et déjà un "best 2024" !

 

Pour s'en rendre compte encore plus, quelle meilleure occasion que de pouvoir admirer de plus près les croquis préparatoires et planches de Bernard Yslaire ?

Une remarquable exposition nous l'offre à la galerie Champaka et ce jusqu'au 23 mars ! 

 

 

 

 

 

 

Thierry Ligot

 

 

Adresse de la galerie Champaka : Rue Ernest Allard, 27 à 1000 Bruxelles

Site : https://www.galeriechampaka.com/

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Titre : La Neige était sale

Auteur : Georges Simenon

Adaptation scénario : Jean-Luc Fromental

Dessin et couleurs : Bernard Yslaire

Editeur : Dargaud

Collection : Simenon

Genre : roman noir - drame - guerre

Public : ado - adulte

Parution : 26/01/2024

Page : 104

Format : 22 x 28,8 cm

ISBN : 9782505115809

Prix : 23,5 €



Publié le 05/03/2024.


Source : Bd-best


 "- Ce bois est immense ! Il est vraiment entièrement à nous ?

- Oui, bien que je ne sache pas exactement jusqu'où va le domaine.

- Huub, il faut que tu voies ça !

- Il y en a ici aussi ... Ah, on dirait un graffiti tout droit sorti de "Blair Witch Project" ! La tempête est aussi passée par ici !

- C'est vraiment dommage ! Celui-là devait bien avoir quelques centaines d'années ...

- Oui, mais il devait sans doute être pourri ou malade ou quelque chose comme ça ...

- Cette eau ... elle est si noire ... Cette eau ... Elle a quelque chose de ... "

 

 

Le plus grand malheur pour tout parent est de perdre un enfant ! C'est ce qui est arrivé à Huub et à Sara Kuylder ! Ruben, leur fils de 6 ans, meurt renversé par une voiture alors qu'il accompagnait sa maman au vernissage d'une exposition la consacrant !

6 ans passent ! Sara est incapable de s'en remettre. Elle a arrêté de peindre. Se sentant responsable, elle s'est enfermée dans un monde géré par son traitement psycho-médical !

Pourtant un jour, Huub décide qu'il est temps pour elle de se reprendre en main, de se remettre à vivre ... et à créer !

 

Il décide d'emménager dans une propriété abandonnée, héritée de son grand-oncle. Elle est située au milieu d'une immense parcelle de forêt primaire.

Au fond de celle-ci, le couple découvre un gigantesque arbre, plus que centenaire, déraciné par une tempête. Couché tout de long, comme un géant terrassé par des forces naturelles maléfiques, une mare noire inquiétante remplit désormais un trou béant à ses pieds !

Une étrange attirance s'en dégage !

Autour d'elle, de vieux hêtres se dressent encore ... Sur leur tronc, de mystérieux symboles y sont gravés !

 

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024

 

Par ailleurs, près de la bâtisse, une vieille remise sera transformée en atelier afin de permettre à Sara de se remettre à la peinture.

Cette mise au vert, le fait de quitter Amsterdam, devrait l'aider dans son processus de deuil ... Elle en est convaincue devant sa thérapeute, lui promettant de continuer à prendre néanmoins ses antipsychotiques !

Bref, si ce déménagement semble pouvoir être bénéfique à Sara, cette mare noire l'attire subrepticement !

 

Alors qu'ils commencent à s'installer, une vieille voisine, un peu folle, vient jeter un froid en avertissant Sara d'un danger la menaçant !

 

-Toi ... tu es en danger. Je suis venue t'avertir ! Ta douleur est comme un phare ! Tu ne t'en rends pas compte ! Le portail est fragile, ici ! ...

 

Le trouble augmente avec la découverte dans le grenier de vieux carnets remplis d'un charabia incompréhensible et de symboles ésotériques semblables à ceux gravés sur les arbres près de la mare noire ... Cette fameuse et étrange mare noire ...

Et voilà que subitement, Sara commence à "revoir" son fils décédé. Perd-elle la tête ou une malédiction liée à l'endroit la frappe-t-elle ??? A moins que ... ???

 

 

Un récit partant d'un drame familial terrible, fragilisant Sara à un tel point que sa douleur, son deuil inachevé pourrait servir de portail à ... Qui sait ? Mais ce sera effroyable et sans retour !

 

Et cette mare noire obsessionnelle, qui attire Sara vers une perte totale du sens de la réalité, qui semble lui prédire ses futurs sombres desseins ... comme elle aurait pu le lire dans le marc de café, au fond d'une tasse ébréchée ... Ebréchée comme elle par la vie et le décès de son fils !

 

 

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024

 

Erik Kriek nous offre ici un thriller psycho-effrayant allant en crescendo jusqu'à un dénouement sanglant !

Si certaines clés et éléments classiques du genre sont utilisés pour amener le suspense, la psychose s'installe doucement au fur et à mesure des pages. Les gravures sur les arbres entourant une mare étrange d'une eau noire inquiétante, des carnets remplis de formules et signes diaboliques, le récit maudit de la vie du grand-oncle qui semble avoir perdu la tête, la vieille voisine et ses avertissements, la réputation maléfique du domaine dans le voisinage, ... et j'en passe !

Tous les ingrédients nécessaires à un bon roman d'horreur !

 

 

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024

 

Pourtant, si rien de bien nouveau n'apparaît dans ce catalogue d'accessoires, on ne peut pas dire que l'intérêt du récit est inexistant.

La référence de Huub au film "Blair With Project" au moment de découvrir les arbres gravés évite intelligemment l'impression d'un plagiat maladroit. Au contraire, elle nous indique la direction à prendre pour se plonger dans l'intrigue.

Mais cette dernière ne dérape pas brutalement dans le côté horrifique du genre. Bien au contraire, il faut attendre la fin pour en découvrir toute l'ampleur ! Un véritable coup de maître narratif que de réussir à garder ce final, à y amener le lecteur sans lui la "vendre" trop tôt ! Rêves ? Cauchemars ? Visions rédemptrices ? Un chemin étroit au bord d'un précipice ... guérison d'un côté, folie de l'autre ...

 

 

 

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024

 

 

Intrigue également qui est largement soutenue, renforcée par le style graphique d'Erik Kriek ! Un dessin à la fois sobre et sombre, lourd dans ses traits, offrant aux expressions faciales, aux décors, à l'atmosphère la touche de psychose supplémentaire à assumer. Le tout est éclairé de façon angoissante par une palette de couleur restreinte, comme Erik à l'habitude de faire.

 

Comme il le précise lui-même dans l'interview qu'il nous a accordée ce mercredi 28 février, on ne peut s'empêcher de remarquer l'influence de Charles Burns dans son graphisme si oppressant.

 

 

 

© Erik Kriek - Editions Anspach 2024

 

Un captivant roman graphique noir de l'auteur de "L'Exilé", également aux éditions Anspach !

 

 Capsule "Derrière la palette ... Erik Kriek"

© Th. Ligot - BD Best 2024

 

Thierry Ligot

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Titre : La Mare

Scénario / dessin / couleur : Erik Kriek

Editeur : éditions Anspach

Genre : roman-graphique

Thèmes : horreur, psychose

Parution : 23/2/2024

Page : 136

Format : 20,7 x 28,3 cm

ISBN : 978-2-931105-21-4

Prix : 29 €



Publié le 04/03/2024.


Source : Bd-best


Philippe Xavier dans la peau de XIII ...

A l'occasion de sa nouvelle participation à la saga XIII, nous avons posé quelques questions à Philippe Xavier au sujet de sa contribution remarquée au "XIII Mystery 14".

Un petit récit racontant l'arrivée de XIII dans les jungles du Costa Verde avec la belle Maria et des exploits qui lui valurent le surnom d'El Cascador !

En bonus, l'honneur de pouvoir réaliser les couvertures des 2 éditions : la classique et la spéciale "Fnac" !

 

Pour rappel, il avait déjà prêté son crayon à XIII pour l'album "L'Enquête, partie 2",

 

 

 

 

1) 2024, une année hors-norme pour Philippe Xavier ?

 

Hors norme je ne sais pas ! Mais c'est le fruit d'un travail qui a été entamé il y a plus d'un an. Cela a demandé beaucoup de concentration et d'efforts mais m'a apporté également énormément de plaisir.

Année 2024 ... je la débuterais en septembre 2023 pour la finir fin 2024 ...

D'abord avec le Tango 7.

Ensuite l'histoire courte de Bernard Prince réalisée avec Matz pour le Journal de Tintin 77 ans. J'en ai retiré énormément de plaisir et de satisfaction.

Et puis évidemment, cette parenthèse de XIII pour l'album "XIII Mystery 14 - Traquenards et sentiments"...

 

Donc, oui une année bien remplie ... de nouveautés d'abord, les "normales" dirons-nous ... puis par ces parenthèses avec ces petites histoires courtes exceptionnelles et inédites.

 

 

© Philippe Xavier - Jean Van Hamme - Dargaud 2024


2) Collaborer à un album de XIII avec de plus Jean Van Hamme au scénario, un rêve ? Un fantasme? Une utopie ? Le nirvana ? Ou une collaboration logique qui devait arriver ?

 

En fait, si j'accepte de travailler dans l'univers de XIII, c'est à cette condition. Si Jean n'est pas au scénario, cela risque de moins me motiver et donc je préfère refuser.

J'ai eu la chance, l'opportunité, il y a quelques années de pouvoir travailler dans l'univers de XIII (ndlr : "L'Enquête suite") , mais j'ai préféré me consacrer ensuite à mes propres séries, "Tango" ou encore "Le Serpent et le Coyote".

 

Cependant, ce n'est ni un fantasme, ni une utopie, un nirvana ou quelque chose du genre. C'est plutôt un plaisir personnel sur le fait de pouvoir traiter un personnage, des personnages, un univers qui m'a bercé quand j'étais adolescent.

Je l'ai déjà répété plusieurs fois, et je ne suis pas le seul.

J'ai grandi en lisant les bandes dessinées de Hermann, Giraud, Vance ! Ces 3 auteurs incroyables ont fait ce que je suis aujourd'hui.

Avec bien sûr quelques influences américaines comme les illustrateurs des années '50-'60.

Donc c'est une sorte de boucle de satisfaction personnelle. C'est un peu logique.

 

Par contre, cela devait-il arriver ? Je ne sais pas. Néanmoins, je pense que la majorité d'entre nous n'a pas eu la chance de réaliser ce rêve.

 

Une fois que je décide de faire cette histoire ou ces hommages, je le fais ça avec beaucoup de respect, d'humilité et je donne tout ! J'essaie d'être le plus juste possible pour satisfaire déjà et faire plaisir à Jean Van Hamme, le scénariste bien sûr ... le créateur, et à mon éditeur dans ce cas-là.

Mais sans oublier de me faire plaisir à moi-même ... à faire ce que j'aime dessiner.

Et honnêtement, si je m'éclate, je pense que le lecteur le ressentira par la suite.

 

 

© Philippe Xavier - Jean Van Hamme - Dargaud 2024


3) Comment as-tu été « embarqué » dans l’aventure de ce 14e "XIII Mystery" ? Via l'éditeur ? Jean? Toi ?

 

J'ai été embarqué dans cette aventure par Yves Schlirf, l'éditeur éditorial de Dargaud. Nous avions déjà collaboré ensemble sur "L'Enquête bis", avec déjà Jean Van Hamme au scénario. Il a pensé tout de suite à moi pour ce projet de "XIII Mystery 14".

J'ai ainsi fait un peu de place dans mon planning fort chargé. J'aurai aimé réaliser plus que ces 14 planches et 2 couvertures (l'édition classique et celle de la Fnac) mais je n'avais pas le temps.

A partir de là, c'est un chouette travail.

 

 

 © Philippe Xavier - Jean Van Hamme - Dargaud 2024

 

4) Philippe Xavier - XIII … juin 2024, on remet ça dans Spirou. On peut avoir quelques infos ? Album ? Nouvelle ? Série ? Thème ? Et plus si affinité ?

 

En juin ? Oui en juin, il y aura un numéro spécial de "Spirou" qui sera consacré à XIII.

Alors pour mémoire, la première maison d'édition à avoir publié XIII, c'est dans le Journal de Spirou en 1984 ... donc, là, on fête les 40 ans !

C'est une histoire complète de 30 pages. Une sorte de parodie de XIII. Jean Van Hamme s'est amusé avec son univers, ses personnages et je me charge de les mettre en scène.

 

 

© Philippe Xavier - Jean Van Hamme - Dargaud 2024


5) Te verrais-tu reprendre XIII de manière plus régulière ?

 

Non, pas du tout. Je suis très bien là où je suis, avec mes personnages, mes histoires.

Après, travailler de temps en temps dans ces univers qui m'ont fait rêver, comme ceux d'Hermann, de Greg, de Vance, de Jean Van Hamme ... oui bien sûr ! Si ça peut se refaire, je serai le premier à dire "oui".

C'est toujours une belle expérience. On apprend beaucoup en travaillant avec des scénaristes tel Jean Van Hamme, dans la mise en scène, le découpage, dans le jeu d'acteur, dans l'écriture, ...

 

 

© Philippe Xavier - Jean Van Hamme - Dargaud 2024

 

6) Comment s’est passé la collaboration avec Jean ?

 

Cela se passe toujours très très bien. Nous avons de bons retours, assez rigolos.

On se voit pour un lunch. On parle des planches que j'ai faites, ...

En fait, tout cela se passe très naturellement, dans la bonne humeur, le plaisir réciproque. Et cela me correspond bien.

C'est aussi pour cela que je le fais.

 

 

 

© Philippe Xavier - Jean Van Hamme - Dargaud / BD Web 2024

 

Si ceci vous ouvre l'appétit, comme moi, et qu'une envie brutale, ou non, vous saisit de le rencontrer ... pas besoin et inutile de courir à la "foire" d'Angoulême !

Philippe Xavier sera, avec Gontran Toussaint, ce samedi 27 janvier, à partir de 14 h, à la librairie BD Web à Saint-Gilles (Bruxelles) pour une séance de dédicaces ...

L'occasion d'ailleurs d'orner votre album d'une jaquette "spéciale" et de l'agrémenter d'un ex-libris unique ! Attention : inscription obligatoire préalable vie le site de BD Web !!!

 

 

Un grand merci à Philippe Xavier pour ce petit interview.

 

 

Thierry Ligot

 

Chronique de l'album : XIII Mystery - 14 - Traquenards et sentiments




Publié le 25/01/2024.


Source : Bd-best


William Vance - Une monographie pour un GĂ©ant

 

 

Seconde brique mettant à l’honneur William Vance, la fort riche, complète, superbement documentée et illustrée mais surtout touchante d’humilité, de gentillesse et d’amour monographie écrite par un des plus grands spécialistes du 9e Art, Patrick Gaumer, à partir des entretiens réalisés entre 2014 et 2016, en compagnie d’Yves Schlirf, avec l’auteur de tant de séries à succès !

 

 

 

 

 

 

 

Il n’est plus utile de présenter Patrick Gaumer pour être certain de la qualité de cette monographie, du sérieux avec lequel elle a été conçue puis écrite.

Quant à Yves Schlirf, bien que toujours fort réservé et discret, son nom résonne allègrement dans l’entièreté des couloirs du 9e Art.

 

Et pour une fois, je vais me contenter, pour vous la présenter, de reprendre simplement 2 extraits sur les plus de 400 pages de cet hommage. Avec eux, tout sera dit ! Il ne vous restera plus qu’à vous plonger avec curiosité, enthousiasme, complicité dans ce formidable récit … dans la vie si bien remplie de travail, d’amitié, d’amour, de talent … de William Vance !

 

© Patrick Gaumer – Dargaud 2023

 

« « Je ne peux plus dessiner XIII ! J’ai la maladie de Parkinson, ma main tremble trop. »

C’est ainsi que commence l’histoire du livre que vous tenez entre les mains.

Jean Van hamme venait d’arrêter de scénariser XIII et William Vance avait décidé de continuer la série avec Yves Sente au scénario.

Et voilà que William m’annonçait cette triste nouvelle.

J’étais son éditeur. 25 ans de complicité. Impossible d’en rester là.

J’ai réfléchi et j’ai téléphoné à mon ami William en lui disant : « Nous allons faire un dernier livre ensemble. » Une petite voix me répondit au téléphone : « Mais Yves, je ne peux plus dessiner. » « Pas grave, nous allons quand même faire un dernier livre ensemble et raconter ta vie … toute ta vie de dessinateur. »

Et à ma grande joie, William a accepté de faire ce livre, avec l’aide de Patrick Gaumer.

Cela a été une aventure formidable. Et très touchante.

A plusieurs reprises, Patrick et moi avons rejoint William à Santander.

On se retrouvait autour de lui, avec son épouse et coloriste Petra, son fils Eric …

On l’écoutait. Ce furent des moments inoubliables, remplis de l’amour que lui conférait sa famille.

C’est ainsi que ce livre s’est réalisé : avec William, et autour de William.

… »

Yves Schlirf

 

 

© William Vance – Dargaud 2023

 

 

Page 403 :

« Une page se tourne.

Avant que la maladie ne s’aggrave, William Vance continue de dessiner pour son propre plaisir tout en s’autorisant, enfin, de vraies vacances. Il aime aussi se balader autour de chez lui sur une très vieille voie romaine. Petra, sa tendre complice, témoigne : « William peut enfin souffler. C’est un beau métier, auteur de BD, mais c’est aussi parfois un peu l’esclavage. Tout n’a pas été toujours facile. Mais quand on voit le résultat, la vie que nous avons menée tous les deux, nos enfants et petits-enfants, tous ces moments de bonheur et de partage, tous ces albums et dessins qui restent dans la mémoire des lecteurs, on se dit que ça en vaut la peine ! »

Le gamin solitaire d’Anderlecht qui, à force de ténacité et de travail, a su combattre sa timidité naturelle et se hisser au tout premier rang des grands maîtres du neuvième art, peut légitimement être fier du chemin parcouru. « L’avantage, conclut William Vance, c’est que je n’ai connu que tardivement le succès. Cela relativise et m’a permis de garder les pieds sur terre. » Derrière l’artiste exigeant se cache un être sensible, cultivé et bienveillant. Le XVIIe siècle avait inventé un nom pour qui portait ces qualités : un honnête homme.

Paris, le 19 mai 2020 »

Patrick Gaumer

 

 

© William Vance – Dargaud 2023

 

 

Une dizaine de chapitres pour revenir sur une carrière des plus riches et impressionnante à tout point de vue : privée et professionnelle !

De « Howard Flynn » à « XIII », en passant par « Ringo », « Blueberry », « Bob Morane », « Bruno Brazil », « Bruce J. Hawker » et évidemment « Ramiro », … que d’heures de lecture passionnante d’aventures nous a offertes William Vance en un demi-siècle de création !

 

© William Vance – Dargaud 2023

 

Un immense « Merci à lui », de la part d’un gamin qui, à l’époque, lui doit son amour de la BD découverte dans les pages de « Femmes d’Aujourd’hui » où il découpait … les aventures d’un certain « Ramiro » !

 

 

Thierry Ligot

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Titre : William Vance, monographie : entretiens avec Patrick Gaumer

Auteur : Patrick Gaumer

Editeur : Dargaud

Parution : 1/12/2023

Page : 408

Format : 24,9 x 18,1 x 5 cm

ISBN : 9782505079118

Prix : 45 €



Publié le 22/12/2023.


Source : Bd-best


Tintin retourne sur la Lune ?

 

 

« Mes amis, nous venons de vivre la plus prodigieuse épopée de tous les temps : la trace de nos pas est inscrite sur le sol de la Lune ! … Cette piste glorieuse, Messieurs, la laiserons-nous recouvrir à jamais par la poussière des siècles ? Non, cela ne sera pas ! … Car je vous le promets à tous, nous y retournerons ! »

Tryphon Tournesol, de retour sur Terre

 

 

 

 

L’espace, la Lune, Mars, les étoiles, … le rêve de tout homme et il y a bien longtemps d’Hergé !

Visionnaire ayant 15 ans d’avance sur l’Histoire, que dirait ce génie du 9e Art aujourd’hui, à l’heure où l’homme rêve à nouveau de réellement y repartir ?

Avec son armada de satellites, de télescopes toujours plus puissants, le regard de l’Homme ne cesse de scruter son ciel … et plus loin, son espace, l’infini qui l’entoure.

 

 

© Hergé - Tintinimaginatio 2023

 

Avec cet insatiable certitude qu’un jour, l’Homme foulera à nouveau le sol de son astre lunaire, sa volonté de percer les mystères de son existence et de sa place dans l’Univers, les scientifiques n’auront de repos que le jour où ils auront trouvé réponse à cette quête !

Qui sommes-nous dans cet espace infini et quel y est notre place ?

Prochaine étape, retourner sur la Lune … avant de s’y élancer vers Mars !

 

 

© Hergé - Tintinimaginatio 2023

 

Qu’est-ce que Hergé aurait adoré ce nouveau défi ! Il nous aurait d’ailleurs certainement déjà offert SA vision de cette nouvelle épopée spatiale. En 2 tomes ? En 3 ?

 

C’est à tout cela que nous invite ce superbe Hors-série de « Tintin, c’est l’aventure » : « La nouvelle conquête de l’espace ».

Une sacrée remise à jour des grandes questions qui tournent autour de ce thème.

Bilan des avancées scientifiques, des buts et objectifs de cette nouvelle conquête en 2 étapes : retour sur la Lune et « Objectif Mars » !

 

© Hergé - Tintinimaginatio 2023

 

Des entretiens pointus avec des personnalités reconnues dans leur domaine : Raphaël Liégeois (nouvel astronaute belge de l’ESA et donc notre futur « Tintin »), Claudia Haigneré (première femme européenne à avoir voyagé dans l’espace), Jean-François Clervoy (astronaute français de l’ESA), Nathalie Cabrol (Directrice scientifique au SETI), Sophie Adenot (nouvelle astronaute française de l’ESA), … mais également du 9e Art telle Marion Montaigne (autrice de BD ayant suivi durant 2 ans Thomas Pesquet dans sa préparation à sa mission dans l’ISS).

 

Bref que de compétences réunies en une nonantaine de pages afin de nous présenter, nous expliquer de façon scientifique mais compréhensible pour tout un chacun les enjeux futurs de la conquête spatial, version XXIe siècle !

 

 

 

© Hergé - Tintinimaginatio 2023

 

Le tout étant illustré par les superbes cases et planches de Tintin dans son épopée spatiale, prouvant encore, s’il en est, à quel point Hergé, dans les années ’50 était un visionnaire à plus d’un titre.

L’album en lui-même est fort beau. Qualité du papier, soin de la couverture et de la reliure, impression et rendu des illustrations et photos, mise en page soignée et aérée, … bref tous les ingrédients qui font de ce hors-série, un incontournable cadeau à ajouter au pied du sapin …

 

En conséquence, indéniablement un « indispensable » à l’heure où la Belgique célèbre son futur astronaute !

 

Thierry Ligot

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Revue : Tintin c’est l’aventure

Titre : Tintin c’est l’aventure – La nouvelle conquête de l’espace

Tome : Hors-série n° 4

Auteur : Martin Vanden Bossche

Éditeur : esa - Prisma Media / Tintinimaginatio

Collection : Géo Moulinsart

Parution : décembre 2023

Nombre de pages : 96

Format : 29 x 21 cm

ISBN : 978-2-81043-921-8 

Prix : 14,99 €



Publié le 19/12/2023.


Source : Bd-best


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