« Il travaillait toujours, même les week-ends. C’est pour ça que même maintenant, à l’âge que j’ai, quand on dit « on fait le pont », je ne sais pas ce que ça veut dire. Parce qu’on travaillait le samedi, le dimanche, on travaillait à Pâques, à la nouvelle année. Que voulez-vous ? Il faisait Tintin, il faisait Quick et Flupke, il faisait Jo et Zette, il dessinait pour la publicité. Il n’avait pas beaucoup de répit. Il a beaucoup travaillé, beaucoup, beaucoup travaillé. Parfois, il était un peu malade et fatigué, alors il partait pour faire des cures de repos. »
Dans un entretien accordé à Benoît Peeters en 1988 pour le documentaire Monsieur Hergé, diffusé en mars 1989 sur la RTBF, Germaine Kieckens, première épouse de l’artiste, explique que Hergé était un bourreau de travail. Ses cures de repos l’amenèrent vers des horizons qui donnèrent une nouvelle direction à sa carrière et à sa vie, le faisant passer des plus sombres crevasses de la dépression aux plus hauts sommets de la création.
© Roche - Sépia
Sous la direction d’Olivier Roche, l’essai Hergé au sommet reprend les communications des tables rondes des rencontres tintinophiles de l’Embrunais organisées en octobre 2016 sous le titre Tintin au sommet. En quatre chapitres précédés d’une préface d’Albert Algoud et conclus par une postface de Renaud Nattiez, le lecteur pénètrera à la fois dans l’intimité de l’homme Georges Rémi et dans les affres de la création de l’auteur Hergé.
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De ses camps scouts à ses villégiatures helvétiques, la montagne a toujours été pour Hergé source de repos, de remise en question, puis par ricochets d’aide à la création. On pénètrera en particulier en détail aux sources de L’affaire Tournesol et de Tintin au Tibet grâce à Benoît Grimonpont, Patrice Guérin et Jean Rime. On apprendra comment les monts suisses ont inspiré Hergé.
L’ouvrage a également des connotations spirituelles. On découvre que Hergé ne prenait jamais de décisions importantes sans consulter une voyante. Bernard Portevin démontre comment certaines couvertures sont directement inspirées de cartes de tarot. Enfin, Cyrille Mozgovine fait un parallèle étonnant et judicieux entre Tintin et le Christ, tant au niveau du personnage que de son entourage.
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On se laisse embarquer dans les sommets avec Hergé et ses personnages. L’œuvre est tellement forte qu’on ne se rend même pas compte qu’il n’y a dans le livre aucune image issue des albums de Tintin, tant elles sont imprégnées dans notre imaginaire.
Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Laurent Lafourcade
One shot : Hergé au sommet
Genre : Analyse d’œuvre
Auteur : Olivier Roche & Co
Éditeur : Sépia
Collection : Zoom sur Hergé
Nombre de pages : 192
Prix : 20 €
ISBN : 9791033401988
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