Rencontre avec Pierre Wachs
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Rencontre avec Pierre Wachs

Selon Gisèle Halimi, avocate et militante féministe franco-tunisienne, il y aurait eu 227 000 avortements en France en 2010, dont 15 000 sur des mineures. Même si ces chiffres ne comprennent pas les avortements clandestins effectués dans l’Hexagone, le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) semble traverser une période de turbulences. Jugée activité déficitaire pour les établissements de santé, ceux-ci se désengageraient, lentement mais surement, des leurs responsabilités…


En Belgique, la situation est différente. Bien qu’un quart des avortements concerne des femmes de moins de 20 ans, la prise en charge de l’IVG serait bien mieux assurée, grâce aux réseaux d’hôpitaux et de planning familiaux développé sur tout le territoire national.


Si sa pratique est passée dans les mœurs, l’avortement demeure toujours un sujet sensible, renvoyant chacun d’entre nous à ses propres considérations. C’est pourquoi, Pierre Wachs et Philippe Richelle ont réalisé Libre de Choisir, une BD dans laquelle leur héroïne est confronté à ce problème douloureux à une époque ou la question du choix ne se posait pas.
Rencontré lors du dernier salon BD de Saint-Malo, le dessinateur Pierre Wachs était revenu sur la genèse de ce projet.




Vous avez réalisé en collaboration avec Richelle, l’album Libre de Choisir, qui traite de l’avortement. Pourquoi avez-vous  souhaité situer cette histoire au début des 70’s ?


Wachs : C’est un choix de commodité et d’envie parce que cela correspond à l’époque de notre jeunesse, à Philippe et à moi. On a eu beaucoup de plaisir à restituer les ambiances, les décors, les costumes de l’époque.
Votre histoire raconte celle d’une jeune adolescente issue d’une famille bourgeoise sans histoires. Son père est cadre et sa mère est femme au foyer. Un jour, votre héroïne rencontre un jeune homme et là, que ce passe-t-il entre eux ?
Wachs : Comme pour beaucoup de jeunes, je pense. Une relation se créé entre eux. Sauf que la relation va un peu vite pour elle… Le jeune homme se présente assez peu scrupuleux et montre beaucoup d’empressement à passer à l’acte.

 

 

 

 

 Quel était votre intention en réalisant ce livre sur l’avortement ? Souhaitiez-vous faire passer vos idées sur ce thème ou au contraire, avez-vous mis de la distance entre ce sujet et vous ?

C’est effectivement traité de manière factuelle dans le sens ou c’est ouvert à tout le monde. C’est une histoire banale, comme le sont toutes ces histoires là et qui peuvent toucher toutes les familles. D’ailleurs, très souvent, elles restent cachées.


Mais faites vous passer vos convictions personnelles ?

Ce sont bien sur mes convictions personnelles. Si nous avons choisi de faire ce livre c’est parce que l’on se sent très touché par le sujet. On se sent concerné. Quand on était étudiants, on a connu des gens qui ont vécu ce genre de choses.


De qui est venue l’idée de faire ce livre ? Est-ce de vous, les auteurs ou bien, l’idée vient elle de votre éditeur ?


C’est plutôt un consentement mutuel. Avec Philippe, nous fonctionnons comme un couple depuis quelques années. Nous échangeons beaucoup sur des sujets  et un jour, on s’est mis discuter des droits de la femme. Du féminisme, etc. Tout cela est venu sur le tapis et ça nous a parlé. Dans ses scénarios, Philippe est toujours très attentif à la psychologie de ses personnages. Et ses personnages féminins sont toujours mis en avant. Ce ne sont pas des faire-valoir et moi, ça me plait beaucoup car j’aime qu’il y a une certaine densité dans les personnages et qu’ils ne sont pas trop manichéens.

 

 



Votre livre me fait beaucoup penser à Jo, cet album réalisé par Derib  il y a vingt ans sur le thème du SIDA et dans lequel il mettait en scène une adolescente confronté au problème de la séropositivité. Derib retentera l’expérience quelques années plus tard avec Pour toi Sandra, un autre livre engagé mais cette fois sur le thème de la prostitution. Avez-vous lu ces livres de Derib ?


Non, je ne connaissais pas ces albums.


Parlez nous de votre technique graphique.


Notre éditeur avait une vision des années 70 très colorées, ce qui fait que j’ai réalisé des vêtements plus colorés que ce que j’aurais pu faire en temps normal. Graphiquement, il y a aussi un petit changement graphique car l’éditeur a voulu que j’utilise les crayonnés avec un petit mélange de techniques de feutres et de crayons.
On ne voulait pas faire un album daté, vieillot au niveau graphique. Il faut dire que le sujet lui-même est intemporel. Que le combat pour l’avortement date des années fin 60, 70 avec les combats de Simone Veil, Gisèle Halimi et bien d’autres encore. Malgré les avancées, le combat reste le même aujourd’hui. C’est pourquoi, on a voulu mettre l’accent sur ce sujet.

 

Propos recueillis par Christian Missia

Photo © Missia 2011

Images © Casterman 2011



Publié le 09/01/2012.


Source : Graphivore

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