« - Elle a giflé le chancelier, laissez passer !
- Emmenez-la dans mon bureau, on va l’interroger !
- Je suis une allemande, mariée à Serge Klarsfeld… Je suis révoltée contre l’injustice et l’impunité dont bénéficient d’anciens nazis en Allemagne… Comme Kurt Kiesinger, élu chancelier en 1966… Aujourd’hui, après de multiples échecs, j’ai enfin réussi cette action symbolique. »
7 novembre 1968, au palais des congrès de Berlin, lors du seizième congrès du CDU, parti conservateur et libéral allemand, Beate Klarsfeld gifle Kurt Kiesinger, chancelier d’Allemagne fédérale. Elle est aussitôt arrêtée et interrogée sur son geste. Son but : révéler le passé nazi de sa cible.
© Bresson, Dorange, Klarsfeld - La boîte à bulles
Quelques années avant, en 1960, sur un quai de métro de la porte de Saint-Cloud, Beate, jeune allemande, a rencontré Serge Klarsfeld, un étudiant qui achève ses études à Sciences-Po. Ils ne se quitteront plus. Ils feront de la traque des anciens nazis le combat de leur vie, un combat contre l’oubli.
© Bresson, Dorange, Klarsfeld - La boîte à bulles
Adapté de l’ouvrage Mémoires, de Serge et Beate Klarsfeld, cet album est lui-même une œuvre de mémoire. On accompagnera les Klarsfeld sur la piste de Maurice Papon, René Bousquet et surtout l’ignoble Klaus Barbie. On apprendra le rôle prépondérant du journaliste Ladislas de Hoyos dans la chute de ce dernier qui le confondra en lui posant une question en français lors d’une interview réalisée en langue allemande.
© Bresson, Dorange, Klarsfeld - La boîte à bulles
Pascal Bresson présente Beate Klarsfeld comme une femme d’un courage extrême, d’une détermination à toute épreuve à la limite de l’inconscience tellement elle a risqué sa vie. Dans une première partie de leur vie, Serge apparaît plus « administratif ». Il est un enquêteur minutieux, d’un soutien indéfectible pour sa femme sur le terrain. Petit à petit, on le verra prendre les choses en main et passer à l’action, avec, lui aussi, des actes de courage insensés. Il reprendra ses études à 37 ans pour passer son diplôme d’avocat.
© Bresson, Dorange, Klarsfeld - La boîte à bulles
Sylvain Dorange illustre la vie du couple Klarsfeld dans un graphisme semi-réaliste à mi-chemin entre celui de Jean-Michel Beuriot (Amours fragiles) et David Evrard (Irena). Lu justement en parallèle à Irena, racontant la vie d’Irena Sendlerowa qui sauva des milliers d’enfants juifs du ghetto de Varsovie, ce combat contre l’oubli, comme le souligne son titre tout sauf innocent, est à mettre entre les mains, entre autres, de tous les collégiens et lycéens d’Europe et du reste du monde.
Témoignage historique, thriller inattendu, Bresson et Dorange signent un album passionnant sur l’histoire d’un couple qui a rendu une justice légitime et un honneur incroyable à l’humanité.
Voici les deux trailers de l’album, l’un axé sur Beate, le second sur Serge.
https://www.youtube.com/watch?v=Acvss2F6pdo&feature=emb_title
https://www.youtube.com/watch?v=BhKJQ8HYNE8
Laurent Lafourcade
One shot : Beate et Serge Klarsfeld—Un combat contre l’oubli
Genre : Témoignage historique
Scénario : Pascal Bresson
Dessins & Couleurs : Sylvain Dorange
D’après : Les mémoires de Serge et Beate Klarsfeld (éditions Fayard)
Éditeur : La boîte à bulles
Collection : Hors champ
Nombre de pages : 192
Prix : 25 €
ISBN : 9782849533680
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