Jean-Jacques Procureur rencontre cette fois le dessinateur Maël pour l'album paru ce 17 septembre 2009 chez Futuropolis sur un récit de Kris : " Notre Mère la Guerre", premier album d'un tryptique se passant dans un passage important de l'histoire de l'humanité, la premiere guerre mondiale, ou un lieutenant de gendarmerie tente d'attraper un tueur en série.
Maël vit à Grenoble.
Maël mène une double vie. Chanteur et musicien, il est le leader du groupe folk-rock HitchcockGoHome !
Dessinateur et auteur de bande dessinée, il a déjà publié dans la collection « Aire Libre », chez Dupuis, Les Rêves de Milton (deux tomes, avec Sylvain Ricard et Frédéric Féjard) et L’Encre au passé (en collaboration avec Antoine Bauza). Quelque temps auparavant, il publia Dans la colonie pénitentiaire, d’après Kafka, chez Delcourt.
Jean Jacques Procureur : Cette série avec laquelle tu collabore avec Kris est basée sur des faits historique, réels?
Maël : Oui, pour partie en tout cas. Kris, grand passionné de la Première Guerre Mondiale, a relevé dans une de ses lectures l'existence, à peine évoquée, de sections constituées de mineurs délinquants ou criminels, à qui on offrait de se racheter en allant pratiquer le meurtre légal en première ligne. ça a servi de point de départ à la fiction qu'il a imaginé ensuite. Nos personnages, en particulier Vialatte et Peyrac, sont fictifs mais étayés par des portraits bien réels, synthèses de différents auteurs de carnets de guerre. La réalité historique dans laquelle évoluent ces personnages est, quant à elle, parfaitement travaillée par Kris, et bien documentée. Cela dit, nous accordons plus d'importance à la justesse de l'interprétation qu'à l'exactitude de la reconstitution...
JJP : Ta biographie est déjà bien impressionnante !
M : Je pense bien : c'est mon septième album ! Dans l'ordre chronologique : j'ai dessiné deux tomes de la série Tamino (Glénat), puis le diptyque Les Rêves de Milton (Dupuis-Aire Libre), puis Dans la Colonie Pénitentiaire (Delcourt), puis L'encre du passé (Dupuis - Aire Libre), enfin Notre Mère la Guerre qui sera un triptyque.
JJP : Ta collaboration avec Futuropolis semble très bien partie, as tu d'autres projets avec l'éditeur ?
M : Comme dit plus haut, Notre Mère la Guerre est un récit en trois parties, il en reste deux à réaliser... Et, pour la suite, je suis en train d'écrire le scénario d'un autre triptyque qui sera vraisemblablement publié par Futuropolis. C'est pour moi l'éditeur idéal (à l'instar d'Aire Libre d'ailleurs) : j'aime les livres qu'ils publient, je m'entends particulièrement bien avec les personnes qui y travaillent, et ils prennent soin d'accorder à chaque livre tout le soin qu'il mérite. Maintenant, je ne m'interdis pas quelques incartades ailleurs, je vais là où les livres veulent bien se faire...
Maël photo © JJ Procureur
JJP : Quel à été le parcours BD de Maël ?
M : Rien de très original je crois : je dessine depuis que j'ai l'âge de tenir un crayon, et la bibliothèque paternelle a toujours fait la part belle à la bande-dessinée. Mes parents m'ont encouragé à pratiquer le dessin, mais comme j'avais pas mal d'autres centres d'intérêt et que j'étais plutôt bon élève, j'ai d'abord fait des études de sciences humaines (je suis diplômé de Sciences-Po). Pendant ces études, j'ai participé à différents fanzines... Puis, intéressé par l'image sous toutes ses formes, j'ai fait des études de graphisme, et suis devenu graphiste puis directeur artistique en agences de création. En 2002, j'ai décidé de travailler en indépendant, comme graphiste et illustrateur. Lorsque j'avais du temps, je dessinais des histoires courtes, que j'ai peu à peu montrées à divers éditeurs, jusqu'à ce que Didier Convard remarque mon travaille et me propose de dessiner "Tamino". Cette première expérience a été un échec, mais j'en ai tiré quelques bonnes leçons je crois, et ma collaboration avec Ricard et Féjard pour "Les Rêves de Milton" m'a relancé, m'a fait renaître en quelque sorte, avec cette volonté de réaliser moi même les couleurs à l'aquarelle.
JJP : question peut-être indiscrete, pourquoi le choix de ce pseudo Maël ?
M : C'est un simple jeu graphique et phonétique avec les premières lettres de mon prénom et de mon nom. J'avais imaginé ça lorsque je suis devenu graphiste indépendant, pour avoir une signature, une identité. Je l'ai gardé comme pseudonyme ensuite, pour des raisons pratiques mais aussi parce que finalement, je l'aime bien. Vous n'imaginez pas le nombre de personnes qui me prêtent des origines bretonnes !
JJP : Une question que je me plais à poser à chaque interview : Malgré le contexte economique actuel, conserve-tu cet ethousiasme à faire de la BD?
M : Plus que jamais, pour deux raisons : d'abord, c'est désormais, je crois, ce que je sais faire de mieux, donc je me demande si j'ai vraiment le choix... Ensuite, je vois bien la fragilité de la situation actuelle, et le déséquilibre affolant qui résulte de la surproduction d'albums, mais il me semble que si ajustements il y a, ça ne devrait pas empêcher de réaliser ou de publier de bons bouquins... c'est simple : tant que c'est une situation viable économiquement, et tant qu'il est possible de faire les livres qu'on a envie de faire, je continue !
JJP : As tu d'autres projets dans tes cartons ?
M : Oui, plus, hélas, que je ne peux en faire pour l'instant. Je ne veux pas en dire trop alors que j'en suis seulement à la phase d'écriture, mais il y en a un qui devrait démarrer assez vite, qui est une lecture personnelle et romancée de fragments de vie de George Sand. Ce projet est prévu en trois volumes, j'espère en commencer le dessin d'ici fin 2010. Et puis, bien sûr, je reste à l'écoute des scénaristes avec qui je travaille, que ce soit Kris, Bauza ou Ricard, j'aime travailler avec eux, donc s'ils me proposent un projet qui m'emballe, je fonce !
JJP : Peux-tu nous indiquer l'adresse d'un site ou d'un blog te conçernant?
M : Oui, mais je l'ai quelque peu délaissé ces derniers mois, shame on me ! Il faut que je relance un peu tout ça... L'adresse : http://mael-dessousdetable.blogspot.com//
©BD-Best v3.5 / 2024 |