Avec l’artiste belge Ever Meulen, Joost Swarte est l’un des plus illustres représentants du style qu’il baptisa ligne claire.  Un style graphique dont le père de Tintin, Hergé, fut le précurseur. A cette occasion, la galerie Champaka de Bruxelles organise depuis le début du mois de septembre une exposition présentant les différentes facettes de cet artiste protéiforme.

De passage à Bruxelles, Joost Swarte avait accordé une interview à notre journaliste Christian Missia. Interview durant laquelle l’artiste néérlandais a révélé les dessous de cette exhibition.
Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de voir cette expo unique, dépéchez vous car celle-ci se terminera le 8 octobre !

 

 

 

Quel est le thème de cette expo ?

Joost Swarte : Le thème de cet expo est « Traffic ».
Je voulais rendre hommage à des personnes qui m’ont beaucoup inspiré, tout en mettant cela en relation avec les moyens de transport. Par exemple, j’ai dessiné Jacques Tati parce que je me suis rendu compte de l’importance du vélomoteur Solex dans son film Mon Oncle. Je l’ai donc représenté en train d’acheter son premier Solex.

Il y a aussi des portraits de Raymond Queneau, Audrey Hepburn représenté avec leur mode de transport favori.

Effectivement, vous avez représenté des figures du cinéma mais on retrouve aussi des représentants de l’animation et de la BD.
Swarte : Pas tout à fait. On a fait un choix parmi tout ce que j’avais fait. Dans les années 80, j’ai réalisé beaucoup de BD. Puis, il y a eu surtout des illustrations. J’ai repris récement la BD mais je fais aussi de l’architecture, des vitraux, etc. L’idée était vraiment de présenter les différentes facettes de ma carrière.

 

 

 

Joost Swarte

 

 

Parmis toutes les œuvres exposées, il y a cette drôle de bicyclette… Pouvez-vous nous en parler ?

J’ai baptisé cette œuvre le Vélo à Quatre Vents parce qu’il a quatre roues, une pour le Nord, une autre pour le Sud, l’Est et l’Ouest.

 

 

D’où vient votre inspiration pour cette œuvre ?

Cela vient de mon amour du vélo. Aux Pays Bas, ou je vis, tout le monde à un vélo. Dans le Vélo à Quatre Vents, toutes les directions sont possibles mais dans les faits, on va nulle part !
C’est fondamental pour vous de cet éclectisme dans votre travail ?
Swarte : Tout à fait ! Normalement, un dessinateur de BD reste sur sa table à dessin mais moi j’aime beaucoup aller à la rencontre des gens. Et multiplier les expériences et les rencontres m’aide justement à nourrir mon art.

Existe-t-il un dessin, une œuvre ayant une importance particulière pour vous ?

En fait, il y en a plusieurs. Par exemple, il y a ce dessin intitulé l’Aube que j’avais réalisé pour une sérigraphie.  Il y a aussi la Mémoire, ce dessin que j’ai fait il y a une dizaine d’années. J’ai représenté la mémoire comme étant une grande bibliothèque dans laquelle il y a des petites chambres représentant chacune un thème, la psychologie, les mathématiques, etc. Avec ce dessin, je voulais illustrer les mécanismes de la réflexion.

 

 

 

Ces dernières années, on assiste à un retour en force des illustrateurs. Comment expliquez vous cette tendance ?

Je pense que la banalisation des ordinateurs et de l’informatique dans nos vies fait que les gens sont plus visuels qu’avant. Et puis, l’importance de la BD dans des pays comme la France ou la Belgique renforce cette tendance.On peut raconter une histoire en BD mais on peut aussi le faire en une seule image, d’où la force de l’illustration, je pense.

Quels sont vos prochains projets ?

Après cette expo, je retournerai à ma BD que je réalise pour la revue littéraire néérlandaise Hollands Diep. Puis, il y a une autre page de BD pour la revue américaine New Yorker. Enfin, j’ai un décors de théâtre à faire pour une pièce qui se jouera à Fribourg en Allemagne.

 

 

 

Photo © Christian Missia

Image © J Swarte

Interview © Graphivore-Christian Missia 2011

Publié le 01/10/2011.