Tout n’est pas perdu quand il reste l’imagination. L’ours est un écrivain comme les autres
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Tout n’est pas perdu quand il reste l’imagination.  L’ours est un écrivain comme les autres

 

« - J’ai cru comprendre qu’Arthur Bramhall s’était fait bâtir un nouveau chalet avec l’argent qu’il a touché de l’assurance… Vous le saviez ?

- En effet ! Il y réécrit son roman.

- Sacré Bramhall, rien ne l’arrête.

- Le perte de son manuscrit dans l’incendie, c’était affreux.

- Affreux oui, quel sale coup pour un type qui a tendance à broyer du noir. »

 

 

 

 

 

 

 

 

Arthur Bramhall n’a pas fini de broyer du noir. Après avoir perdu un manuscrit dans l’incendie de son chalet, l’auteur trouve la force de se remettre à l’écriture. Ne comptant pas se faire avoir deux fois, alors qu’il vient de finir son nouveau tapuscrit, il décide de le cacher dans une valise au pied d’un grand épicéa et d’aller fêter ça en ville. De retour sur place, il n’a plus qu’à constater le drame. La mallette a disparu, subtilisée par un ours affamé. « Désir et destinée » - c’est le titre du roman - pourrait lui rapporter un bon paquet de pots de miel. Pendant que Bramhall va se morfondre dans sa forêt du Maine, l’ours va gagner New-York. A lui la ville, les médias, les paillettes et tout ce qui va avec.

 

 

 

 

© Kokor - Futuropolis

 

 

Loufoque ! Cet album est délicieusement loufoque ! A mi-chemin entre un roman comme Le pingouin d’Andréï Kourkov et un personnage comme Paddington, L’ours est un écrivain comme les autres est un OVNI. Dans une histoire où personne, absolument personne, n’est surpris d’entendre un ours prononcer des mots, le quotidien fait place à l’absurde. Loin d’un grand n’importe quoi, les situations se passent et s’enchaînent avec un naturel déroutant.

 

 

 

 

© Kokor - Futuropolis

 

 

Exprimant au début ses réflexions par des pictogrammes, l’ours acquiert petit à petit du vocabulaire. Dans une scène cocasse, tout au fond d’un wagon de train, il dévore des céréales et trouve le pseudonyme qui fera son succès : Dan Flakes. Il finira même par prononcer des morceaux de phrase. C’est tout un système de vases communicants qui s’opère lorsque l’on observe le devenir d’Arthur Bramhall en parallèle.

 

 

 

 

© Kokor - Futuropolis

 

 

William Kotzwinkle est l’écrivain américain du roman adapté ici par Kokor. L’auteur de la série Walter le chien qui pète a publié cette histoire d’ours en 1996 : The bear went over the mountain.

 

Après Alexandrin ou l’art de faire de vers à pied avec Pascal Rabaté, Kokor s’approprie un roman en l’adaptant librement. Mais là où la littérature peut envelopper une histoire extravagante d’un certain sérieux, une exposition graphique de situations loufoques aurait pu s’avérer périlleuse. Dans une monochromie orange, Kokor rend tout cela plausible, avec des cadrages originaux, osant les découpages éclatés et les focales en cases intégrées. Le dessinateur glisse également un vibrant hommage à Bip-Bip et Vil Coyote, bible de situations humoristiques.

 

On ne peut pas savoir s’il y a un paradis pour les poules pondeuses, mais il y a en tous cas un destin hors du commun pour un ours, écrivain comme les autres : celui d’un album incontournable.

 

 

 

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

One shot : L’ours est un écrivain comme les autres

 

Genre : Loufoque

 

Scénario, Dessins & Couleurs : Kokor

 

D’après : William Kotzwinkle

 

Éditeur : Futuropolis

 

Nombre de pages : 128

 

Prix : 21 €

 

ISBN : 9782754824262

 



Publié le 20/10/2019.


Source : Bd-best

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