L’été approche de sa fin et de part et d’autres du monde, la terre est incendiaire ou gorgée d’eau. Certains en ont trop d’autres pas assez. Les héros du roman de Jesús Carrasco font partie de cette deuxième catégorie de personne et attendent l’intempérie. C’est aussi vrai dans l’adaptation BD que Javi Rey vient d’en faire, désertique et pourtant si fertile en thèmes. Un western espagnol qui vous prend à la gorge et qui méritait bien une interview de son auteur.
© Javi Rey
Bonjour Javi. Vous nous revenez avec Intempérie. Si le titre laisse espérer la pluie, il faudra être patient, l’ensemble est sec, aride, désertique. Intempérie, c’est un bon titre, pour vous ? Vous aimez ce genre de titre qui suscite des attentes pour mieux surprendre et les prendre à revers ?
Pour répondre a ta question, d’abord je dois expliquer que le mot « intemperie » a un sens différent en espagnol et en français. Le terme « intemperie », d’après ce que je comprends, en français, signifie : Phénomène atmosphérique naturel, comme la pluie, la neige, la grêle, ou encore le vent, qui perturbe les activités humaines.
Tandis qu’en espagnol, l’expression « a la intemperie » signifie : À ciel ouvert, sans toit. Et c’est la signification que cherche le titre originel du roman. C’est-à-dire, faire allusion à la situation de solitude dans laquelle se trouve l’enfant que nous allons suivre. Entouré par une plaine immense, sans un endroit où trouver un peu de sombre, à l’intemperie ( dans son signifié espagnol, bien entendu).
Intemperie est le titre original du roman dans son édition espagnole. Et ce titre s’est maintenu dans l’édition du roman en langue française. Avec la bande dessinée, nous avons opté pour respecter ce titre aussi.
Mon opinion est que ce titre est aussi bon dans son signifié pour la langue française, car il parle de ce que ressent l’enfant dans son intérieur tout en parlant aussi de ce vers où il court, de l’objectif final de sa fuite, même si lui ne le sait pas. Ce qui pourrait rendre son existence un peu moins douloureuse.
Couverture de l’édition de luxe
© Javi Rey
Intempérie, c’est avant tout le premier roman de Jesús Carrasco, donc, paru en 2015 chez nous. Deux ans plus tard, à peine, c’est votre adaptation en BD qui paraît. Ce fut rapide, non ?
C’est l’éditeur Seix Barral qui a édité le roman Intempérie, le premier livre de Jesús comme tu dis bien. Le roman a été un grand succès en Espagne mais aussi à l’international, dans de nombreux pays.
Après, Planeta Comic (l’éditeur de l’adaptation de la bande dessinée en Espagne qui fait partie du groupe Planeta avec… Seix Barral) m’a offert le projet. L’adaptation d’Intempérie fait partie d’une politique éditoriale de Planeta Comic qui entend tirer profit des titres du même groupe et les adapter en bandes dessinées.
Ce roman, l’avez-vous découvert dès sa sortie ? Qu’est-ce qui vous l’a mis entre les mains ? Vous connaissiez Jesús ?
Je n’avais pas lu le roman au moment, en 2013, où il fut édité. Je l’ai découvert au moment de la proposition de l’adaptation. Mais si ce projet est né d’une proposition d’éditeur; dès le premier moment, j’ai voulu le prendre comme un projet personnel. Le premier motif et l’indispensable, évidemment, étant que le roman m’avait laissé fasciné. Puis, à ce moment, je voulais affronter l’épreuve du scénario. Avant Intempérie, j’avais toujours collaboré avec des scénaristes. Après plusieurs tentatives ratées d’écrire un scénario personnel, adapter un roman m’a paru être une très bonne manière de commencer à gagner en confiance.
© Javi Rey
Dès la première lecture (j’imagine qu’il y en a eu plusieurs, non ?), vous saviez qu’il ferait une bonne BD ? Des images sont-elles tout de suite arrivées ?
Depuis le début, j’ai senti que ce roman possédait des éléments assez intéressants que pour être racontés en bande dessinée et les images sont apparues depuis la première page. Sans aucun doute parce que la prose de Jesús est très précise dans ses descriptions. C’est une histoire apparemment simple mais dans laquelle on parle de beaucoup de choses, qui abonde en silence et en contemplation… tout en proposant des moments d’une grande intensité, d’une brutalité même. Tout cela se retrouvait très bien traité au niveau narratif.
Personnellement, je découvre Intempérie avec votre album. Que pouvez-vous nous dire sur le roman ? Vous en êtes-vous distancié ou avez-vous cherché à être le plus fidèle ?
J’ai été attiré par l’histoire racontée. Une histoire universelle racontée d’une façon magistrale. C’est un roman court, d’environs deux cents pages, dans lequel nous allons accompagner un enfant durant sa fuite de quelque chose terrible. Cette fuite est encore plus dangereuse si nous prenons en compte que l’enfant laisse derrière lui la seule chose qu’il connaisse : son petit village. Il va devoir s’affronter à une terre sèche, immense, sans les armes nécessaires pour pouvoir survivre.
© Javi Rey chez Dupuis
J’ai été séduit, comme déjà dit, par le scénario très bien traité par Jesús. La façon dont il nous guide par ce voyage que l’enfant entreprend en direction de l’inconnu. La prose de Jesús, sa précision mais aussi les moments dans lesquels il parvient à décrire avec poésie et beauté des situations très dures comme celles qu’expérimentent les protagonistes de l’histoire.
J’ai voulu rester fidèle à la structure originale parce que je la considère impeccable. Mais le lecteur des deux formats va voir des changements que j’ai cru nécessaires de faire pour que cela puisse fonctionner avec le genre de bande dessinée que je voulais faire.
Vous parliez de fascination.
Oui, j’ai été fasciné par le contexte où a lieu la trame : la plaine infinie avec ses levers et tombées du jour, son soleil implacable, ses conditions extrêmes. Autant de possibilités graphiques qui m’attiraient beaucoup. Sans oublier la jolie relation qui affleure entre le garçon et le chevrier, le plus important de l’histoire sans doute, et ce pour quoi j’ai dû mettre le plus d’emphase à l’heure de faire l’adaptation.
C’est une histoire totale, je trouve. Le personnage va d’un endroit à un autre, change, grandit. Et la façon dont Jesús Carrasco dose cette métamorphose, de l’enfant qui s’échappe à la manière dont il grandit, est formidablement bien menée.
© Javi Rey chez Dupuis
Et justement, quand vous lisez, le dessinateur peut-il s’empêcher de mettre des images, des dessins sur ces textes ?
J’ai difficile à ne pas faire de version en bande dessinée de tout ce que je lis. Au moins, durant les premiers moments de la lecture. Après je me laisse aller comme tout lecteur… sinon je deviendrais fou.
En tout cas, si le roman de base n’est pas bien épais, vous allez à l’économie des mots, non ? Avec de belles scènes muettes et un côté très contemplatif. C’est important dans une telle adaptation de faire jouer le dessin, d’imposer sa force là où les mots du roman ne pouvaient compter que sur eux-mêmes ?
La première grande décision que j’ai dû affronter fut le poids que devait avoir le narrateur du roman dans la bande dessinée. Le roman est narré à la troisième personne, un narrateur nous explique le devenir de l’enfant. Je ne voulais pas laisser de côté la puissance et la solennité de la prose de Jesús mais je voulais que ce soit l’image qui nous raconte l’histoire. Je cherchais, au début, la capacité de traduire avec des images l’histoire de Jesús. Une adaptation muette aurait été très compliquée à faire, et surtout, je ne voulais pas perdre totalement la voix de l’écrivain. La solution fut donc d’utiliser le narrateur au début de chaque chapitre, de situer le lecteur dans un ton, au milieu d’informations que j’aurais été incapable de transmettre uniquement avec des images. Après quoi, je pouvais faire disparaître le narrateur faire revenir l’image en tant que protagoniste.
La façon dont commence la bande dessinée en est le meilleur exemple : une série de petites illustrations accompagnées d’un paragraphe de texte. Mon intention était que le lecteur sente le ton de l’histoire au travers de la voix du narrateur : un ton solennel, poétique et compréhensible qui puisse déplacer le lecteur et le mettre, depuis la première page, face à la dureté de ce monde dans lequel l’histoire va se jouer.
La première planche © Javi Rey chez Dupuis
Malgré le peu de mot, vous arrivez pourtant à faire passer une quantité phénoménale de thème : de la survie à l’héritage en passant par la maltraitance, le viol, l’onirisme aussi. Pour les faire passer, sans les mots, il fallait des images fortes. Vous êtes-vous forcé à avoir une bonne idée par planche (voire par case) ou tout cela est venu assez naturellement ?
Après avoir lu et relu le texte original (je travaillais chapitre a chapitre, sans savoir combien de pages pèserait la bd au final), je faisais un résumé avec l’essentiel, avec ce que j’avais besoin de ce chapitre pour expliquer l’histoire. Avec ce résumé concis, je divisais l’information en scènes et à l’intérieur de chaque scène, en pages, avec l’information bien structurée en bandes. Chaque élément se devait d’apporter quelque chose à l’ensemble.
J’ai tenté être concis et que l’on comprenne bien tout ce qui se passe dans l’histoire, de l’expliquer avec le minimum d’images nécessaires. En utilisant l’ellipse de façon optimale et en donnant de l’espace au temps. Par exemple, en accélérant le rythme quand l’histoire le demandait.
© Javi Rey
Dans Intempérie, on est finalement quelque part entre The Road de Cormac McCarty et Le bon, la brute et le truand de Sergio Leone, non ?
Cormac McCarthy est un de mes écrivains préférés. En fait, quand l’éditeur de Planeta Comic m’a offert de faire l’adaptation, il avait cité The Road pour que je me fasse une idée du genre d’œuvre à laquelle j’allais me confronter. Sans aucun doute, ça a éveillé un peu plus ma curiosité.
Il est vrai que l’on respire un air post-apocalyptique de The Road, dans l’histoire de Jesùs mais tout en gardant un environnement proche du plateau espagnol : un monde sans ressources, une sécheresse qui rend toute survie impossible, un monde où la morale et la civilisation se font rares.
Mais ce n’est pas tout, cette histoire respire aussi le western. Pour l’entourage, pour les rôles des personnages dans l’histoire, pour la fuite, pour la persécution… De quoi m’inciter un peu plus à m’immerger dans cette histoire.
© Javi Rey
D’ailleurs, il y a trois personnages principaux : notre gamin, le vieillard et l’alguazil. Comment expliquez-vous que beaucoup de récits privilégient trois personnages centraux ? Dans une BD, ça marche tout aussi bien que dans un roman ?
Je ne sais pas quoi te répondre. Dans le cas d’Intempérie, il me fut très commode de travailler avec peu de personnages. Pour bien me centrer dans leur dessin et me concentrer sur le rôle indispensable que chacun d’eux va jouer.
© Javi Rey
L’alguacil représente le mal absolu, la loi du plus fort, l’absence de morale. Le vieux en est l’opposé. C’est une lueur d’espoir de ce que fut l’humanité. Il est noble, il connait la terre et l’environnement, il le respecte. Et l’enfant est au milieu, au point de prendre parti pour un monde ou pour un autre, lui c’est l’innocence et la pureté, le futur.
© Javi Rey
Au final, le lieu de l’action est anonyme. Partout et nulle part en même temps. Comment avez-vous conçu cet univers ? De quoi vous êtes-vous inspiré ?
Bien sûr, on reconnait l’Espagne et plus concrètement le plateau central ou le sud. Mais, dans le roman on ne le spécifie pas où a lieu l’histoire. Et ça, c’est une grande réussite car ça lui donne un air d’universalité dont nous parlions.
Pour moi, l’important était de transmettre la chaleur, la sécheresse et l’immensité. Le contraste entre la lumière et l’ombre, la poussière. Dans ma tête il y avait plus une sensation qu’un lieu concret. Et pour l’obtenir, ma principale inspiration fut le texte original si habile à décrire et à nous faire ressentir cette chaleur asphyxiante.
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Vous l’avez dit, c’est la première fois que vous vous retrouvez seul aux commandes, sans scénariste, c’était le bon moment ? Vous ne ressentiez pas le besoin d’une collaboration ? Ou votre vision de ce roman était si personnelle que vous ne pouviez pas l’adapter avec quelqu’un d’autre ?
C’était le moment. Je veux continuer à collaborer avec des scénaristes comme Kris et Bertrand Galic, mes actuels compagnons de voyage pour le projet sur lequel je planche maintenant mais je veux aussi réussir à créer mes propres histoires, que ce soit avec un scénario personnel ou en adaptant un nouveau roman.
Mais oui, quand on m’a proposé de faire l’adaptation, c’était le moment idéal. J’étais en quête d’un chemin plus solitaire qu’auparavant.
© Javi Rey chez DUpuis
Cela dit, vous étiez sans scénariste mais pas sans filet puis qu’il y avait l’appui du roman de Jesús. Jesús, l’avez-vous consulté, lui avez-vous demandé conseil ?
Oui, Jesús a été présent pour le dessin des personnages. C’était un des accords entre Planeta Comic et Seix Barral… et c’est très bien ainsi : je voulais respecter l’image que l’écrivain avait de ses personnages. Pour que tout s’emboîte depuis le début.
Pour moi, ce fut une grand aide de pouvoir disposer de Jesús dès le départ, pour écouter directement de la bouche du créateur ce qui était l’important de l’histoire. Et cela a permis d’éclaircir beaucoup de choses.
Après quoi, j’ai travaillé en totale liberté, sans que cela m’empêche de revenir vers Jesús pour consulter des aspects et pour savoir comment il voyait certains aspects du récit. Cela m’a été d’une grande aide et, sans doute, le résultat ne fut que meilleur par la présence de Jesús comme premier lecteur de l’adaptation.
Quelle a été sa réaction quand vous lui avez présenté cette BD adaptée de son œuvre ?
Enchanté depuis le premier moment, il n’a eu que des bonnes paroles pour mon travail et moi, je le remercie de tout cœur.
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Des adaptations de roman (ou d’autres œuvres culturelles) en BD, j’imagine que vous en avez déjà lu. Lesquelles vous ont porté, vous ont semblé peut-être pas les plus fidèles mais les plus réussies ? Pourquoi ?
Je ne sais pas quoi répondre. Je n’ai en tout cas pas regardé d’autres adaptations en préparation de la mienne. Évidemment, comme lecteur, j’en ai déjà lu. De même qu’en tant que spectateur de cinéma mais je ne les raccroche pas à l’oeuvre initiale.
Je crois que si une histoire est bien faite, elle devrait fonctionner de forme indépendante de l’original, peu importe si c’est un roman, une bd, une œuvre de théâtre etc.
Ces derniers temps, beaucoup de dessinateurs espagnols ont émergé avec brio et talent. Comment expliquez-vous que beaucoup de scénaristes franco-belges s’orientent vers des talents espagnols ? Une autre manière d’exprimer les choses, une autre école, une autre force ?
Peut-être parce que les premiers auteurs espagnols qui sont arrivés au marché franco-belge ont bien fait leur travail et qu’ils nous ont aplani le chemin ? De manière à ce que nous profitions de leur bon travail préalable.
Le marché franco-belge est le plus potentiel d’Europe et tous ceux qui aiment ce milieu, nous visons vers lui car c’est une manière d’unir passion et façon de gagner notre vie.
© Javi Rey chez Dupuis
En plus, avec internet, les distances se sont raccourcies. Une fois que tu t’accordes sur la langue, il est facile de maintenir un contact fluide pour une bonne collaboration. Dans mon cas, je parle presque chaque jour avec mes scénaristes, de la même façon que le font les personnes qui travaillent dans le même bureau.
Mais je suppose aussi qu’il y a beaucoup de facteurs et qu’il est difficile de généraliser.
Cela fait quelques années qu’on suit votre parcours dans le monde de la BD, mais on ne vous connait pas assez. D’où nous venez-vous ? Qu’est-ce qui vous a mis sur la voie de la BD ?
Ma relation avec le Neuvième Art est arrivée sur le tard. Enfant, je n’étais pas un lecteur vorace de bd. Mais le dessin m’a toujours attiré, même si, comme presque tout le monde, j’ai arrêté de dessiner pendant l’adolescence.
Par contre, quand j’ai terminé mes études universitaires (une carrière de droit du travail totalement éloignée du monde de l’art), j’ai senti qu’il y avait dans le dessin une opportunité de parier sur quelque chose qui me passionnerait vraiment. Ce qui n’était plus le cas avec la carrière qui me tendait les bras. Et j’ai décidé de reprendre le dessin.
© Javi Rey
Diverses circonstances ont fait que j’ai terminé comme étudiant à l’école Joso de Barcelone, centre spécialisé dans les comics, et où j’ai étudié avec beaucoup d’auteurs espagnols désormais bien implantés dans le monde de la bd. Et j’ai découvert le monde du « cómic », grâce aux professeurs et compagnons de cours.
Je me suis alors rendu compte que le dessin n’était pas le principal pour moi, au contraire du pouvoir de raconter des histoires avec des images, avec des paroles. À partir de ce moment, mon objectif était clair: essayer d’être publié. La chance a voulu que Louis-Antoine Dujardin et Frank Giroud aient confiance en moi pour dessiner les deux tomes de Adelante ! de la collection Secrets de Dupuis… et que depuis, j’ai pu travailler et continuer à évoluer.
C’est un monde dans lequel il est dur de se faire sa place ?
Sans aucun doute, comme dans n’importe quel monde où tu commences à zéro et dans lequel il faut du temps pour mûrir et s’améliorer.
Quelles sont les lectures BD de votre enfance ?
Sans être un lecteur vorace de bd, j’ai quand même eu entre les mains celles que l’on pouvait lire en Espagne mais je ne me rappelle pas qu’un titre m’ait donné l’envie de devenir auteur quand je serais adulte. J’étais beaucoup plus intéressé par ce que je voyais la tv : Dragon Ball et… Oliver et Tom. Forcément, puisque c’étaient les années où je jouais au football, ma première passion réelle.
© Javi Rey
Ma fascination pour la BD est donc arrivée quand j’ai intégré l’école Joso. Concrètement, il y eut deux oeuvres marquantes : Trait de craie de Miguelanxo Prado, et Un peu de fumée bleue de Denis Lapière et Ruben Pellejero. Elles m’ont ouvert les yeux : la bd était un média où l’on pouvait raconter n’importe quel type d’histoires. Et parmi elles, celles que j’avais envie de raconter.
Après, j’ai découvert la riche histoire de la bd et de ses auteurs classiques, lesquels me fascinent.
Plus récemment, quels ont été vos derniers coups de cœur ?
J’en ai eu trois. J’ai eu beaucoup de plaisir à lire l’intégral de Esteban de Matthieu Bonhomme. Une histoire d’aventure qui t’attrape dès la première page. La terre des fils de Gipi m’a fasciné, comme toute l’œuvre de Gipi, en réalité. Et maintenant je lis Patience de Daniel Clowes, et je suis captivé.
Je m’en voudrais de terminer sans vous demander quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous ? Rêvez-vous de faire l’adaptation d’autres romans ?
Actuellement, je travaille avec Kris et Bertrand Galic, avec qui j’ai collaboré pour Un maillot pour l’Algerie, mon précédent album dans la collection Aire libre, aussi.
© Kris/Galic/Rey
Ce sera une série de quatre tomes sur Violette Morris, une des grandes sportives françaises des années 20 et 30. Elle a pratiqué le football, la natation, le lancer de javelot, la boxe, les courses de voitures. Une femme tout-terrain ! Elle eut en plus une carrière au cabaret, avec un numéro en compagnie de Josephine Baker herself ! Elle eut comme amis Jean Marais, Jean Cocteau… Bref, sa vie fut très intense : elle était ouvertement lesbienne ce qui lui valut beaucoup d’ennemis, elle fumait, buvait, s’habillait comme un homme…
Durant l’occupation elle a gagné sa vie avec le marché noir et collaboré avec les nazis. Avant d’être finalement assassinée juste après la libération, en Normandie. C’est un personnage polémique avec beaucoup d’ombres dans sa biographie. Un personnage dont la vie est, elle-même, une grande histoire. Nous allons essayer de l’expliquer le mieux possible et je crois que Kris et Bertrand Galic sont les plus indiqués pour écrire ce scénario, sans aucun doute.
Dans le futur, ou parallèlement à cette tétralogie, je n’écarte pas de travailler en solitaire encore une fois, que ce soit avec un scénario à moi ou pour adapter un autre roman, car j’ai eu un plaisir énorme à le faire.
Un tout grand merci Javi et belle continuation.
Propos recueillis par Alexis Seny.
©BD-Best v3.5 / 2024 |