Nouvelles relatives ŕ la bande-dessinée ou au graphisme
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Faites entrer l’accusé.  René Goscinny et la brasserie … des copains

 

 

 

« - En Mai 1968, il s’est effectivement passé un truc lamentable… dont je fus l’un des lamentables acteurs. Nous nous sommes réunis avec quelques dessinateurs et nous sommes tombés dans le piège de la contestation à tous crins. Goscinny est tombé dans un véritable traquenard car, à l’époque, il représentait le patron. » Jean Giraud.

 

 

 

 

 

 

 

 

Que s’est-il passé le 21 Mai 1968 et qui est resté dans les mémoires de la bande dessinée ?

 

Christian Kastelnik a réalisé un véritable travail d’investigation. Simple, précis, objectif, ce petit livre est un exemple de travail journalistique. Préfacé par Nikita Mandryka, il décrit avec minutie tout ce qui s’est déroulé ce jour où René Goscinny a été convoqué par des auteurs du journal Pilote dont il était le rédacteur en chef dans la brasserie de la Rotonde des Tuileries en Mai 1968. Mezières, Christin, Giraud, Le Goff, Charlier et tous les autres membres de la vie de l’hebdomadaire deviennent les personnages d’une enquête menée, minutée et décryptée par l’un des plus grands spécialistes de l’histoire du journal Pilote.

 

 

 

 

© Kastelnik - Scup-La déviation

 

 

En quatre chapitres, l’« affaire » n’aura plus de secrets pour personne. Le chapitre 1 est une immersion dans l’époque et l’air du temps : Mai 1968, un mois et une année qui sont dans toutes les mémoires. Le chapitre 2 raconte la fameuse réunion. Les acteurs sont introduits un à un. La crise monte crescendo jusqu’à son paroxysme et son issue. Le chapitre 3 recense les témoignages des uns et des autres. On y descelle les caractères de chacun des protagonistes. Celui qui résume le mieux la situation est certainement Christian Godard qui résume l’événement de façon décalée, drôle et peut-être de la manière la plus proche de la réalité qu’il soit. Enfin, le chapitre 4 donne quelques clefs supplémentaires dont surtout le point de vue de Christian Kastelnik lui-même. L’auteur est un amoureux de Pilote, il le prouve, il le justifie. En deux pages, il désamorce un conflit qui n’en a été un que parce que des acteurs externes se sont immiscés dans une réunion qui ne les concernait pas.

 

 

 

 

© Kastelnik - Scup-La déviation

 

 

« René Goscinny et la brasserie… des copains » : ce titre, avec ces pointillés le rythmant, n’est pas anodin. Il ne pouvait pas être mieux choisi. Depuis des années, on a entendu tout et n’importe quoi sur ce qui c’est passé ce jour-là rue des Pyramides : des vérités, des contre-vérités, des on-dit et des carabistouilles. Ce 21 mai, tout un tas de malentendus ont déstabilisé une équipe de copains. Des choses à changer, il y en avait. Des maladresses et des regrets, il y en a eu. Des blessures aussi. Mais il y avait aussi de l’amour, de l’amour pour un métier, celui d’auteur de BD, de l’amitié entre des gens qui se respectaient mais qui n’ont peut-être pas toujours trouvé les bons mots pour le dire au bon moment. Des copains, ces gens là étaient avant tout des copains et il fallait qu’ils le restent.

 

 

 

 

© Mandryka - Scup-La déviation

 

 

Ce petit livre est aussi bien fait qu’un « Que sais-je ? » de la grande époque de la collection. Il pourrait être le socle d’une nouvelle collection dans laquelle on imaginerait trouver des titres comme : Yvan Delporte de Spirou au Trombone Illustré, Hergé et les tourments blancs du Tibet, Vaillant/Pif et le communisme dans tout ça, ou bien d’autres affaires qui ont émaillé la grande histoire du neuvième art.

 

Kastelnik prépare un ouvrage sur la « préhistoire » du journal Pilote et on ne saurait que vous conseiller la page Facebook des Amis du Journal Pilote. René Goscinny et la brasserie … des copains est un petit livre captivant. Il aura fallu attendre 51 ans pour avoir une version réaliste des faits.

 

 

 

 

René Goscinny

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

One shot : René Goscinny et la brasserie ... des copains

 

Genre : Chronique d’une journée particulière

 

Auteur : Christian Kastelnik

 

Préface : Mandryka

 

Éditeur : SCUP-La déviation

 

Nombre de pages : 100

 

Prix : 10 €

 

ISBN : 9791096373246

 



Publié le 03/11/2019.


Source : Bd-best


Un petit manga auto-édité qui a tout d’un grand.  Red Flower Stories

 

 

« - Ce soir, notre peuple célèbre l’arrivée du printemps dans l’ombre de Ilgwe, notre père vénéré… Vous pratiquerez le Katafali pour montrer à tous que vous avez compris notre doctrine la plus fondamentale, que vous êtes dignes de devenir adulte, et d’obtenir le privilège d’adorner vos cheveux avec des perles. Ceux qui souhaitent intégrer la garde du roi et consacrer leur vie au Katafali devront particulièrement se démarquer. »

 

 

 

 

 

Une histoire au plus profond de la jungle… Un jeune homme fait sa quête initiatique et souhaite entrer dans la cour des grands, celle des gardes du roi. Jeune chien fou présomptueux, il devra apprendre à se canaliser et à se contrôler pour mériter ce privilège. Il s’appelle Kéli. Il fait partie du peuple de Bao’re. Il est jeune, il est beau, la vie lui tend les bras. Saura-t-il les saisir ?

 

 

 

 

© Loui - Loui

 

 

Red Flower Stories nous amène sur les traces du peuple Bao’Re à travers trois histoires : Katafali raconte le combat de Kéli pour faire partie de la garde du roi. Elle permet à Loui de montrer ses compétences en traitement des combats, l’un des poncifs du manga. Fourmis rouges et gorilles montre l’attaque du village par un gorille blanc. C’est une histoire qui démontre que la malice peut vaincre la force. Loui y met en scène un puissant primate qui fait trembler les planches, au sens propre comme au sens figuré. Enfin, si Les histoires de grand-mère, le troisième récit, ne vous arrache pas une larme, c’est que vous n’en avez pas compris les tenants et les aboutissants de ce passage de témoin entre une grand-mère et sa petite fille. C’est un hommage vibrant aux histoires qui ont fait de nous tous des lecteurs ou des raconteurs. Loui y prouve l’amour qu’il a de son métier. Touchant.

 

 

 

 

© Loui - Loui

 

 

Pour un manga auto-édité, Red Flower Stories fait montre d’un professionnalisme à faire pâlir de jalousie bien des productions éditées dans de grandes maisons. Le graphisme abouti de Loui peut rivaliser avec plus d’un mangaka. Qui plus est, le garçon sait raconter des histoires et il le fait avec passion. En un seul volume, il expose trois types de récits dans un même univers mais tout à fait différents.

 

 

 

 

© Loui - Loui

 

 

Seule preuve du côté « amateur », quelques toutes petites fautes d’orthographe ou de syntaxe subsistent. Mais on peut aussi en trouver chez les pros. Pour le reste, même la facture, la maquette et la qualité d’impression du livre sont parfaites.

 

 

 

 

© Loui - Loui

 

 

L’intro et l’outro du manga sont présentés par un sorcier, personnification d’Anansi, personnage célèbre dans la culture ouest-africaine, griot qui nous promet encore et encore des histoires. La jungle luxuriante dans laquelle se situe l’action est matière à bon nombre de rebondissements. Oui, oui, oui, on en veut encore. Parions que ces aventures paraîtront un jour ou l’autre chez un grand éditeur. Mais le prix de l’indépendance n’est-il pas aussi celui de la liberté ?

 

 

 

 

© Loui - Loui

 

 

Même si c’est symbolique, nous décernons à Loui le Prix BD-Best d’Or Avenir 2019. C’est sa mère qui va être contente. (Seuls comprendrons ceux qui ont rencontré l’auteur en dédicace)

 

 

 

 

© Loui - Loui

 

 

Vous pouvez vous procurer l'album en contactant l'auteur sur sa page facebook : https://www.facebook.com/justlouiart/ ou en envoyant un mail à : justlouicomics@gmail.com.

 

Ce n'est pas un hasard si le financement de l'album sur Ulule a atteint les 296 % ! Red Flower Stories est une des bonnes surprises de l’année, comme une pépite qu’un orpailleur déniche dans un endroit où il ne pensait rien trouver.

 

 

Laurent Lafourcade

 

Série : Red Flower Stories

 

Genre : Contes exotiques

 

Scénario & Dessins : Loui

 

Éditeur : Loui

 

Nombre de pages : 100

 

Prix : 7 €

 

ISBN : 9782956972600

 



Publié le 29/10/2019.


Source : Bd-best


Tout n’est pas perdu quand il reste l’imagination.  L’ours est un écrivain comme les autres

 

« - J’ai cru comprendre qu’Arthur Bramhall s’était fait bâtir un nouveau chalet avec l’argent qu’il a touché de l’assurance… Vous le saviez ?

- En effet ! Il y réécrit son roman.

- Sacré Bramhall, rien ne l’arrête.

- Le perte de son manuscrit dans l’incendie, c’était affreux.

- Affreux oui, quel sale coup pour un type qui a tendance à broyer du noir. »

 

 

 

 

 

 

 

 

Arthur Bramhall n’a pas fini de broyer du noir. Après avoir perdu un manuscrit dans l’incendie de son chalet, l’auteur trouve la force de se remettre à l’écriture. Ne comptant pas se faire avoir deux fois, alors qu’il vient de finir son nouveau tapuscrit, il décide de le cacher dans une valise au pied d’un grand épicéa et d’aller fêter ça en ville. De retour sur place, il n’a plus qu’à constater le drame. La mallette a disparu, subtilisée par un ours affamé. « Désir et destinée » - c’est le titre du roman - pourrait lui rapporter un bon paquet de pots de miel. Pendant que Bramhall va se morfondre dans sa forêt du Maine, l’ours va gagner New-York. A lui la ville, les médias, les paillettes et tout ce qui va avec.

 

 

 

 

© Kokor - Futuropolis

 

 

Loufoque ! Cet album est délicieusement loufoque ! A mi-chemin entre un roman comme Le pingouin d’Andréï Kourkov et un personnage comme Paddington, L’ours est un écrivain comme les autres est un OVNI. Dans une histoire où personne, absolument personne, n’est surpris d’entendre un ours prononcer des mots, le quotidien fait place à l’absurde. Loin d’un grand n’importe quoi, les situations se passent et s’enchaînent avec un naturel déroutant.

 

 

 

 

© Kokor - Futuropolis

 

 

Exprimant au début ses réflexions par des pictogrammes, l’ours acquiert petit à petit du vocabulaire. Dans une scène cocasse, tout au fond d’un wagon de train, il dévore des céréales et trouve le pseudonyme qui fera son succès : Dan Flakes. Il finira même par prononcer des morceaux de phrase. C’est tout un système de vases communicants qui s’opère lorsque l’on observe le devenir d’Arthur Bramhall en parallèle.

 

 

 

 

© Kokor - Futuropolis

 

 

William Kotzwinkle est l’écrivain américain du roman adapté ici par Kokor. L’auteur de la série Walter le chien qui pète a publié cette histoire d’ours en 1996 : The bear went over the mountain.

 

Après Alexandrin ou l’art de faire de vers à pied avec Pascal Rabaté, Kokor s’approprie un roman en l’adaptant librement. Mais là où la littérature peut envelopper une histoire extravagante d’un certain sérieux, une exposition graphique de situations loufoques aurait pu s’avérer périlleuse. Dans une monochromie orange, Kokor rend tout cela plausible, avec des cadrages originaux, osant les découpages éclatés et les focales en cases intégrées. Le dessinateur glisse également un vibrant hommage à Bip-Bip et Vil Coyote, bible de situations humoristiques.

 

On ne peut pas savoir s’il y a un paradis pour les poules pondeuses, mais il y a en tous cas un destin hors du commun pour un ours, écrivain comme les autres : celui d’un album incontournable.

 

 

 

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

One shot : L’ours est un écrivain comme les autres

 

Genre : Loufoque

 

Scénario, Dessins & Couleurs : Kokor

 

D’après : William Kotzwinkle

 

Éditeur : Futuropolis

 

Nombre de pages : 128

 

Prix : 21 €

 

ISBN : 9782754824262

 



Publié le 20/10/2019.


Source : Bd-best


Comme si Basil Rathbone était de retour.  Dans la tête de Sherlock Holmes 1– L’affaire du ticket scandaleux

« - Bonjour, gentlemen. Agent Sparks, station de police de Bishopsgate Street. Dr Watson, cet olibrius bien mal en point affirme être votre confrère… S’il dit vrai, je ne serai pas mécontent de vous le laisser…

- Diantre, Herbert !! Votre clavicule est fracturée ! Que diable vous est-il arrivé ?!

- Vers trois heures du matin, nous l’avons trouvé, hagard… Il courait dans Wentworth Street, en plein Spitalfields, vêtu de façon peu orthodoxe, prétendument incapable de se remémorer sa soirée. Il a été placé en cellule au poste jusqu’à ce qu’il parvienne à convaincre mon supérieur, qui connaît la réputation de Mr Holmes, ainsi que la vôtre, Dr Watson.

- Eh bien, « officer », je vous certifie qu’il s’agit bien du Dr Herbert Fowler, qui occupe mon précédent cabinet dans Paddington.

- Ouch ! Ma déchéance est totale, Watson !!! Il faut que vous m’aidiez ! »

 

 

 

 

 

 

 

 

Un bobby londonien amène chez Holmes et Watson un quidam qui errait dans la rue. Celui-ci prétend connaître Watson. Le docteur approuve, il s’agit bien d’un confrère à lui. Victime d’une amnésie de quelques heures, il ne sait pas ce qui lui est arrivé. Analysant indice sur indice avec une précision scientifique, Sherlock Holmes remonte le trajet de l’individu. Le ticket de spectacle d’un « Amazing Magician » un certain Wu-Jing, va les entraîner dans une enquête complexe que le fin limier va tenter de démêler avec tout son savoir-faire.

 

 

 

 

© Liéron, Dahan - Ankama

 

 

Cyril Liéron signe un scénario méthodique que n’aurait certainement pas renié Sir Arthur Conan Doyle. Loin d’une enquête conventionnelle, les différents rebonds font du mystère une impressionnante toile dont le scénariste se tire avec rigueur. L’ambiance londonienne, brouillard du soir et lune éblouissante, immerge le lecteur dans ce polar fin XIXème. Holmes y est dépeint sans concession, avec les failles qu’on lui connaît concernant la consommation de stupéfiants. Watson, la tête sur les épaules, suit son modèle qu’il idolâtre.

 

 

 

 

© Liéron, Dahan - Ankama

 

 

Le graphisme anguleux de Benoît Dahan rappelle l’époque cinématographique dans laquelle le personnage était incarné par le grand Basil Rathbone. L’homme qui endossa onze fois le trench coat du détective, plus une douzième avec la voix de Basil détective privé dans le dessin animé des studios Disney, restera à jamais le meilleur interprète du résident de Baker Street. Sans vouloir copier ses traits, Dahan donne à son personnage l’âme de l’acteur. Les décors minutieux de la capitale anglaise sont aussi fins et précis que l’est l’enquête d’Holmes.

 

 

 

 

© Liéron, Dahan - Ankama

 

 

Outre un scénario en béton et un dessin pointilleux, c’est par un remarquable découpage hors du commun que se distingue cette série. Tout est dit dans le titre : Dans la tête de Sherlock Holmes. Ce n’est pas une métaphore. Quand Sherlock réfléchit, le personnage navigue de case en case dans une planche cadrée dans sa tête. La collecte des informations se fait dans son esprit comme s’il était une machine dans laquelle on entre des données qui en ressortent une fois analysées. Quand Sherlock est sous l’effet de la cocaïne, son rêve est une maison déstructurée.

Aucune planche ne ressemble à une autre. Les mises en scène mettent en avant les indices que trouve le détective et à partir desquels est construite toute l’architecture de la double page. Les déplacements dans les différents quartiers s’effectuent sur fond de cartes de la ville.

 

Cette « affaire du ticket scandaleux » nous laisse en plein suspens dans l’attente d’un tome 2 pour conclure l’enquête. Elle est une des grandes bonnes surprises de l’année. Comme quoi, il est encore possible d’étonner avec un personnage et un thème battus et rebattus, tout cela grâce à un traitement complètement inédit du genre. Elémentaire !

 

 

 

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

Série : Dans la tête de Sherlock Holmes

 

Tome : 1– L’affaire du ticket scandaleux

 

Genre : Polar

 

Scénario : Liéron

 

Dessins & Couleurs : Dahan

 

D’après : Conan Doyle

 

Éditeur : Ankama

 

Nombre de pages : 48

 

Prix : 14,90 €

 

ISBN : 9791033509721

 



Publié le 19/10/2019.


Source : Bd-best


« Le crime en local clos est le seul mystère dont la raison accepte avec plaisir le défi. »  Le Detection Club

 

 

« - Bienvenue chers amis, bienvenue ! Ha ha ! Capital ! Capital ! Ha ha ! Mes amis, je vous connais si bien ! Les reines du crime, les philosophes du roman à énigme, les aventuriers du mystère… Je suis Roderick Ghyll ! Bienvenue à la Briarcliff villa. Vous êtes ici chez moi, vous êtes ici chez vous ! Ha ha ! Quelle joie de vous recevoir toutes et tous ! Capital ! Capital ! Venez, venez ! Please, veuillez me suivre ! Please ! Laissez-moi vous montrer la voie ! Ha ha ha ! »

 

 

 

 

 

 

Années 30 : les professionnels du coup de théâtre vont devoir se préparer à une surprise de taille. Si le milliardaire Roderick Ghyll a invité les sept membres du Detection Club dans son domaine sur une île des Cornouailles, c’est pour leur présenter la dernière de ses inventions. Avec le professeur Zumtod, il a conçu Eric, un automate-détecteur qui démêle les fils des intrigues et défait le mécanisme des polars. Il suffit de lui lire le synopsis d’un « detective novel » pour qu’il donne le nom du coupable. Epatant ! Mais quand on réunit les meilleurs auteurs de romans policiers britanniques de la première moitié du vingtième siècle dans un lieu clos, en l’occurrence une île, s’il n’y avait pas un mystère insoluble à résoudre, ça ne servirait à rien.

 

 

 

 

© Harambat, Rouger - Dargaud

 

 

Fondé par Anthony Berkeley Cox, le Detection Club a réellement existé. Il compte parmi ses membres fondateurs Agatha Christie, Dorothy L. Sayers, G. K. Chesterton, Freeman Wills Crofts, John Rhode et la Baronne Orczy. Les auteurs réunis se retrouvent régulièrement lors de dîners pour disserter sur les codes et techniques du genre littéraire qu’ils pratiquent. L’un de leurs membres, le père Ronald Knox, rédigea un code de déontologie permettant de donner aux lecteurs des chances de démasquer le coupable. Ce « cahier des charges » en dix règles d’or est repris ici par Harambat. Dans l’histoire ici présente, on retrouve certains des membres fondateurs : Chesterton, Christie, Orczy, ainsi que le premier prêtre écrivain de romans policiers qui a justement rédigé le fameux code, auxquels se sont joints Dorothy L. Sayers, le major Mason et John Dickson Carr, le premier auteur non britannique à intégrer le groupe. Ce « club » existe encore aujourd’hui.

 

 

 

 

© Harambat, Rouger - Dargaud

 

 

Après le remarquable et remarqué Opération Cooperhead, Jean Harambat change son fusil d’épaule pour rendre hommage à un genre qu’il affectionne tout particulièrement : le roman policier anglo-saxon. En utilisant des créateurs pour protagonistes principaux, Harambat prend du recul  et analyse le genre. Il se complexifie la tâche car il ne peut se permettre aucune erreur. Au final, il offre une enquête originale de laquelle il se sort avec brio, pouvant grâce à cela prétendre à intégrer lui-même le cercle du Detection Club. Qui plus est, il manie l’art du dialogue avec un grand talent. S’il y avait un prix du dialogue, quelque chose qui serait tout à fait justifié de créer, Jean Harambat l’emporterait cette année.

 

 

 

 

© Harambat, Rouger - Dargaud

 

 

Le graphisme juste essentiel de l’auteur est d’une finesse et d’un charme british incroyables. Dans une ligne claire qu’on pourrait penser enfantine, il utilise des codes particulièrement efficaces. Les vaguelettes de la mer, les ustensiles de laboratoire, tout prend vie et place sans surcharge et avec précision. Les personnages jouent et se déplacent comme des acteurs de théâtre afin de mieux attirer le lecteur. Les couleurs de Jean-Jacques Rouger rendent à merveille les tons des salons où l’on cause , des nuits d’orage et des après-midi aux abords d’une falaise.

 

Un décor digne des Dix petits nègres, une énigme à la hauteur d’une certaine Chambre jaune, Le Detection Cub est une élégie à tous les maîtres du mystère. On n’avait jamais vu et lu une telle « ambiance » depuis Albany de Floc’h et Rivière.

 

 

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

One shot : Le detection club

 

Genre : Polar

 

Scénario, Dessins : Harambat

 

Couleurs : Rouger

 

Éditeur : Dargaud

 

Nombre de pages : 138

 

Prix : 19,99 €

 

ISBN : 9782205079432

 



Publié le 09/10/2019.


Source : Bd-best


L’autre fils de Saul, Karoo de Steve Tesich rendu un peu plus phénoménal par Bézian

On vous l’a dit, cette année, les Éditions Delcourt font leur rentrée BD plus littéraire que jamais. Alors que Richard Guérineau est une nouvelle fois entré dans la danse historique de Jean Teulé, c’est au tour de Karoo de trouver preneur, encore une fois avec l’art et la manière, incroyables et émouvantes, avec Frédéric Bézian. Hors d’oeuvre.

 

 

 

 

 

 

 

 

© Bezian chez Delcourt

 

Résumé de l’éditeur: Fumeur invétéré et alcoolique notoire, Saul Karoo aborde la cinquantaine séparé d’une femme qui le méprise et père d’un fils qui aura grandi trop vite pour lui permettre d’établir un véritable dialogue. Script doctor au service d’Hollywood, on le croit cynique et dépourvu de talent. Aussi, quand l’opportunité de réécrire le scénario de sa propre vie se présente, il n’hésite pas un instant…

 

 

 

 

© Bezian chez Delcourt

 

Karoo, écrit par Steve Tesich et publié de manière posthume en 1998, est tout simplement devenu un choc émotionnel et graphique. Même, surtout d’ailleurs, si on ne connaît pas le récit original, on se laisse embarquer par cette histoire touchante et à plusieurs couches.

 

 

 

 

© Bezian chez Delcourt

 

Bon, il faut s’accrocher, accepter de nager, durant les planches qui ouvrent cet album, dans le délire, le vertige du personnage principal. Entre alcool à trop fortes doses et les cigarettes qu’on ne compte plus, entre l’odyssée et les soirées mondaines d’Hollywood. Pas loin du conflit bien à l’est, et de Ceaucescu, dont l’écume parvient, et inquiète, jusqu’au palais du Septième Art.

 

 

 

 

© Bezian chez Delcourt

 

Et du Neuvième.

 

 

 

 

© Bezian chez Delcourt

 

Pourtant, ce n’est pas tant d’art dont il s’agit mais de charcuterie. Saul Karoo a perdu pied dans sa vie privée. Il n’a jamais été à la hauteur de son fils, désormais bien plus grand que lui, qui ne l’écoutera plus. Ou presque. Karoo ne tient que par les excès et son boulot, finalement ingrat, de script doctor. On lui confie les films malades et devant être remontés (phénomène devenu presque une norme pour des tas de blockbusters de nos jours, notamment dans le monde des super-héros).

 

 

 

 

© Bezian chez Delcourt

 

Comme celui, le dernier, d’Arthur Houseman qui a pondu « une merde ». Plus que jamais, Karoo veut tout lâcher et dire à son employeur, producteur, ses quatre vérités… Mais il accepte. Pour mieux constater que ce film se suffit à lui-même, qu’il n’y a rien à retoucher.

 

 

 

 

© Bezian chez Delcourt

 

Pourtant, Saul cherche, et trouve le diable dans les détails, une serveuse de resto au creux de l’image. À peine quelques mots et déjà l’occasion de changer à jamais sa vie et la sienne. Saul en a l’intense pressentiment: cette femme, Leila, est liée à lui. Au rendez-vous des vies brisées, volées, par la force des choses ou à cause de soi-même. Chacun son lot de regrets. Mais Saul va remonter le film pour que Leila en soit la star.

 

 

 

 

© Bezian chez Delcourt

 

Au fil des planches, témoignant d’une maîtrise implacable et capable de faire ressentir tellement les choses qui s’y jouent, Bézian nous entraîne, avec une imagination débordante, dans un voyage à sens unique, dont on ne connaît pourtant pas la destination qui ne sera atteinte qu’a prix de quelques freinages d’urgence et de coups secs de volant.

 

 

 

 

© Bezian chez Delcourt

 

L’auteur réussit, à nouveau, une oeuvre qui ne peut exister qu’en BD: par l’économie des couleurs utilisées pour surligner avec grâce certains moments, la variation des phrases répercutées (littéraires ou en phylactères), par des traits nourrissant le décor ou en faisant table rase pour ne garder à l’écran que le personnage. Rien ne manque et rien n’est superflu. Bezian rajoute de l’audace à l’audace originelle et réussit une prouesse, un uppercut, une euphorie avant le grand malaise. De quoi avoir le sourire aux lèvres puis les larmes aux yeux. Le prix à céder pour cette variation sur la vie et sur l’art, cynique, intense, hors-du-commun. Coup de maître.

 

 

Alexis Seny

 

Titre : Karoo

Récit complet

D’après le livre de Steve Tesich

Scénario, dessin et couleurs : Bézian

Genre: Drame

Éditeur: Delcourt

Nbre de pages: 116

Prix: 23,95€



Publié le 26/09/2019.


Source : Bd-best


Petit par la taille, immense par les informations. Le fil de l'histoire raconté par Ariane & Nino Le mur de Berlin.

 

« Schabowski lit un projet de décision du conseil des ministres qu'on a placé devant lui : « Les voyages privés vers l'étranger peuvent être autorisés sans présentation de justificatifs — motif du voyage ou lien de famille. Les autorisations seront délivrées sans retard. Une circulaire en ce sens va être bientôt diffusée. Les départements de la police populaire responsables des visas et de l'enregistrement du domicile sont mandatés pour accorder sans délai des autorisations permanentes de voyage, sans que les conditions actuellement en vigueur n'aient à être remplies. Les voyages y compris à durée permanente peuvent se faire à tout poste-frontière avec la RFA. »

Question d'un journaliste italien : « Quand ceci entre-t-il en vigueur ? »

Schabowski, feuilletant ses notes : « Autant que je sache, immédiatement. »»

 

 

 

 

Pour la plupart d’entre nous, le nom de Günter Schabowski n’évoque rien de particulier. Et pourtant, il est à l’origine d’une « bourde » qui va mettre fin à plus de 28 ans de séparation des citoyens Berlinois, provoquant la chute du mur.

Rien de particulier ne laissait présager que cette soirée du 9 novembre 1989 allait entrer dans les livres d’histoire, changeant non seulement le visage de l’Europe, mais modifiant aussi l’ordre mondial en marquant la fin de la guerre froide entraînant la chute du bloc de l’Est.

 

 

 

 

 

© Fabrice Erre – Sylvain Savoia – Dupuis.

 

 

 

À travers ce livre didactique, Fabrice Erre (scénariste) nous donne une leçon d’Histoire. Il évoque le partage effectué par les vainqueurs du nazisme (américains, anglais & français) au détriment des perdants (allemands). L’Allemagne fut divisée en deux et sa capitale subit le même sort (Berlin Ouest en trois secteurs alliés et Berlin Est aux mains des Soviétiques). Isolé en territoire de la RDA, le secteur Ouest de la capitale connut un blocus organisé par Staline, obligeant les alliés à organiser un pont aérien afin de ravitailler les Berlinois de l’Ouest (24 juin 1948 – 12 mai 1949).  De même, la frontière entre les deux pays fut  aussi divisée par un « rideau de fer » composé de barbelés et de miradors rendant celle-ci infranchissable.

En 1961, afin de mettre fin à la fuite des Berlinois de l’Est vers l’Ouest, les autorités Est allemandes débutèrent la construction d’un mur d’une hauteur de 3,5 mètres couvrant une longueur de 43,1 km accompagné d’un  « no man’s land » infranchissable (selon les chiffres, 1135 personnes y ont perdu la vie).

 

 

 

 

 

© Fabrice Erre – Sylvain Savoia – Dupuis.

 

 

À quelques semaines du trentième anniversaire de la chute de ce mur de la honte, les Éditions Dupuis nous proposent de partir à la découverte de l’histoire ayant régi nos trois dernières décennies.

Illustré par Sylvain Savoia, plus particulièrement destiné à la jeune génération n’ayant pas connu ces événements, ce livre est un devoir de mémoire démontrant que la construction de séparation au nom de diverses idéologies politiques se révèle toujours catastrophique pour l’humanité.

 

 

 

 

 

 

 

Haubruge Alain

 

Série : Le fil de l’histoire raconté par Ariane et Nino

 

Titre : Le mur de Berlin Au cœur de la guerre froide

 

Genre : Histoire Jeunesse

 

Scénario : Fabrice Erre

 

Dessins : Sylvain Savoia 

 

Éditeur : Dupuis

 

Collection : Dupuis Jeunesse

 

Nombre de pages : 48

 

Prix : 5,90 €

 

ISBN : 9782390340508



Publié le 25/09/2019.


Source : Bd-best


Séance de rattrapage.  Les fleurs de grand frère

 

 

« - C’est pas normal…

- C’est vrai que c’est surprenant, mais elles sont très belles, ces fleurs !

- Mais elle me font peur ! Il faut les couper ! Si elles se mettaient à trop pousser et que… que je disparaissais… Qu’elles m’étouffent sous un tas de feuilles et de racines...

- Les fleurs ne tuent pas. Elles rendent belles les choses qu’elles touchent. C’est au contraire une magnifique expérience que t’offre ce nouveau printemps ! Vois ça comme un cadeau. Et puis tu es très beau comme ça.

- Moi aussi je les aime tes fleurs. Elles sont trop belles pour les couper. »

 

 

 

 

 

 

Avec cette nouvelle rubrique « Séance de rattrapage », la rédaction de BD-Best met exceptionnellement en avant un album paru il y a quelques mois. La raison en est simple : c’est parce qu’on ne l’a pas vu passer en temps voulu et que c’est un des tout meilleurs albums de l’année.

 

Une famille unie, un père, une mère, deux frères. Un jour, des fleurs ont poussé sur la tête de grand frère. Après avoir voulu les couper, il décide de les appréhender, les toucher, les sentir. Il s’en inquiète, mais comme tout le monde dans sa famille les trouve belles, il s’en accommode. Parfois même, elles lui parlent. Mais il va y avoir une épreuve à passer : celle de la rentrée et du regard des autres.

 

 

 

 

© Geniller - Delcourt

 

 

Gaëlle Geniller livre un récit tout en sensibilité, en délicatesse et en émotion, une belle histoire d’amour comme on n’en avait pas lue depuis longtemps, et surtout d’un genre qu’on n’avait tout simplement jamais lu. Fable sur le passage de l’enfance à l’adolescence, c’est aussi une histoire de deuil, celui du garçon qui doit dire au revoir au petit enfant qu’il était. L’autrice emploie tout son talent à dédramatiser la situation, à mettre en évidence la tolérance, non seulement des autres, mais aussi de soi pour soi.

 

 

 

 

© Geniller - Delcourt

 

 

Aucun personnage n’a une once de méchanceté. Le monde est uni pour aider grand frère à affronter ses fleurs et en filigrane sa puberté, et avec elle les tourments associés. Gaëlle Geniller montre que chacun a les cartes en main pour décider de son destin et qu’il ne faut pas avoir peur ni de ses choix, ni du regard des autres.

 

Dans un graphisme en couleurs directes, le dessin est aussi émouvant que l’histoire. Quand grand frère cauchemarde, voulant arracher les fleurs qui l’envahissent, on ressent une angoisse oppressante. Quand maman serre grand frère dans ses bras, il y a tellement d’amour qui transparaît du trait que ça fait quelque chose aussi dans le cœur du lecteur.

 

 

 

 

© Geniller - Delcourt

 

 

Les fleurs de grand frère se retrouvera sans suspens dans notre liste des indispensables 2019. Signer un tel premier album à 23 ans à peine propulse Gaëlle Geniller au rang de meilleur espoir de l’année pour la bande dessinée.

 

 

Laurent Lafourcade

 

 

One shot : Les fleurs de grand frère

 

Genre : Chronique familiale

 

Scénario, Dessins & Couleurs : Geniller

 

Éditeur : Delcourt

 

Nombre de pages : 64

 

Prix : 14,95 €

 

ISBN : 9782413012436

 



Publié le 11/09/2019.


Source : Bd-best


La ligue du … pas lol : « Davy Mourier vs la télévision » tel que vous l’avez (pas) vu à la télé

Ah la télé! Obscur et lumineux objet du désir cathodique. À notre époque, pour l’amour, la gloire ou la beauté (moins que pour l’info vérifiée), le petit écran fait des envieux et beaucoup y sont appelés ou happés. Pour un quart d’heure ou plus de gloire, depuis leur cuisine ou leur dressing, dans leur ferme ou à Marseille, lors d’auditions à l’aveugle ou sur une île de survie.

 

 

 

 

 

 

 

© Davy Mourier chez Delcourt

 

Résumé de l’éditeur : Après avoir affronté Cuba, Davy s’attaque à la télévision. Un combat épique, et toujours autobiographique, depuis les séances de visionnage familiales jusqu’à la découverte de l’envers du décor. Traversez l’écran avec Davy Mourier ! Comme beaucoup d’enfants de sa génération, Davy Mourier a voué un culte au Dieutélévision. Spiderman, les Nuls, Goldorak… sa passion pour les mondes imaginaires a trouvé son carburant. Dès 15 ans, il le sait, il fera de la télé. Mais de l’autre côté de l’écran, la vie n’est pas toujours en technicolor… Heureusement pour Davy et ses fans : l’adversité, c’est aussi un bon moyen de nourrir sa créativité.

 

 

 

 

© Davy Mourier chez Delcourt

 

Comme le chantait le regretté Michel Delpech: « Ce soir, je passe à la télé, j’y vais pas pour pleurer. Juste pour la compagnie. Je n’demande pas l’amour, je passe à la télé et pour l’éternité. Toujours j’existerai. » Cette prédiction, elle ne s’est pas franchement réalisée comme Davy Mourier l’attendait.

 

 

 

 

© Davy Mourier chez Delcourt

 

Trublion tout-terrain, auteur de quatre-cent-un coups avec Monsieur Poulpe (dont certaines immémorables capsules et parodies sont accessibles grâce à un scan et à la réalité augmentée, de même que des photos-souvenirs qui reprennent des couleurs) et auteur BD, il rêvait depuis tout petit de passer de l’autre côté de l’écran.

 

 

 

 

© Davy Mourier chez Delcourt

 

Jusqu’à ce que la télévision et ses serviteurs frappent à sa porte par l’intermédiaire d’un « journaliste » trop chaleureux et bientôt trop intrusif et directif pour être honnête.

 

 

 

 

© Davy Mourier chez Delcourt

 

Un reporter aux dents longues et au cliché facile quitte à le force qui bosse pourtant pour une grande émission de la chaîne publique, France 2 pour ne pas la citer. Prétendument sérieuse. Et d’un reportage sur les adulescents, va ressortir une sorte de strip-tease sur les geeks galvanisé par des poncifs, quitte à retourner des séquences et à les diriger. Le journaliste-marionnettiste va faire apparaître le monstre de foire qu’il discréditait pourtant dans sa « note d’intention ».
Sous la jaquette, une autre couverture © Davy Mourier chez Delcourt

Et Davy de se laisser faire malgré ses doutes et ses révoltes, mis à nu et vulnérable face à la caméra. Affligé et stigmatisé face au petit écran, le jour de diffusion.

 

 

 

 

© Davy Mourier chez Delcourt

 

Mais c’était sans compter les ressources de notre homme qui en tire un petit album dans la collection Shampooing qui n’élude bien sûr pas l’amère expérience mais va plus loin et scrute son (et le nôtre) rapport à la télé depuis son enfance, en tire des leçons tout en ménageant l’humour, les parodies et son ton féroce et tellement personnel.

 

 

 

 

© Davy Mourier chez Delcourt

 

C’est sociologique, documentaire mais c’est aussi un appel irrésistible à ne pas tout croire de ce que dit et dicte l’écran et à ne pas finir comme des moutons.

 

Alexis Seny

 

Série : Davy Mourier vs…

Tome : 2 – … la télévision

Scénario et dessin  : Davy Mourier

Noir et blanc (avec quelques couleurs en réalité augmentée)

Genre: Autobiographie

Éditeur: Delcourt

Collection : Shampooing

Nbre de pages: 192

Prix: 9,95€



Publié le 07/03/2019.


Source : Bd-best


2018 au pied du sapin. La sélection de l’année par BD-Best.

 

 

            Comment choisir 10 albums sur une année de lecture de plus de 300 titres ? Forcément, le résultat est subjectif, mais il est là. Voici donc, sans classement, la sélection des dix albums retenus pour vous et qu’il est encore temps de déposer au pied du sapin.

 

 

 

 

 

 

© Duhamel - Bamboo

 

 

Une histoire tendre et émouvante sur le temps qui passe.

Jamais

 

Madeleine, nonagénaire aveugle, n’a pas, mais alors pas du tout, l’intention de quitter sa petite maison surplombant la falaise de calcaire sur les hauteurs de la ville. La veuve vit avec son chat. Elle n’a jamais fait le deuil de son mari, lui parle, lui fait à manger, comme s’il était toujours présent. Le problème est que la falaise s’effrite. De jour en jour, le jardin de Madeleine s’effondre et sa maison se rapproche du précipice. Il en va de la responsabilité de Monsieur le Maire. Celui-ci ne voudrait pas avoir la mort de la mamie sur la conscience.

 

Bruno Duhamel livre une histoire tendre et émouvante dont les maîtres-mots sont érosion, vieillesse, solitude, … La falaise s’effrite et s’érode, comme la vie de Madeleine. La falaise vieillit, mais, tant bien que mal, tient encore debout, comme Madeleine. La falaise est seule, seule face à la mer qui la ronge, seule comme une veuve qui refuse la disparition de sa moitié, qui refuse de quitter sa maison.

 

Les « Poc Poc » de la canne blanche de Madeleine sur les chemins de la côte normande continuent de résonner une fois l’histoire terminée… Ecoutez-les, on les entend.

  

One shot : Jamais 

Genre : Chronique de la vie

Scénario, Dessins & Couleurs : Duhamel

Éditeur : Bamboo

Collection : Grand Angle

Nombre de pages : 54

Prix : 15,90 €

ISBN : 9782818943816

 

 

 

© Evrard, Morvan, Trefouël, Walter - Glénat

 

 

Une œuvre de mémoire émouvante aux larmes. Incontournable.

Irena 3- Varso-vie

 

Comme 2500 autres enfants juifs, Oliwka est une miraculée…parce que le destin l’a mise sur la route d’Irena Sendlerowa. Personnage exceptionnel de l’Histoire du monde, cette femme les exfiltra du ghetto de Varsovie au péril de sa vie pendant la seconde guerre mondiale.

 

Depuis trois tomes, les auteurs nous racontent la vie d’Irena. On va la suivre ici de 1944 à nos jours. On souffrira avec elle dans les geôles nazies, on sera meurtris comme elle par les coups des bourreaux. Mais on apprendra aussi que la fin de la guerre ne coïncidera pas avec la fin des ennuis pour les juifs d’Europe de l’Est.

 

Jean-David Morvan et Séverine Tréfouël écrivent une œuvre de mémoire qui émeut aux larmes. Toute l’horreur de la déportation est dépeinte avec une force percutante, enveloppée par le trait faussement enfantin de David Evrard. L’association donne un résultat parfait.

 

Les pots de confiture d’Irena Sendlerowa sont des fils d’Ariane qui donnent du goût à des vies dévastées qui auraient pu se terminer en tragédies, mais qui ont été sauvées par la grâce d’une femme d’exception.

 

 Série : Irena

 Tome : 3- Varso-vie 

Genre : Drame historique

Scénario : Morvan & Tréfouël

Dessins : Evrard

Couleurs : Walter

Éditeur : Glénat

Nombre de pages : 72

Prix : 14,95 €

ISBN : 9782344022764

 

 

 

 

© Lehman, Peeters - Delcourt

 

 

Entends-tu le vol noir du corbeau ?

L’homme gribouillé

 

            Seule chez sa grand-mère Maud, Clara, la fille de Betty Couvreur travaillant dans l’édition, voit débarquer un étranger individu mi-homme, mi-corbeau. Cet homme, si tant est qu’il en soit un, s’appelle Max Corbeau. Mais quel est le secret de Maud ? Qui est cet être aux plumes noires ? Betty et Clara vont remonter aux sources d’un secret familial pour percer les mystères d’une malédiction qui semble s’abattre sur elles.

 

            Serge Lehman signe un roman dessiné haletant, complexe et passionnant. Le découpage en chapitres offre de grandes envolées à cette histoire de 326 planches qui prend le temps de raconter, et pourtant sans longueur et sans temps mort. Ce personnage d’homme-gribouillé fonctionne étonnamment alors que le lecteur se demande sans cesse s’il est humain ou animal, s’il est vraiment réel ou s’il n’est qu’illusion. Lehman sème également le trouble dans cette histoire de femmes : qui est la véritable héroïne ? Alors que l’on pourrait penser que Betty est au cœur de l’énigme, c’est Maud qui en est le pivot. La jeune Clara n’est-elle pas la plus apte à dénouer le problème ?

 

            Frederik Peeters réalise un album qui marquera un tournant dans sa carrière. Réalisé en niveau de gris, l’espace dont il dispose lui permet d’intégrer de belles grandes cases de décors, et de respirer entre des moments de grande tension et des scènes terrifiantes.

 

            Après L’homme-gribouillé, vous ne regarderez plus les dessins d’enfants de la même façon.

 

One shot : L’homme gribouillé 

Genre : Drame psychologique

Scénario : Lehman

Dessins : Peeters

Éditeur : Delcourt

Nombre de pages : 330

Prix : 30 €

ISBN : 9782756096254

 

 

 

 © Le Gall, Le Gall - Dupuis

 

 

Frank Le Gall retrouve son héros après une très (trop) longue absence

Théodore Poussin 13- Le dernier voyage de l’Amok           

 

            1934, à Singapour, Théodore Poussin constitue un équipage de marins afin de faire main basse sur le trésor du Capitaine Cabb. Ce dernier a chassé Poussin et ses compagnons de leur île. La vengeance est un plat qui se mange froid. A force de fréquenter des milieux interlopes, l’ancien comptable de Dunkerque n’a plus de scrupules. Il garde sa dignité mais n’hésite pas à mettre tout en œuvre pour arriver à ses fins, préférant parfois que ce soit les autres qui se salissent les mains à sa place.

 

            Frank Le Gall retrouve Théodore Poussin après une très (trop) longue absence comme s’ils s’étaient quittés la veille. Le résultat est toujours aussi exotique. Ce dernier voyage, qui espérons-le ne sera pas le dernier, est la rencontre entre Jack London et Lewis Milestone, l’auteur de Fils du soleil et le réalisateur des Révoltés du Bounty et de L’inconnu de Las Vegas, ou bien entre Herman Melville et Bruce Boxleitner, l’auteur de Moby Dick ou de Taïpi et le héros de la série Frank, chasseur de fauves.

 

            A l’heure où il faut aller tout de suite à l’essentiel, Théodore Poussin est une série qui prend encore son temps. Le Gall y développe ses talents de dialoguiste dans des scènes transitoires où les personnages font le point ou exposent leurs états d’âmes. Pour couronner le tout, un final sans concession assène un coup de poing aussi bien au lecteur qu’à Théodore Poussin.

 

            Ce treizième album de Théodore Poussin aura été attendu pendant treize ans. Pourvu qu’on ne patiente pas quatorze ans pour lire le tome suivant.

 

Série : Théodore Poussin 

Tome : 13- Le dernier voyage de l’Amok 

Genre : Aventure

Scénario & Dessins : Frank Le Gall

Couleurs : Robin Le Gall

Éditeur : Dupuis

Nombre de pages : 64

Prix : 14,50 €

ISBN : 9782800167572

 

 

 

© Tsutsumi, Kondo – Grafiteen

 

 

Attention, bijou.

Le veilleur des brumes 1

 

            Dans le petit moulin posé sur le barrage, Pierre s’active. Il astique les rouages et vérifie les mécanismes. Le moulin doit être en action à chaque fois que la brume noire s’approche du village. Son rôle est de l’éloigner, pour ainsi faire fuir la mort.

            Pierre est un petit cochon qui va à l’école. Mais depuis que son papa est mort, le poids de la responsabilité du moulin lui incombe. Pierre voudrait bien que la jolie renarde Roxane le regarde, mais le grand Roland, l’hippopotame, le dur de la classe, s’immisce entre eux. Et le jour où le moulin va se casser, il va bien falloir se serrer les coudes.

 

            Le scénario de Kondo est tendre et émouvant. De réflexion sur la mort et le deuil, l’histoire se transforme en une quête sur le sens de la vie. Comment la maman de Pierre est-elle morte ? Pourquoi son papa a-t-il mis fin à ses jours ? Qu’est-ce qui amène ce petit cochon à poursuivre l’action de son père, de manière totalement désintéressée ?

 

            Tsutsumi calque son dessin sur celui du dessin animé dont est tiré l’album. Son trait peinture est somptueux. Les personnages animaliers sont adorables. La figuration de la brume est terrorisante.

 

            Première partie d’un diptyque, passage de l’enfance à l’adolescence, ce veilleur des brumes est un bâton, un témoin solide permettant au jeune lecteur de faire la transition et à l’adulte de revenir sur cette mutation.

  

Série : Le veilleur des brumes

Tome : 1

Genre : Aventure fantastique animalière

Scénario : Kondo

Dessins & Couleurs : Tsutsumi

Éditeur : Grafiteen

Nombre de pages : 180

Prix : 16,50 €

ISBN : 9782745994998

 

 

 

 

© Petrimaux - Glénat

 

 

L’humour des frères Cohen et la violence de Tarantino réunis car…

Il faut flinguer Ramirez – Acte 1

 

Salle d’interrogatoire de Falcon City, Arizona, Octobre 1987. Il y a eu un gros problème à l’entreprise d’aspirateurs Robotop. Un certain Jacques Ramirez est recherché. Ses collègues sont abasourdis. Qui se cache derrière ce monsieur si tranquille ? Personne ne répare un aspirateur comme lui.

 

            Muet comme une tombe, l’homme terrifie les plus féroces truands qui le reconnaissent. Avec sa tâche recouvrant le milieu de son visage et ses moustaches bien garnies, Madre de dios, gare aux règlements de comptes.

            Doux comme un agneau, considéré comme un traître par la pègre locale, ce ne sont pas deux ou trois gars qui réussiront à le ramener au parrain.

            Blanc comme neige, que cache le passé de ce modeste employé ?

 

            Le scénario haletant, déjanté, drôle et cruel ne laisse pas place aux longueurs. Aussi passionnant qu’une bonne série télévisée moderne au charme vintage, le concept est poussé jusqu’aux intermèdes publicitaires. L’humour des frères Cohen est lié à la violence de Tarantino pour une histoire sans faille.

 

            Du chapitrage au générique de fin en passant par l’intégration des noms de lieux aux décors dans un effet relief, Nicolas Petrimaux profite de l’avantage que donne la BD par rapport au cinéma et s’en amuse : être seul aux commandes d’un blockbuster qui demanderait 500 ou 1000 personnes pour le grand écran.

 

            Cette chasse au Ramirez n’a pas fini de faire parler d’elle.

 

Série : Il faut flinguer Ramirez

Titre : Acte 1

Genre : Polar

Scénario, Dessins & Couleurs : Petrimaux

Éditeur : Glénat

Nombre de pages : 144

Prix : 19,95 €

ISBN : 9782344011881

 

 

 

© Headline, Semerano, Cerise Dupuis

 

 

Une « autre » bande dessinée, déclaration d’amour à un « autre » cinéma.

Midi-Minuit

 

Hiver 1998 : François et Christophe, dit Godzy sortent d’une projection à la cinémathèque des boulevards parisiens. Ils viennent d’assister à Des vierges pour le bourreau et Le monstre au masque, deux films de seconde zone italiens. L’espace de quelques heures, le temps s’est effacé, la magie a opéré.

Les deux jeunes cinéphiles vont partir en Italie pour y interviewer Marco Corvo, cinéaste mythique. Mais le réalisateur n’est pas homme facile. Il refuse de répondre aux questions des journalistes italiens qui ont pourri ses films pendant vingt ans. Alors, avoir décroché un entretien avec le maître, c’est un scoop à ne pas manquer. Ils vont tenter de découvrir pourquoi Corvo a brusquement tout arrêté en 1975. Attention, les consignes de la rencontre sont strictes : il faut lui proposer une pause si on voit qu’il fatigue, il ne faut pas lui parler de Luisa Diamanti et lorsqu’il dit que l’entretien est fini, il est fini.

Ajoutez des meurtres atroces, un journaliste italien, un flic déterminé et une gouvernante sexy : tous les ingrédients sont là pour transformer un reportage en polar mystérieux…comme au cinéma.

 

Doug Headline rend hommage au giallo, genre de films aux croisements du policier, de l’horreur et de l’érotisme.

 

Massimo Semerano a un trait proche de Moynot. Tel un réalisateur de cinéma, il s’efface discrètement derrière ses acteurs pour les mettre en valeur. Il réalise une bande dessinée en cinémascope, intégrant photos de films aux cases de son album. Le procédé donne une seule envie : aller voir les films dont on nous parle.

 

Fiction ou reportage ? Témoignage ou fantaisie ? BD sur le cinéma ou Cinéma dans une BD ? Midi-Minuit est un ovni. Midi-Minuit, déclaration d’amour à un « autre » cinéma, est « autre » chose qu’une simple bande dessinée.

 

One shot : Midi-Minuit

Genre : Polar cinéphile

Scénario : Headline

Dessins : Semerano

Couleurs : Cerise

Éditeur : Dupuis

Collection : Aire Libre

Nombre de pages : 176

Prix : 22 €

ISBN : 9782800174617

 

 

 

© Nury, Bonhomme - Dargaud

 

 

Grandeurs et misères d’une victime de la noblesse.

Charlotte impératrice 1 – La princesse et l’archiduc

 

            Sur le papier, Charlotte impératrice avait tout pour être un énième récit ennuyeux de vie de nobles. Il n’en est rien. Les auteurs nous infligent la claque de la rentrée avec cette biographie romancée.

 

            La princesse et l’archiduc est avant tout l’histoire d’un choix. Charlotte doit faire un choix. Promise à une couronne au Portugal, elle est courtisée par l’Archiduc Maximilien d’Autriche. La verve et le charisme du barbu vont sceller son destin.

 

            On dit que l’argent ne fait pas le bonheur mais qu’il y contribue fortement. On dit que le pouvoir rend beau, attire et séduit. Mais quelle vie de rêve ! Méfiez-vous des apparences. Le plus beau vernis peut cacher des souffrances. Charlotte de Belgique va rapidement déchanter une fois qu’elle aura épousé Maximilien. Seul espoir, dans un château, même s’il n’est pas forcément fait de cartes, celles-ci sont fréquemment rebattues. En cela réside la dernière chance de Charlotte pour garder une place décisive sur l’échiquier.

 

            Fabien Nury s’empare d’une destinée, il la romance et nous envoûte. On ne peut que ressentir de l’empathie, de la compassion et de la tendresse pour son héroïne. Héroïne pourrait paraître pour un mot galvaudé, mais il n’en est rien. Ce petit bout de femme n’est pas seule à mener le combat contre la fatalité d’un mariage qui ne respecte pas toutes ses promesses. En effet, elle possède un atout inestimable : une famille.

 

            Mathieu Bonhomme est plus qu’un dessinateur. Impossible de ne pas être ému aux larmes en croisant le regard de Charlotte en proie au désarroi. Impossible de ne pas être absorbé par la magie de la cour en voyant arriver un carrosse tiré par des étalons blancs. Que dire des ailes du papillon Celastrina Argiolus dont le bleu est assorti aux yeux de la jeune femme. Bonhomme est le magicien des regards, des ambiances et des sentiments. En un mot, il est l’un des meilleurs dessinateurs de ligne claire réaliste de sa génération.

 

            On peut donc aisément rajouter un vingt-huitième précepte aux principes de vie et règles pratiques que doit connaître et appliquer tout gentilhomme bien né : Lire Charlotte impératrice.

 

Série : Charlotte impératrice

Tome : 1 – La princesse et l’archiduc 

Genre : Histoire

Scénario : Nury

Dessins : Bonhomme

Couleurs : Merlet

Éditeur : Dargaud

Nombre de pages : 68

Prix : 16,95 €

ISBN : 9782205077834

 

 

 

© Rey, Kris, Galic – Futuropolis

 

 

Une guerre, y a pas mieux pour faire disparaître des gens.

Violette Morris, à abattre par tous les moyens 1- Première comparution

 

12 septembre 1945, département de l’Eure. Un charnier est découvert dans une ancienne mare. Lucie Blumenthal était avocate. Depuis la libération, elle a ouvert une « officine pour recherche de personnes disparues ». La voilà sur les traces de Violette Morris, qu’elle a côtoyé en pension. Mais leurs destins se sont séparés. Si l’une a choisi la justice, l’autre a servi pour la gestapo. Aujourd’hui, c’est un cadavre que découvre la privée.

Lucie n’a qu’un objectif en tête : découvrir ce qu’il s’est passé lorsque Violette Morris a pris la direction d’Evreux au volant de sa 15 CV Citroën en avril 1944.

 

            L’histoire navigue entre les recherches « présentes » de Lucie et la vie de son opposée. Très jeune, Violette s’avère être une compétitrice dans l’âme. Colérique, elle ne supporte pas d’être devancée. Et lorsqu’une religieuse de sa pension lui fait une remarque qu’elle pense injuste, elle n’hésite pas à tenir face à elle des propos blasphématoires. L’enfant difficile va se transformer au fil des années en sportive déterminée, avant de basculer du côté obscur.

 

            Le duo Kris/Galic se reforme pour raconter la vie de l’une des personnalités les plus complexes du XXème siècle. Ils ont choisi de partir d’une « fin » pour remonter aux sources du dossier. Le scenario propulse immédiatement le lecteur dans un questionnement, un besoin et une envie de comprendre : une leçon. Il n’y a pas un temps mort.

 

            Javi Rey avait déjà signé une histoire de guerre napoléonienne en Espagne avec le diptyque Adelante dans la collection Secrets sur scénario du regretté Frank Giroud. Rey revient dans une histoire de guerre mais dans des lieux et sous une approche totalement différente. Dans les deux cas, il s’agit pourtant de destins qui sombrent.

 

            Dans ce genre de récit sur des personnalités controversées, il ne faut pas tomber dans le sentimentalisme. Transformer un bourreau en quelqu’un de sympathique, tomber dans une sorte de syndrome de Stockholm, les auteurs évitent les pièges.

 

Série : Violette Morris, à abattre par tous les moyens

Tome : 1- Première comparution

Genre : Polar historique

Scénario : Kris & Galic

Dessins & Couleurs : Rey

Dossier historique : Bonnet

Éditeur : Futuropolis

Nombre de pages : 72

Prix : 16 €

ISBN : 9782754821650

 

 

 


 © Meurisse, Merlet – Dargaud

 

 

Vivre, aimer, respirer, l’art de la nature, la nature de l’art.

Les grands espaces

 

            Catherine Meurisse a grandi à la campagne. Ses parents ont choisi ce cadre pour les élever, sa sœur et elle. La campagne sera leur chance : 200 habitants, de nouveaux amis, des animaux et une ferme en ruine : leur nouvelle maison.

 

            C’est ainsi que démarre une nouvelle vie, où les valeurs sont redéfinies, où deux petites filles ouvrent les yeux sur un monde nouveau.

            Les gamines adoptent la campagne, l’apprivoisent et l’honorent. A la manière de Pierre Loti, elles créent un Musée où elles conservent tout ce qu’elles peuvent dénicher, jusqu’aux crottes des animaux. « Tant qu’on chie, on vit. », clame un agriculteur. Dans Le roman d’un enfant, Loti regrette plus tard d’avoir collectionné tant de trésors…puisque tout finit en cendres et aux vers, « à quoi bon » ? « Tout finit…ou tout commence ? » répond la Catherine enfant à sa sœur qui lui raconte cela.

Cette scène a un écho particulier après ce qu’il s’est passé le 7 janvier 2015. Pour la petite fille, la mort appartenait aux guerres 14-18 et 39-45.

 

L’album alterne entre futilité et gravité, entre amusement et dénonciation. Monsanto, les pesticides, le remembrement, les politiciens qui organisent des vins d’honneur pour mieux apprivoiser l’électeur de la cambrousse, tout de qui abîme, pollue ou désertifie la campagne en prend pour son grade.

 

            La légèreté ne trouverait-elle pas sa source dans ces grands espaces ? « Si un peu de rêve est dangereux, ce qui en guérit, ce n’est pas moins de rêve, mais plus de rêve » dit Proust. Rêver, c’est devenir, mais c’est aussi se souvenir.

 

 

One shot : Les grands espaces 

Genre : Chronique de vie

Scénario & Dessins : Meurisse

Couleurs : Merlet

Éditeur : Dargaud

Nombre de pages : 92

Prix : 19,99 €

ISBN : 9782205074505

 

 

© Le Gall - Delcourt

 

 

            En choisir dix, c’est en laisser sur le carreau dix autres qui, à un cheveu près, auraient pu se trouver dans cette sélection. Si le Père Noël est généreux, il peut rajouter à la liste ci-dessus les albums suivants qui font partie des albums indispensables de l’année :

 

Un album poignant où l’innocence de l’enfance est plus forte que la guerre : Seule, par Lapière et Efa aux éditions Futuropolis.

Un one shot au cœur de la schizophrénie : Je suis un autre, par Rodolphe et Gnoni aux éditions Soleil.

Comment vivre sa mort quand on a brûlé sa vie : Essence, par Flao et Bertrand aux éditions Futuropolis.

Entre Jolies ténèbres et Bone : Brindille 1- Les chasseurs d’ombre, par Brrémaud et Bertolucci aux éditions Vents d’Ouest.

La mise en images d’un roman de 118 ans : Claudine à l’école, par Durbiano aux éditions Gallimard.

A la campagne, y’a toujours un truc à faire… Aimer la vie, aimer les gens : Mon voisin Raymond, par Troub’s aux éditions Futuropolis.

A mourir de rire, au propre comme au figuré : Mauvaises mines, par Munoz aux éditions Glénat.

Une souris à pas de loup sur un piano compose : Mausart, Par Smujda et Joor, aux éditions Delcourt.

Juste Célib’, juste happy ? : Didier, la cinquième roue du tracteur, par Ravard et Rabaté, aux éditions Futuropolis.

Prisonnier de son destin…malgré lui : Le voyage de Marcel Grob, par Collin et Goethals, aux éditions Futuropolis.

 

 

 

 

© Le Gall - Delcourt

 

 

 

            D’aucuns trouveront qu’il en manque encore. On ne peut pas tout lire. Les hasards amènent à des découvertes. Si BD-Best ne vous a fait ouvrir qu’un seul album que vous n’auriez peut-être pas lu grâce à une chronique, on en est très heureux.

 

            Laurent Lafourcade

 



Publié le 16/12/2018.


Source : Bd-best


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