« - Allez zou ! Sortons de cette ville !
- Merci Papa d’être venu me chercher !
- Bon alors, on parle d’agriculture ?
- Ah ah ! On n’aura pas trop d’une année pour en parler ! Tiens, regarde tout ce monde, toi, vous, tous les étudiants dans les villes… Tandis que dans les fermes, il n’y a plus grand monde…
- Il faudrait plus d’agriculteurs ?
- Oui !! Bien sûr !
- On ne peut pas continuer d’imaginer des milliers de gens concentrés en ville avec quelques agriculteurs qui les nourrissent ! »
Marine est étudiante aux Arts Déco à Paris. Son père est agriculteur dans la Marne. Un monde les sépare, un univers. Entre les deux, il y a pourtant une ouverture d’esprits. L’un n’est pas insensible aux arguments de l’autre. Entre l’artiste et le cultivateur, un dialogue constructif, affectueux et empathique va s’instaurer sur l’évolution des techniques agricoles, l’écologie et l’avenir de la planète.
© De Francqueville - Rue de l’échiquier
Marine de Francqueville signe un livre émouvant, instructif et qui fait réfléchir dans tous les sens. Nous ne sommes pas du tout ici dans une joute entre une écologiste urbaine et un paysan qui fait de l’agriculture intensive. Marine ne cherche en aucun cas à accabler son père et lui ne s’entête pas dans une théorie productiviste. Il est prêt à entendre certaines nécessités et à modifier sa méthode de travail pour le bien de la planète. Marine, c’est un peu Jacques Chancel dans Radioscopie qui viendrait interviewer un homme sur sa vie.
© De Francqueville - Rue de l’échiquier
Dans un graphisme en niveaux de gris à mi-chemin entre un style naïf et celui de Davodeau (qui entre parenthèses devrait adorer un livre comme celui-ci), Marine donne les clefs de toute l’évolution de l’agriculture depuis ses origines en général et depuis la Seconde guerre mondiale en particulier. On y vit le remembrement, l’agrandissement jusqu’au gigantisme des exploitations, les OGM, jusqu’à l’arrivée du bio, non pas présenté comme une dictature mais comme une nécessité.
© De Francqueville - Rue de l’échiquier
Alors que les grosses Majors (Delcourt, Soleil, Dupuis, Dargaud, Glénat,…) trustent le marché de la BD, c’est chez les tout-petits éditeurs que se passent parfois les choses. A l’instar de Des ronds dans l’O, les éditions Rue de l’Echiquier sont en passe de se faire leur place. Après le primé Moi, Miiko et Annikki, bande dessinée finlandaise de Tiitu Takalo prix Artemisia 2021, Celle qui nous colle aux bottes assoit leur position d’éditeur avec qui il va falloir compter.
Celle qui nous aux colle aux bottes, c’est la terre, mais c’est aussi Marine. La terre travaillée adhère aux bottes de l’agriculteur comme l’étudiante colle à celles de son père en ne le lâchant pas d’une semelle d’une part pour comprendre certaines choses, et d’autre part pour lui en faire comprendre d’autres.
Laurent Lafourcade
One shot : Celle qui nous colle aux bottes
Genre : Témoignage
Scénario, Dessins & Couleurs : Marine de Francqueville
Éditeur : Rue de l’échiquier
Nombre de pages : 200
Prix : 21,90 €
ISBN : 9782374252742
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