"-James ! Arrête-toi ! Attends-moi !
-Une bataille approche ? Comment le sais-tu ?
-J'ai entendu Modoc en parler avec les membres du clan.
-Ah, ton oncle ! Il me glace le sang !"
1746, dans les Highlands écossais, James chasse un loup qui s'approche du troupeau d'une belle chevrière. L'écossais protège Katrina qui, elle, s'en serait bien chargée toute seule. Enfin, c'est ce qu'elle dit. Entre eux, c'est un véritable jeu de séduction. Le jeune homme veut combattre au sein des rebelles écossais contre l'envahisseur anglais. Il veut se montrer digne de son clan mené par Modoc, l'oncle de sa dulcinée. Les tuniques rouges ont annexé la lande et chassent les rebelles. Parmi eux, le Capitaine Flint cherche à se venger des responsables de la mort de son frère. Pour y échapper, James et Modoc fuient vers le Nouveau Monde.
Boris Talijancic propose une fresque historique entre l'Ecosse et la Nouvelle-France. Sous couvert d'une histoire d'amour, c'est une histoire de guerre et de destins qui est en jeu. La guerre interne de Grande-Bretagne laisse sa place neuf ans plus tard à une guerre de territoire au Canada entre algonquins et envahisseurs européens. James et Modoc vont être au cœur de ces deux conflits. Dans chacun d'entre eux, une femme sera le pivot des événements : Katrina en Ecosse, une étrange lady sortie de nulle part qui cherche à rejoindre son oncle pour vingt pièces d'or à Fort Frontenac sur le nouveau continent.
Dans un style réaliste sauvage, Talijancic immerge dans une ambiance marquée. L'idée de départ promet une épopée à la manière des Pionniers de l'aventure humaine. On n'est bien sûr pas ici au niveau de Maryse et Jean-François Charles, mais l'auteur s'en sort pas mal. Ce qui est déplorable ce sont les scènes de nus inutiles, dont une scène de sexe ridicule qui fait vraiment tache dans l'album. Par ailleurs, l'arrivée impromptue de la nièce sortie de nulle part dans la deuxième partie arrive comme un cheveu sur la soupe. Clairement, Talijancic devrait s'adjoindre les services d'un scénariste pour donner de la consistance à son récit, car, pour ce qui est des dessins, il offre de belles scènes sauvages.
Dans un grand écart au-dessus de l'Atlantique, La dernière frontière est à deux doigts de montrer que l'aventure à la "Vécu" est toujours vivante. Un petit coup de pouce et on est embarqué.
Laurent Lafourcade
Série : La dernière frontière
Tome : 1 – James
Genre : Histoire
Scénario & Dessins : Boris Talijancic
Couleurs : Carita Lupattelli
Éditeur : Kalopsia
Nombre de pages : 64
Prix : 16,90 €
ISBN : 9782931205068
"-… Et du coup, je suis coincé, tu vois ce que je veux dire… ? Quoi que je fasse, ça sera la mauvaise décision !
-Tu sais ce que tu devrais faire, Théo ? Te poser les bonnes questions. Mais pour ça, il faut que tu écoutes ton cœur."
Théo a toujours eu beaucoup de mal à se présenter. Alors, il se laisse balloter par le courant et invente une direction. Il essaye de ne pas penser au vide. La plupart du temps, il fait tout pour passer à travers. Les seuls moments où il se sent lui-même, c'est quand il se demande qui il est. Théo est l'homme le plus flippé du monde. Même quand il écoute son cœur, ce dernier lui demande s'il a des antécédents familiaux en matière de maladies cardiovasculaires. L'anxiété fait partie du quotidien de Théo, qu'il soit seul chez lui, avec des amis ou en séance de dédicaces. Oui, en séance de dédicaces, parce que Théo, le héros, ou plutôt l'anti-héros, de cette série, c'est son auteur lui-même : Théo Grosjean.
© Grosjean - Delcourt
Dans cette série, il nous invite dans son quotidien angoissé, dans des situations de deux pages. On va le voir dans la rue, en plein covid, "agressé" par un joggeur qui lui tousse dessus. C'est ça, les nouveaux délinquants. On le suivra dans un flashback au lycée, interpelé par Emma qui n'a plus de feuille double et avec qui il échangera des SMS avant de sortir avec elle, puis être quitté. On partagera une journée dans sa vie de dessinateur, du réveil à 11h28 au coucher à 22h53, intense, très intense, efficace, pas sûr. On l'accompagnera dans sa visite chez le Docteur. Hypocondrie, quand tu nous tiens !
© Grosjean - Delcourt
Théo Grosjean a dépassé les 200 000 abonnés sur Instagram. Même si on ne semble pas être client, on est envoûté par cet "homme le plus flippé du monde". En bichromie orange et noir, le dessinateur se met à nu avec la plus grande pudeur. C'est d'ailleurs étonnant comment quelqu'un qui semble si timide peut se livrer à un tel point. C'est drôle, c'est tendre, c'est émouvant. Ça permet même de relire son autre série Elliott au collège sous un autre angle.
© Grosjean - Delcourt
On a tous en nous un peu de L'homme le plus flippé. A travers son auteur, cette série nous invite à nous à rendre compte. Une excellente surprise.
Laurent Lafourcade
Série : L'homme le plus flippé du monde
Tome : 3 – Improvisation totale
Genre : Biopic
Scénario, Dessins & Couleurs : Théo Grosjean
Éditeur : Delcourt
Collection : Shampooing
ISBN : 9782413078319
Nombre de pages : 104
Prix : 14,95
"-On n'entend plus votre lyre, ces derniers jours, l'aède. Un peu de musique ferait pourtant grand bien à ceux qui restent.
-… Grande-veneuse, c'est… c'est un honneur de vous recevoir, je…
-J'ai apporté de quoi manger et boire. Vous en avez besoin.
-Attendez…. Asseyez-vous ici, ma dame. Vous devez revenir d'une patrouille. Avez-vouspu retrouver des survivants ?
-La vague était d'une puissance inimaginable. Et elle est survenue totalement par surprise, sans aucun signe avant-coureur. Nous n'avons retrouvé que quelques cadavres. Les autres corps ont été aspirés dans les profondeurs de l'océan, lorsque le flot s'est retiré. Encore qu'ils soient possible que certains esclaves en aient profité pour s'enfuir.
-… Et le Dieu-fauve ?
-J'ai retrouvé sa cage, vide, brisée par le ressac…"
Les grands arbres sont morts mais les bêtes sont bien vivantes, tout comme ce singe blanc, Sans-Voix. Fort et rapide, il n'a pas peur de lutter contre le longue-queue qui vient de ne laisser aucune chance à Dos-Rouge et à Brise-Tête. Alors que le clan des singes se repaît du repas offert par la dépouille de la bête, leur héros du jour, Sans-Voix, est capturé par des humains. On le retrouve en cage, dix ans plus tard. Sa tête est ornée d'un masque noir. Il est devenu une bête de combats dans les arènes des îles Fomorii, un Dieu-Fauve. Sur le bateau qui le transporte, Athanael, aède officiel de la maison Matsya, est devenu un homme libre. Le poète est accompagnée d'Awa, sa jeune disciple. A la faveur d'une tempête et d'un naufrage, Sans-Voix s'évade. Alors que les rescapés s'organisent pour rejoindre la capitale, le Dieu-Fauve, lui, n'aspire qu'à se venger.
© Vehlmann, Roger - Dargaud
Découpé en quatre chapitres et un épilogue, Le Dieu-Fauve est un conte âpre. Chacun d'entre eux suit un personnage : le singe, le poète Athanael, la guerrière façon, puis l'héritière Awa. L'histoire commence comme une fable animalière et se termine en drame, de façon presque inéluctable. On est lui du Fabien Vehlmann de Seuls, du Marquis d'Anaon ou même du dernier Atlas. Il livre ici un album qui ne ressemble en rien à ce qu'il a fait auparavant. Si au niveau du fond du scénario, l'intention est claire, au niveau de la forme, c'est beaucoup plus flou. Il y a très peu de dialogues et beaucoup trop de récitatifs. Le scénariste ne trouve jamais son équilibre et le lecteur a parfois du mal à suivre la direction dans laquelle le scénariste veut l'amener. Clairement, on est dans un récit tribal où violence animale et violence humaine n'ont rien à envier l'une de l'autre. Vehlmann pousse le curseur très loin… trop loin ?...
© Vehlmann, Roger - Dargaud
Roger est un dessinateur d'un réalisme souple à la Mathieu Bonhomme ou d'un Christian Rossi époque Jim Cutlass. Que l'on soit en territoire perdu, en pleine ville, en jungle ou en mer, le dessinateur de Jazz Maynard embarque le lecteur dans l'univers voulu. Comme l'exige le scénario, il joue dans la surenchère de violence, parfois à la limite du supportable. Les combats sont chorégraphiés dans un lyrisme certain. Pour ceux qui passent le cap "sanglant", les couleurs en tons ocres, bruns, bleu nuit, chapitrent et subliment le trait de l'auteur. La couverture d'apparence banale est finement pensée. Regardez les gouttes de sang sur le singe et en particulier celle qui perle le long de son menton. Tout est résumé sur le pelage et dans le regard de Sans-Voix, qui aurait pu s'appeler Sang-Voix, avec un "g" à la place du "s".
© Vehlmann, Roger - Dargaud
A la manière de la plus récente version cinématographique de La planète des singes, les auteurs proposent une histoire sans concession façon Kill Bill.
Laurent Lafourcade
One shot : Le Dieu-Fauve
Genre : Aventure
Scénario : Fabien Vehlmann
Dessins & couleurs : Roger
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782505085645
Nombre de pages : 112
Prix : 21,50 €
"-Vous êtes qui, vous ?
-Bonjour… Lieutenant Bertillon, police judiciaire. Euh, on doit mener une enquête pour l'incendie, c'est la procédure. Du coup, je suis là et vous, vous devriez être de ce côté.
-Dylan est mort. Son corps était encore là, carbonisé, il y a pas une heure. Alors vos remarques, vous pouvez vous les garder."
Le lieutenant Bertillon vient d'arriver sur les lieux du drame. Un incendie a ravagé la caravane d'un forain. Le jeune Dylan y a perdu la vie. On ne peut pas dire que le flic soit accueilli à bras ouverts. Joshua, le père de la victime, l'entraîne au sommet de la grand roue. Pour lui, c'était un foutu accident. Dylan, son fils, c'était le meilleur des petits gars, le meilleur. Tout le monde l'adorait. Il allait fêter ses vingt ans et devait se marier avec Wanda. Les flics, on n'en veut pas dans le parc. Le patriarche demande au policier de ne pas revenir. Ce dernier a cependant l'intention de mener son enquête.
© Pomès, Barth, Drac - Dupuis
Un nouvel enquêteur chez Dupuis. Jérôme K.Jérôme Bloche n'a qu'à bien se tenir. Tous les deux ont un air dégingandé, mais si l'un est privé, l'autre est fonctionnaire. Bertillon est lieutenant de police. Sa première enquête l'emmène donc dans une fête foraine. Reçu très froidement, il va réussir à s'imposer grâce à son flegme et son obstination. Il sait se rendre inoffensif et transparent pour avancer. Si la communauté n'accepte pas que l'on mette son nez dans ses affaires, Bertillon trouvera son meilleur allié en la personne de Curtis, le vendeur de hot-dogs.
© Pomès, Barth, Drac - Dupuis
Cyrille Pomès est l'un des dessinateurs révélation de ces dernières années. Si Le fils de l'Ursari l'a propulsé sur le devant de la scène, Moon l'y a définitivement installé. Après adaptation et one shot, après participation à un collectif (Le crime parfait), il ne lui manquait plus qu'une série. C'est chose faite avec les enquêtes du Lieutenant Bertillon. Lorsqu'il a demandé à sa collègue d'atelier Carine Barth de co-écrire avec lui un polar dans un fête foraine, il ne mesurait les difficultés graphiques auxquelles il serait confronté. La fameuse roue, les autos-tamponneuses, le palais des glaces, la liste des attractions est longue. Les auteurs ont mêlé l'imaginaire collectif d'un Tim Burton ou d'un David Lynch aux fêtes foraines américaines des années 80. Le décor est un personnage à part entière du récit.
© Pomès, Barth, Drac - Dupuis
Polar bien mené, cette enquête marque l'entrée en scène dans le neuvième art d'un nouveau flic qui mérite une carrière aussi réussie que celle d'un Léo Loden ou d'un Soda.
Laurent Lafourcade
Série : Une enquête du Lieutenant Bertillon
Tome : 1 - Amotken
Genre : Polar
Scénario : Carine Barth & Cyrille Pomès
Dessins : Cyrille Pomès
Couleurs : Drac
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 48
Prix : 12,50 €
"-Bonjour, Monsieur Rosy. J'ai complètement revu mon histoire.
-Ah ! C'est bien, on va voir ça. Ben, c'est bon, vous avez bien bossé. Je vous propose d'aller voir Yvan Delporte , le rédac-chef.
-Oui, bien sûr.
-Yvan, voici Jean-Claude Fournier dont tu as vu les planches."
Lorsque Jean-Claude Fournier arriva ce jour-là à la rédaction du journal Spirou pour essayer d'enfin placer ses planches de bandes dessinées, il était loin de se douter qu'après Maurice Rosy et Yvan Delporte, il allait rencontrer le grand patron, Monsieur Charles Dupuis, en personne. Il est embauché. Son rêve est en train de se réaliser. Mais avant ça, le chemin fut long. Il le sera aussi ensuite. Tout est raconté par l'auteur en personne dans ce biopic en courts récits tranches de vie, intercalées par des explications illustrées. Dans sa préface, Emmanuel Lepage explique que Fournier, accueilli par Franquin dans les années 60, a rendu la pareille en transmettant tout son savoir à de nombreux auteurs, dont lui, aujourd'hui reconnus de la profession. Jean-Claude Fournier prend ensuite la main pour raconter sa vie et sa carrière, depuis son premier jour.
© Fournier - Daniel Maghen
Fils d'un père garagiste, il déteste le sport qu'il juge violent. A la faveur d'un concours de bande dessinée sur le thème de la sécurité routière proposé aux élèves des Côtes-du-Nord, le jeune Jean-Claude se révèle et gagne…un ballon de foot pour toute la classe. Un cauchemar. Chez son tonton Albert, il passe des heures à observer un bateau dans une bouteille. Il ne sait pas encore qu'en découlera des années plus tard une aventure de Bizu. Ado, sa mère se met en colère contre lui parce qu'il passe des heures à lire des illustrés au lieu de suivre les cours.
© Fournier - Daniel Maghen
Noël 1965, Fournier renonce à un stage de directeur de colonies de vacances pour répondre à une invitation de Franquin. Cette décision va définitivement changer sa vie. Il entre dans l'atelier du maître aux côtés duquel il apprendra les rudiments du métier. Le dessinateur de Spirou et Fantasio lui présentera Maurice Rosy et la rédaction du journal Spirou dirigée par un certain Yvan Delporte. Il y croise Raoul Cauvin qui fait des photocopies et n'a pas encore commencé sa carrière de scénariste renommé. La poésie de Spirou envahit les pages de l'hebdomadaire avant que son papa ne se voit confier la destinée du héros fer de lance de la maison d'édition : Spirou en personne. Fournier dégaine les anecdotes qui raviront les amoureux de l'âge d'or de la bande dessinée franco-belge. L'Ankou marquera certainement le sommet de sa carrière, avant que quelques années plus tard on ne lui retire, ou plutôt qu'on l'invite à se retirer des aventures de Spirou.
© Fournier - Daniel Maghen
La mésaventure permettra à Bizu de revenir sur le devant de la scène, mais d'abord chez un autre éditeur, puis quelques années plus tard chez Dupuis. Ce ne sera pas un succès commercial. Il rencontre alors Zidrou avec qui il crée Les Crannibales, une série de gags sur une famille de cannibales, série qui ne sera pas elle non plus suffisamment rentable. Fournier se dirige alors vers une bande dessinée plus adulte, d'abord avec Les chevaux du vent avec Christian Lax, puis avec Plus près de toi, accompagné de Kris. L'album se termine par un cahier de corbards, archives et compagnie, dont les premières ébauches de La maison dans la mousse, l'aventure de Spirou et Fantasio qu'il laissera en plan à la cinquième planche, écoeuré par l'aveuglement d'un éditeur incompréhensif.
© Fournier - Daniel Maghen
Fournier est l'un des auteurs majeurs des années 70 et des suivantes. Il se raconte ici dans des moments de vie, privés ou professionnels. C'est intime et émouvant, et surtout, ça démontre sa contribution majeure à ce qu'est la bande dessinée aujourd'hui. Indispensable.
Laurent Lafourcade
One shot : Fournier Ma vie de rêves
Genre : Biopic
Scénario & Dessins: Jean-Claude Fournier
Couleurs : Jean-Claude Fournier & Anne-Marie d'Authenay
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356741547
Nombre de pages : 152
Prix : 26 €
"-Vous avez conquis Londres sans verser une goutte de sang, Majesté… C'est un présage qui annonce l'avènement d'un règne exceptionnel !
-Aucune femme avant vous ne s'est assise durablement sur le trône d'Angleterre avec l'assentiment de tout un peuple !
-Merci pour vos paroles chaleureuses, Messieurs… Vous savoir à mes côtés rend plus légère la tâche qui m'attend…"
Londres 1553. Marie Tudor est de retour victorieuse avec sa demi-sœur Elisabeth. Le peuple réclame la stabilité, la paix et la justice. Il veut que cessent les querelles partisanes et souhaite prier dans les églises. La Reine fait arrêter les derniers rebelles. Elle n'a plus qu'à se marier et à faire un enfant pour écrire l'avenir de l'Angleterre. Sommes-nous à l'avènement d'un règne exceptionnel ? Elle trouve l'heureux élu de son cœur en la personne de Philippe d'Espagne, mais celui-ci n'y voit qu'un opportunisme politique. Quant à Elisabeth, est-elle vraiment de bon conseil ?
© Montalbano, Corbeyran, Fernandez - Delcourt
Corbeyran et Montalbano concluent leur trilogie sur Marie Tudor. Alors qu'ils auraient pu jouer dans la surenchère de violence et de barbarie, jamais les auteurs ne glissent sur ce versant-là, tant et si bien que l'on se surprend à penser que la Reine n'est pas si terrible que ça. Et pourtant… Tandis que Corbeyran met ses exceptionnels talents de dialoguiste en évidence, Claudio Montalbano fait ce qu'il y a de plus difficile : mettre de l'émotion dans le réalisme rigide de l'Histoire du monde. Le couronnement de Marie est d'une force et d'une profondeur étonnantes. On est avec elle dans l'abbaye de Westminster le 1er octobre 1553, avec ses deux sceptres en mains, double symbole du pouvoir de la première femme à gouverner le royaume d'Angleterre. Tout aussi immergeant est le chapitre du soulèvement raté des rebelles l'année suivante.
© Montalbano, Corbeyran, Fernandez - Delcourt
L'histoire de Marie Tudor est aussi une histoire de la solitude du pouvoir. Au fond, Marie Tudor n'est-elle pas plus emprisonnée que les insurgés qu'elle fait mettre aux fers ? Elle est liée par le destin et la descendance qu'elle se doit d'offrir au pays. Y parviendra-t-elle ? Ceux qui connaissent l'Histoire de l'Angleterre connaissent la réponse. Les autres la découvriront dans la trilogie. Un mot sur la couverture. D'un premier coup d'œil, on est happé par les yeux de braise de la Reine et le crucifix qu'elle tient fermement en mains. Ce n'est qu'après que l'on découvre ce qui se passe en arrière-plan. La composition synthétise parfaitement la détermination, ainsi que les tourments, de la fille d'Henri VIII.
© Montalbano, Corbeyran, Fernandez - Delcourt
Le duo Corbeyran-Montalbano, accompagné du coloriste Jean-Paul Fernandez qui obscurcit les scènes lorsqu'il le faut, montre que l'on peut faire de l'historique pas rébarbatif. Historique et instructif sans négliger le plaisir de lecture, c'est un modèle dans le genre.
Laurent Lafourcade
Série : Les reines de sang
Tome : Marie Tudor la reine sanglante 3
Genre : Histoire
Scénario : Corbeyran
Dessins : Claudio Montalbano
Couleurs : Jean-Paul Fernandez
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413080336
Nombre de pages : 56
Prix : 15,50 €
Superhéros, un métier dangereux ! Cape ou pas cape ?
Le métier le plus dangereux du monde est à l'honneur. Olivier Bocquet s’empare du thème des super-héros pour à la fois lui rendre hommage et en même temps le moderniser en l’ancrant dans l’air du temps. On le sait encore plus depuis leur renouveau sur les écrans, les super-héros, avant d’être les sauveurs de l’humanité, sont aussi des êtres profondément perturbés et dont le pouvoir est aussi un fardeau. Dans cet épisode, Bocquet positionne Ziad en alter ego du lecteur qui n’a pas d’autre solution que de prendre confiance en lui. Pour Ziad, débute ce qui s’apparente à une quête initiatique. A part lui, le scénariste fait la part belle aux personnages féminins, qu’ils n’hésitent pas à se sacrifier pour protéger autrui, ou qu’ils enquêtent pour démêler l’intrigue. Avec les couleurs de Fabien Alquier, Fabio Lai passe d’une scène à l’autre avec vivacité, dynamisme et pop-attitude.
Pendant ce temps, les abonnés vont coller deux magnifiques autocollants du marsupilami, signés Batem.
Spirou, ami, partout, toujours.
© Batem - Dupuis
Histoires à suivre :
Cœurs de ferraille (Les) : Sans penser à demain |
Munuera / BeKa / Sedyas |
Lieutenant Bertillon : Sedna |
Pomès /Barth / Drac |
Métier le plus dangereux du monde (Le) : Le temps suspendu |
Lai / Bocquet / Alquier |
Spirou et Fantasio : La baie des cochons |
Elric / Lemoine / Baril |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Annabelle pirate rebelle |
Ghorbani / Sti / Cerise |
Boule & Bill |
Cazenove / Bastide / Pedriset |
Capitaine Anchois |
Floris |
Dad Flashback |
Nob |
Des gens et inversement (La pause-cartoon) |
Berth |
Edito (L’) (+ Marges) |
Erre / Fabcaro / Greff |
Fifiches du Proprofesseur (Les) (La pause-cartoon) |
Lécroart |
Fish n chips (La pause-cartoon) |
Tom |
Game over |
Midam / Adam / Patelin / BenBK |
Kid Paddle |
Midam / Adam / Benz / Angèle |
Méthode Raowl (La) |
Tebo |
Nelson |
Bertschy |
Pernille |
Trichet / Dav / Esteban |
Spoirou & Fantasperge (Marges) |
Sti |
Strip dont vous êtes la star (Le) |
Libon / Salma |
Tash & Trash (La pause-cartoon) |
Dino |
Titan Inc. |
Boisteau / Martin |
Willy Woob |
Moog / Bernstein |
Rubriques :
3 infos 2 vraies 1 fausse |
Bercovici / Bernstein / Le Gall |
Coin des lecteurs (Le) : Bienvenue dans mon atelier ! |
Zabus |
En direct du futur : Les tuniques bleues Trésor confédéré |
Neidhardt |
Jeux : La pièce secrète |
Touffe |
Tuto dessiné : Le petit Spirou |
Janry |
Supplément abonnés :
Autocollants Marsupilami |
Batem |
En kiosques et librairies le 22 Mai 2024
3,20 €
Laurent Lafourcade
"-Papa ! Viens vite !!! Michè veut abandonner son métier !
-Cumè ?!
-Il est en bas, à la plaine… Il a l'air désespéré !
-Je vais le raisonner, c'est le dernier berger qui nous reste au village…"
Après deux ans de pandémie, un coup de tonnerre frappe le petit village corse de Zigunaccia. On sent bien l'automne. Michè ne va pas tarder à descendre son troupeau. "Ça ne fera que quelques bestiaux en plus au village…" T'as qu'à croire ! Michè veut abandonner son métier. Pour Petru Santu, c'est impossible. C'est le dernier berger du village. Mi ! Le maire a fait construire sur la dernière parcelle de la plaine ! Le babbo lui promet de trouver une solution. Rendez-vous dans deux jours avec le cousin Orsu Santu qui peut prêter un terrain pour faire paître les chèvresn dont Bouchitontu, le bouc complètement cyclothymique. Entre les forces de l'ordre, les manifestations, la 5G, le trafic, un ministre, des ULM et autres joyeusetés, la route va être semée d'embûches. Mais il en faut plus à Petru Santu pour renoncer à sa mission.
© Federzoni, Desideriu – Corsica Comix
Place aux jeunes ! A Macagna, un village corse situé au pied du mont Pasquale, Dumè vient de naître. Quelques années et quelques rototos plus tard, à 7 ans, le zitellu est la terreur du village. Ce n'est pas Cosima qui dira le contraire, avec ses bagues qui la font baver. Dumè est insolent. Si la vache donne habituellement du lait, pour lui, elle donne des devoirs. Et vlan, la maîtresse ! Dumè est bruyant. Un tambour entre les mains, personne ne fermera l'œil de la nuit. Dumè aime le risque… pour les autres. Il ne faut surtout pas le laisser avec un lion, des abeilles ou, dans un autre ordre d'idées des cannettes de soda. Dans ces cas-là, il vaut mieux prendre garde à ne pas rester dans les parages. Mais Dumè est aussi poète. La pleine lune l'inspire.
© Nino – Corsica Comix
Petru Santu est une valeur sûre de l'humour corse. Pour la première fois, les gags laissent place à une longue histoire. Desideriu et Federzoni nous embarquent dans un road movie à côté duquel la traversée du GR20, c'est de la rigolade. Le long format sied parfaitement au grand-père. Il a déjà conquis toute la corse. Il ne lui reste plus qu'à conquérir les pinzuti et il a déjà bien commencé.
© Federzoni, Desideriu – Corsica Comix
Si c'est le premier tome du p'tit Dumè que l'on découvre ici, le môme a déjà cinq albums à son actif et son spin off Strappaculu et Pancetta, qui tourne autour du chien et du prisuttu, euh, du cochon, qui accompagnent Dumé. Nino fait dans le gag potache. C'est drôle, très premier degré. Les plus jeunes se régaleront, et peut-être même que certains d'entre eux se reconnaîtront.
© Nino – Corsica Comix
Team Petru Santu ou Team P'tit Dumè? On n'est pas dans un match Bastia-Ajaccio. Ici, on peut être dans les deux équipes. Sempre Corsica.
Laurent Lafourcade
Série : Petru Santu
Tome : 9 – Pastore forever
Genre : Humour
Scénario : Desideriu
Dessin : Frédéric Federzoni
Couleurs : Sebgeko
Éditeur : Corsica Comix
Collection : Mad in Corsica
Nombre de pages : 48
Prix : 15 €
Série : Le p'tit Dumè
Tome : 1 – Doudou la peste
Genre : Humour
Scénario, Dessin & Couleurs : Nino
Éditeur : Corsica Comix
Collection : Mad in Corsica
Nombre de pages : 48
Prix : 13 €
"-Tu ne sais vraiment pas quand le souffle de l’explosion va nous rattraper ? Même pas une fourchette de temps ?
-Je sais juste qu’il ne faut pas traîner !
-Quelques minutes ? Quelques heures ?
-Aïe ! Aïe ! Aïe ! Si on meurt dans quelques minutes, je m’arrête maintenant ! Je préfère profiter de mes derniers instants en glandant sur un rocher plutôt qu’en me faisant fouetter la tronche par des herbes préhistoriques..."
C’est la fuite en avant pour Franck, tous ses compagnons, ainsi que toutes les bestioles préhistoriques. La météorite qui a provoqué l’extinction des dinosaures vient de percuter la Terre. Tous doivent courir pour atteindre le volcan Haltefou avant d’être rattrapés par le souffle de l’explosion. C’est là que se trouve la faille temporelle qui pourrait leur permettre de changer d’époque et surtout d’échapper à une mort annoncée. Dans la cohue de la panique, le groupe est séparé en deux. Issac se trouve avec Chipolata et sa tribu. Si lui se vante d’avoir volé un objet du futur à Francisco et Anoukis et de s’être approprié le voyage dans le temps, elle a tué sa mère et mangé son foie. C’est pas mal non plus. Isaac réussit à la convaincre d’empêcher les autres de retourner dans le futur avec eux, pour éviter qu’ils ne se retrouvent jugés. De leur côté, Franck, Kenza et les leurs se retrouvent coincés dans un cimetière d’éléphants après avoir échappé à une pluie de sauterelles.
© Cossu, Bocquet, Guillo - Dupuis
Après deux ans d’absence, la série préhisto sans voyelles est de retour avec une énergie décuplée. Les personnages ne sont pas ménagés, entraînés dans une fuite en avant à perdre haleine. On transpire avec eux, espérant ne pas se faire piétiner par des dinosaures, ne pas finir cramés dans la lave d’un volcan et ne pas voir ses os accompagner ceux des mammouths. Si des nuées d’insectes noircissent le ciel, il y en a aussi dans le ventre de Franck et de Kenza, mais là ce sont des papillons. Dans cette aventure de tous les dangers, ils sont comme Jack et Rose tentant d’échapper aux eaux glacées, sauf que pour eux il fait beaucoup plus chaud.
© Cossu, Bocquet, Guillo - Dupuis
Le trio Bocquet-Cossu-Guillo a créé une série qui s’inscrit définitivement dans les classiques contemporains. On retrouve Franck avec le même plaisir qu’un copain de classe qu’on n’aurait pas vu depuis un moment et avec qui on renoue des liens comme si l’on s’était quittés la veille. Le trait de Brice Cossu se rapproche un peu plus du réalisme. On voit que Les guerres d’Arran sont passées par là. En même temps, le scénario d’Olivier Bocquet fait légèrement grandir le héros avec ses lecteurs. Franck, ce n’est plus seulement de l’aventure, c’est aussi de l’émotion et de l’amour. Quant aux couleurs de Yoann Guillo, elles donnent la température des scènes.
© Cossu, Bocquet, Guillo - Dupuis
L’apocalypse est le dernier livre de L’apocalypse dans le Nouveau Testament selon Saint-Jean. Ce ne sera pas le dernier de Frnck, sans a, et c’est tant mieux.
Laurent Lafourcade
Série : Frnck
Tome : 9 - Apocalypse
Genre : Aventure
Scénario : Olivier Bocquet
Dessins : Brice Cossu
Couleurs : Yoann Guillo
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034768714
Nombre de pages : 64
Prix : 12,50 €
"-Je mérite le respect ! Je suis italien ! Le Louvre est rempli d'œuvres de mes compatriotes ! Sans les italiens, ce maudit Musée serait à moitié vide !
-Je comprends. Je serais furieux aussi s'il m'avait retenu cet argent sur ma paye. Mais il vaut mieux que tu te calmes… Si Gobier t'entendait…
-Ce gros tas ! Qu'est-ce qu'il connaît à l'art, lui ?
-Mon ami, va donc faire un tour dans le Musée pour te détendre. As-tu déjà pris le temps d'admirer ces œuvres dont tu parles tant ?"
Paris 1910, Vincenzo Peruggia est homme de ménage au Musée du Louvre. Un jour, en replaçant une vitrine protégeant un buste, il la brise malencontreusement et se voit infliger une retenue sur salaire. Gobier, son supérieur, le met plus bas que terre et la bienveillance du directeur du Louvre à son égard n'y fait rien. La pilule est difficile à avaler pour l'italien. Son ami Jacques lui conseille de prendre du recul en prenant le temps d'admirer les œuvres qu'ils sont chargés de bichonner. Le mal est fait. Vincenzo rumine sa vengeance. Quelques mois plus tard, en août 1911, il dévisse la toile de La Joconde de son cadre et la subtilise.
© Rizzo, Bonaccorso - Steinkis
Pour l'amour de Monna Lisa est le récit rocambolesque du plus grand vol du XXème siècle. Il faut préciser qu'à l'époque La Joconde n'avait pas l'aura qu'elle a aujourd'hui et que ce larcin a largement contribué à sa notoriété. L'histoire de Vincenzo Peruggia est une histoire vraie. L'italien gardera la belle cachée sous son lit dans sa chambre de bonne. Il ne sera appréhendé que trois ans plus tard alors qu'il tentera innocemment de la vendre en Italie, parce qu'il voulait la rendre à son pays.
© Rizzo, Bonaccorso - Steinkis
Le scénariste Marco Rizzo reste le plus fidèle possible à la réalité. Le personnage de François est l'un des rares qui soit fictif, créé pour donner le change et la répartie face à Vincenzo. La véritable héroïne est bien Lisa Gherardini, l'épouse de Francesco del Giocondo. Monna Lisa a son nom écrit ici avec les deux "n" de son orthographe italienne, réhabilitant son appellation d'origine signifiant "dame Lisa", monna étant une contraction de "ma donna", soit "ma dame". Le dessinateur Lelio Bonaccorso fait de Vincenzo un personnage extrêmement émouvant, on ne peut plus touchant. On dirait un Charlie Chaplin, dans son monde et avec sa poésie. La colorisation sépia ancre l'histoire dans son contexte, figée dans le temps tout en étant éternelle.
© Rizzo, Bonaccorso - Steinkis
Avant d'être l'histoire d'un rapt, comme l'indique le titre, cet album est bel et bien une histoire d'amour. Le sourire de la Joconde est à lui seul une réalité qui dépasse toute fiction. Rizzo et Bonaccorso démontrent une fois de plus qu'elle mérite son rôle de mythe.
Laurent Lafourcade
One shot : Pour l'amour de Monna Lisa
Genre : Histoire
Scénario : Marco Rizzo
Dessins & Couleurs : Lelio Bonaccorso
Traduction : Alice Gallori
Éditeur : Steinkis
ISBN : 9782368467589
Nombre de pages : 112
Prix : 18 €
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