"-Ne parlons pas d'argent, Monsieur Caruso… Nous avons juste besoin de quelques menus services.
-Combien ?
-Cinq petits services. C'est fort peu pour avoir l'assurance de retrouver un peu de tendresse loin des pressions de la scène.
-De quoi parlez-vous, au juste ?
-D'un colis… D'un simple colis parmi vos bagages… que vous acheminerez, pour nous, vers notre Nouveau Monde… La côte Ouest."
Avril 1906. Enrico Caruso est un célèbre ténor italien. Il ne sait pas encore qu'il sera considéré plus tard comme l'un des plus grands chanteurs d'opéra de tous les temps. Pour l'instant, il a traversé l'Atlantique pour se produire aux Etats-Unis. Ce mois-ci, il est à San Francisco. On lui a demandé de transporter un colis supplémentaire dans ses bagages. Poussé par la curiosité, Judith, une femme de chambre, ouvre le mystérieux paquet et découvre un tableau. Surprise par deux gangsters, ceux-ci l'embarquent avec ce colis qu'ils venaient récupérer. A la faveur d'une rixe entre bandes rivales, elle parvient à s'enfuir avec le tableau, pour le rendre à son propriétaire. Tout semblait rentrer dans l'ordre jusqu'à ce qu'un tremblement de terre se déclenche.
© Meddour, Marie- Bamboo
La petite histoire entre dans la grande. Avec San Francisco 1906, les auteurs mélangent personnages de fictions et personnages réels, histoire inventée et événement authentique. Caruso a réellement fait une tournée aux Etats-Unis au début du XXème siècle et était effectivement présent le jour du séisme à San Francisco. Le tableau est une œuvre de Gustav Klimt, peintre autrichien, chantre de l'Art Nouveau. Le tableau dont il est question est basé sur la légende de Judith et Holopherne, général décapité par sa séductrice. C'est d'ailleurs la séquence qui ouvre l'album.
© Meddour, Marie- Bamboo
Pour découvrir la genèse de l'histoire, il faut remonter en 2004 lorsqu'Eric Hérenguel et Damien Marie réalisent que le centenaire du tremblement de terre dévastateur de San Francisco approche. Il aura fallu quinze ans de maturation pour que le scénario voit enfin le jour. Damien Marie retrouve l'Amérique d'Après l'enfer, quelques années plus tard, et son complice Fabrice Meddour. Ce dernier réalise ici des prouesses. Tout en prenant quelques libertés, il dépeint un San Francisco pré et post drame avec la même intensité, sans pour autant en rajouter, ne cherchant jamais à faire du spectaculaire. Les couleurs sépias, grisées lors du tremblement, contribuent au voyage dans le temps. Meddour étonne, mais aussi Meddour détonne, avec une reproduction incroyable du tableau de Klimt.
© Meddour, Marie- Bamboo
Gustav Klimt aurait peint trois toiles avec Judith. Deux sont avérés, la troisième est supposée. Avec une femme de chambre, Damien Marie et Fabrice Meddour s'assurent de l'existence de la Judith qui complète les deux premières. Parmi elles, qui sortira indemne du tremblement de terre de San Francisco ?
Laurent Lafourcade
Série : San Francisco 1906
Tome : 1 – Les trois Judith
Genre : Drame
Scénario : Damien Marie
Dessins & Couleurs : Fabrice Meddour
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 9782818980033
Nombre de pages : 72
Prix : 16,90 €
"-Bonjour, c'est bien vous qui m'avez contactée ?
-Tout à fait.
-Alors dites-moi ce qui s'est passé avec mon père ?
-Rien du tout.
-Attendez, vous m'avez fait revenir ici pour quoi, alors ?
- Qui me dit que vous êtes Mona ? Monsieur Fauconnier m'a toujours dit que sa fille était brune.
-On change vous savez, et puis mon père ne m'a pas vue depuis sept ans !"
Le jour du printemps est le jour de l'espoir, l'espoir d'une renaissance, quand la nature refleurit, les jours rallongent conséquemment et les températures s'élèvent. Pour Mona Fauconnier, cette année, c'est aussi le jour où elle apprend la disparition de son père Serge. C'est pour ça qu'elle rentre à Paris. Elle est attendue dans l'appartement de cet homme qu'elle n'a pas vu depuis sept ans, depuis la mort de sa mère. Celui-ci est un scientifique, chercheur parcourant le monde. Il est paléontologue très exactement. Ça fait un mois qu'il aurait dû être rentré. La gardienne de l'immeuble lui ouvre les lieux. Elle n'y rentre que pour nourrir Viktor, un magnifique ara bleu, qui semble inquiet de ne pas avoir de nouvelles de son maître. A-t-il vu quelque chose avant son départ ?
© Nocq – Daniel Maghen
Mona prévient les autorités de la disparition de son père, puis débute ses recherches en commençant par l'ordinateur du paternel. Elle tombe alors sur un dossier nommé Octopolis, mais celui-ci est protégé par un mot de passe. Pas question de dormir là. Le soir tombant, Mona décide de regagner son pied à terre parisien, le studio photo d'Evi, une copine, actuellement en déplacement à Oslo. Le lendemain, rendez-vous au Muséum où travaille son père pour y rencontrer Laure Caplan, qui travaillait avec lui sur un projet appelé Octopolis, autour des 500 millions d'années d'évolution des céphalopodes. La chercheuse reste très évasive, plus préoccupée par la paléontologie que par la disparition de son collègue. De retour chez son père, Mona découvre que le perroquet n'est plus là et que la concierge tombée dans l'escalier, comme c'est étrange, est embarquée par le SAMU. Par un coup de bol miraculeux, Mona rallume l'ordinateur et trouve le mot de passe protégeant le dossier Octopolis, un essai sur l'évolution du vivant dans l'océan et l'intelligence des poulpes. Jusqu'où sera menée Mona sur les traces de son père, passionné de plongée sous-marine ?
© Nocq – Daniel Maghen
Après Les grands cerfs, Gaétan Nocq signe un nouveau pavé bleuté, cette fois pas une adaptation mais un scénario original. La première partie de l'album alterne l'enquête de Mona avec des disgressions sous-marines sur les animaux multicellulaires qui évoluent sous l'eau. Le cténophore, l'anolamocaris et le trilobite, entre autres, dévoilent leurs secrets. L'évolution des céphalopodes est aussi à l'ordre du jour. Dans une deuxième partie, suite à l'invitation d'un plongeur, on va pénétrer dans les fonds marins méditerranéens avec Mona, d'abord avec des bouteilles en Méditerranée, ensuite dans un petit bathyscaphe, dans l'océan Pacifique de Clipperton.
© Nocq – Daniel Maghen
Le bleu Nocq laisse parfois place à d'autres couleurs, souvent pastels, parfois du noir quand on descend dans les abysses. Ces tons correspondent également aux émotions, qu'elles soient aquatiques ou familiales. Si le décor marin, scientifique tant dans la flore que dans la faune, est finement représenté, le récit est avant tout une histoire d'héritage, celui laissé par des parents qui ont forgé une enfant, celui laissé par des générations pour des générations futures. Ce n'est pas un hasard si l'on va passer par la grande galerie de l'évolution du Museum d'Histoire Naturelle. Sans jamais donner de leçons, Gaétan Nocq livre un album écologique engagé, tout en finesse et poésie, un moment suspendu dans notre monde excité.
Gaétan Nocq n'est pas loin d'être un lanceur d'alertes. Octopolis est une fable qui subjugue par sa beauté tout en portant à réflexion sur la préservation des océans...et des rapports familiaux.
Laurent Lafourcade
One shot : Octopolis
Genre : Emotion
Scénario, Dessins & Couleurs : Gaétan Nocq
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356741523
Nombre de pages : 280
Prix : 30 €
"-Je suis Raowl, le sauveur de princesses en détresse. Sauf que mon boulot, il est plus trop à la mode…
-Les princesses, elles sont plus en détresse !
-On se débrouille toutes seules maintenant.
-Un sauveur de princesses qui n'a plus de princesses à sauver, il se retrouve au chômage. Alors je me suis trouvé une nouvelle occupation : donner des conseils !"
Il est le plus balèze des cinq royaumes. Il a réponse a tout. Qui mieux que lui pourrait prodiguer des conseils sur tout et n'importe quoi ? Personne. Les princesses en détresse devenant rares à sauver, Raowl s'est reconverti et est là pour vous donner ses trucs et astuces. Avec la participation aimable et exclusive des enfants de Tebo : Capucine, César et Raphaël, auteur du livre que l'on va dénoncer à la DASS pour exploitation de mineurs. L'ouvrage didactique et pédagogique commence par, justement, un cas d'école : comment faire ses devoirs en trente secondes ? Il suffit juste de repérer un élève pas trop mauvais, shooter dans son cartable et inverser ses propres cahiers avec ceux de la victime. C'est plus facile à dire qu'à faire.
© Tebo – Dupuis
Pêle-mêle, Raowl aide à se sortir de situations plus ou moins périlleuses. Comment être un bon méchant ? En faisant des prouts avec ses dessous de bras ? Pas vraiment. Attaquer avec des escargots de l'enfer ? Faites-nous rire ! De toutes façons, face à la massue de Raowl, tous les méchants sont nuls. Nous allons apprendre à faire des armes avec des objets du quotidien : un slip, une pince à épiler, des mouchoirs en papier farcis de morve, du PQ, des chaussettes sales et même un frigo. Mais attention de ne pas se faire mettre game over par le rejeton de l'auteur. On va savoir comment préparer un repas romantique, comment frimer avec des rollers ou encore se débarrasser de ses angoisses.
© Tebo – Dupuis
Tebo écrit et dessine un album hilarant, crétin à souhait, avec des masses d'arme, du caca, des monstres et des chaussettes sales. Deux histoires courtes s'insèrent au milieu des gags. Dans l'une, Raowl vient à la rescousse d'une petite princesse qui n'a pas de tenue originale pour aller au bal du printemps. Qu'à cela ne tienne, on va essayer de capturer une robe sauvage. L'autre récit est une compétition pour définir qui est le meilleur sauveur de princesses en détresse. Alors, c'est le chat botté, Peter Pan, Aladin ou Raowl ? Tebo entraîne ses personnages dans la mission dans de superbes planches destructurées hors du commun. Quand la technique narrative est à ce point au service de l'histoire, on est au climax de ce qui peut se faire en BD. By jove ! N'oublions pas Blake et Mortimer qui font en milieu d'album une petite apparition qui restera dans les annales.
© Tebo – Dupuis
Has been, le manuel des Castors Juniors. La méthode Raowl est la nouvelle référence en matière de survie. Alors, merci qui ? Merci Raowl !
Laurent Lafourcade
Série : La méthode Raowl
Tome : 2
Genre : Ouvrage didactique… enfin…
Scénario, Dessins & Couleurs : Tebo
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034768783
Nombre de pages : 48
Prix : 12,50 €
"-Restez où vous êtes ! Ne bougez plus, c'est un ordre.
-On fait rien de mal. On le jure !
-Ouais ! On voulait juste se rafraîchir un peu !
-D'où vous sortez ?
-On vient d'une bulle, une île artificielle appelée Adenaom ! C'est grâce à elle qu'on a survécu à la catastrophe !
-Suivez-nous."
Welling et Moé, une adolescente et son petit frère, sont partis d'Adenaom avec quelques amis, cette île d'apparence idyllique en plein pacifique peuplée d'orphelins comme eux et dirigée par un certain Ido Stavanger. A l'extérieur, ils découvrent un monde post-apocalyptique dans lequel il va leur falloir survivre. Le lapin attrapé à la fronde, ce n'est pas si mauvais. La fronde, ça sert aussi à chasser les loups. En quittant la ville anéantie et après avoir franchi un pont surplombant une rivière verte à l'eau irradiée, les enfants découvrent une nature plus luxuriante où ils vont être recueillis par une autre bande venue elle d'une autre île que la Bulle où ils étaient. Tous ces enfants perdus vivront-ils en totale harmonie ? Entre rivalités et séduction, rien n'est moins sûr. Mais face à une nouvelle adversité, il va falloir se serrer les coudes.
© Gaillard, Bagnoli, Degreff - Auzou
La série d'anticipation La bulle poursuit son exploration des relations humaines dans une dystopie qui ne laisse pas le temps de souffler. Les adolescents font leurs expériences de vie dans un monde qu'ils ne maîtrisent pas. Ils découvrent à la fois de nouveaux sentiments comme l'amour, parce qu'il y aura du flirt, mais il y aura également du deuil. L'adolescence est la période de découverte, de prise en compte et en conscience de ces nouveaux sentiments. En plus d'avoir le corps qui change, ça fait beaucoup de choses à gérer. Alors, quand on évolue en et en dehors d'un monde comme celui de la bulle, les difficultés sont puissance dix.
© Gaillard, Bagnoli, Degreff - Auzou
Les autrices Aurelle Gaillard et Gabriele Bagnoli bousculent les lecteurs. Avec un graphisme tout public, on ne s'attend pas forcément à de telles perturbations, comme celles auxquelles les acteurs de l'histoire sont confrontées. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles ne prennent pas leurs jeunes lecteurs pour des crétins. Elles les aideraient même à grandir. La tension monte crescendo et le cliffhanger final laisse augurer d'un troisième tome encore plus haletant.
© Gaillard, Bagnoli, Degreff - Auzou
L'opération survie est lancée. Pour les jeunes évadés de la bulle, la coupe est pleine. Pas question de se laisser dicter leurs destins.
Laurent Lafourcade
Série : La bulle
Tome : 2 – Les survivants
Genre : Anticipation
Scénario : Aurelle Gaillard
Dessins : Gabriele Bagnoli
Couleurs : Sandrine Degreff
Éditeur : Auzou
ISBN : 9791039528511
Nombre de pages : 64
Prix : 13,95 €
"-Aujourd'hui, nous accueillons également un nouveau membre. Dédé. Dédé ? Tu veux bien te présenter et nous dire ce qui t'a décidé à rejoindre notre groupe ?
-Eh bien tout d'abord, bonjour…
-Bonjour Dédéééé…
-Bonjour Dédéééé…
-Donc, je m'appelle Dédé et…
-Alerte ! Alerte ! Y a un jeune en bas !
-Un jeune ? Un matin avant midi ? Où ça ?
-Là.
-Quelle horreur !
-Vivant ?
-Hey !!! Toi, le jeune !! Tu veux que j't'aide à t'droguer en écoutant du rap ?"
Dans un univers post-apocalyptique dévasté, la guerre est déclarée entre deux types d'humains : des vieux et des jeunes. Entre ces deux communautés, c'est un conflit de territoires qui fait rage. Depuis la grande révolte des jeunes consécutive au retrait des trottinettes en libre-service, la vie des vieux s'est considérablement compliquée. C'est pour cela qu'aujourd'hui les membres de la section Michel Drucker du quatrième district partent faire des commissions armés jusqu'aux dents. Ils sortent toujours avant 16 h, car à ce moment là les jeunes dorment encore et profitent ainsi de la grande surface en toute sécurité. Toute sécurité ? Des quinquas ou des quadras pourraient traîner. C'est un gibier à chasser.
© Mo/CDM – Fluide glacial
Les jeunes détestent le savon et se réunissent en bande chez Mc Donald's. Les vieux détestent le rap et doivent fréquemment s'arrêter pour des pauses pipi, pauses tension ou pauses nourrissage de pigeons. Les vieux ont une problématique : renouveler leurs troupes. Car les vieux, ça meurt. Il faut donc capturer des jeunes pour les faire vieillir. Reste plus que le problème de la fécondation. Quand les jeunes vont tenter d'infiltrer la zone tenue par les vieux, ces derniers vont devoir déjouer leurs pièges. Et pour une autre frange de la population, il peut y avoir un problème de positionnement. Cette frange, ce sont les vieunes, trop vieux pour être jeunes et trop jeunes pour être vieux. Ceux qui veulent devenir vieux trop vite, parfois, ils rechutent. Le club des jeunistes anonymes pourra les aider à se soigner. Jeunes, prenez donc garde à ne pas aimer trop vite les légumes verts et les chansons de Jean Ferrat.
© Mo/CDM – Fluide glacial
Jeunes versus Vieux. Rassurez-vous, Mo/CDM ne vous demande pas de vous positionner. Skate, jogging, casquette à l'envers versus déambulateurs, tricot de corps et couches-confiance. La section Call of duty s'oppose à la section Michel Drucker. Violence, action, corps de rêve, suspense, sentiments et émotion composent ce diptyque dystopique à mourir de vieillesse… non de rire. Le premier tome est une refonte de Geek War paru en 2013. Mo/CDM a réécrit et raccourci les dialogues, refait les couleurs et supprimé des histoires. Le second est composé d'histoires totalement inédites en album. Fluide promet une saga d'anticipation post-apocalyptique qui tiendra en haleine toutes les générations de lecteurs. Qui vivra en dehors d'un ehpad verra !
© Mo/CDM – Fluide glacial
Jeune ? Vieux ?... Choisis ton camp ! Le plus simple est de rentrer dans celui dirigé par Mo/CDM. C'est l'assurance d'aimer les burgers même avec un appareil dentaire. C'est la certitude de se faire une compil avec aussi bien du Jul que du Michel Sardou, de lire aussi bien Notre temps que Fluide glacial.
Laurent Lafourcade
Série : Gen War La guerre des générations
Titres : Level 1 / Level 2
Genre : Humour
Scénario, Dessins & Couleurs : Mo/CDM
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038207004 / 9791038206533
Nombre de pages : 56
Prix : 9,90 € / 15,90 €
"Je n'ai jamais cherché à utiliser des ficelles pour m'aider car je préfère me laisser guider par ce que je ressens. Il y a bien sûr des méthodes de narration. Dans la progression des images, il faut respecter certaines règles, mais je n'ai pas d'autres critères que la lisibilité – et surtout pas la facilité. Si l'image est compliquée, c'est un nouveau défi et je la réalise comme elle l'être, avec le plus de détails possible. S'il s'agit d'une scène de bataille avec des dizaines de personnages, je n'hésiterai pas à les dessiner." (Willy Lambil)
Avec vingt et un millions d'albums vendus, Les tuniques bleues est une série qui peut se targuer de faire partie du patrimoine de la bande dessinée franco-belge, témoin survivant d'un âge d'or qui a laissé des traces à tout jamais. Créée par Raoul Cauvin et Louis Salvérius, c'est Willy Lambil qui conduira sa chevauchée graphique vers le chemin du succès, suite au décès subit de son dessinateur d'origine au beau milieu de Outlaw, qui deviendra le quatrième album de la série. Récemment, Les cahiers de la bande dessinée ont consacré un hors-série à cette aventure bédessinée. Voici à présent Les Tuniques Bleues dans le plus bel écrin : la collection Une vie en dessins, co-éditée par Dupuis et Champaka.
© Lambil, Cauvin - Dupuis / Champaka
Il ne faut pas oublier qu'au départ, Les Tuniques Bleues est quasiment une série de commande. Lucky Luke et Morris ayant fuit chez l'ennemi (Dargaud), il fallait un western, pas trop ressemblant quand même, dans les pages de Spirou, l'hebdomadaire maison de chez Dupuis. Au départ composée de gags et courts récits humoristiques, la série prend rapidement un virage semi-réaliste, tout en gardant des dialogues savoureux et des côtés à la fois patriotiques et antimilitaristes. Le sergent Chesterfield est le prototype du gradé dévoué, prêt à tout sacrifier pour son pays, obéissant aveuglément aux ordres de la hiérarchie. Le caporal Blutch, lui, cherche constamment à éviter les combats. Il a appris à son cheval Arabesque à faire le mort dès qu'il entend le mot "Chargez !".
© Lambil, Cauvin - Dupuis / Champaka
Le scénariste Raoul Cauvin a choisi de s'attarder sur la guerre de Sécession et base la plupart de ses histoires sur des faits historiques réels. Le duo Cauvin-Lambil a ceci de magique que chacun a nourri l'autre. Issu d'un dessin réaliste avec la trop méconnue série Sandy et Hoppy, Willy Lambil, qui a l'immense Jijé pour modèle, a apporté une certaine rigueur qui ne s'est jamais démentie. Raoul Cauvin lui permet d'assouplir un poil son trait, de le décomplexer. L'alchimie est parfaite. Dans un long texte de préface, Didier Pasamonik montre comment la série s'est développée au fil des années, allant jusqu'à traiter de thèmes d'actualité comme le racisme et l'extrémisme, toujours par le prisme du conflit Nord-Sud, tout en restant une comédie, dramatique certes, mais une comédie. Le bel ouvrage fait ensuite la part belle aux illustrations, planches en noir et blanc, couvertures, aquarelles et cases agrandies, scandées par des citations de Lambil et Cauvin extraites d'interviews.
© Lambil, Cauvin - Dupuis / Champaka
Les auteurs mis à l'honneur dans Une vie en dessins ont tous le point commun que leur travail sert de fondations aux générations suivantes. La carrière de Lambil et Cauvin ne pouvait rêver plus bel écrin que cet ouvrage luxueux et sublime.
Laurent Lafourcade
Série : Une vie en dessins
Tome : Les Tuniques bleues Lambil & Cauvin
Genre : Artbook
Texte : Didier Pasamonik
Images : Willy Lambil & Raoul Cauvin
Éditeur : Dupuis / Champaka
ISBN : 9782390410409
Nombre de pages : 256
Prix : 69 €
"-J'accueille enfin chez moi un petit hamster tout mignon ! Je vais pouvoir l'observer tous les jours ! Il ne se montre pas… Il faut attendre qu'il prenne ses marques. C'est long ! Mais ce sont des animaux farouches. On n'a pas le choix…"
Quand on accueille un petit hamster comme Ham, tout mignon, chez soi, il ne faut pas s'attendre à une révolution les premiers jours. Au début, la bête se planque. Il va lui falloir dix jours environ pour qu'il pointe son museau. On peut alors l'observer tenir sa nourriture entre des deux pattes, entre les quatorze heures de dodo quotidiennes qu'il se paye. Les hamsters sont des animaux très propres. Ils ne prennent pas de bain et pourtant ils sentent bon. Il est tellement souple qu'il peut se laver partout. Si on lui donne des friandises qu'il n'aime pas, il le fera savoir en la bazardant ou en la recouvrant de paille et en tambourinant pour montrer son drôle de petit caractère. Il est même capable de faire pipi dessus.
© 2023 Kadokawa corporation, Tokyo
© 2024 Bamboo édition
Les graines de tournesol, c'est bon ça, jusqu'à se fourrer tout entier dans le paquet. Le riz aussi, c'est délicieux, à s'en remplir les bajoues. Gare aux mille-pattes qui s'aventureraient trop près, les hamsters se nourrissent aussi d'insectes, enfin, surtout les sauvages. Ham aime bien se promener et si le téléphone vibre, c'est si rigolo de se mettre dessus. Quand on le caresse, le hamster pas le téléphone, c'est une vraie petite chaufferette. Il soigne aussi les insomnies. Entendre sa roue une nuit où l'on n'arrive pas à dormir parce qu'on a regardé un film d'horreur, c'est rassurant. En effet, c'est dans l'obscurité que la bestiole fait son sport quotidien. Qu'est-ce qu'il peut bien s'imaginer en galopant comme un mustang sauvage ?
© 2023 Kadokawa corporation, Tokyo
© 2024 Bamboo édition
Le nettoyage de sa cage peut le mettre très en colère. Il va croire qu'on lui détruit tout et peut se montrer agressif et mordre. C'est comme l'été, la chaleur le rend mal à l'aise. Ham a les yeux extrêmement expressifs. Qu'il ait sommeil, qu'il soit content, qu'il se régale ou qu'il soit terrorisé, tout passe par le regard. Le mangaka Hamuhamu s'est inspiré de deux hamsters qui ont partagé sa vie pour écrire ce manga composé d'instants de vie : Perle, tout d'abord, buté mais attachant, puis Sable, qui mangeait de tout et détestait les balades. Les séquences sont un brin répétitives, mais éducatives, et tellement feel-good que ça fait du bien.
© 2023 Kadokawa corporation, Tokyo
© 2024 Bamboo édition
Hamster et boules de gomme est de ces mangas kawaï comme Hachi & Maruru, chats des rues ou La gameuse et son chat. Il rappellera aux jeunes adultes Hamtaro, petits hamsters, grandes aventures, grand succès mondial au début des années 2000. Impossible de ne pas tomber sous le charme de Ham.
Laurent Lafourcade
One shot : Hamster et boule de gomme
Genre : Kawaï
Scénario & Dessins : Hamuhamu
Éditeur : Bamboo
Collection : Doki Doki
ISBN : 9782818997697
Nombre de pages : 130
Prix : 7,95 €
"-Je cherche la monture de mes rêves…
-Je suis une monture de rêve !...
-Qu'est-ce que tu sais faire ?
-Je sais compter jusqu'à quatre.
-Pas terrible, moi je compte jusqu'à dix…
-Oui mais moi je n'ai que quatre sabots ! A part ça, j'ai une éducation littéraire assez poussée…
-…Tes conditions ?
-Une mangeoire pleine deux fois par jour…
-Ça va de soi…"
Le jour où Horace s'est fait embaucher comme monture de rêve, ses exigences ne se sont pas faites attendre. Dur en affaire, le bestiau. La liste est longue et se termine par un jour de repos hebdomadaire. C'est pour ça que quand le cow-boy d'Horace cherche à travailler au Pony Express, lorsqu'il s'agit de négocier le salaire, c'est le cheval qui prend les choses en main… et ainsi embaucher du personnel. Il faut dire que Horace est un brin roublard, un poil flemmard, mais relativement ingénieux. Lorsque le cow-boy est défié à la pêche par un indien, le visage pâle sera amené à la victoire par sa bête. Tous les poncifs de l'Ouest passent à la moulinette Poirier: bisons, pétrole, duels (au soleil de préférence), shérifs et hors-la-loi, indiens et tuniques bleues.
© Poirier – Revival
Dans la série de Poirier, on se demande qui de l'homme ou du cheval est le maître de l'autre. Horace s'anthorpomorphisme au fil des planches. Pas question pour lui d'avoir une selle sur le dos. Il lui arrive même parfois de chevaucher son cow-boy bêta. Si graphiquement Poirier est souvent comparé à Jacovitti, lui s'en moque en se revendiquant du Caravage et de Vermeer. Est-ce si ridicule que ça ? Pas tellement quand on parle de volume et d'équilibre. Chez Poirier, il n'y a pas que les êtres vivants qui le soient. La moindre baraque, le moindre rocher semblent respirer. Il y a quelque chose de magique. Dans Horace, Poirier joue avec tous les codes du western cinéma, du générique aux cadrages. L'auteur fait aussi du Ionesco, nous emmenant parfois dans du théâtre de l'absurde, les personnages interrogeant leur condition de héros de papier,
© Poirier – Revival
Comme Supermatou, Horace a fait les beaux-jours de Pif Gadget dans les années 70. Hormis un album publié aux éditions du Kangourou en 1975 et une intégrale pirate, la série n'avait jamais eu l'honneur d'une édition chronologique. On apprend dans la préface que Poirier avait déjà créé en 1963 un cheval commentant les actions de son humain, le cow-boy Joë Bridgers, pour l'éphémère magazine Pschitt Junior. Autre incursion dans le western avec Jacques Lob au scénario pour les aventures de Cactus-Papa, un ex-shérif ami d'un indien qui vivent dans le désert, pour le magazine Record. C'est en Juin 1970 que Horace débarque sous forme de gags dans les pages de Pif Gadget. Moins d'un an après, il passe en récits complets avant d'avoir sa première couverture dès février 1972, présentant le mythique gadget de la semaine : un "pop-colt".
© Poirier – Revival
Les éditions Revival devraient être sanctifiées. On attend les tomes 2 de Supermatou et de Horace cheval de l'Ouest, et après ça, de quoi pourrions-nous rêver ?
Laurent Lafourcade
Série : Horace cheval de l'Ouest
Tome : Intégrale 1
Genre : Western humoristique
Scénario & Dessins : Jean-Claude Poirier
Couleurs : Bilitis Poirier et son équipe
Éditeur : Revival
ISBN : 9791096119790
Nombre de pages : 264
Prix : 39 €
"-Zôjirô, tu as dit que j'étais votre compagnon de route.
-Bien sûr, ici, nous sommes tous au service des arts vivants… N'est-ce pas ? Mais nous seuls survivrons. Tu ne me vaincras pas. Si tu ne veux pas essuyer la honte, retourne sur ta montagne, petit singe."
-Ha ha ha ha !
-C'est ça ! Espèce de singe !
-Rentre dans ta campagne !
-Je… Je suis Oniyasha, acteur de Sarugaku de la compagnoe Kanze de Yamato ! Je Relève solennellement le défi !"
Japon, XIVème siècle. Oniyasha, acteur de Sarugaku de la compagnie Kanze de Yamato, relève le défi de danse lancé par Zôjirô, de la compagnie Shinza, qui le prend pour un singe. Il est monté sur la grande scène d'Imakumano. Alors, il peut être en capacité d'affronter le comédien. Si ce dernier sait comment Oniyasha danse, lui, aimerait bien voir son adversaire danser. Perdre serait synonyme de honte pour la compagnie Kanze. Dégouté par le comportement de Zôjirô, Kogane, qui semble en avoir souffert, ne veux plus danser. Il dit avoir eu à faire à des sauvages. Il donne cependant à Oniyasha un moyen d'observer son ennemi en cachette. C'est là qu'il se rend compte qu'il s'est fait dérober sa chorégraphie.
© 2022 Kazuto Mihara. All rights reserved.
© Vega Dupuis
Pendant ce temps, le seigneur Yoshimitsu fait placarder une annonce : le thème du tournoi de danse du 1er août entre la compagnie Shinza et la compagnie Kanze sera la danse du lion. Nous sommes le 25 juillet 1375. C'est dans sept jours. Il n'y a pas de temps à perdre. Le thème est confortable pour Zôjirô, beaucoup moins pour Oniyasha qui n'a jamais pratiqué cette danse. C'est là que l'inimaginable se produit. L'ennemi lui propose de la lui apprendre. Ce serait dommage qu'il gâche tout avec un numéro maladroit. Oniyasha est trop fier pour accepter et refuse la proposition. La danse du lion emprunte la force spirituelle d'un animal pour chasser les mauvais esprits et laisser place au bonheur. C'est seul qu'il ira chercher cette puissance.
© 2022 Kazuto Mihara. All rights reserved.
© Vega Dupuis
Pour ce troisième épisode de The world is dancing, série qui immerge aux sources de la création du théâtre Nô, le mangaka Kazuto Mihara met à l'honneur les animaux. C'est par l'observation qu'Oniyasha va apprendre. Le mangaka offre des planches félines magnifiques, où l'on passe de case en case avec la délicatesse des coussinets d'un chat. Oniyasha ira même jusqu'à observer un félin folklorique. En postface, Katsuyuki Shimizu revient sur Zeami, fondateur du théâtre nô tel qu'inscrit dans les livres scolaires. Les documents historiques le décrivent comme un joli garçon lunaire et attachant, de petit gabarit et qui créait des rythmes avec ses propres gestes grâce à son entraînement artistique. L'acteur de théâtre nô Kôhei Kawaguchi, figure incontournable de la scène contemporaine, supervise l'écriture de Mihara. Il raconte son art en deuxième partie de postface, avec notamment un focus sur les masques.
© 2022 Kazuto Mihara. All rights reserved.
© Vega Dupuis
Contemplation, Délicatesse, harmonie, l'art du manga et l'art de la danse théâtralisée se croisent dans "The world is dancing".
Laurent Lafourcade
Série : The world is dancing
Tome : 3
Genre : Emotion
Scénario & Dessins : Kazuto Mihara
Éditeur : Vega – Dupuis
ISBN : 9782379504549
Nombre de pages : 192
Prix : 11 €
"-Je sais qu'elle est là. Je peux sentir sa présence. Pas moyen d'y échapper. Une fois qu'elle t'a attrapé, tu es fichu ! Suave-toi, Garfield ! La revoici ! Tu devras te battre pour m'avoir. Arrrgh !
-Victime d'une attaque de sieste."
La bouffe, la sieste, la télé, voici la trinité de Garfield. La compilation ne déroge pas à la règle. Côté bouffe, lorsque Garfield engloutit une pomme, il ressort un trognon, lorsqu'il gobe un poisson, il ressort les arrêtes et quand il avale un donut, il recrache le trou. La nourriture, c'est la vie. Comme de la purée de pommes de terre, elle est pleine de grumeaux, surtout dans la tête d'Odie. Comme un soda à la cerise quand tu trouves les fruits, la vie n'a plus de goût quand le pétillant est parti. La vie est comme une dinde. Tu peux la trancher dans n'importe quel sens, c'est toujours une dinde. Si Garfield cherche la signification de la vie, Jon, son maître, l'a peut-être déjà trouvée avec ses chaussons lapin, les pieds sur la table.
© Davis – Presses aventures
© PAWNS
Côté sieste, Garfield peut se poser n'importe où, dans son lit, sur une table ou sur le fauteuil de Jon. Le fauteuil, tiens, quel terrain de jeux avec son repose-pieds éjecteur d'Odie et son dossier éjecteur de chat. Le canapé, lui, va plutôt servir à regarder la télévision. Un débat sur l'intelligence du chien et du chat va même mettre Odie et Garfield d'accord. A part ça, comme tous les chats, le plus flemmard de tous adore les sacs en papier, mais le seul chien du monde qui les aime aussi habite la même maison. Y a-t-il de la place pour deux ?
© Davis – Presses aventures
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Comme chaque opus Garfield poids lourd, les strips et planches dominicales sont intercalées avec des citations, devinettes et aphorismes du chat. Justement, savez-vous ce qu'est un poids lourd ? Un haricot qui a trop mangé. Pourquoi Garfield aime-t-il regarder le Super Bowl ? Parce qu'un super bol, c'est mieux qu'un bol tout court ! Pourquoi Garfield garde-t-il si bien les secrets ? Il ne crache jamais le morceau !
© Davis – Presses aventures
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Mais quel est donc le secret de la longévité de Garfield ? Depuis 1978, le chat perd ses poils et vide ses gamelles sans interruption et sans lassitude pour le lecteur qui, inévitablement, doit se reconnaître dans la bestiole, encore plus que dans son humain. Avec Charles Schultz et quelques autres génies du genre, Jim Davis a trouvé la recette magique du strip intemporel.
Laurent Lafourcade
Série : Garfield
Tome : Poids lourd 23
Genre : Humour félin
Scénario & Dessins : Jim Davis
Éditeur : Presses aventure
Nombre de pages : 256
Prix : 14,90 €
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