Février 1866, Atlanta est détruite par les incendies et la guerre. Le Sud a perdu ! Les Unionistes sont désormais les maîtres de la ville et ils le font bien comprendre. Difficile pour les anciens Confédérés de conserver leur "standing" d'antan ! Surtout qu'il faut trouver de la main d'œuvre à payer maintenant ! Les esclaves ont été affranchis et certains ne sont pas prêts à retravailler pour leurs anciens maîtres. D'autres, dans leur misère, ne rêvent que de se venger d'eux.
" - Hey, tu peux poser les sacs de la dame blanche, maintenant. on est libres !
- Libres de quoi ? D'être inutiles ?
- On a choisi de ne rien faire ... et pouvoir choisir, c'est déjà être libre."
Pour Scarlett, la vie est un combat de chaque jour. Trouver de l'argent afin de régler les dettes de Tara, s'assurer de quoi subvenir aux besoins de son père, de sa sœur, de Mélanie et de son mari, Ashley Wilkes, dont elle ne cesse de rêver, ... Ceci sans compter son irrésistible besoin de se mettre elle-même à l'abri : logement, ... et surtout ...
"ne plus jamais connaître la faim" !
Apprenant que Rhett est emprisonné pour meurtre, elle lui rend visite pour tenter de l'attendrir en vue obtenir de l'argent. Mais du haut de son arrogance, ce dernier devine rapidement le jeu de Scarlett et s'en joue adroitement pour l'humilier ... une fois de plus !
Qu'importe, elle trouvera une autre solution ... Celle-ci apparaîtra sous les traits du fiancé de sa sœur Suellen, Frank Kennedy ... qu'elle n'hésitera pas à lui "voler" ! Un mariage d'argent qui, tout en sauvant Tara, la lance dans les affaires.
S'impliquant dans celles de son mari, avec de l'argent prêté par Reth, elle achète une scierie et s'investi avec succès dans le commerce du bois. Elle ne voit que ses intérêts sans se soucier réellement du "qu'en dira-t-on" !
© Alary - Rue de Sèvres 2025
Suite à une agression d'anciens esclaves noirs, son mari et d'autres Sudistes, tous membres du KKK organisent une expédition punitive. Malheureusement, dans l'affrontement, il meurt laissant Scarlett veuve. Complètement abattue, elle sombre dans un désespoir profond. Mais Butler, jamais très loin, lui avoue enfin son amour pour elle et l'épouse.
Une union orageuse entre 2 êtres qui s'attirent comme ils se détruisent. Car toujours entre eux, l'amour de Scarlett pour son beau-frère, Ashley ... et l'espoir inavoué qu'un jour, il aurait pu ... si la vie n'en avait décidé autrement !
Toutefois il est dit que le destin lui interdira paix et tranquillité ... tout comme d'atteindre enfin son rêve secret : l'amour de son beau-frère, Ashley Wilkes, le mari de sa tendre et timide cousine Mélanie, un ange de bonté, admirée et appréciée de toutes et tous à Atlanta.
Tout son opposée ...
Mensonges, trahisons, froide, calculatrice, manipulatrice, n'ayant aucun scrupule, rien n'arrête cette femme au caractère bien trempé dans sa quête de l'absolu.
Menant sa vie comme bon lui semble, ignorant les ragots et médisances, bravant tous les "interdits sociaux", Scarlett s'attire de nombreux reproches de la bonne société sudiste ! Qu'importe à nouveau jusqu'au jour où, au creux de la vague ...
" - Non, mais Rhett, j'ai peur ...
- Allons Scarlett. Vous n'avez jamais eu peur de votre vie.
- J'ai peur d'aller en enfer.
- Mais Scarlett ... l'enfer, c'est ici, sur cette terre. Vous êtes en enfer, là, maintenant."
Mais Rhett Butler est inlassablement là ! Au fond d'elle, elle l'aime ... et de son propre aveu, c'est réciproque ... Il le lui avoue alors qu'elle est enceinte de son premier enfant ! Sera-t-il l'ange de sa rédemption ?
" - ... je veillerai sur vous pendant les prochaines semaines ...
- Rhett ... Oooh ! Vous, me protéger ?
- Oui, ma chère. Et pourquoi ? A cause de mon amour pour vous, madame Kennedy ... j'ai silencieusement eu faim et soif de vous, et vous adorais de loin. mais étant, comme Ashley Wilkes, un homme honorable, je vous l'ai caché."
Mariages, enfants, réussite dans les affaires, tout pourrait enfin lui permettre de connaître la sérénité ! Pourtant Scarlett continue d'être cette insatisfaite jeune femme dans une course effrénée vers un bonheur total et visiblement inatteignable ! A chaque fois qu'elle pourrait se dire de l'avoir enfin trouvé, le Destin et la Mort la frappent cruellement, l'obligeant à se renforcer, à se durcir encore plus !
"Les fardeaux sont pour mes épaules assez fortes pour les porter"
Une action quasi en vase clos, dans un Atlanta qui doit se rebâtir, un Sud qui doit apprendre à survivre. Les uns et les autres qui ne cessent de se croiser, de s'associer et s'entraider ou de s'opposer, malgré les circonstances, la guerre, la défaite, la peur de perdre le peu qu'il leur reste, d'avoir encore un jour "faim" et d'être seuls !
© Alary - Rue de Sèvres 2025
Une majestueuse histoire d'amour, de passion sur fond de guerre, avec comme personnage central, Scarlett O'Hara. Une tragédie classique, antique à la sauce américaine d'une jeune femme amoureuse de deux hommes ...
"Scarlett n'avait compris aucun des deux hommes qu'elle avait aimés et les avait perdus tous les deux.
Si elle avait compris Ashley, elle ne l'aurait jamais aimé.
Si elle avait compris Rhett, elle ne l'aurait jamais perdu."
Et comme morale cette ultime pensée :
"Après tout, demain est un autre jour !"
© Alary - Rue de Sèvres 2025
L'adaptation de Pierre Alary est une prouesse scénaristique et graphique. S'attaquer à un tel monument littéraire pouvait apparaître comme une gageure mais Pierre a réussi à en garder toute la "substantifique moëlle", la dynamique et l'intense énergie.
Son découpage, ses cadrages et angles, ses cases, tout est au service de la narration, des sentiments qu'elle inspire. Peur, amour, tendresse ou détresse, ses regards les font sortir des cases pour aller directement toucher le cœur du lecteur !
Pour sublimer son trait, des couleurs chaudes, ocrées comme celles d'un crépuscule ... celui d'un monde en déclin.
L'ambiance hors du temps des maisons coloniales sudistes, leurs réceptions et bienséances mondaines, les affres de cette sanglante guerre de Sécession sont les décors de ces passions humaines dans un monde en total disparition et qui ne sait plus de quoi sera fait son lendemain. Pourtant, il lui faut survivre et même continuer à vivre en se reconstruisant, en s'adaptant et en surmontant les épreuves. C'est tout cela que Pierre transpose avec brio dans ses 2 volumes incroyables.
© Alary - Rue de Sèvres 2025
Un dessin, des dialogues, une narration, des couleurs soignées faisant exploser toute la dramaturgie de ce roman légendaire. Chaque planche, chaque case ne traduit que l'aspect dramatiquement humain de cet amour. Scarlett et Rhett se cherchent, s'évitent, se retrouvent pour s'éloigner à nouveau. Ils ne peuvent faire autre chose que de s'aimer en se déchirant jusqu'à l'explosion de leur passion dans un déchirement ultime !
Deux albums somptueux, luxueux, soignés dans leur finition, dos toilé, couverture avec dorures à chaud, papier de qualité dans un format large, ... Bref à la hauteur du roman !
Clairement un coup de cœur, un indispensable dans toute bibliothèque BD, à côté du roman et du film.
Thierry Ligot
Lien Interview Pierre Alary : ici
Lien podcast Radio Émotion : ici
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Série : Gone with the Wind
Scénario, dessin & couleurs : Pierre Alary
D'après : le roman éponyme de Margaret Mitchell
Éditeur : Rue de Sèvres
Genre : Histoire, drame, romance, guerre de Sécession, amour
Public : tout
Format : 24,3 x 32 cm
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Tome 1
Parution : 5/4/2023
Page : 150
ISBN : 978 2 81020 219 5
Prix : 25 €
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Tome 2
Parution : 8/1/2025
Page : 160
ISBN : 978 2 81020 230 0
Prix : 27 €
En complément à notre chronique sur "La grande Histoire du château de Versailles" par Jean-Marc Krings sur un scénario de François Maingoval, ce dernier a accepté de nous faire quelques confidences anecdotiques sur son "bébé".
Un album à la fois sérieux en reprenant les étapes les plus emblématiques de ce monument de l'architecture française, symbole parfait de la royauté, et humoristique par son style et son procédé narratif original.
Une approche également pédagogique qui plaira aussi bien aux jeunes lecteurs qu'aux plus âgés. Bref, ceci valait bien ce petit entretien en 6 questions ...
1) Ta passion pour l'Histoire n'est pas neuve. L'Histoire de France est-elle ta préférée ?
Je suis en effet passionné d’histoire, j’ai énormément de livres à ce sujet et je ne rate pas une émission historique. Notamment la série « La Guerre des Trônes, la véritable histoire de l’Europe », que je trouve remarquable, même si elle est fort centrée sur la France.
Mais j’aime aussi beaucoup la période du troisième Reich, qui est finalement peu connue dans ses détails par le grand public, or elle devrait nous apprendre beaucoup de choses. Ce qui s’est passé en Allemagne dès 1933 ressemble furieusement, je trouve, à ce qui se passe actuellement aux États-Unis.
Cependant ma période historique préférée reste l’Antiquité, et notamment l’époque romaine. Tiens, c’est bizarre, justement j’ai écrit le scénario de deux Alix, et une bio de Cléopâtre, d’Alexandre le Grand, et de Néron …
© BD Best - Casterman
2) Comment est né ce projet ? Une commande ou un projet personnel ?
Au début nous travaillions sur un projet dont l’héroïne était une architecte du patrimoine et dont l’action se déroulait dans une église collégiale belge. C’était une commande, mais finalement cela ne s’est pas fait. Alors, on a présenté le projet à d’autres éditeurs. Jean-Marc connaissait un éditeur chez Ouest-France, qui aimait son travail. De fil en aiguille, on a remplacé la collégiale par le Château de Versailles (tant qu’à faire, prenons un lieu plus connu !), l’équipe du Château lui-même est entrée dans le projet, et finalement j’ai jeté mon premier synopsis et on est parti sur la véritable histoire de Versailles !
3) Dessinateur Jean-Marc Krings, était-ce pour son style, son humour graphique ou autre ?
Les deux, mais aussi parce qu’on s’entend bien. D’abord je le connais depuis 25 ans, on avait déjà fait un album ensemble, sur les Diables Rouges, et cela s’était bien passé. On avait envie de retravailler ensemble. Jean-Marc et moi avons tous les deux un caractère fort, parfois nous ne sommes pas d’accord, alors chacun boude dans son coin pendant un certain temps, mais, comme un vieux couple, on finit toujours par se rabibocher. Et puis c’est difficile de rester fâché longtemps avec lui !
© Kennes
4) Le procédé narratif vous mettant en scène lors d'une visite guidée est "authentiquement véridique" ? Les réflexions de Jean-Marc également ?
Mais tout à fait ! Tout est absolument véridique, évidemment. Et je tiens à préciser que pas mal de dialogues repris dans les différentes époques sont souvent tout à fait authentiques également. Plusieurs phrases ont ainsi été littéralement copiées-collées de mes diverses sources. Bien entendu j’ai dû rajouter des dialogues inventés entre toutes les vraies phrases, mais j’ai essayé que tout reste plausible.
© Krings 2025
5) Est-ce un album à 4 mains ou à 2 + 2, chacun s'occupant de sa partie ? (Scénario, toi ; dessins-couleurs, Jean-Marc)
Oui, chacun s’occupe de sa partie, mais évidemment on interagit. Parfois Jean-Marc me fait part de ses idées, ou de ses envies, ou me demande un changement dans un dialogue, et moi, parfois je lui demande une modification d’un dessin. Ce qui est toujours très dangereux, car, quand je lui dis qu’un doigt de pied d’un personnage est raté, il ne va plus me parler pendant une semaine (rires !). Parfois il m’envoie un beau dessin d’une façade d’un des bâtiments, en me disant : « J’aime bien ce dessin, fais-moi un texte là-dessus », et je dois me débrouiller. En revanche, ce n’est pas un album à 4 mains, mais à 6 mains : ce n’est pas Jean-Marc qui a fait les couleurs, mais Antoine Kompf, qui a fait un travail tout à fait remarquable.
© Maingoval 2025
6) Il s'agit d'une série de 6 ? 7 albums ? Quels seront les autres sites architecturaux visités ?
Le nombre d’albums n’est pas fixé. Le prochain devrait être sur le Mont-Saint-Michel, j’espère qu’il pourra sortir en 2026, mais le contrat n’est pas encore signé, et donc nous n’avons pas encore commencé à y travailler. Ensuite, on va sans doute faire, mais l’ordre n’est pas encore établi, Notre-Dame de Paris, Carcassonne, Sarlat, Rocamadour.
J’aimerais aussi travailler sur Saint-Gudule, en Belgique, dont le vrai nom est « Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule », et pour lequel j’ai déjà un scénario tout prêt, ainsi que la Grand-Place de Bruxelles.
Il se fait que ma sœur est architecte du patrimoine à la ville de Bruxelles, et s’est entre autres occupée de la rénovation de la Grand-Place, du Théâtre Royal du Parc, de la Bourse, et cela facilite les accès à ces lieux emblématiques, ainsi qu’aux archives. Mais pour cela, il faudrait sans doute un éditeur belge.
© Th. Ligot 2025
Merci à François pour ce bref entretien et tous nos vœux de prompt rétablissement à son compère de dessinateur, Jean-Marc Kring.
Voici donc un agenda prometteur et bien rempli pour les années à venir. Projets BD à profusion que nous suivrons avec intérêt et dont nous n'oublierons pas de vous parler, promis !
Thierry Ligot
Lien chronique : ici
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Collection : L'Histoire en place
Tome : La grande Histoire du château de Versailles
Scénario : François Maingoval
Dessin : Jean-Marc Krings
Couleurs : Antoine Kompf
Éditeur : Éditions Ouest-France
Genre : histoire - architecture
Parution : 7/2/2025
Pages : 64
Format : 24 x 32 cm
ISBN : 978 2 73738 987 0
Prix : 19,9 €
Quand on parle du Roi Soleil, comment ne pas immédiatement penser à "château de Versailles" ?
Symbole parfait du pouvoir absolu de droit divin de Louis XIV, il n'existe pas trop de qualificatif pour le résumer tant sa splendeur est phénoménale !
Le château lui-même évidemment, avec sa Galerie des Glaces, souvent imitée, jamais égalée, ses appartements royaux, sa Galerie des Batailles, ...
Mais son domaine dans sa globalité en général avec en entrée sa grille d'honneur majestueuse surmontée d'un soleil, ses jardins fabuleux, son Grand canal avec ses fontaines et jets d'eaux extraordinaires, ... !
Sans parler des bâtiments annexes comme les Petit et Grand Trianon, le hameau de la Reine, les Petite et Grande Écurie, ...
Il est impossible de tout visiter, de s'imprégner de tant d'Histoire en une journée, voire même deux !
Visiter ce château et son domaine, c'est visiter l'Histoire de France depuis Louis XIII jusqu'à nos jours, c'est déambuler dans les couloirs du temps pour en découvrir certains secrets et anecdotes !
Cela débute avec la première venue du futur Louis XIII, à 6 ans, le 24 août 1607, sur ces étendues giboyeuses lors d'une partie de chasse avec son père, Henri IV pour s'achever à aujourd'hui.
© Maingoval - Krings - Editions Ouest-France 2025
Car toute cette épopée architecturale part bien du simple désir de ce jeune roi, grand amateur de chasse, à disposer d'un endroit propre lorsqu'il vient assouvir sa passion, sans devoir louer une chambre à la taverne de l'Ecu ! Un endroit simple que son architecte Nicolas Huau bâtira en 2 ans !
"Je veux quelque chose de simple mais confortable : 4 pièces, une galerie et quelques dépendances suffiront largement ! Ce n'est que pour y passer une nuit de temps en temps."
Viendront ensuite l'envie d'un parc d'une centaine d'arpents, un plan d'eau et 2 terrains pour de jeu de paume.
© Maingoval - Krings - Editions Ouest-France 2025
Ensuite, ce ne sera plus qu'agrandissements, transformations, extensions, retransfornations, ...
Les terrains sont réquisitionnés, achetés ou expropriés ... Rien n'arrêtera plus l'éclosion de cette perle architecturale française ... jusqu'à la Révolution, avant de renaître sous Louis-Philippe ! Mais c'est bien sous Louis XIV que certains n'hésiteront pas à en dire :
"Mille mercis, Monseigneur, de m'avoir fait visiter Versailles ! Je connaissais les sept merveilles du monde, en voilà une huitième à ajouter à la liste !"
Voilà à quoi nous invite François Maingoval dans cet album historique, à n'en pas douter, mais également plein d'humour et de clins d'œil. Une narration vivante en partant d'un procédé innovant : la propre visite des auteurs, accompagnés de Jacinthe, une charmante guide, dans ce gigantesque domaine de 815 ha. A son apogée "territoriale", le parc et son domaine s'étendaient sur plus de 8.000 ha ! La superficie des jardins à eux-seuls sont encore aujourd'hui de plus de 93 ha !
© Maingoval - Krings - Editions Ouest-France 2025
Ce procédé narratif permet dès lors aux auteurs de passer facilement d'une période à l'autre, d'une étape du développement du site à une autre sans que cela n'apparaisse "artificiel" ou trop scolaire. Chaque intervention des personnages "Jean-Marc" ou "François" détend l'atmosphère en rendant la visite moins académique, moins théorique. Bref, on s'amuse de leurs réflexions et la visite n'en est que plus vivante, réelle.
"- Étant donné que le temps passe, nous allons sauter la Restauration pour ...
- Ah, mais non ! J'ai faim, moi !
- Oui, moi aussi !
- Heu ... je parle de l'époque de la Restauration ... la restauration de la monarchie, après l'abdication de Napoléon 1er !
- Mais oui ! Je blaguais ! Enfin, Jean-Marc !
- Dites, vous êtes vraiment auteurs de BD, vous ? Parce que vous me faites plutôt penser à Laurel et Hardy !"
© Maingoval - Krings - Editions Ouest-France 2025
On s'instruit au fur et à mesure des pages ...
Et ce d'autant plus que le graphisme de Jean-Marc Krings, réhaussé par les couleurs d'Antoine Kompf, est adapté à l'objectif : arriver à replonger le lecteur dans le passé pour y vivre une aventure dans le site même visité ! Un dessin clair, agréable mais offrant une volonté de précision dans l'architecture des lieux décrits. Cela reste du dessin, tout en nous permettant de nous imaginer clairement ce que l'on devait ressentir à ces époques devant de tels lieux.
© Maingoval - Krings - Editions Ouest-France 2025
L'aspect pédagogique est ainsi bien mis en avant. Un album, une série (puisqu'il est prévu plusieurs tomes dans un concept identique, visite des auteurs accompagnés d'un guide, d'un architecte ou autre) divertissant et instructif à la fois ! Bien pensé et construit, le lecteur ne s'ennuie pas au détour des pages.
Thierry Ligot
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Collection : L'Histoire en place
Tome : La grande Histoire du château de Versailles
Scénario : François Maingoval
Dessin : Jean-Marc Krings
Couleurs : Antoine Kompf
Éditeur : Éditions Ouest-France
Genre : histoire - architecture
Parution : 7/2/2025
Pages : 64
Format : 24 x 32 cm
ISBN : 978 2 73738 987 0
Prix : 19,9 €
Un orphelinat perdu dans le Petit Val, proche d'un bois cachant les inquiétantes ruines d'une ancienne abbaye oubliée ! Voilà un cadre prometteur pour un récit palpitant !
Daï et Chiri ne sont pas vraiment les "stars" de leur orphelinat. Le premier est assez renfermé sur lui-même, il aime se promener seul afin de photographier cette plante-ci ou celle-là. Courageux mais pas téméraire, la peur est un sentiment qui le pousse à fuir le danger.
Chiri, sourde de naissance, a ainsi difficile à communiquer avec les autres, ce qui la met forcément à l'écart. Pourtant sa maîtrise de la langue des signes fait d'elle une personne pleine de ressources ...
Harcelés et poursuivis par les caïds du home, les 2 jeunes s'enfuient dans la forêt qui brode l'orphelinat. Espérant échapper à leurs poursuivants, ils s'abritent dans un mystérieux tunnel. Ils en ressortent, à l'autre extrémité, dans un pays fort étrange ! Mais en y pénétrant, ils ont involontairement réveillé des ténèbres terrifiantes.
En effet, ce tunnel, sorte de portail magique, permet de passer d'un monde à l'autre, du Petit Val au Royaume de Pudding ! Celui-ci est sous la menace constante du redoutable Roi des Ombres.
"De toutes les créatures qui peuplent les terres de Pudding, il n'en est pas de plus vile et redoutée que le Roi des Ombres, connu sous le nom de 'Monstre aux Mille Visages'. C'est un être maléfique et terriblement puissant qui sème zizanie et destruction."
Margareth la Chroniqueuse
Il kidnappe les voyageurs égarés dans la forêt pour les transformer en "sbires" en leur verrouillant l'esprit à l'aide d'une clé magique tournée dans leur cou.
© Carlos Sanchez - Casterman 2025
Plongés dans un combat qui n'est pas le leur et dont ils ignorent tout au début, ils souhaitent juste retrouver le tunnel, ce portail pour rentrer chez eux.
En route, ils vont alors croiser quelques compagnons d'aventure.
Sophie, jeune druidesse, disciple de Margareth, la grande sorcière tuée par le Roi des Ombres ; Yayo, historien, archéologue itinérant accompagné de son chat noir, Roberto ; Oko, un Ogroïde fort comme un taureau, fonceur ; Lisa, l'ex de Sophie, capable de se métamorphoser en renard et vivant avec Babcia, une vieille sorcière.
Bref, un groupe hétéroclite doué de compétences diverses mais qui assemblées pourraient bien contrecarrer les plans du Roi des Ombres. Mais quels sont-ils au fait ?
D'ailleurs, Chiri en maniant la langue des signes, ne serait-elle pas aussi capable de manier les runes, ces signes cabalistiques ouvrant à la magie ?
"Ô bol de céréales, toi qui as été béni par les anciennes runes, à présent que j'approche de la forêt où il a été aperçu pour la dernière fois, dis-moi comment terrasser leRoi des Ombres ? Quoi ? Deux enfants ? Ça n'a aucun sens ..."
© Carlos Sanchez - Casterman 2025
Alors disons-le tout de go, cet album n'est pas pour tout le monde ! Désolé mais que les adorateurs de la superbe ligne claire classique le sachent ... vous risquez d'avoir, comme qui dirait, une attaque !
Mais je vous rassure, les jeunes, jeunes ados font adooooorer ! Un peu du genre "Retour vers le Futur 1" lorsque, vers la fin, lors du bal de promo, Marty Mc Fly (Michael J. Fox) annonce à la salle médusée, après un rock'n roll endiablé : "Par contre, vos gosses vont adorer ça !"
Point de rock'n roll endiablé ici, bien qu'au niveau du graphisme, cela en jette !
C'est jeune, frais, coloré, un peu flashy et semi-manga européen au niveau des personnages, décors, ...
Les planches sont totalement libérées des contraintes de la division en cases. Horizontalement, verticalement, en superposition, ... la déstructuration de la page atomise le rythme de la narration.
Bref, du semi-cartoon à la sauce "conte merveilleux" bien dans le vent et cela va leur plaire à nos jeunes ados, voire pré-ados !
© Carlos Sanchez - Casterman 2025
Par contre, côté scénario, cela se tient méchamment bien. Une intrigue intéressante qui prendra le jeune lectorat à la gorge pour l'emmener dans la magie des druides et des créatures fantastiques. Jouant sur la différence et la richesse de celle-ci, la surdité de Chiri, sa capacité à lire et comprendre la langue des signes, seront des atouts à la découverte des runes de Pudding. La clé du succès final ? Mais cela, nous ne le saurons qu'au 3e et dernier tome de cette trilogie, ce qui veut dire dans 2 volumes !
Carlos Sanchez jouant sur les cordes du fantastique, y développe des thèmes qui parleront à un jeune public. Un volume qui offre également une fin provisoire attendrissante, tout en annonçant quelques indices de ce que pourrait être l'intrigue de l'opus suivant ! Ce procédé narratif sera certainement apprécié des jeunes lecteurs. Ils auront l'impression d'une histoire complète avec un dénouement heureux, sans devoir obligatoirement attendre l'album suivant pour le connaître.
© Carlos Sanchez - Casterman 2025
Un premier tome fantasy, amusant, idéal, invitant à la lecture un public qui appréciera aussi bien le graphisme que son scénario.
Thierry Ligot
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Série : Runes
Tome : 1/3 - Les mille visages
Scénario, dessins & couleurs : Carlos Sanchez
Éditeur : Casterman
Collection : BD Jeunesse
Public : 9 - 12 ans
Genre : fantastique
Parution : 19/3/2025
Format : 17,5 x 24,8 cm
Page : 160
ISBN : 978 2 2032 8742 6
Prix : 18 €
Quand la conviction grandit l'Homme et le rend encore plus humain !
Homme du XXe siècle, admirateur de Victor Hugo, avocat de valeur, le véritable choc de sa conscience arrive en un matin du 27 novembre 1972. Son client, Roger Bontems, vient de voir son dernier recours rejeté par le Président de la République. Son exécution aura lieu le lendemain à 4h30 ! Une heure matinale pour réveiller le "Massicot" ...
Ce matin-là, il fauchera 2 fois, 2 vies, 2 hommes condamnés à mort, condamnés à être guillotinés !
Leur crime ? Lors d'une tentative d'évasion de la centrale de Clairvaux, Bontems et un second détenu, Buffet, prennent un gardien et une infirmière en otage. Buffet les égorge ! Il sera prouvé que seul ce dernier est leur meurtrier. Pourtant, Bontems connaîtra la même peine que son complice meurtrier !
Son avocat, persuadé qu'on ne peut tuer un homme qui n'a pas tué, fera tout ensuite pour obtenir sa grâce. Néanmoins ...
Toujours est-il que ce jour-là, ce 27 novembre 1972, cet homme s'interrogera longtemps sur ce qu'il aurait pu dire, ce qu'il aurait pu ajouter lors du procès de son client pour lui sauver la tête ! Mais voilà, il n'aurait pu faire mieux ... Robert Badinter s'en voudra toute sa vie !
"Quand tout est perdu, l'avocat est un homme qui aide un autre homme à mourir. Il est le père, le frère du condamné, il est son ami ... il est TOUT."
Son combat sera donc celui de Victor Hugo ... qui a 10 ans, connut également ce "choc" en assistant à une exécution capitale !
"Ce grand homme tentera toute sa vie d'infléchir l'opinion en décrivant l'horreur de l'exécution, sa barbarie, en démontrant l'injustice et l'inefficacité du châtiment ... Il utilisera tour à tour sa notoriété d'écrivain et son statut d'homme politique pour mettre son éloquence au service de cette cause et des condamnés ..."
Y assisté, y être impliqué comme témoin, comme avocat, comme confident du condamné ne peut laisser personne d'humain indifférent. Victor Hugo l'avait clairement exprimé :
"Mettez le juge dans un plateau, placez le bourreau dans l'autre, pesez la justice humaine, et dites-moi ce que vous pensez de la peine de mort."
© Bresson - Christopher - Marabulles 2024
Une mission sacrée que l'avocat Badinter reprendra donc à son compte pour tenter, avec toute son énergie, toute son humanité mais également tout son sens de la justice, d'aboutir !
Ministre de la Justice sous Mitterrand, il réformera profondément le système pénitencier français. Pour cela, il affrontera dignement toutes les attaques de gauche, comme de droite.
N'oublions pas que, né en 1928, issu d'une famille juive ashkénase, ses grands-parents ont quitté la Bessarabie (région entre la Moldavie et l'Ukraine) pour la France au lendemain de la Première Guerre Mondiale. Ils finiront par s'installer dans le XVIe arrondissement de Paris,
Il a donc 11 ans lorsque la 2e GM éclate. Avec sa famille, ils finiront par devoir "s'exiler" en zone libre, à Lyon. Pourtant les événements faisant, même là, la guerre les rattrapera. L'arrestation de son père, son exécution car juif, ... il connaît ainsi très jeune les affres de la guerre, la haine, le racisme, l'injustice et l'antisémitisme. Il en sera marqué à vie !
"C'est ce qui me donnera la force de mon engagement sans faille contre les discriminations de toutes sortes, et notamment contre l'antisémitisme."
50 ans plus tard, alors qu'il répond aux questions de Noémie, une jeune étudiante préparant sa thèse sur son parcours, Robert Badinter se rappelle encore ces instants qui ont transformé sa vie.
© Bresson - Christopher - Marabulles 2024
C'est le parcours exceptionnel d'un homme, de son combat que raconte cette brique.
Mais une réforme aussi capitale que celle-là, braver son impopularité pour défendre ses convictions profondes de toutes ses forces ne s'est évidemment pas faite sans accroc.
"Votre nom est indissociable d'une justice plus équitable et plus humaine, particulièrement pour les victimes. Votre influence et vos valeurs perdureront, vos enseignements resteront vivants"
© Bresson - Christopher - Marabulles 2024
Adapté du livre biographique de Dominique Missika et Maurice Szafran paru en 2021 (éditeur Tallandier), Pascal Bresson le scénarise afin d'en faire ressortir tout le côté humaniste, sensible et terriblement "combattif" de l'homme qui réussit à faire abolir la peine de mort au pays des Droits de l'Homme !
Concernant les biographies dessinées de grandes figures de l'Histoire, Pascal Bresson n'en est pas à son coup d'essai. En 2023, il adaptait "Les Inséparables", l'histoire de Simone Veil et ses sœurs. Il lui avait déjà rendu hommage en 2018 avec le biopic ""Simone Veil, l'Immortelle".
Il nous offre ainsi ici une fois de plus une narration prenante, mettant en avant la lutte intérieure, les réflexions et les pensées d'un homme de foi.
Usant du procédé du témoignage (ici à Noémie, étudiante en droit, pour sa thèse), nous retrouvons les moments importants du parcours de Badinter dans sa quête de justice.
© Bresson - Christopher - Marabulles 2024
Un dessin et une palette de couleurs clairement au service de la narration mettent ses échanges en images. Loin de les noyer dans un excès de détails, le trait réaliste et simple à la fois de Christopher est d'une remarquable efficacité.
Ses teintes monochromes sont idéalement en symbiose avec les ambiances des diverses séquences (rouges pour l'histoire de Bontems, vertes pour les années '30-'40 et l'Occupation, ocres pour ses "rêveries" et allusions à Victor Hugo, grises pour ses "confidences").
Ces associations subtiles reflètent l'état d'esprit de Badinter lors de ses échanges avec son interlocutrice.
© Bresson - Christopher - Marabulles 2024
Robert Badinter meurt en 2024 sans n'avoir jamais voulu écrire ses "mémoires", tout comme Simone Veil d'ailleurs.
Ce biopic bd est néanmoins un vibrant hommage à un "homme juste", un "honnête homme", l'une des plus grandes figures politiques françaises du XXe siècle.
Thierry Ligot
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Titre : Robert Badinter, L'homme juste
Scénario : Pascal Bresson (d'après le livre de Dominique Missika et Maurice Szafran)
Dessins et couleurs : Christopher
Éditeur : Marabout
Collection : Marabulles
Genre : biopic & roman graphique
Public : ado - adulte
Parution : 20/11/2024
Page : 176
Format : 19,2 x 25,1 cm
ISBN : 978 2 5011 8302 4
Prix : 22,95 €
Quand la rancœur et la haine des uns engendrent un guerrier du destin des autres, cela ne peut se finir que dans un bain de sang !
A moins qu'un amour "maternel" ne le détourne d'un funeste avenir ?
Mais comment en est-on arrivé là ?
Avril 1840, dans un coin reculé du N-E de l'Arizona, les Hopi célèbrent Kwahu, l'aigle sacré. Une fête traditionnelle pacifiste qu'une charge de cavalerie transforme en véritable massacre ! Hommes, femmes, enfants, vieillards, quasi personne n'échappe à cette tuerie, justifiée uniquement par l'esprit de vengeance du commandant Lewis. Son frère a été tué par un Hopi. Le sang appelant le sang, qu'importe les conséquences ...
S'il avait su ...
Une année passe et Kwahu continue à hurler en silence ...
Un bébé hopi est abandonné devant les portes du fort. Au même moment, Lewis devient "père" ... De crainte d'attirer le mauvais sort sur son fils, il se refuse d'abandonner, voire carrément de tuer ce nourrisson hopi !
Sous une pluie battante, il décide alors de "forcer" Kate, une veuve vivant au milieu de la plaine, de l'élever et ce, malgré la haine de celle-ci pour les Indiens. En effet, ceux-ci ont massacré son mari et ses 3 fils ! Sans réelles ressources, si ce n'est quelques "faveurs" accordées aux hommes du fort, les 100 $ et la vache offerts par Lewis pour cette "mission" lui seront bien utiles. Néanmoins, bien que contrainte d'accepter, elle décide de ne rien faire pour le protéger contre le hasard de la vie !
© Makyo - Sicomoro - Ferraccioni - Delcourt 2025
Et pour bien le prouver, elle décide de l'abandonner dehors, dans la pluie pour la nuit !
"- Dis à Lewis que j'nourrirai l'enfant. Mais que s'il meurt de maladie, j'y serai pour rien.
- Le ciel décidera."
Le lendemain, la pluie a cessé ... mais le bébé est toujours vivant, mis à l'abri par la fille, simplette, de Kate !
2 flèches peintes sont également plantées dans les poteaux de l'auvent ... Signe que désormais l'habitation et ses occupants sont sous la protection sacrée des Hopi ! Dans les jours qui suivent, ils ne cessent de venir au ranch pour voir le bébé ... Pourquoi ? Pèlerinage ?
A moins qu'une fois encore, la vérité ne soit autre ...
© Makyo - Sicomoro - Ferraccioni - Delcourt 2025
Son histoire est loin d'être simplement "ordinaire" ! Kwahu semble l'avoir destiné à un avenir hors du commun ...
Le mystère s'épaissit encore lorsque Lewis apprend l'existence d'un jumeau ... à la peau "blanche" que les Hopi ont décidé d'élever eux-mêmes !
" L'avenir pour les 2 nations est le mélange. C'est inévitable. Alors Chef Katchongva dit ... ces 2 bébés, venir comme symbole vivant des 2peuples qui devoir apprendre l'un de l'autre pour peut-être, un jour, faire une seule nation."
Les années font s'écouler lentement sans amour et dans la haine pour le gamin hopi jusqu'au jour où ... Et qu'importe à nouveau puisque ...
"La haine, c'est un aliment pour moi. Mieux, une sorte de récompense !"
© Makyo - Sicomoro - Ferraccioni - Delcourt 2025
Premier opus d'un diptyque grandiose où mysticisme et violence promettent d'exploser dans un second tome fort attendu. Décidément, avec des Pierre Makyo, le genre western prend un sacré coup de jeune et le lecteur ne risque pas de s'ennuyer !
Il est bien loin le temps où ce registre semblait "has been" dans le 9e art ! Un Ouest sauvage, sanglant, replis de haine, de violence dans les sentiments, les mœurs, les épreuves. Un Hermann à la plus belle époque d'un Comanche des "Les loups du Wyoming", "Le ciel est rouge sur Laramie" !
D'une vengeance va naître la lente éclosion d'un esprit se nourrissant de la haine de ses ennemis. Des ingrédients, des protagonistes, une tension latente, chaque détail mène ce nourrisson indien à se muer en un guerrier sans pitié, alors que son jumeau semble la bonté incarnée !
"Le jeune Hopi a 15 ans, il ne sait ni lire ni écrire et déjà couve en lui un appétit de violence sombre, aveugle, dont personne ne peut encore mesurer l'ampleur. Il ne pense pas, mais il sait que les ténèbres sont en lui et que rien ne les arrêtera."
Et pourtant, tout partait d'un espoir de construction, de paix, de fraternité entre blancs et Indiens ! Un message d'espérance pour se noyer dans un désespoir sans fond ! Deux frères, des jumeaux pour se partager le bien et le mal ...
© Makyo - Sicomoro - Ferraccioni - Delcourt 2025
Le tout est sublimé par un graphisme, un trait où l'excès de dialogues est désormais inutile. Un dessin dont la force expressive suffit à elle-même pour faire passer émotions et rage de vivre. Eugenio Sicomoro, dans son réalisme italien, fait de ce "Dead Smile" un western à la Tarantino ! Un suspense prenant similaire à celui de "A l'aube de l'Amérique" (série récente sur Netflix), mais avec un côté mystique supplémentaire en changeant les protagonistes.
Rythme dans le découpage des planches, angles de vue des cases d'action, ... nous suivons l'action au plus près dans des décors pures "USA" ou au contraire des gros plans criant de douleur, de vie !
Un graphisme d'ailleurs que la palette de couleurs de Marco Ferraccioni, rappelez-vous celles de "Celle qu'il n'attendait pas", nous plonge dans cette atmosphère aride, lourde et chaude d'un Arizona sans concession !
© Makyo - Sicomoro - Ferraccioni - Delcourt 2025
Un album parfait de cette époque où "bon sentiment" rimait rarement avec "réalité du quotidien" !
Thierry Ligot
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Série : Le sacrifice des Aigles
Tome : 1 - Dead Smile
Scénario : Makyo
Dessin : Eugenio Sicomoro
Couleurs : Marco Ferraccioni
Éditeur : Delcourt
Collection : Conquistador
Genre : western
Public : ado, adultes
Parution : 15/1/2025
Format : 24 x 32 x 1,2 cm
Page : 56
ISBN : 978 2 75609 752 7
Prix : 15,95 €
"On ne parlait plus de climat, ce mot n'existait plus. Ni de déferlante technologique, car la nano-société était devenue vie, mort, éternité. L'ego humain en revanche subsistait. les méta-cités en étaient la preuve. Entourées de marais contaminés et de camps de migrants tentaculaires.
(...)
Le résultat, c'est donc ce monde laissé en héritage ... Des mégalopoles sans âmes, accumulant les strates de populations, les étages, mutants, robots, mélange de flux humains et numériques.
Un monde où la littérature et la musique sont considérées comme des éléments terroristes massifs. Où les individus de sexe masculin peuvent engendrer. Où chacun se réfugie dans des univers parallèles, et où une drogue de synthèse ultime est apparue, le "blast" ..."
C'est dans ce futur sombre et mortifère que Safir, son père sorte de monstre mi-humain mi-robot cybernétique, son frère Pauli, un rien simplet, vivent à Mégalopolyon dans une certaine opulence. Il faut dire que comme Mayor, son père a les moyens financiers et toutes les clés de la ville entre les mains. Il les partage avec les autres chefs des mafias, triades et gangs de la ville.
© Stevens - Jef - Soleil 2025
A l'extérieur, Vananka, musicien clandestin, mutant "divinateur", y entre légalement afin d'honorer un certain contrat ... jouer pour quelques fort riches malgré la loi ...
Mais il s'agira de rester discret car sinon, c'est la mort assurée !
Pour maintenir l'ordre, faire respecter la loi, chasser livres et musique, lutter contre le trafic de blast, les Feds, police d'état, sont sans pitié et exécutent immédiatement les coupables !
Dans leur ombre, les NUHP, avec à leur tête Lynn, espèce de géant roux, grosse moustache, style Grognard qui ne fait pas dans la dentelle ! Sorte de milice privée aux ordres de la mafia, ils règlent définitivement les "soucis" de l'Organisation, donc du père de Safir !
Cependant, cette dernière n'hésite pas à braver l'interdiction paternelle de ne pas quitter son luxueux appartement. Elle s'en éclipse les nuits pour se livrer à certaines activités illicites dans les bas-fonds de la mégalopole.
© Stevens - Jef - Soleil 2025
Ce Lyon futuriste, construit sur une multitude de strates, d'étages, ne fait que reproduire la pyramide classique de la société. Plus tu descends, plus tu arrives en enfer ! Plus tu montes, plus l'aisance se manifeste !
Et voilà que Pauli disparaît de sa chambre, de son luxueux appartement ... Qui l'a enlevé ?
Pourtant dans cette société corrompue mais qui semble s'équilibrer, une vague déferlante naît sournoisement. Des bas-fonds, un blast de contrefaçon apparaît, remettant ainsi en danger la mainmise des mafias sur la ville et sa population.
Il s'agit de contrecarrer sans pitié cette menace ...
... sans quoi les Feds pourraient s'en mêler, frappant sans discernement tout producteur de blast ... Un danger évident pour le consortium dirigeant la ville !
Un vent de révolte se lève lentement ...
© Stevens - Jef - Soleil 2025
Un scénario magistral ! Prenant le lecteur à la gorge dès les premières lignes de l'introduction. Rappelant immédiatement les univers de SF des grands classiques, nul doute que cette saga sera sanglante dans son explosion. Les ingrédients y sont ! Ils s'insinuent dans le décor savamment, sans en avoir l'air ! Une montée en crescendo impeccable, cernant lentement, patiemment les principaux protagonistes dans leur rôle respectif, jusqu'à les faire se croiser au hasard de leurs péripéties propres.
Kevan Stevens nous offre une narration quasi cinématographique dans ses plans, ses séquences, son déroulement !
Sa voix off donne également une certaine sonorité au récit, une profondeur intéressante. Tout comme plusieurs répliques et pensées prometteuses ...
"Qu'y a-t-il de mieux dans la vie ? Un pétard bien tassé, une guitare, un paysage grandiose et la perspective d'une séance de baise ..."
Tout un programme ...
© Stevens - Jef - Soleil 2025
Le tout étant sublimement mis en images par Jef ! Un dessin réaliste, digne héritage d'un Paul Gillon ou d'un Enki Bilal ! Un univers futuriste lourd, sombre, étouffant, forçant le lecteur à s'en imprégner pour mieux encore se fondre dans l'action.
Renforcée dans la déstructuration des planches, l'action déboule rythmée et expressive à la fois. Entre gros plans et plans larges, les décors sont "technologiquement" saisissants !
Un mélange de "Blade Runner 1" - "Le 5e élément" et "Métropolis" en 2 D !
L'album débute sur une double page pour se clôturer sur une pleine page, comme un zoom avant pour se finir par un zoom arrière ! Comme un avertissement sur la suite, sur l'action qui explose ...
Un must à découvrir sans tarder !!!
Thierry Ligot
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Série : La Mécanique
Tome : 1/3 - En moi le chaos
Scénario : Kevan Stevens
Dessin & couleurs : Jef
Éditeur : Delcourt
Collection : Soleil - Fantastique
Genre : S-F
Public : ado, adulte
Parution : 15/1/2025
Page : 84
Format : 23,4 x 32,4 x 1,3 cm
ISBN : 978 2 3020 9883 1
Prix : 17,5 €
Après son dernier western, "La femme à l'étoile" (https://www.bd-best.com/la-femme-l-toile--news-12875.html), Anthony Pastor que nous avions d'ailleurs rencontré à cet effet (https://www.bd-best.com/derri-re-la-palette-anthony-pastor-la-femme-l-toile-news-12873.html) nous fait quitter le froid hivernal du N-O américain pour descendre dans la chaleur du Texas.
Clarendon, Comté de Donley, Texas, 1893, par une matinée brumeuse, Keller, un pauvre bougre creuse un trou, sous le regard sec et sévère de 2 hommes. Le "colonel" Ford, gros propriétaire de bétail de la région et Thrope, ex-capitaine, bras droit du premier ... et accessoirement son homme de main "officiel" !
"Ford est un nuage noir qui gronde. Le capitaine est la foudre qui frappe ..."
Un trou pour quoi ? Un trou pour qui ? Pour Maggie, femme "légère", au passé "frivole", rejetée par la communauté, mais qui en était également l'institutrice !
A 25 ans, Billy Lavigne, gardien de troupeau a une vie de cow-boy sans histoire. A l'annonce du décès de cette femme, de sa mère, il rentre au galop, à crever son cheval, Comanche !
© Pastor - Casterman 2025
Sa mère s'est noyée près de chez elle, lors d'une crue subite !
Une soirée trop arrosée avec Keller, son "compagnon" actuel, un accident stupide ...
Mais voilà, le shérif a un doute. Ford et Thrope aussi ... Il faut dire qu'ils ont été les amants de Maggie il y a 25 ans ! Il se pourrait d'ailleurs qu'un des deux soit le père de Billy.
Raison pour laquelle chacun affiche une tendresse particulière pour lui, une tendresse de "père" face à son héritier possible ... celui qu'aucun n'a jamais eu !
© Pastor - Casterman 2025
Pourtant celui qui doute le plus de cette "version" d'accident est Billy lui-même ... car sa mère savait nager ... elle était même une excellente nageuse !
Très vite, en se réimprégnant de l'atmosphère lourde du ranch "Ford", l'ambiance se crispe, la tension monte entre Billy et Keller ...
Les fantômes du passé ressurgissent. Et avec eux, des rancœurs, voire des regrets ...
© Pastor - Casterman 2025
Pourtant, il faudra bien que la vérité sorte, que les comptes se soldent ... A moins que ce ne soit dans la fuite ... car ...
"Ford est un nuage noir qui gronde. Le capitaine est la foudre qui frappe ..."
Un nouveau western d'Anthony Pastor où passion et vengeance se mêlent à la rudesse de la vie du far west. La recherche de ses origines, la douleur de la perte de sa mère, les espoirs fondés en lui par ses "pères", l'envie du repos de l'âme dans la fureur et la sauvagerie d'une époque sans foi ni loi ! Enfin, oui la loi ... celle du colt !
© Pastor - Casterman 2025
Anthony Pastor continue sa traversée du genre en en brisant les codes "classiques" où le juste n'est pas forcément le vainqueur. Une approche aussi sentimentale que brutale ...
Tout comme son trait ... à la fois doux et violents, pastel et flamboyant.
Dans son style expressif, ses couleurs chaudes ici, sombres là, son crayon fait transpirer les planches de la tristesse, de la douleur, de la haine, de l'inquiétude ou de la peur ... des sentiments et émotions des protagonistes.
Un régal narratif faisant la part belle aux grands espaces américains.
Une fois encore, Anthony Pastor nous livre un récit personnel original et grandiose.
A lire avec ou sans un bon verre de whisky !
Thierry Ligot
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Titre : Billy Lavigne
Scénario, dessin & couleurs : Anthony Pastor
Éditeur : Casterman
Genre : western, drame
Public : ado, adulte
Parution : 5/3/2025
Page : 152
Format : 21,2 x 28 x 1,6 cm
ISBN : 978 2 203 25728 3
Prix : 22 €
Printemps 1633 ... les nuits de Paris sont de plus en plus sombres pour les honnêtes gens ... et pires encore pour les autres. Une menace plane sur le Royaume de Louis XIII ...
"Maudit, honni, interdit, le Zodiaque du Diable est employé par ceux qui connaissent ses arcanes et - qu'ils soient fous ou orgueilleux - n'en sont point effrayés.
...
Le Zodiaque du Diable compte 13 signes. Ces 13 signes sont ceux celui du Diable qui domine, et 12 autres répartis en 4 triades."
Chaque triade est constituée de 3 membres, 3 signes. Lorsque l'un d'eux vient à disparaître, il se "réincarne" encore et encore ... depuis la nuit des temps !
Car depuis lors, elles ne cessent de s'affronter, accomplissant ainsi la volonté du Diable !
C'est dans la 3e triade, que le signe de "L'Epéiste" vient de se réincarner ...
Jean-Philippe Gagnière, le nouveau Gueule-de-Cuir entre petit à petit dans son costume.
La guerre pour le contrôle des Cours des Miracles et donc de Paris bat son plein. Plus rien ne semble pouvoir arrêter le Roi-des-Tombes dans sa main mise sur la capitale. Entre truanderie parisienne, factions adversaires, qui est qui ?
Le Cardinal de Richelieu tente bien de s'y opposer en manipulant et manœuvrant ses quelques atouts ... La Veuve et son Epéiste, Gueule de Cuir !
Mais ce dernier est encore bien ignorant de certains tenants et aboutissants.
"Porter le masque, c'est être à son service ... C'est être esclave. Peut-être valet. Mais ce n'est certes pas être le maître."
De son côté, le Cardinal s'inquiète fort de 2 fléaux qui se répandent dans la capitale ... un philtre alchimique constitué de sarne ...
"La sarne tue la faim, la soif et la fatigue. Elle donne également du courage, jusqu'à la témérité. Mais elle est dangereuse. Quiconque en prend finit par en abuser, et quiconque en abuse finit par en mourir."
... et une monnaie non autorisée frappée par le Roi-des-Tombes dans le dos du trésor royal ! Un affront qu'il ne peut tolérer !
© Pevel - Créty - Maffre / Drakoo 2025
Croyant trouver un moyen de lutter contre le nécromancien, Gueule-de-Cuir imagine convaincre les derniers Rois des cours de s'unir pour lutter avec lui contre leur ennemi commun. Néanmoins, comment les unir alors que lui-même les chasse et les combat ?
Pour y arriver, ne devra-t-il pas se dévoiler ?
Surtout que dans l'ombre, certaines alliances secrètes et trahisons perturbent le jeu ...
Bref, les Lois du Zodiaque du Diable sont loin d'être claires et les enjeux restent troubles !
© Pevel - Créty - Maffre / Drakoo 2025
Nous étions impatients de lire ce second tome. Le premier nous avait planté un décor d'un Paris entre historique et fantastique ... Un fabuleux mélange de réalité, magie noire, alchimie, héros masqué, pouvoirs surnaturels quasi, duels et combats époustouflants, virevoltants ... et intrigues qui reprend tous les éléments semés dans le tome 1 en les associant en un tableau scénaristique parfaitement charpenté.
Le tome 3 verra donc le combat final entre Gueule-de-Cuir et ...
© Pevel - Créty - Maffre / Drakoo 2025
Mais au fait, quel est le signe du Cardinal ? Et qui sont d'ailleurs ces autres signes ? Pierre Pevel a ainsi, tout en ouvrant de nouvelles pistes dans son intrigue, laisser un champ d'action suffisamment riche pour garde un suspense entier avant ce dernier opus ! Du grand art narratif ! Un "Batman du XVIIe siècle" dans toute sa noirceur nocturne !
Les rebondissements s'enchaînent désormais à un rythme soutenu, poussant les protagonistes jusqu'à la limite de leurs possibilités.
Pourtant, il est clair que Pierre Pevel nous réserve encore quelques "surprises" déroutantes pour le dernier opus de cette trilogie !
Avouons à ce stade que l'ambiance et l'atmosphère sombres de cette histoire sont idéalement et cinématographiquement restitués par le crayon de Stéphane Créty, ainsi que la mise en lumière ... disons noctambule de Jérôme Maffre !
Des angles de vue hallucinants, des scènes d'actions époustouflantes, un dynamisme dans le trait, ... un plan tantôt large, tantôt rapproché qui colle à la narration
© Pevel - Créty - Maffre / Drakoo 2025
Et comme pour le premier tome, une couverture énergique, mettant clairement en évidence l'action et l'envolée nocturne d'un nouvel héros ! Une puissance émergeant autant du trait que des couleurs embrassant l'ambiance mystérieuse d'un Paris semblant "en feu", observé de haut d'un clocher par un Gueule-de-Cuir inquiétant.
Les confidences du précédent Gueule-de-Cuir clôture à nouveau cet album. Des extraits de son "Carnet de l'Épéiste" pour mieux comprendre qui il est, ce qu'il a dans la tête, ce qu'il sait de qui il est et son rôle dans ce gigantesque "jeu du Diable" !
"Gueule-de-Cuir ne peut prévenir un mal. Il ne peut pas non plus le guérir, ni consoler vraiment. Il ne peut que punir celui qui mal agit, et il reste impuissant devant celui qui souffre ou a souffert."
Le Zodiaque du Diable n'en a pas encore fini sur son échiquier des Triades car ...
" Il n'y aura pas trop de 2 hommes en rouge à Paris, l'un portant la robe et l'autre portant l'épée."
Thierry Ligot
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Série : Gueule de Cuir
Tome : 2/3 - La Veuve
Scénario : Pierre Pevel
Dessin : Stéphane Créty
Couleurs : Jérôme Maffre
Éditeur : Bamboo
Collection : Drakoo
Genre : Fantasy, aventure
Public : ado, adulte
Parution : 29/1/2025
Page : 64
Format : 24,3 x 32,1 cm
ISBN : 978 2 3823 3252 8
Prix : 15,9 €
Fin des années '50, quelque part au fin fond de la campagne française, Trougnac, petit village de moins de 3000 habitants, près de Poil, autre village, un rien plus important ... car il y a une pharmacie vue qu'à Poil, il y a plus de 3000 habitants !
Un petit bourg sans importance ... si ce n'est son véritable Duc, Clovis Dieuleveult de Beaudrap, fan invétéré de cinéma ... et donc l'Eden, le cinéma du village dont la programmation occupe toutes les conversations.
Les débats animés du Café des Sports, voisin de l'église ... et la "classique" rivalité entre villages, entre Trougnac et Poil ... qui s'exprime sur des derbys de football !
Bref, rien de particulier, ni d'intéressant réellement. Une vie qui s'écoule paisiblement, semblable comme partout ailleurs en France.
Voilà le décor est planté. A présent ... "Action !"
A bord de sa petite Renault 4CV, l'air sur de lui, style "jeune premier", Conrad Knapp entre en scène. Il recherche un village typique pour y tourner un film. Proche de l'équipe de tournage, de Jean Gabin, des acteurs et actrices à la mode, Conrad peut en ouvrir toutes les portes.
Pour preuve qu'il appartient bien au monde du cinéma, il a même avec lui une photo du dernier film de Brigitte Bardot et Jean Gabin ! Et pas n'importe laquelle ... une tirée d'une séquence coupée au montage où BB montre ses fesses !
Son "arme secrète" pour se faire ouvrir toutes les portes ...
Il n'en faut pas plus pour mettre tout le village en ébullition ... Pas question que Conrad cherche un autre endroit. Le prochain film de BB devra se faire à Trougnac. Et pour le convaincre, tout est bon : cadeaux, pots de vin, avantages, honneurs, logis, nourriture, ...
Chacun tentant déjà de s'attirer ses bonnes grâces ... la mère qui aimerait que sa fille ait un petit rôle, le Duc prêt à "acheter" la décision de Conrad, ...
Sans parler de Julie, la fille du régisseur de l'Eden ! Elle se verrait bien dans le film, ou même devenir la petite amie de Conrad et monter à Paris !
© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Comme à la pêche au gros, il faut savoir laisser filer un peu avant de ramener sa prise ... et recommencer jusqu'à être certain de l'avoir bien ferré !
"Messieurs, votre accueil me bouleverse, mais ne saurait égarer mon jugement. J'ai tout de même pas mal voyagé, ce qui me permet de vous dire en connaissance de cause que votre patelin est tarte comme il est pas permis et qu'il y fait un temps de merde !"
Un Singe en hiver (1962) - Henri Verneuil
Rapidement le village entre "en transe". Jalousies et passions s'entredéchirent, 2 camps ... les pro et les anti 7e art ! Le maire, le Duc, les commerçants, ... d'un côté, le curé et ses bigots de l'autre ! Pour et contre la venue de Bardot à Trougnac !
Escroqueries et mensonges entraînent petit à petit Conrad à se perdre dans une course folle vers le mur !
Dans cet engrenage qui le pousse à toujours aller plus loin dans ses "histoires", un petit grain de sable ne risquerait-il pas de gripper sa belle "mécanique" ... et alors gare au réveil des "crédules" !
© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Après "Le Gigot du dimanche" (chronique ici), voici une nouvelle tranche de vie de province offerte par Philippe Pelaez sous un regard mi-satirique, mi-goguenard !
A la fois un bol d'air rafraîchissant et un regard cynique sur les petites querelles de village à la manière d'un Don Camillo, le tout soupoudré d'un filet d'arnaque arnaqué ! De qui rire ou qui plaindre dans cette comédie douce-amère ? Une saveur narrative qui fait franchement du bien.
Une intrigue tournant autour d'une "arnaque" qui n'est pas sans rappeler, sur un autre sujet, la construction d'un tronçon d'autoroute, de l'histoire vraie et du film qui en fut tiré : "A l'origine" (de Xavier Giannoli avec François Cluzet, 2009) ... si ce n'est que le final lui diffère totalement !
Et puis, il y a cette fameuse photo des fesses de Bardot ! On en parle durant toute l'histoire ... mais les voit-on ?
© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Un scénario, en 12 chapitres, 12 claps bien ficelés, des dialogues savoureux dont on se délecte à chaque page, une chute bien dans le ton sur un dernier rebondissement à la hauteur, des personnages à la fois attachants et franchouillards à souhait, un Jean Gabin plus vrai que nature (normal, c'est le vrai !), ...
Un régal digne des grandes comédies françaises du cinéma ! Sauf qu'ici c'est en 150 pages !
Et pour mettre tout cela en images, un Gaël Séjourné au crayon bien taillé ! Fluide dans son style ligne clair réaliste, il nous offre une galerie de portraits dont certains pourraient nous faire penser à ... Devinez !
Un trait qui colle à l'ambiance de cette comédie, à son atmosphère provinciale à la Bardot !
Et que dire de cette couverture ... en référence directe avec l'affiche du film "En cas de malheur" ... Conrad à la place de Jean Gabin face aux interminables jambes à Bardot ! Hommage à peine déguisé au cinéma français des années '50 (film sorti en 1958).
© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Un album qui se laisse lire comme sa bande son se laisserait écouter ...
"Un deux trois, elle craignait de montrer quoi ?
Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit bikini
Qu'elle mettait pour la première fois
Un itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit bikini
Un bikini rouge et jaune à p'tit pois
Un deux trois voilà ce qui arriva ..."
Petite perle de ce début d'année ... laissez-vous emporter par ce pittoresque récit, haut en couleur et savoureux à l'excès !
Thierry Ligot
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Titre : Les Fesses à Bardot
Scénario : Philippe Pelaez
Dessin & couleurs : Gaël Séjourné
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Genre : Comédie, satire, étude de mœurs
Public : tout
Parution : 8/1/2025
Format : 22,1 x 29,9 x 2 cm
Pages : 160
ISBN : 979 1 0411 0462 8
Prix : 22,9 €
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©BD-Best v3.5 / 2025 | ![]() |
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Vendredi 11 avril 2025 - 2:49:26
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