« - Toujours le nez dans les étoiles, Méliès !!
- Je me fiche bien des étoiles !
- Ah, encore la Terre ! A quoi bon t’user les yeux, nous ne sommes pas du bon côté !!
- Bon côté ou pas, si on nous envoie un vaisseau, il faudra bien qu’il se montre !
- Allons, mon garçon, sois patient ! Je désire autant que toi retourner là-bas, mais il nous faudra attendre encore un peu, l’endroit reste dangereux. »
Un dôme lunaire abrite une colonie d’humain ayant quitté la Terre. Cacochyme, machine très bien conçue à l’apparence humaine et au visage en forme de lune raconte à Méliès, petit garçon passionné d’astronomie, comment la planète bleue est devenue le théâtre d’une guerre causée par un certain Antacyclès, fugitif évadé d’une planète prison dans une très lointaine galaxie. Le maudit a érigé une armée puissante grâce à sa force hypnotique et ses compétences technologiques. Les humains ne durent leur salut qu’à l’intervention de Doria et Magis, policiers intergalactiques. Ils armèrent les résistants. Méliès et sa grande sœur Sélénie sont les enfants de Doria et d’un humain. Alors que la guerre continue à ravager la Terre, ils ont été exilés sur la Lune, en compagnie d’autres expatriés, sous la surveillance de Cacochyme. En attendant que la Terre se pacifie, la vie menait son cours sur la Lune… jusqu’au jour où une capsule spatiale alunit.
© Lebeault, Lofé - Delcourt
Quelle bonne surprise que ce conte de Fabrice Lebeault. Loin d’une énième histoire de science-fiction, l’auteur propose un conte spatial avec de multiples références. Certaines sont évidentes, comme Le Baron de Münchausen que Jean Image a mis en scène sur la lune dans Le secret des sélénites en 1982, comme encore Moëbius avec une scène d’introduction que le maître n’aurait pas reniée, comme aussi Hergé dont on aperçoit les Dupondt en combinaisons orange dans un tableau et surtout à cause de la virée en engin sur le sol lunaire. Un « cousin » de Tintin est d’ailleurs installé avec son chien blanc au comptoir d’un bar tout droit sorti du tableau Nighthawks d’Edward Hopper. Le professeur Ortaire, à quelques lettres près, sort de l’univers Jacobs. Ajoutons à tout cela la littérature de Jules Verne et le cinéma de Georges Méliès, ainsi que celui de Fred Wilcox avec sa Planète interdite et son robot, et la recette est complète.
© Lebeault, Lofé - Delcourt
Les amateurs du graphisme classe de Fabrice Lebeault ne seront pas déçus. Bien que plus assoupli que dans Horologiom, il garde son essence. Lebeault ajoute quelques nouvelles saveurs. L’histoire racontée par Cacochyme est traitée sous forme d’ombres chinoises. Le pneumaphore, voiture lunaire utilisée par Sélénie, Méliès et leur ami Verne, est conçus comme un personnage animé.
Les couleurs spatiales de Greg Lofé participent à la magie du dépaysement lunaire.
© Lebeault, Lofé - Delcourt
Avec une fin imprévisible, détricotant tout ce qu’il a construit, Fabrice Lebeault démontre qu’après presque trente ans d’une carrière classique on peut encore se dépasser, surprendre et envoûter le lecteur. Sélénie n’a qu’un seul défaut : être un one shot alors que l’univers ne demande qu’à être développé.
Laurent Lafourcade
One shot : Sélénie
Genre : Conte lunaire
Scénario & Dessins : Fabrice Lebeault
Couleurs : Greg Lofé
Collection : Néopolis
Éditeur : Delcourt
Nombre de pages : 72
Prix : 15,95 €
ISBN : 9782413015215
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