« - Voilà le senhor Oliveira da Figueira, de Lisbonne, mon passager.
- Enchanté.
- Charmé, senhor, je suis charmé et je me recommande immédiatement : je puis vous fournir, à des prix sans concurrence, tout article dont vous auriez besoin. Je vais d’ailleurs vous montrer. Un coup d’œil n’engage à rien. »
Il apparaît dans trois aventures de Tintin : Les cigares du Pharaon, Au Pays de l’or noir et Coke en stock. Il est mentionné dans Les bijoux de la Castafiore. Le marchand portugais Oliveira Da Figueira fait partie des seconds rôles mythiques et indispensables de l’œuvre d’Hergé. Il était enfin temps qu’on en sache un peu plus sur lui.
© Algoud, Dumas - Chandeigne
Après sa biographie non autorisée de La Castafiore, Albert Algoud s’intéresse à celui qui était dans le bateau qui recueillit Tintin dans une tempête en Mer Rouge au début des Cigares du Pharaon. Le camelot restera l’homme providentiel, sans qu’il n’oublie jamais que le commerce est le nerf de la guerre. C’est grâce à son business qu’il permettra à Tintin de se faire passer pour son neveu Alvaro et ainsi entrer chez le professeur Smith, alias le Docteur Muller dans Au pays de l’or noir. Da Figueira hébergera enfin Tintin et Haddock chez lui dans Coke en stock. Et c’est par un télégramme de félicitations à Haddock pour son mariage avec La Castafiore qu’on entendra pour la dernière fois parler de lui.
© Algoud, Dumas - Chandeigne
Albert Algoud nous apprend que le commerçant juif portugais naquit le 23 mars 1900 à Hadiboh sur la côte nord de l’île Socotra, dans l’Océan Indien à proximité de la Mer Rouge. Toujours pivot d’un commerce international, dès le XVIème siècle, elle servait d’escale aux navires portugais. Le jeune Oliveira da Figueira devint rapidement polyglotte. C’est un enfant de la diaspora. Il symbolise l’ouverture de la série vers l’ensemble du monde.
© Algoud, Dumas - Chandeigne
Dans la deuxième partie du livre, intitulée Hergé, Tintin et le Portugal, Algoud détaille les rapports d’Hergé avec le Portugal et en particulier la façon dont l’œuvre a été éditée en Lusitanie, de façon parfois anarchique. Le pays fut d’ailleurs la première contrée non francophone à le publier en couleurs, six ans avant la Belgique. Originalité, au Portugal, Oliveira était espagnol, Milou était une chienne, et Hergé se faisait payer ses droits d’auteurs en sardines, vin et spécialités culinaires.
Enfin, dans son épilogue, Algoud revient sur son enquête qui l’a amené à découvrir les ancêtres brésiliens et les origines portugaises de Haddock.
© Algoud, Dumas - Chandeigne
Comme on en a l’habitude, un mal pour un bien, les éditions Moulinsart ont refusé l’utilisation d’images de l’œuvre de Hergé. Qu’importe ! On profite des magnifiques dessins de Philippe Dumas, illustrateur reconnu et respecté de la littérature jeunesse.
Maintenant que le lecteur tintinophile averti est incollable sur le senhor Oliveira da Figueira, on espère qu’Albert Algoud ne va pas s’arrêter en si bon chemin et continuer à nous raconter la vie méconnue des personnages secondaires de Tintin. Séraphin Lampion, Piotr Szut, ou même le Général Alcazar ne seraient certainement pas contre.
Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.
Laurent Lafourcade
Titre : Le Senhor Oliveira Da Figueira… & les aventures de Hergé et Tim-Tim au Portugal
Genre : Biographie non autorisée
Auteur : Albert Algoud
Illustrateur : Philippe Dumas
Éditeur : Chandeigne
Nombre de pages : 160
Prix : 14 €
ISBN : 9782367322261
©BD-Best v3.5 / 2025 |