Février 1866, Atlanta est détruite par les incendies et la guerre. Le Sud a perdu ! Les Unionistes sont désormais les maîtres de la ville et ils le font bien comprendre. Difficile pour les anciens Confédérés de conserver leur "standing" d'antan ! Surtout qu'il faut trouver de la main d'œuvre à payer maintenant ! Les esclaves ont été affranchis et certains ne sont pas prêts à retravailler pour leurs anciens maîtres. D'autres, dans leur misère, ne rêvent que de se venger d'eux.
" - Hey, tu peux poser les sacs de la dame blanche, maintenant. on est libres !
- Libres de quoi ? D'être inutiles ?
- On a choisi de ne rien faire ... et pouvoir choisir, c'est déjà être libre."
Pour Scarlett, la vie est un combat de chaque jour. Trouver de l'argent afin de régler les dettes de Tara, s'assurer de quoi subvenir aux besoins de son père, de sa sœur, de Mélanie et de son mari, Ashley Wilkes, dont elle ne cesse de rêver, ... Ceci sans compter son irrésistible besoin de se mettre elle-même à l'abri : logement, ... et surtout ...
"ne plus jamais connaître la faim" !
Apprenant que Rhett est emprisonné pour meurtre, elle lui rend visite pour tenter de l'attendrir en vue obtenir de l'argent. Mais du haut de son arrogance, ce dernier devine rapidement le jeu de Scarlett et s'en joue adroitement pour l'humilier ... une fois de plus !
Qu'importe, elle trouvera une autre solution ... Celle-ci apparaîtra sous les traits du fiancé de sa sœur Suellen, Frank Kennedy ... qu'elle n'hésitera pas à lui "voler" ! Un mariage d'argent qui, tout en sauvant Tara, la lance dans les affaires.
S'impliquant dans celles de son mari, avec de l'argent prêté par Reth, elle achète une scierie et s'investi avec succès dans le commerce du bois. Elle ne voit que ses intérêts sans se soucier réellement du "qu'en dira-t-on" !
© Alary - Rue de Sèvres 2025
Suite à une agression d'anciens esclaves noirs, son mari et d'autres Sudistes, tous membres du KKK organisent une expédition punitive. Malheureusement, dans l'affrontement, il meurt laissant Scarlett veuve. Complètement abattue, elle sombre dans un désespoir profond. Mais Butler, jamais très loin, lui avoue enfin son amour pour elle et l'épouse.
Une union orageuse entre 2 êtres qui s'attirent comme ils se détruisent. Car toujours entre eux, l'amour de Scarlett pour son beau-frère, Ashley ... et l'espoir inavoué qu'un jour, il aurait pu ... si la vie n'en avait décidé autrement !
Toutefois il est dit que le destin lui interdira paix et tranquillité ... tout comme d'atteindre enfin son rêve secret : l'amour de son beau-frère, Ashley Wilkes, le mari de sa tendre et timide cousine Mélanie, un ange de bonté, admirée et appréciée de toutes et tous à Atlanta.
Tout son opposée ...
Mensonges, trahisons, froide, calculatrice, manipulatrice, n'ayant aucun scrupule, rien n'arrête cette femme au caractère bien trempé dans sa quête de l'absolu.
Menant sa vie comme bon lui semble, ignorant les ragots et médisances, bravant tous les "interdits sociaux", Scarlett s'attire de nombreux reproches de la bonne société sudiste ! Qu'importe à nouveau jusqu'au jour où, au creux de la vague ...
" - Non, mais Rhett, j'ai peur ...
- Allons Scarlett. Vous n'avez jamais eu peur de votre vie.
- J'ai peur d'aller en enfer.
- Mais Scarlett ... l'enfer, c'est ici, sur cette terre. Vous êtes en enfer, là, maintenant."
Mais Rhett Butler est inlassablement là ! Au fond d'elle, elle l'aime ... et de son propre aveu, c'est réciproque ... Il le lui avoue alors qu'elle est enceinte de son premier enfant ! Sera-t-il l'ange de sa rédemption ?
" - ... je veillerai sur vous pendant les prochaines semaines ...
- Rhett ... Oooh ! Vous, me protéger ?
- Oui, ma chère. Et pourquoi ? A cause de mon amour pour vous, madame Kennedy ... j'ai silencieusement eu faim et soif de vous, et vous adorais de loin. mais étant, comme Ashley Wilkes, un homme honorable, je vous l'ai caché."
Mariages, enfants, réussite dans les affaires, tout pourrait enfin lui permettre de connaître la sérénité ! Pourtant Scarlett continue d'être cette insatisfaite jeune femme dans une course effrénée vers un bonheur total et visiblement inatteignable ! A chaque fois qu'elle pourrait se dire de l'avoir enfin trouvé, le Destin et la Mort la frappent cruellement, l'obligeant à se renforcer, à se durcir encore plus !
"Les fardeaux sont pour mes épaules assez fortes pour les porter"
Une action quasi en vase clos, dans un Atlanta qui doit se rebâtir, un Sud qui doit apprendre à survivre. Les uns et les autres qui ne cessent de se croiser, de s'associer et s'entraider ou de s'opposer, malgré les circonstances, la guerre, la défaite, la peur de perdre le peu qu'il leur reste, d'avoir encore un jour "faim" et d'être seuls !
© Alary - Rue de Sèvres 2025
Une majestueuse histoire d'amour, de passion sur fond de guerre, avec comme personnage central, Scarlett O'Hara. Une tragédie classique, antique à la sauce américaine d'une jeune femme amoureuse de deux hommes ...
"Scarlett n'avait compris aucun des deux hommes qu'elle avait aimés et les avait perdus tous les deux.
Si elle avait compris Ashley, elle ne l'aurait jamais aimé.
Si elle avait compris Rhett, elle ne l'aurait jamais perdu."
Et comme morale cette ultime pensée :
"Après tout, demain est un autre jour !"
© Alary - Rue de Sèvres 2025
L'adaptation de Pierre Alary est une prouesse scénaristique et graphique. S'attaquer à un tel monument littéraire pouvait apparaître comme une gageure mais Pierre a réussi à en garder toute la "substantifique moëlle", la dynamique et l'intense énergie.
Son découpage, ses cadrages et angles, ses cases, tout est au service de la narration, des sentiments qu'elle inspire. Peur, amour, tendresse ou détresse, ses regards les font sortir des cases pour aller directement toucher le cœur du lecteur !
Pour sublimer son trait, des couleurs chaudes, ocrées comme celles d'un crépuscule ... celui d'un monde en déclin.
L'ambiance hors du temps des maisons coloniales sudistes, leurs réceptions et bienséances mondaines, les affres de cette sanglante guerre de Sécession sont les décors de ces passions humaines dans un monde en total disparition et qui ne sait plus de quoi sera fait son lendemain. Pourtant, il lui faut survivre et même continuer à vivre en se reconstruisant, en s'adaptant et en surmontant les épreuves. C'est tout cela que Pierre transpose avec brio dans ses 2 volumes incroyables.
© Alary - Rue de Sèvres 2025
Un dessin, des dialogues, une narration, des couleurs soignées faisant exploser toute la dramaturgie de ce roman légendaire. Chaque planche, chaque case ne traduit que l'aspect dramatiquement humain de cet amour. Scarlett et Rhett se cherchent, s'évitent, se retrouvent pour s'éloigner à nouveau. Ils ne peuvent faire autre chose que de s'aimer en se déchirant jusqu'à l'explosion de leur passion dans un déchirement ultime !
Deux albums somptueux, luxueux, soignés dans leur finition, dos toilé, couverture avec dorures à chaud, papier de qualité dans un format large, ... Bref à la hauteur du roman !
Clairement un coup de cœur, un indispensable dans toute bibliothèque BD, à côté du roman et du film.
Thierry Ligot
Lien Interview Pierre Alary : ici
Lien podcast Radio Émotion : ici
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Série : Gone with the Wind
Scénario, dessin & couleurs : Pierre Alary
D'après : le roman éponyme de Margaret Mitchell
Éditeur : Rue de Sèvres
Genre : Histoire, drame, romance, guerre de Sécession, amour
Public : tout
Format : 24,3 x 32 cm
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Tome 1
Parution : 5/4/2023
Page : 150
ISBN : 978 2 81020 219 5
Prix : 25 €
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Tome 2
Parution : 8/1/2025
Page : 160
ISBN : 978 2 81020 230 0
Prix : 27 €
Un ciel bas, gris, nuageux ... triste. Un décor de misère, sans vie, en béton. Des enclos entourés de fils barbelés. A l'intérieur, des tentes par-ci par-là, de petits groupes déambulent sans but ou assis autour d'un feu. A l'extérieur, des gardes armés, en tenue anti-émeute, casqués et armes prêtes ... Des réfugiés parqués en attente de quoi ?
Un bateau pour partir, quitter ce lieu de transit ! Tenter de trouver une terre d'exil !
Cela pourrait sembler une scène "classique" si cela ne se passait en France, au Havre, et si les candidats réfugiés n'étaient des Français, des Européens espérant fuir le Vieux Continent pour l'Ecosse !
Un futur proche, une catastrophe ou une épidémie quelconque ravage l'Europe, poussant ses ressortissants à la fuir par tous les moyens ! Avec un bon passeport et les papiers de l'immigration écossaise, c'est l'attente et l'incertitude dans cet enclos de transit !
Parmi eux, le professeur Zizek, Livia et sa sœur Francesca ainsi que leur "passeur", Raph, mercenaire payé par une botaniste, Bryndis Jonson, pour les aider à rejoindre une destination bien précise ... mais qui n'est pas l'Ecosse !
© Férey - Rouge - Labriet - Glénat 2025
Leur projet, détourné le premier bateau de rescapés ... direction l'Islande !
Il faut dire que le professeur Zizek n'est pas n'importe qui. Spécialiste du développement en phase de crise, ses idées et théories l'ont mené en prison jusqu'au jour où ...
"Je viens d'avoir une nouvelle aussi incroyable qu'inattendue ... Zizek s'est évadé de prison il y a plusieurs semaines déjà ! ... Si Zizek réussit à gagner nos côtes, le projet "Islander" n'est peut-être pas enterré. Zizek fera tout pour gagner l'île ! Le problème c'est que même s'il y parvient, il ne passera jamais les services de l'immigration à Reykjavik ... à moins qu'une personne passe illégalement la frontière et prévienne les responsables loyalistes de l'importance du vieux professeur ..."
Car l'Islande n'est pas un pays ouvert, en plus d'être divisé entre "loyalistes" du sud et "sécessionnistes" du nord de l'île, la décision de rejeter désormais tout migrant est prise au nord, alors que le sud parque dans un "camp" ceux qu'il ne veut pas !
Une île mais 2 camps opposés, Nord - Sud, qui paradoxalement ne peuvent survivre l'un sans l'autre, ...
© Férey - Rouge - Labriet - Glénat 2025
Au Havre, un chalutier écossais approche. Mais lors de l'embarquement, tout ne se passe pas comme prévu. Une panique, des bousculades, des cris et l'opportunité pour Liam, sans passeport, sans papier, poursuivi par la police ... d'arracher le pass de Francesca et d'embarquer à sa place ! Elle se retrouvera bloquée derrière les grillages ...
Une traversée plus que mouvementée, sans état d'âme de Raph pour les autres passagers, ... Une arrivée en Islande chaotique, suivi d'un enchaînement d'événements qui les voit finalement rejetés dans un camp de Refoulés. Sur une plage, au pied d'une gigantesque falaise, ce lieu est l'antichambre de l'enfer pour les quelque 6.000 malheureux qui y sont entassés !
Sous la coupe de Yuiri et de sa milice de gros bras, une insurrection est en train d'y germer.
"Demain la lune nous sera favorable. On a récupéré assez de matériaux échoués pour que la machine fonctionne. On n'a plus le choix de toute façon."
© Férey - Rouge - Labriet - Glénat 2025
Une intrigue qui se développe sur plusieurs niveaux et points de vue ...
D'abord en suivant les différents protagonistes avec en premier lieu Liam qui semble être le personnage central, le fil d'ariane entre les différents "plateaux" de l'action.
Ensuite, le groupe "professeur, Livia, Raph", les dirigeants des 2 camps islandais, Erika et son frère Jon, Uffe Barenstein et Bergson, ...
Les acteurs se révèlent ainsi en permanence. Leurs parcours vont se croiser, s'entrechoquer, s'opposer, se combattre jusqu'à ... à découvrir !
© Férey - Rouge - Labriet - Glénat 2025
Le tout avec comme toile de fond le problème de l'immigration, les conditions de survie dans les camps, les tensions politiques et sociales que cela peut entraîner au sein des instances dirigeantes, les actes de résistance, voire de rébellion que cela peut engendrer face à des dérives autoritaires, ...
"- Si tu cherches un lieu où l'esprit libertaire flotte comme un drapeau pirate dans ce monde de merde post-capitaliste, il y a un squat où on accepte tout le monde sans poser de questions. Je peux t'y mener.
- Tu ne sais pas qui je suis ... pourquoi tu prendrais ce risque ?
- Pour rien ...c'est plus beau, non ?
- Sans doute.
- Non, c'est sûr ! Tu ne connais pas la devise des Sioux Lakota ? Donner rend plus fort."
Caryl Férey, unanimement reconnu comme un tout grand du roman noir (Haka, Utu, Zulu, Okavango, ...), nous sort un scénario haletant, mené tambour battant, mêlant personnages humainement attachants ou au contraire terriblement crapuleux. L'espèce humaine dans toute sa variété !
Une crise humanitaire aux relents politico-écologiques mêlant espoirs de rédemption des uns, ambitions politiques des autres et drames humains, familiaux et intimes de tous !
Quand la démocratie chancèle face à une poussée migratoire incontrôlée, à l'explosion de l'envie de se refermer sur soi et aux dangers que cela engendrerait ...
Le but de Férey, en inversant la situation de migration, des Européens cette fois, est de créer une empathie du lecteur en le plaçant dans le rôle du migrant. Ainsi, tout devient plausible ... et subitement plus sensible, touchant ! Oui, cela pourrait aussi nous arriver un jour ...
© Férey - Rouge - Labriet - Glénat 2025
Il nous semble évident que Férey nous réserve des développements et rebondissements à nous faire perdre le nord, des retours possibles de personnages "égarés" comme Francesca, des alliances ou trahisons dans tous les camps ... Sans oublier l'entrée en scène de quelques clans encore dans l'ombre ! Bref, l'imprévisible est au menu des 2 prochains tomes.
Les perspectives sont nombreuses, diverses, offrant à chacun une chance de rachat ou au contraire de sombrer définitivement. Les remords pousseront-ils certains au rachat de leurs "péchés" ? La bonté pourra-t-elle l'emporter face à la noirceur de certains ? Pas convaincu quand on connaît l'esprit des polars de Férey et sa capacité à tenir ses lecteurs en haleine
© Férey - Rouge - Labriet - Glénat 2025
Corentin Rouge y apporte tout son savoir graphique. Par son réalisme, ses cadrages, ses plans et découpages dynamiques, l'action nous absorbe au point d'y perdre pied. On sent son souci de réalisme, de l'authentique. Il reconnaît lui-même ce besoin pour "y croire", n'hésitant pas à se déplacer sur place pour mieux s'imprégner des lieux comme Reykjavik ou la plage des Refoulés ! Que ce soit dans ses superbes paysages islandais, ses décors urbains, ou au contraire l'hostilité de cette plage violemment frappée par de gigantesques vagues, ses scènes de tempêtes terrifiantes ou de montagnes enneigées, ses gros plans faciaux avec leur expression à sortir de l'image, nous sommes pris à la gorge par l'ambiance et les atmosphères de cette intrigue palpitante.
Ses superbes pleines pages, voire double-pages sont un véritable régal visuel !
La détresse à travers les yeux de Liam ici, de Sylvia là ou pire de Francesca restée derrière les grillages lors de l'embarquement au début ... comment ne pas la ressentir soi-même !
Après les couleurs chaudes de l'Afrique du Sud dans 'Sagoma", voici les teintes froides et glaciales de l'Islande !
Cette colorisation achève de nous prendre aux tripes dans cette course à la survie !
© Férey - Rouge - Labriet - Glénat 2025
Après l'énorme succès de "Sangoma", one-shot qui permit de voir à quel point romancier et dessinateur étaient sur la même longueur d'onde, il aurait été dommage de ne pas reconduire l'aventure ! Mais sur une trilogie cette fois ... et voici "Islander" !
Un premier opus déjà explosif, fixe au fur et à mesure le cadre et les décors, à la fois actuelle et dystopique. Une anticipation prémonitoire qui prend ses racines dans la crise écologique, migratoire et sanitaire de ces dernières années ...
Un premier tome où tout se résume déjà dans la saisissante et humainement terrifiante couverture ! Une absolue beauté glaciale !
Quant au final de ce tome, il nous met en haleine pour la suite ... Donc vivement sa parution !
Thierry Ligot
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Série : Islander
Tome : 1/3 - L'exil
Scénario : Caryl Férey
Dessin : Corentin Rouge
Couleurs : Céline Labriet & Corentin Rouge
Éditeur : Glénat
Genre : anticipation
Thème : écologie, dérèglement climatique, migration, quête de soi, identité, survie
Parution : 22/1/2025
Format : 24 x 32 cm
Page : 159
ISBN : 978 2 344 04304 2
Prix : 25 €
Fin des années '50, quelque part au fin fond de la campagne française, Trougnac, petit village de moins de 3000 habitants, près de Poil, autre village, un rien plus important ... car il y a une pharmacie vue qu'à Poil, il y a plus de 3000 habitants !
Un petit bourg sans importance ... si ce n'est son véritable Duc, Clovis Dieuleveult de Beaudrap, fan invétéré de cinéma ... et donc l'Eden, le cinéma du village dont la programmation occupe toutes les conversations.
Les débats animés du Café des Sports, voisin de l'église ... et la "classique" rivalité entre villages, entre Trougnac et Poil ... qui s'exprime sur des derbys de football !
Bref, rien de particulier, ni d'intéressant réellement. Une vie qui s'écoule paisiblement, semblable comme partout ailleurs en France.
Voilà le décor est planté. A présent ... "Action !"
A bord de sa petite Renault 4CV, l'air sur de lui, style "jeune premier", Conrad Knapp entre en scène. Il recherche un village typique pour y tourner un film. Proche de l'équipe de tournage, de Jean Gabin, des acteurs et actrices à la mode, Conrad peut en ouvrir toutes les portes.
Pour preuve qu'il appartient bien au monde du cinéma, il a même avec lui une photo du dernier film de Brigitte Bardot et Jean Gabin ! Et pas n'importe laquelle ... une tirée d'une séquence coupée au montage où BB montre ses fesses !
Son "arme secrète" pour se faire ouvrir toutes les portes ...
Il n'en faut pas plus pour mettre tout le village en ébullition ... Pas question que Conrad cherche un autre endroit. Le prochain film de BB devra se faire à Trougnac. Et pour le convaincre, tout est bon : cadeaux, pots de vin, avantages, honneurs, logis, nourriture, ...
Chacun tentant déjà de s'attirer ses bonnes grâces ... la mère qui aimerait que sa fille ait un petit rôle, le Duc prêt à "acheter" la décision de Conrad, ...
Sans parler de Julie, la fille du régisseur de l'Eden ! Elle se verrait bien dans le film, ou même devenir la petite amie de Conrad et monter à Paris !
© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Comme à la pêche au gros, il faut savoir laisser filer un peu avant de ramener sa prise ... et recommencer jusqu'à être certain de l'avoir bien ferré !
"Messieurs, votre accueil me bouleverse, mais ne saurait égarer mon jugement. J'ai tout de même pas mal voyagé, ce qui me permet de vous dire en connaissance de cause que votre patelin est tarte comme il est pas permis et qu'il y fait un temps de merde !"
Un Singe en hiver (1962) - Henri Verneuil
Rapidement le village entre "en transe". Jalousies et passions s'entredéchirent, 2 camps ... les pro et les anti 7e art ! Le maire, le Duc, les commerçants, ... d'un côté, le curé et ses bigots de l'autre ! Pour et contre la venue de Bardot à Trougnac !
Escroqueries et mensonges entraînent petit à petit Conrad à se perdre dans une course folle vers le mur !
Dans cet engrenage qui le pousse à toujours aller plus loin dans ses "histoires", un petit grain de sable ne risquerait-il pas de gripper sa belle "mécanique" ... et alors gare au réveil des "crédules" !
© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Après "Le Gigot du dimanche" (chronique ici), voici une nouvelle tranche de vie de province offerte par Philippe Pelaez sous un regard mi-satirique, mi-goguenard !
A la fois un bol d'air rafraîchissant et un regard cynique sur les petites querelles de village à la manière d'un Don Camillo, le tout soupoudré d'un filet d'arnaque arnaqué ! De qui rire ou qui plaindre dans cette comédie douce-amère ? Une saveur narrative qui fait franchement du bien.
Une intrigue tournant autour d'une "arnaque" qui n'est pas sans rappeler, sur un autre sujet, la construction d'un tronçon d'autoroute, de l'histoire vraie et du film qui en fut tiré : "A l'origine" (de Xavier Giannoli avec François Cluzet, 2009) ... si ce n'est que le final lui diffère totalement !
Et puis, il y a cette fameuse photo des fesses de Bardot ! On en parle durant toute l'histoire ... mais les voit-on ?
© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Un scénario, en 12 chapitres, 12 claps bien ficelés, des dialogues savoureux dont on se délecte à chaque page, une chute bien dans le ton sur un dernier rebondissement à la hauteur, des personnages à la fois attachants et franchouillards à souhait, un Jean Gabin plus vrai que nature (normal, c'est le vrai !), ...
Un régal digne des grandes comédies françaises du cinéma ! Sauf qu'ici c'est en 150 pages !
Et pour mettre tout cela en images, un Gaël Séjourné au crayon bien taillé ! Fluide dans son style ligne clair réaliste, il nous offre une galerie de portraits dont certains pourraient nous faire penser à ... Devinez !
Un trait qui colle à l'ambiance de cette comédie, à son atmosphère provinciale à la Bardot !
Et que dire de cette couverture ... en référence directe avec l'affiche du film "En cas de malheur" ... Conrad à la place de Jean Gabin face aux interminables jambes à Bardot ! Hommage à peine déguisé au cinéma français des années '50 (film sorti en 1958).
© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Un album qui se laisse lire comme sa bande son se laisserait écouter ...
"Un deux trois, elle craignait de montrer quoi ?
Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit bikini
Qu'elle mettait pour la première fois
Un itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit bikini
Un bikini rouge et jaune à p'tit pois
Un deux trois voilà ce qui arriva ..."
Petite perle de ce début d'année ... laissez-vous emporter par ce pittoresque récit, haut en couleur et savoureux à l'excès !
Thierry Ligot
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Titre : Les Fesses à Bardot
Scénario : Philippe Pelaez
Dessin & couleurs : Gaël Séjourné
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Genre : Comédie, satire, étude de mœurs
Public : tout
Parution : 8/1/2025
Format : 22,1 x 29,9 x 2 cm
Pages : 160
ISBN : 979 1 0411 0462 8
Prix : 22,9 €
Avez-vous déjà décidé de votre menu de Noël ? Un réveillon mérite bien quelques mets succulents sortant de l'ordinaire. En effet, que serait une excellente compagnie sans de quoi la substanter en faisant exploser nos papilles ... sans parler de quelques grands crus qui accompagneraient idéalement les saveurs cuisinées avec amour ?
"- Un restaurant n'est pas un camion ! Un restaurant est un lien, un village, un pèlerinage ! On va au restaurant ... la gastronomie ne vient pas à toi !
- Et c'est quoi ta gastronomie ?
- Un art ! Une tradition !"
C'est ainsi que Paul présente à sa fille Daisy l'héritage qu'il s'apprête à lui offrir ! Elle va, avec son compagnon Karim, reprendre l'auberge paternelle ! Mais sont-ils sur la même "vision" de cet héritage ? Le père dans sa tradition de la grande cuisine française établie dans son auberge, la fille dans son envie de la rendre itinérante par le foodtruck de son compagnon !
Paul va ainsi, au travers 5 âges, retracer les grandes étapes de cette tradition culinaire.
© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
Tradition qui trouve ses fondements à la Préhistoire. Depuis la nuit des temps, se nourrir est la préoccupation première de l'Homme. Mais très vite, la recherche du raffinement, des saveurs exquises, des produits nouveaux, ... vint agrémenter cette obligation naturelle. Ainsi naquit la "gastronomie" !
C'est ainsi qu'à travers les âges, les époques, les lieux, ce qui allait devenir un véritable art se développa pour atteindre la "Perfection" ... ou du moins s'en approcher. Avec ses Maîtres, ses Innovateurs, la gastronomie fit de la nécessité de manger un art de vie impliquant une multitude de domaines différents ... tels la littérature, le mobilier, les ustensiles, les bonnes manières, ...
© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
Pour n'en citer que l'un ou l'autre exemple ...
1555, Nostradamus en plus d'être un célèbre astrologue, écrivit un ouvrage sur les confitures.
Duprat, ancien précepteur de François 1er, crée la table échancrée afin de permettre aux invités corpulents d'être mieux installés ... le ventre sous la table.
Ou encore, en littérature, la "gastrolâtrie" mettant en scène les géants Pantagruel et Gargantua de Rabelais. On peut être humaniste, libre penseur, écrivain et amateur de bonne chair !
© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
Dès le Moyen-Âge, sous les pressions de l'Église, ses rituels, ses interdits, l'année est rythmée par des traditions culinaires.
Pensez au Carême qui amena le Carnaval, 40 jours avant Pâque. De l'italien "carnevale", autrement dit "adieu la viande".
Il en est de même dans l'islam avec le Ramadan ...
Ces 2 moments de jeune se clôturant par la tradition de l'Agneau Pascal pour les chrétiens et la fête de l'Aïd pour les musulmans.
© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
Mais que seraient les meilleurs mets, cuisinés avec finesse et raffinement si l'art de la table n'avait pas suivi ? Avec Catherine de Médicis, celui-ci se fait luxueux grâce à la faïence d'Urbino, à la verrerie de Venise, aux couverts ciselés de Benvenuto Cellini, aux plats émaillés de Bernard Palissy, ...
Mets raffinés et dives boissons vont de pair ... Depuis les Égyptiens et les Romains, un repas se devait d'être correctement accompagné ! Vins et autres boissons ... connurent ainsi, au cours des siècles, leur propre développement et recherche de la perfection gustative.
Cela mena, en France au XIXe siècle, au classement en cru !
"Les courtiers de l'industrie viticole établissent en avril 1855 un classement des crus rouges selon leur réputation et leur prix depuis 2 siècles. Les vins sont classés de 1er au 5e cru.
Tous les rouges viennent du Médoc : Lafite, Latour, Margaux, sauf le haut-Biron qui est un Graves ...
Rien n'a changé depuis - excepté Mouton Rothschild qui en 1975 passe du 2e au 1er cru."
© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
Ensuite viendront les guides culinaires, les livres de cuisine, ... dont le premier sera "Le Cuisinier François" de François Pierre de la Varenne. Nous passons de la cuisine médiévale à la grande cuisine moderne.
La grande cuisine se développe, s'imagine, s'invente dans des restaurants, des hôtels. En 1900, avec l'émergence de l'automobile, 2 frères, André et Edouard Michelin, fabricants de pneumatiques, décident d'offrir un "guide" à tous les chauffeurs. Ce dernier les renseignera notamment sur les bonnes adresses, les tables à visiter avec des notes, conseils, ... Ainsi naît le mythique "Guide Michelin" !
Devenant payant en 1921, il deviendra le "Graal" de tout amateur de bonne chair. Ses étoiles, apparues 5 ans plus tard, seront à la fois recherchées et craintes ... tout comme les mystérieux et redoutables "inspecteurs" du Guide !
© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
C'est tout cela, et plus encore, que cette véritable anthologie de la gastronomie vous propose en 160 pages. Une BD unique qu'adoreront tous les amateurs de bonne cuisine qu'ils soient néophytes, futurs chefs voire des Bocuse qui s'ignorent !
"Pour être un grand chef, il faut de l'amour, du travail et de l'audace !"
Bernard Deyriès, pour l'écrire, y a repris la même recette que pour "L'Histoire de la musique en BD" : recherche approfondie, souci de l'exactitude doublé d'une volonté de présenter le tout de façon agréable et savoureuse.
Un scénario à multiples mains, comme la préparation d'un festin digne des dieux ! Michael Sadler, Daisy Sadler et Kilien Stengel ont réussi à condenser cette passionnante épopée en un récit vivant, passionnant et plein d'humour.
© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
5 âges (du feu, de la fourche à celui de la fourchette, de la conserve, des guides et de l'IA) pour retracer cette odyssée épicurienne extraordinaire des plaisirs du palais ... loin d'être achevée !
Riche en faits historiques comme en anecdotes, cette bible de la bonne cuisine s'enrichit de réflexions actuelles sur la cuisine d'aujourd'hui et son "univers impitoyable" : ses fast food avec leur malbouffe, les émissions télés (conseils, recettes, jeux, concours, ...), nouvelles tendances (moléculaire et autre végan, ...), modes de production et de conservation, questions écologiques et éthiques, ...
Bref un tour complet de la table !
Si nous y ajoutons un graphisme agréable mis en couleur de façon succulente par Degreff, la sauce prend dès la première page ! Et nous voici transportés dans un voyage des sens par la part des anges ...
© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
S'il vous manque encore un ultime cadeau pour le chef-coq de votre cœur, votre papa, votre maman, votre ... qui que ce soit amoureux de la table, voici la BD idéal à ajouter demain soir sous le sapin et à offrir entre le plat et le dessert !
Thierry Ligot
PS : Merci à l'hôtel Van Der Valk de Waterloo pour le décors et l'ambiance de la photo de couverture prise dans leur superbe restaurant "La Sucrerie"
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Titre : Il était une fois la Gastronomie
Scénario : Michael Sadler, Daisy Sadler & Kilien Stengel
Dessin : Bernard Deyriès
Couleur : Degreff
Editeur : Delcourt
Genre : culinaire, guide, humour
Parution : 30/10/2024
Pages : 160
Format : 22,7 x 29,9 x 1,9 cm
ISBN : 978 2413 04393 5
Prix : 25,50 €
"Et quant à la morale de cette histoire, comme dit l'autre, eh ben, elle m'échappe complètement."
Dans la BD de nos parents, voire grands-parents, pour raconter des histoires, il y avait l'Oncle Paul ! Sérieux, pédagogique, historique, il nous contait les grands événements ou les épopées de notre Histoire, ses figures marquantes, héros, pirates ou simples quidams auteurs d'exploits héroïques, ...
Nourris par tous les grands noms, au scénario comme au dessin, des Eddy Paape, Jean-Michel Charlier, René Goscinny, Dino Attanasio, Mitacq, Jean Graton, Octave Joly, Gérald Forton, Liliane et Fred Funcken, Victor Hubinon, Aidans ou encore Hermann, ... la quasi-totalité du Panthéon du 9e art franco-belge y a apposé sa signature.
Entre 1950 et 1986, leurs récits ont bercé nos enfances et donné parfois le goût de l'Histoire et des histoires ! Une "vulgarisation historique" dans un dessin réaliste soucieux du détail !
Alors si ce type de récits fait "fureur" parmi les jeunes (et moins jeunes) lecteurs, il sera rapidement "transposé" dans des histoirettes parfois plus déjantées !
Déjà reconnu par ses séries "Bouldaldar", "L'Épervier Bleu", l'incroyable épopée des "Timour", ou encore "Simon le danseur", Max Mayeu, dit Sirius (pseudo choisi en référence à l'étoile), est attiré par cette idée.
C'est ainsi qu'à partir de décembre 1972, et pendant 10 ans, avec l'aide de Gérald Forton à l'encrage pour les 3 premiers albums, il imagine les (més)aventures d'un vieux marin, pilier de comptoir, prêt à raconter ses "exploits" de jeunesse contre un verre (enfin quelques stouts !). Aussi incroyables qu'improbables, son imagination est comme la profondeur de son gosier ... sans fond et illimitée ! Les coups de gnole qu'il se voit offrir par un public de café avide de ses récits ne font que démultiplier ses aventures souvent corsées !
© Sirius - AD HOC Éditions 2024
19 courts récits et une histoire à suivre qui paraîtront d'abord dans "Pilote", puis en albums !
Personnage pittoresque par excellence, ses récits sont d'un parler aussi épique que coloré et imagé. Ceci faisant intégralement partie du charme de sa lecture.
"Là, Ça a fait un très gros BOUM ... La terre a tremblotté comme le corsage de ma cousine Adélaïde quand elle court après le train ..."
Et quand ce n'est pas Pemberton, c'est alors Jonathan, le serveur, ou une des marins de ces anecdotes.
"On est passé à la cousine avec la cuisine Mathilde. Elle est bien roulée la Mathilde ... Elle me plaît bien ... C'est ce que j'ai commencé à lui expliquer avec les mains. Mais vous savez ce que c'est, dans ces moments-là ... on cause, on cause, le temps passe ... et tout à coup ...
Aïe !!!"
Il faut avouer que pour toute situation, Pemberton a une philosophie bien à lui et une sagesse de poète persan à partager ...
- Eh oui ! Comme dit le poète persan ...
"Les tempêtes d'hiver qui soufflent à travers la Passe de Khaïber ne sont que chétifs pets de lapin à côté des orages de la passion."
ou encore :
"Le renoncement au monde des formes est la voie royale qui mène à la cessation de la douleur" me disait toujours un moine boudhiste* qui avait ouvert une maison close à Kuala Lumpur.
(*Ceci dit, on n'était pas à une coquille près à cette époque !)
© Sirius - AD HOC Éditions 2024
Pour la petite histoire, Sirius adaptera son héros, rebaptisé pour l'occasion Arthur Gordon Penthergast, afin de le publier également dans l'exceptionnel et si irrévérencieux "Le Trombone Illustré" ! Mais cela, nous le découvrirons dans le tome 2 de cette intégrale !
Entre décalé, fantasmagorique, humoristique et légèrement grivois, "Pemberton" sera récompensé en 1975 par le "Prix Saint-Michel des meilleurs dessin et scénario fantastique".
AD HOC a l'excellente idée de rééditer en 2 intégrales les truculentes aventures de ce sacré menteur de marin !
Le premier tome vient de paraître ... timing parfaite pour les fêtes, à glisser sous le sapin !
Dans une introduction fort bien détaillée et illustrée, François Deneyer nous livre la clé idéale pour rentrer dans cet univers si particulier imaginé par Sirius. Nous découvrons ensuite les fac-similés des planches originales des 19 petits récits initiaux.
A noter cependant que 14 de celles-ci n'ont pu être retrouvées. AD HOC a alors scanné en HD les pages parues dans "Pilote". Mais la qualité y est largement ... pour notre plus grand plaisir visuel !
© Sirius - AD HOC Éditions 2024
Sombre par-ci, hilarant par-là et surréaliste sur l'ensemble, humour noir à gogo, ce vieux loup de mer, Pemberton n'a que faire du politiquement correct qui érode l'humour d'aujourd'hui et l'aseptise dans un wokisme des plus banalisant !
Via un graphisme, un rien caricatural (évitons de s'épancher là-dessus vu l'exécrable procès ... lynchage "public" fait dernièrement à un autre Tout Grand du 9e art belge, que personnellement j'admire !), à l'image du ton scénaristique, Sirius crée une ambiance burlesque dans des vapeurs de rhum ou de bière. Mais avouons-le, son talent explose dans ses représentations de la gente féminine, tout comme ses scènes d'action, de colère, ...
Bref, une intégrale indispensable qui fait du bien à nos madeleines comme à nos zygomatiques.
Mais également un superbe album dans sa réalisation, sa couverture, son papier, sa mise en page, sa reliure, ... !
Un cahier graphique avec les crayonnés de 3 aventures clôture l'album. L'occasion t'apprécier le processus de création de Sirius, ses étapes et sa méthode.
© Sirius - AD HOC Éditions 2024
Vivement le second tome ...
Puis viendra également une intégrale de ... "Jess Long" agent du FBI, cravate bien ajustée, costume 2 pièces classique, Smith & Wesson 13.2 à 6 coups toujours prêt à sortir de son holster, pipe à portée de main, l'élégance d'un preux chevalier au service de la justice du XXe siècle ! Imaginé par Arthur Piroton et Maurice Tillieux, il sillonnera les Etats-Unis au gré de ses missions, accompagné de son partenaire Slim Sullivan.
© Sirius - AD HOC Éditions 2024
Mais pour ce qui est de ce premier volume de Pemberton, un de nos coups de cœur en cette fin d'année !!!!!!
Un tirage en 1.000 exemplaires seulement ! Un indispensable à rejoindre nos grands "classiques".
Thierry Ligot
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Série : Pemberton - Intégral 1
Scénario - Dessin : Sirius
Encrage : Gérald Forton
Éditeur : AD HOC
Parution : 29/11/2024
Page : 228
Format : 31,5 x 24 cm
ISBN : 978 2 9603545 0 8
Prix : 39 €
"Il était une fois un doux matin au milieu des glaces ...
Un igloo habité par un gentil Inuit qui faisait un gros dodo ..."
Ça commence comme un conte de fée ... mais cela s'arrête là ! En effet, immédiatement Tonka met les choses au point !
"Ah non ! Jamais de la vie ! "Il était une fois", et puis quoi encore, des licornes ? pas chez moi !!! Ni princesse, ni chevalier.
A toutes celles et ceux qui en voulaient, c'est le moment de fermer ce livre !"
Voilà, le ton est donné ! Chez Tonka, c'est chacun chez soi ... "ce qui veut surtout dire : PAS chez moi !"
Chez lui, nous voulons dire !
Vous l'avez tout de suite compris, Tonka est un "gentil" Inuit qui n'apprécie la vie que seul dans son igloo et surtout loin, très loin des autres. Enfin plutôt les autres qui doivent être loin, très loin de chez lui.
Sa vie se poursuivrait paisiblement si par malheur, un jour Norbert, un grand ours blanc, lunettes sur le museau et écharpe vert et vert autour du cou ne venait s'installer tour près du "Igloo de Tonka" ... trop près d'ailleurs, à deux pattes dirons-nous !
© Hervan - Inukshuk 2024
Et non content de venir ainsi envahir son espace vitale, le voilà à squatter son trou de pêche, venir lui demander ceci ou cela, ... l'interrompre par ses "bla bla bla bla" ... bref lui rendre la vie impossible !
Car Norbert est gentil, bienveillant et surtout ne voit absolument pas qu'il énerve au plus haut point le pauvre Tonka !
L'heure des malheurs sonne ainsi pour ce misanthrope de Inuit, râleur, grognon et désormais toujours de mauvais poil !
© Hervan - Inukshuk 2024
Un album sur les premières (més)aventures de ce pauvre Tonka hilarant et déconcertant. Nous avons tous, dans nos connaissances, une "bonne âme" toujours prête à râler sur ceci ou cela, à vivre des péripéties incroyables et difficiles à croire. Voilà ce qui attend ce malheureux Tonka avec l'arrivée ... et l'installation de Norbert sur son bout de banquise.
" - C'est admirable de pouvoir ainsi compter sur les autres. Entre voisins, c'est une véritable une véritable chance !
- C'est ça, c'est ça ! Bla bla bla bla bla ... Voisin ? Voisin ? Voisin !
VOISIN !! RAAAAH ÇA NOOOON !"
Cédric Hervan nous livre ici une petite pépite de rigolade et d'humour ... pas forcément blanc ! Le type qui vient s'incruster dans votre espace alors que vous ne rêvez que d'une chose, qu'on vous f... la paix ! Voilà ce sacré Norbert avec toute son innocence et sa bienveillance !
© Hervan - Inukshuk 2024
Un dessin rond, belgo-belge bien personnel mais où le crayon glisse sans forcer le style sur le papier.
Un graphisme qui colle parfaitement au personnage principal à l'aspect sympathique, presque comique avec son gros nez, ses crises de rage et de mauvaise humeur permanentes !
Sans oublier, Norbert, un ours blanc un rien naïf, à moins que cela ne soit sa philosophie de vie, genre "hakuna matata" ou "Il en faut peu pour être heureux" de Baloo, afin de rester dans les ursidés !
Un format à l'italien, plus grand néanmoins que le classique, autorise Cédric à développer ses gags sur 2 faces. Pratique et lisible ... surtout pour les plus jeunes lecteurs.
Car cette histoire est accessible dès 5 ans ! Pas forcément besoin de savoir lire pour bien rentrer dedans et rigoler franchement ! Le dessin est suffisamment expressif pour rendre la narration parfaitement compréhensible dans sa continuité.
© Hervan - Inukshuk 2024
Difficile également pour Cédric Hervan de ne pas inclure une donnée plus "pédagogique" à son album. Un petit bonus non négligeable justement pour le plus jeune public vient le clôturer : un petit dossier de 10 pages de "jeux" et énigmes ainsi que 2 pages de croquis !
Pour info complémentaire, la BD a été plébiscitée grâce à un crowdfunding sur Ulule. Donc pour les heureux participants, de nombreux petits suppléments étaient accessibles en fonction des packs proposés.
En fonction du succès de ce premier tome, un second serait envisageable ... pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques !
© Hervan - Inukshuk 2024
Suite à notre passage à l'émission d'Olivier sur Radio Émotion (C'est presque samedi, lien vers le podcast), le vendredi 8 novembre, Cédric Hervan nous a accordé une petite interview bien sympathique : "Derrière la palette, Cédric Hervan"
Ceci se faisait dans le cadre de l'opération "Lisez-vous le Belge ?" à laquelle nous collaborons depuis 2 ans.
Bref, le cadeau idéal de Saint-Nicolas pour nos petits chérubins ou à glisser en bonne place sous le sapin de Noël !
Et d'avance, joyeuses fêtes de fin d'année déjà à toutes et à tous.
Thierry Ligot
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Série : Tonka
Tome : 1 - Chacun chez soi
Scénario - dessin - couleurs : Cédric Hervan
Éditeur : Inukshuk
Genre : humour, pédagogique
Public : dès 5 ans
Parution : 23 novembre 2024
Pages : 64
Format : 19 x 28 cm x 1,5 cm, à l'italienne
ISBN : 978 2 490276 29 5
Prix : 12 €
Tout amateur d'art, collectionneur, expert ou même simple néophyte averti vous le dira : derrière chaque œuvre d'art peut se cacher une multitude d'influences, d'indices, de détails, de clins d'œil, d'hommages parfois, ... adressés par l'artiste à son passé, à ce qu'il est, à quelqu'un, ...
Conscient ou non, l'auteur met dans sa création une part importante de lui.
La bande dessinée, comme 9e Art, n'échappe pas à cette évidence !
Ainsi, il est toujours possible de lire et de relire un album sous différents regards et points de vue, et d'y "découvrir" de nouvelles choses. Cela est d'autant plus vrai lorsque le scénariste en est également le dessinateur.
Les œuvres d'Hergé entrent pleinement dans cette vérité.
Il a déjà été dit beaucoup de chose sur lui, ses héros, leurs aventures, ... Pourtant à y regarder de plus près, il est encore et toujours possible d'en apprendre plus sur l'acte de création de chaque aventure de Tintin.
"Hergéologue" émérite, Philippe Goddin est très certainement l'un des plus grands experts d'Hergé et de son œuvre. Sa passion pour ce dernier et son envie incessante de la partager avec le plus grand nombre s'écoulent au travers ses nombreuses publications et études "hergéénnes".
Cependant, il manquait probablement à celles-ci une approche particulière !
Reprendre chaque album du petit reporter et en décortiquer à la fois les étapes de création, les contraintes de l'époque, la méthode de travail d'Hergé, ses croquis et esquisses, les évolutions et adaptations de présentation ou sociétales du dessin, des dialogues, voire du scénario, la suppression parfois de certaines planches pour contrainte de longueur, ...
© Tintinimaginatio - Prisma 2024
Relevons ici simplement 2-3 exemples concernant "Tintin au Congo".
En 1939, lorsque l'album sort en portugais, Tintin ne se rend plus au Congo, mais en Angola ! Et lorsqu'il est publié en Suisse, en 1945 dans "L'Echo illustré" de Genève, quelle surprise d'apprendre que ce pays possède une colonie en Afrique et que Tintin est Suisse ! (la fameuse scène où notre héros donne cours à des petits Africains !
"Mes chers amis, je vais vous parler aujourd'hui de votre patrie : la Suisse !"
Tout cela n'offusquera jamais Hergé !
En 1946, il devra également revoir la composition de ses planches lors du passage du noir et blanc à la couleur, avec une pagination passant de 110 pages à 62 ! Un sacré travail de recomposition sera alors nécessaire afin de refonder chaque histoire dans les formats que nous connaissons aujourd'hui !
© Tintinimaginatio - Prisma 2024
C'est à cette occasion qu'Hergé fixera un code couleur très strict. Chaque élément aura sa teinte invariable, ce qui évitera les éventuelles trahisons techniques de la photogravure ou de l'impression. Les couleurs seront aplats, sans aucun effet gratuit ... ni dégradés, ni ombres.
La lisibilité y gagnera ... créant par là même la "ligne claire" hergéenne !
Au fur et à mesure des adaptations, Hergé enrichira également les codes et détails graphiques faisant appel à notre capacité d'interprétation des émotions, sentiments ou mouvements. Comme repris ci-dessous, lorsque Milou, attaqué précédemment par un perroquet sur le paquebot, voit sa queue grossir. Une petite intervention chirurgicale s'impose ... Milou promet d'être "héroïque", mais voyant un matelot passer avec une caisse pleine d'outils et une scie en main ... le courage s'envole vite !
© Tintinimaginatio - Prisma 2024
Bref, réaliser un fantastique travail d'archéologie bédéesque sur chaque tome afin de se glisser dans les coulisses de sa création et nous offrir le résultat de ces études dans un ouvrage richement illustré.
C'est tout cela que cette nouvelle collection propose ... Sans oublier quelques surprises et révélations inédites ! De l'aveu même de Philippe Goddin, en s'appliquant dans la rédaction de chaque ouvrage, il a encore découvert des détails qui, jusqu'à présent, lui avaient "échappé".
Regroupés dans la rubrique "Revue de détails", chaque planche, chaque case y est passée à la loupe, au microscope faisant ainsi ressurgir parfois, ici et là, de surprenants éléments ! Ajoutés à des archives inédites, le résultat passionnera à coup sûr tout lecteur curieux, qu'il soit tintinophile ou pas !
© Tintinimaginatio - Prisma 2024
Par conséquent, entre décryptages de l'époque, analyses commentées des planches, exhumation d'archives exceptionnelles, dont certaines n'ont jamais été publiées, un formidable travail en profondeur pour (re)lire autrement les 23 albums de Tintin ...
Une lecture "augmentée" sur papier qui ne laissera personne indifférent à l'immense talent du Maître incontesté de la ligne claire franco-belge qu'était et reste encore à l'heure actuelle Hergé !
© Tintinimaginatio - Prisma 2024
Collaboration entre les Éditions Moulinsart et Prisma, cette collection se déclinera en 23 opus d'une centaine de pages à chaque fois !
Les deux premiers numéros sont déjà sortis ... Le cadeau "collector" de fin d'année parfait pour les Tintinophiles en herbe ou confirmés !
Le tome 3, "Tintin en Amérique" paraîtra le 15 janvier 2025 ... Éventuellement pour les cadeaux des distraits ou des retardataires ?
© Tintinimaginatio - Prisma 2024
Les parutions s'étaleront de façon bimensuelle jusqu'en 2028 avec le 23e et dernier tome qui s'intéressera en profondeur à "Tintin et les Picaros", ainsi qu'à "L'Alph-Art" !
Thierry Ligot
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Collection :
Titre : Tintin Hergé - Les coulisses d'une œuvre
Auteur : Philippe Goddin
Éditeurs : Moulinsart & Prisma
Prix : 19,95 €
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Tintin au pays des Soviets :
Tome : 1
Parution : 16/10/2024
Format : 26,1 x 26,1 x 1,7 cm
Pages : 112
ISBN : 978 2 8104 4010 8
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Tintin au Congo :
Avec la participation : Dominique Maricq
Tome : 2
Parution : 4/12/2024
Format : 26,1 x 26,1 x 1,5 cm
Pages : 104
ISBN : 978 2 8104 4026 9
Automne 1877, Tokyo, Otama a 16 ans.
Un étranger, portant le kimono (chose assez rare à l'époque) ne cesse de passer devant la propriété de son père pour en admirer le jardin.
Il s'agit de Vincenzo Ragusa, sculpteur italien, enseignant à l'université de Kobu, académie impériale des arts appliqués.
A cette époque, les Samouraïs venaient de perdre leur influence auprès de l'Empereur. Leur ère était révolue. Le nouveau gouvernement cherchait à ouvrir l'Empire du Soleil Levant au monde afin de le moderniser. Il invitait ainsi Français pour l'organisation de l'armée, Allemands pour le domaine médicale et évidemment Italiens pour les questions d'art !
Admirant le trait d'Otama, il lui propose néanmoins d'apprendre à dessiner de façon plus réaliste, plus à l'européenne.
C'est ainsi que chaque jour, il lui apporte une fleur pour la reproduire sur feuille. Viendront ensuite une multitude d'objets les plus divers que Vincenzo doit inventorier.
De là va naître une passion dépassant de loin l'art de dessiner ...
"Mais que vas-tu penser là ? Tu es bien trop jolie pour te comparer à une machine !"
... à dessiner !
Chaperonnée par sa grande sœur, elle accepte ensuite de poser comme modèle pour son mentor.
La suite est "logique" même si difficilement à entendre pour ses parents ... fiançailles, suivies d'une cérémonie nuptiale japonaise. Otama a 19 ans.
Pourtant son espoir d'une vie commune au Japon va être contrarié par un changement de mentalité au sein du gouvernement japonais. Une vague de nationalisme prône la défense de l'art traditionnel national. Vincenzo risque de perdre son emploi et décide de rentrer en Italie, à Palerme ... avec son épouse ! Elle a 21 ans !
© 2024 Keiko Ichiguchi – Andrea Accardi – KANA (Dargaud-Lombard s.a)
50 ans plus tard, Otama se rappelle sa première rencontre avec ce gaijin aimant le dessin et la botanique.
"Il me manque tellement que je peine à respirer"
Nous sommes en février 1936.
De retour à Tokyo depuis 4 ans, son chemin croise le jeune Atsushi, 7 ans. Un gamin désœuvré, d'une famille pauvre, mais possédant un réel intérêt et don pour le dessin. Otama se lie d'amitié pour lui et le prend sous son aile. Pour lui, elle va revivre son odyssée en Italie, tout en tentant de le protéger des événements de son époque.
Une odyssée de 50 ans où elle va s'intégrer dans un pays qu'elle ne connaît pas, au point d'en oublier son Japon natal ... et de s'en faire oublier pareillement. Devenue artiste reconnue, elle suivra et poussera son mari dans toutes les entreprises culturelles qu'il entreprendra.
Vivant intensément la "Belle Époque" palermitain de la fin du XIXe siècle, ils traverseront ces années plus intimement fusionnel jour après jour.
"Je ne ressentais jamais la solitude ... malgré la distance qui me séparait du Japon."
"- Regardez ! C'est le professeur Ragusa et son épouse japonaise.
- C'est une peintre exceptionnelle.
- Ils sont toujours ensemble. Quel beau couple !"
Malheureusement, le 13 mars 1927, à l'âge de 86 ans, ce dernier meurt. Elle a 65 ans et se sent abandonnée par son pays d'origine. Elle est alors convaincue qu'elle finira sa vie dans son pays d'adoption.
© 2024 Keiko Ichiguchi – Andrea Accardi – KANA (Dargaud-Lombard s.a)
Pourtant la vie peut réserver de belles surprises. A 70 ans, suite à un heureux concours de circonstances, son vœu de retour se réalise enfin.
"J'avais traversé les mers au bras de l'homme de ma vie. Et voilà que je faisais le chemin inverse en compagnie de ma petite-nièce.
J'ai toujours vécu dans le sillage de l'amour ..."
Mais ce sera pour réaliser que le Japon de son enfance a bien changé. De nouveaux troubles se préparent et une révolte militaire éclate. En 4 jours, elle sera néanmoins mâtée pour ne plus exister que sous le nom des "incidents du 26 février 1936".
© 2024 Keiko Ichiguchi – Andrea Accardi – KANA (Dargaud-Lombard s.a)
Et quoi de mieux pour réaliser ce one-shot qu'une auteure japonaise, Keiko Ichiguchi et un dessinateur italien, lui-même de Palerme, Andrea Accardi !
Un récit de vie poignant, raconté avec passion et amour, inspiré de l'extraordinaire parcours d'Otama Kiyohaha (1861 - 1939) entre son Japon natal et son Italie d'adoption.
Un scénario sensible et poétique sur le choc de 2 cultures que tout oppose mais que l'amour de 2 êtres, de 2 artistes réunira durant un demi-siècle. Ils traverseront moultes épreuves, connaîtront des chamboulements historiques et politiques majeures dans un Japon qui se cherche et se recherche.
Un seinen complexe et réaliste à la fois qui aborde de façon humaine et sentimentale la vie hors norme de cette femme, première peintre japonaise de style occidentale et Japonaise ayant été le modèle d'un artiste occidental. Loin d'être uniquement un "conte de fée" à la sauce italo-japonaise, Keiko Ichiguchi ne tait pas pour autant les aspects moins romantiques de cette passion : le regard parfois moqueur des Italiens à Palerme, leur humour grivois, les sentiments plutôt hostiles de sa belle-mère, l'opposition sociale entre les Japonais pauvres et les plus riches ou aisés, les tensions sociales qui secoueront le Japon et l'entraineront en partie dans un second conflit mondial, ...
© 2024 Keiko Ichiguchi – Andrea Accardi – KANA (Dargaud-Lombard s.a)
Évidemment, le dessin, dans un style manga raffiné et pur, traduit toute la tendresse qui émane des protagonistes et de leur existence. Le trait léger, fin, doux au regard d'Accardi sublime cette narration en la rendant encore plus fascinante.
Il serait enfin difficile de passer son silence la superbe jaquette reprenant en couleur pastel le dessin de la couverture.
Un très joli ouvrage sélectionné notamment dans le cadre de l'opération "Lisez-vous le belge" 2024, chez l'éditeur Kana : site
Thierry Ligot
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Titre : La vie d'Otama
Scénario : Keiko Ichiguchi
Dessin : Keiko Ichiguchi / Andrea Accardi
Editeur : Kana
Collection : Made In
Type : Seinen
Genre : historique, drame, récit de vie
Public : ado, adulte
Parution : 7 juin 2024
Page : 136
Format : 17 x 24 cm
ISBN : 978 2 5051 1719 3
Prix : 15,5 €
"-J'imagine que tu sais pourquoi je t'ai convoqué.
-Mon seigneur a avancé dans l'enquête qu'il mène sur la mort mystérieuse de nos abeilles ?
-Pas… pas exactement, non. Bien souvent, tu causes des troubles dans la cité et bien souvent, nous te pardonnons… Atsuhiko, es-tu mon ami ?
-Je vous demande pardon ?
-Es-tu un ami de l'empire et de son digne représentant, ton daimyo ?
-Bien entendu, seigneur…
-Alors pourquoi le quartier des apiculteurs ne s'acquitte pas de la taxe ?"
Sur la berge enneigée d'un lac japonais, un couple déplore de ne pas pouvoir avoir d'enfants. Les dieux veulent-ils que s'éteigne la lignée des Inari ? Kiyo demande à son mari Murami de la répudier afin qu'il ait des enfants avec une autre pour que la dynastie Inari se poursuive. Il le refuse. Il ne ferait jamais cela à son aimée. C'est alors qu'une meute de loups se fait entendre non loin. Les bêtes gravitent autour d'un panier en osier suspendu à une branche. Après les avoir fait fuir, les époux y découvrent un bébé. Il s'appelle Caleb. Les dieux leur auraient-ils envoyé un héritier ?
© Clément, Renard, Grelin, Benoît - Glénat
Quelques années plus tard, le bambin a bien grandi. On le retrouve dans une bien mauvaise passe, otage d'une bande de malfrats. Avec l'aide de son serviteur Doglass, il va réussir à s'en sortir, non sans quelques frayeurs. On va rapidement apprendre qu'ils sont chasseurs de primes et parcourent le pays, traquant les bandits qui pourraient leur permettre d'encaisser de l'argent auprès du daimyo local. C'est à une affaire de grande aventure à laquelle ils vont se trouver confrontés. A Chidori, les apiculteurs déplorent la mort mystérieuse de leurs abeilles sur lesquelles repose l'économie de la ville. Voilà donc nos héros en mission pour résoudre cette énigme. Caleb va avoir bien besoin des larmes du Yôkai transmises au fils ainé de chaque génération.
© Clément, Renard, Grelin, Benoît - Glénat
Après Le temps des mitaines, revoici Loïc Clément aux commandes d'une bande dessinée animalière. A la frontière entre Chlorophylle et Kogaratsu, les aventures de Caleb et Doglass démarrent sur les chapeaux de roue. Imaginez donc les personnages de Macherot dans l'univers japonais médiéval de ceux de Michetz et Bosse, et voici Les larmes du Yôkaï. Ce ne sont pas les seuls auteurs qu'invoque Loïc Clément, parce qu'il y a aussi du Goscinny dans son écriture, pour son duo de héros hors du commun tout d'abord, puis surtout dans les dialogues, fins, ciselés, drôles. Caleb et Doglass portent le même équilibre qu'Astérix et Obélix, ou plus encore Iznogoud et Dilat Laraht. Caleb a quand même un petit côté fourbe. Doglass est bien plus malin qu'il ne veut le laisser paraître.
Margo Renard dessine l'histoire dans la même ambiance que l'aurait fait Anne Montel, complice de Loïc Clément sur Le temps des mitaines. C'est Stéphane Benoit qui s'est chargé du storyboard, dynamique, allant à l'essentiel. Les couleurs de Grelin ont un effet aquarelle qui passe très bien sur les décors mais qu'on aurait préféré plus en aplats sur les personnages. Cela n'entache en rien l'ambiance globale de l'intrigue.
© Clément, Renard, Grelin, Benoît - Glénat
Les abeilles se cachent pour mourir est la première aventure d'un duo de héros qui a un énorme potentiel pour une longue série d'intrigues équilibrant à merveille humour et action. L'histoire se termine dans ce volume mais le fil rouge de la famille de Caleb est là pour la relier aux prochaines. A suivre… avec grand plaisir, comme à la grande époque de l'âge d'or du franco-belge.
Laurent Lafourcade
Série : Les larmes du Yokai
Tome : 1 – Les abeilles se cachent pour mourir
Genre : Aventure
Scénario : Loïc Clément
Dessins : Margo Renard
Couleurs : Grelin
Storyboard : Stéphane Benoît
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344053218
Nombre de pages : 88
"-Maurice ! Ne traîne plus ! Les allemands arrivent ! Tu dois aller loin le plus vite possible ! Vu ton âge, ils peuvent te réquisitionner… ou pire !...
-T'en fais pas m'man ! J'ai déjà traversé une bonne partie de la France à vélo. Et si je peux, j'embarquerai directement vers l'Espagne ou le Portugal.
-Ne perds pas l'adresse à Lisbonne que je t'ai donnée. Ta tante et son mari t'y attendent. Je leur ai écrit een janvier, craignant l'éclatement d'une vraie guerre !
-Ça ira, m'man… J'essayerai de te donner de mes nouvelles…"
New York 1972, au Congrès international de la BD, dessinateurs européens et américains se rencontrent autour d'un bon verre. L'un d'eux a des origines bretonnes. Plus exactement, le berceau de sa famille se trouve à Guéméné. Le nom de cette ville du Morbihan va raviver des souvenirs à Maurice Tillieux, le dessinateur de Gil Jourdan. Il y a passé plusieurs mois, en 1940. En Mai de cette année-là, à tout juste dix-neuf ans, il quittait Bruxelles et sa mère, sur son vélo, pour éviter de se faire réquisitionner par les allemands qui envahissent le pays. Direction la France, dans l'espoir d'embarquer vers l'Espagne ou le Portugal. Après la traversée du Braban Wallon, Tillieux franchit la frontière française. Il trouve refuge dans des fermes, évite les bombardiers allemands, ce que n'ont pas réussi à faire toutes les personnes qui ont emprunté les mêmes routes que lui. Pas toujours facile de se faire accepter par les français. Ayant capitulé, les belges sont considérés comme des traîtres. Le cycliste traverse la Loire sans trop de difficultés et se dirige vers La Rochelle. Arrivé sur place, c'est la désillusion. Les allemands mitraillent tout ce qui s'éloigne des côtes. Impossible de rejoindre la péninsule ibérique. Maurice n'a pas d'autre choix que de remonter vers la Bretagne.
© Bazile, Borgers, Depessemier – Editions de l'Elan
Adorateur de l'œuvre du papa de Gil Jourdan, Bruno Bazile, déjà auteur de M'sieur Maurice et la Dauphine jaune consacré à son idole, est ici accompagné d'Etienne Borgers pour raconter l'escapade de Maurice Tillieux. En vingt-huit planches sublimes au lavis, on est embarqué dans une époque chargée d'Histoire sur laquelle se basera l'avenir d'un des plus grands auteurs de l'âge d'or de la bande dessinée franco-belge. Il est temps que Maurice Tillieux soit enfin réhabilité. Au même titre que Jijé, il fait partie de ces auteurs pas forcément connus des profanes en BD. Il a pourtant autant d'importance qu'un Roba, qu'un Jacobs, qu'un Peyo. C'est l'occasion de saluer l'incroyable travail que font depuis des années les éditions de l'Elan pour sa bibliographie.
© Bazile, Borgers, Depessemier – Editions de l'Elan
Ce Maurice Tillieux 1940 n'est pas qu'un récit de BD. C'est un bel album composé d'un riche dossier introductif dans lequel les auteurs Daniel Depessemier, Etienne Borgers et Gérard Guégan relatent l'escapade de Tillieux, le contexte historique, les lieux de l'action et la genèse de ce livre. Après l'histoire au lavis, une version noir et blanc montre un autre point de vue du trait émouvant de Bruno Bazile, avant de finir sur un carnet de croquis et d'essais.
© Bazile, Borgers, Depessemier – Editions de l'Elan
Pas uniquement réservé aux tillieuphiles, cet album raconte par le prisme du destin d'un jeune homme un pan de l'histoire du monde qui aurait pu changer celle du Neuvième Art s'il ne s'était pas bien terminé. Inévitable. Attention, tirage limité.
Laurent Lafourcade
One shot : Maurice Tillieux 1940
Genre : Biopic
Scénario : Etienne Borgers
Dessins & Lavis : Bruno Bazile
Dossier : Daniel Depessemier, Etienne Borgers & Gérard Guégan
Éditeur : Editions de l'Elan
ISBN : 9782931072066
Nombre de pages : 96
Prix : 39 €
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Mardi 1er avril 2025 - 11:56:31
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