Henri Reculé danse avec le loup : « Dans Jack Wolfgang, il ne suffisait pas d’importer des animaux dans une histoire d’humains, elle ne devait fonctionner qu’en les mélangeant »
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Henri Reculé danse avec le loup : « Dans Jack Wolfgang, il ne suffisait pas d’importer des animaux dans une histoire d’humains, elle ne devait fonctionner qu’en les mélangeant »

Quand les animaux s’élèvent et prennent la parole dans ce monde humain, tout ne se passe pas toujours comme sur la planète des singes. Ainsi, Jack Wolfgang, nouvelle série de Stephen Desberg, Henri Reculé et Kattrin, décrit un univers où hommes et femmes cohabitent avec les animaux autour d’un équilibre alimentaire trouvé dans le… tofu. Sauf que forcément, il y a un pépin et le prétexte est donné à une aventure à travers le monde qui n’oublie ni l’espionnage ni l’humour et les références sur le quai. Le loup est dans la place et Henri Reculé en est le témoin amusé. Interview enrichie à forte dose de bonus.

Bonjour Henri, on attendait la suite des Mille et autres nuits, vous nous revenez avec un agent secret loup. Jack Wolfgang. Mais quelle est sa genèse?

En fait, le premier tome des Mille et autres nuits est passé assez inaperçu sans que nous sachions trop pourquoi. D’autant plus que les gens qui l’avaient lu l’avaient apprécié, nous n’avons pas vraiment reçu d’avis négatif. La question s’est donc posée de continuer ou pas cette aventure. Il nous a vite semblé indispensable, à l’éditeur et à nous-mêmes, de terminer Les Mille et Autres Nuits mais sous un format différent. Ce sera donc une intégrale  regroupant  l’histoire complète qui était prévue en trois tomes. Pour le moment, j’ai terminé ce qui devait être le deuxième tome. Il ne me reste plus qu’à conclure un semblant de troisième tome, 20-30 planches, dont Stephen réalise encore le scénario.

 

 

 

 

© Desberg/Reculé/Kattrin chez Le Lombard

 

Alors, comment Jack Wolfgang s’est pointé ? C’est la femme de Stephen qui a eu l’idée d’un univers animalier, anthropomorphe. Stephen a tout de suite trouvé l’idée intéressante.  « Pourquoi, tu ne ferais pas ça? ». J’étais partant mais il nous fallait quelque chose qui soit vraiment original.

 

 

 

 

© Desberg/Reculé/Kattrin chez Le Lombard

 

De votre côté, un monde anthropomorphe, c’était une première, à peu de chose près.

J’avais quand même déjà fait ça dans les Immortels. Aussi dans le Dernier Livre de la Jungle, mais même si les animaux parlaient, ils restaient des animaux. Pour Jack Wolfgang, le scénario a connu plusieurs moutures. Au début, Jack était le seul animal qui parlait, le seul dans un monde d’hommes. Et nous racontions pourquoi : son enfance, une manipulation génétique, etc.

Dès le départ, il était prévu qu’il soit un agent secret, critique gastronomique, travaillant pour un journal. C’était assez sombre et il était question d’une mutation créée par l’homme, mais c’était un peu trop X-Men.

 

 

 

 

© Reculé

 

C’est vraiment en creusant l’idée originale que Stephen a décidé qu’il était plus intéressant d’avoir un monde où les animaux auraient évolués depuis le Moyen-Âge et les musiciens de Brême. Leurs corps s’étant humanisés, petit à petit. En tant que dessinateur, j’ai, du coup, dû faire des recherches approfondies. Il s’agissait moins de faire la différence entre le réalisme ou pas, entre le simple et stylisé et le sophistiqué, que de faire correspondre le dessin et l’histoire. En réalisant les premières planches, je l’ai trouvé ce style idéal qui fait passer l’histoire. Et de fait, il était devenu moins réaliste. J’ai opté finalement pour l’intérêt graphique.

Avec des difficultés pour certains personnages ?

J’ai beaucoup tourné autour d’Antoinette, le personnage féminin de ce premier tome. La faire trop animale dénaturait le propos. Peut-être un jour, reviendra-t-on à l’origine des personnages centraux ? Toujours est-il que j’ai cherché la meilleure manière graphique de les présenter. Il fallait trouver le bon compromis entre le mâle animal et l’humain et la femelle animale et humaine.  J’ai accentué le côté fin et félin de celle-ci.

 

 

 

 

© Reculé

 

C’est d’autant plus difficile quand des animaux et des humains sont mêlés dans une même histoire. Il y a des libertés graphiques à prendre. Après, c’est vrai que si un jour, je dois expliquer comment les animaux ont physiquement évolué, je vais avoir des difficultés ! L’important était de prendre cet univers comme le monde d’aujourd’hui ! D’ailleurs, il est sans doute plus simple de faire la Planète des singes, ce sont les animaux les plus proches de nous.

Vous avez également pris des libertés par rapport à l’échelle des grandeurs.

Oui, et ça ne va pas aller en s’arrangeant (rires) : dans le tome 2, vous aurez affaire à un pigeon « à taille humaine ».

 

 

 

 

© Desberg/Reculé/Kattrin chez Le Lombard

 

Cela implique, en tout cas, de laisser tomber les animaux de… compagnie !

Et j’ai dû y veiller plutôt deux fois qu’une. Cette fois, je ne pouvais pas dessiner d’humains avec un chat ou promenant un chien en laisse dans la rue. Des trucs que je rajoute assez facilement dans mes autres albums pour rendre l’espace et le décor plus vivant. Ici, j’ai failli tomber plusieurs fois dans le panneau ! De même que je ne pouvais pas faire d’oiseau posé sur un fil électrique, tous les animaux devaient être logiques et anthropomorphes.

 

 

 

 

© Desberg/Reculé

 

Après, cela n’exclut pas un tome qui se passerait dans un pays où des chats veulent redevenir domestiques pour échapper à la pénibilité de gagner sa vie et de trouver un travail. Tout est possible.

 

 

 

 

© Desberg/Reculé/Kattrin chez Le Lombard

 

Aussi, pour que les humains et les animaux cohabitent en harmonie, vous avez pensé à tout. Et encore plus à l’équilibre et l’harmonie alimentaire qui doit régner.

Oui, mais là encore, ça pourrait vaciller : certains animaux dits prédateurs pourraient vouloir revenir à cet esprit de chasseur. Je me souviens d’une illustration préparatoire que j’avais réalisée avec un tigre-chasseur assis dans un salon décoré avec une quantité phénoménale de têtes d’animaux sacrifiés. L’instinct prédateur peut resurgir à tout moment et pourquoi pas une histoire prochaine dans l’esprit du Comte Zaroff. Ça pourrait s’envisager.

 

 

 

 

© Reculé

 

En attendant, Jack Wolfgang, c’est surtout une histoire d’espionnage.

Oui, lorgnant plus vers James Bond que vers Bourne et dégagé de thèmes déjà bien (et trop ?) présents dans nos vies. Nous ne voulions pas faire de la politic fiction !

Et le cinéma est bien présent !

Avec des clins d’oeil. Pas que cinématographique d’ailleurs. Avant les recherches sur cet univers, j’ai relu pas mal de comics, notamment Batman Le Long Halloween de Jeph Loeb et Tim Sale. Je me souviens avoir été marqué par ces double-pages d’action où quelques bulles venaient s’ajouter pour quand même faire avancer l’histoire. Forcément, ça marque ! J’ai voulu rendre Jack Wolfgang le plus cinématographique possible, dynamique, que les images ressortent. Au cinéma, une autre influence est celle de l’explosif Kingsman.

 

 

 

 

© Reculé



Vous disiez sur votre site (qui est un véritable making-of de votre travail) la difficulté de créer des personnages secondaires…

Alors que les héros ont plus de temps « à l’écran », les personnages secondaires apparaissent peu, il faut assez vite que le lecteur les distingue, qu’ils aient « de la gueule ». Car s’ils arrivent en planche 2 avant de disparaître et de revenir sur la planche 25, ils ne doivent pas être confondus. Ils doivent être directement identifiables.

À moins de jouer avec une caricature, typée, mais ce n’est pas toujours réussi. Le maître, c’est Uderzo, il a su user de ce gimmick avec une telle intelligence. Tout le monde a remarqué Kirk Douglas, Lino Ventura ou Sean Connery en agent secret dans Astérix.

Puis il y a John Travolta et Samuel L. Jackson, période Pulp Fiction !

On ne les voit pas beaucoup mais beaucoup de lecteurs me disent les avoir reconnus facilement. Les intégrer dans une histoire, c’est quelque chose que je n’aurais pas pu faire dans une série plus réaliste, cela aurait été du mauvais-goût. Jack m’en donnait la possibilité, un ton plus décontracté. En plus, dès qu’on les voit, on n’a pas besoin de les présenter, ils ont déjà une histoire, celle conférée par Tarantino, derrière eux.

 

 

 

 

© Reculé

 

D’autant plus que leur rôle dans Jack Wolfgang correspond à celui du film. Sans que cela gêne la lecture. C’est un jeu de référence et d’hommage. Comme je le fais avec une statuette de Tigresse (Kung Fu Panda) dans un coin d’une case. C’est un jeu avec le lecteur avec des hommages plus ou moins bien cachés dans l’album.

 

 

 

 

© Desberg/Reculé/Kattrin chez Le Lombard

 

Y’aura-t-il d’autres clins d’œil, arrivées de personnages bien connus du grand écran, dans la série ?

 

Ce n’est pas calculé. Pour le moment, j’ai découpé une trentaine de pages du second tome, vingt sont finies et je ne pense pas qu’il y ait des personnages du genre de Travolta et Jackson. Encore une fois, je n’ai pas envie que ce soit du mauvais-goût, juste une distraction. Cela dit, dans les scènes de foule, il y a certainement des clins d’œil.

Et un peu de Batman aussi, dans l’ambiance, non ?

Je suis un fan de Batman. Alors, quand je peux, je glisse une petite allusion ici ou là. Pas vraiment dans Jack. Cela dit, la scène d’entrée d’Antoinette évoque clairement Catwoman. Et notamment, cet album de Loeb et Sale, Catwoman à Rome. C’est en découvrant cet album et la travail de Tim Sale en gris (avant mise en couleur) que j’ai voulu faire de même sur Jack. On peut voir plus précisément une partie de ce travail sur Jack Wolfgang dans le tirage de luxe édité aux éditions Khani.

 

 

 

 

© Desberg/Reculé/Kattrin chez Le Lombard

 

C’est assez récurent avec moi. À chaque nouveau projet, avec Stephen, on essaye une méthode différente. La couleur directe sur les immortels, juste les crayonnés sur le Dernier Livre de la Jungle (tomes 1 et 2 encrés et mis en couleur par Johan De Moor). Sur Cassio j’étais revenu à un travail plus classique mais à l’ordinateur. Sur Jack, l’envie était de garder mon effet crayon, donner plus de profondeur à la couleur…

Des scénarii qui changent et sont modifiés autant de fois, vous en aviez vécu auparavant ?

Non, c’est la première fois que Stephen a dû revoir autant un scénario. Il y en a eu cinq ou six versions avant que nous en arrivions à un monde crédible où humains et animaux anthropomorphes cohabitaient. On a testé plusieurs approches car il nous importait d’aller au fond de la « bonne idée », à quelque chose qui avait tout son sens. Il ne suffisait pas d’importer des animaux dans une histoire d’humains.

 

 

 

 

Un extrait du tome 2, à l’opéra © Desberg/Reculé

 

Non, il fallait que l’histoire n’ait plus aucun sens si les animaux disparaissaient, s’ils étaient remplacés par des hommes. Le fait que des animaux soient nos héros devait donner la substance à l’histoire. Petit à petit, le fait que les animaux parlent et vivent dans un univers d’humains n’était plus un problème et il fallait surtout que le lecteur accepte ce postulat.

Entre-temps, il y a eu Zootopie.

Oui et on a un peu flippé. Quand j’ai eu vent de ce film Disney, notre projet était déjà bien avancé. Je ne me tiens pas toujours au courant des actualités cinéma et, à la sortie du film, je me suis rendu compte que les gens l’attendaient depuis… deux ans. Cette enquête dans un monde d’animaux qui ne se mangent plus entre eux, ça ressemblait à Jack Wolfgang. Stephen et moi-même, nous avons été le voir au cinéma… en gardant à l’esprit qu’en sortant de la salle, on abandonnerait peut-être notre projet. Ouf, l’aspect alimentaire était présent mais ils n’expliquaient pas de quoi les animaux se nourrissaient du coup. Nous, on a trouvé un substitut ! Et puis Zootopie c’est un monde purement animalier.

 

 

 

 

© Reculé/Kattrin

 

J’avais remarqué Sherlock Fox, paru chez Glénat en 2014, un autre album BD dans lequel la paix est de mise entre les animaux. Là encore, ce n’était pas comme dans notre histoire.

Cela dit, il y a plein d’autres dessins animés, BD avec des animaux…

… et arrive la difficulté de créer des personnages originaux. J’ai dû combattre ça. Après deux mois de recherches graphiques, je me suis ainsi rendu compte que je faisais mon loup comme je le faisais dans le Livre de la Jungle façon Disney… Notons que Jack Wolfgang est le seul loup de cette histoire et que je cherche des animaux plus rares : un tigre, un lion… Ceux qui auront des rôles importants.

 

 

 

 

© Reculé

 

Petit à petit, je me suis rendu compte que je ne devais pas enfermer mes personnages dans leur costume humanisés, les faire bondir, surgir, envoyer valser les chaussures et la cravate. Garder le côté animal, en fait ! Quant aux costards, c’est bien mais ça devait avoir un intérêt, pas juste être cool, encore plus quand nos personnages sont des animaux très poilus. Il ne fallait pas les enserrer. Sauf notre ours, l’un des méchants de l’histoire qui ajuste son costume pour jouer à l’humain !

J’ai eu pas mal de boulot pour le physique d’Antoinette, notre héroïne. J’ai beaucoup cherché, ça ne donnait rien. C’est en tombant par hasard sur une couverture de Tigresse Blanche de Didier Conrad, que j’ai été séduit par le côté moins réaliste et néanmoins élégant de son personnage féminin. Ça a été le déclic, la clé pour mieux développer notre panthère. On ne sait jamais d’où peut venir l’inspiration.

 

 

 

 

© Desberg/Reculé/Kattrin

 

Et Blacksad ? Oui, non ?

J’avais lu les deux ou trois premiers tomes à l’époque de leur sortie. Je n’ai pas voulu les regarder à nouveau, de crainte d’être trop influencé. C’est une BD animalière plus réaliste que ce qu’on peut voir habituellement. Quand Stephen est arrivé avec son histoire d’animaux, je ne pouvais pas refuser, j’ai toujours aimé dessiner des animaux. Mais étant donné que Blacksad reste une référence dans la BD dite animalière, il fallait absolument éviter toute ressemblance sinon l’aventure n’avait que peu d’intérêt. Jack Wolfgang existe pour ce qu’il est. Il n’est pas là pour réinventer le genre comme… Canales et Guarnido l’ont fait avec Blacksad.

Il ne fallait pas faire que ça, pas juste ouvrir une porte déjà ouverte. J’ai gardé ça à l’esprit dans mon approche graphique, plus personnelle, tandis que Stephen s’est efforcé d’approcher une histoire qui ne pouvait être racontée que dans cet univers mêlant humains et animaux.

 

 

 

 

© Desberg/Reculé/Kattrin

 

Jack Wolfgang rassemblera donc des tomes qui se veulent être à chaque fois des histoires complètes.

Exact ! Il n’y aura pas nécessairement de fil rouge. Dans une série, si tout se passe bien, les tomes 1 sont rarement les mieux dessinés. Mais quand on arrive au tome 10 d’une série à suivre, on se retrouve bien embêté de conseiller aux lecteurs de commencer par le tome 1 qu’on a depuis un peu renié. Le but est quand même de s’améliorer d’album en album. Depuis 1996, je n’avais jamais fait une histoire complète en un album, il était temps.


Autre première, ce fameux tirage de luxe. Le premier de votre carrière. Une sorte de reconnaissance ?

Une reconnaissance, je ne sais pas. Mais c’est sympa d’avoir un bouquin qui soit plus grand que la normale. Puis, dedans, en plus de l’album, il y a un dossier de 20 pages de recherches, et d’illustrations préparatoires.

 

 

 

 

© Reculé

 

Autre matériel ajouté, les couvertures. Aux prémisses, j’avais un seul projet de couverture que je pensais être le bon. C’était sans compter mon éditeur. J’ai donc fait deux propositions supplémentaires, assez définitives. Là encore, elles ont été recalées, parce qu’elles ne donnaient pas une idée assez précise de ce que véhiculait la série. Polar, aventure, thriller ?  A partir de là le concept de la couverture, inspirée des James Bond des années 60 avec Sean Connery, est plus venu de l’équipe artistique du Lombard. Vous savez, ces affiches avec un personnage noir et blanc sur un décor dont la couleur était unie.

Du coup, il y avait le choix pour la couverture du tirage de luxe, avec une belle mise en valeur pour une des couvertures refusées. Sans doute donne-t-elle d’ailleurs mieux en grand format. Je dois avouer que j’aurais peut-être stressé si on m’avait demandé de créer directement une couverture pour le grand format.

 

 

 

 

© Desberg/Reculé/Kattrin chez Le Lombard

 

La suite s’annonce chargée : un tome 2 en 2018 et deux tomes en 2019.

Le deuxième tome sera Le Nobel du pigeon qui mettra en relation le Prix Nobel et, forcément, un pigeon. On va se dégager de la thématique alimentaire du premier tome, donc. Il y a eu un quiproquo, et on s’en est rendu compte lors de nos rencontres avec des journalistes [le second tome était déjà écrit], beaucoup pensaient que nous allions rester dans ce champ. Le côté gastronome leur parlait beaucoup. Mais pas du tout. Il y aura toujours quelques éléments dus à la profession de Jack mais sans s’épancher.

 

 

 

 

© Desberg/Reculé


Peut-être la recette présente en fin de tome et œuvre d’une candidate de Masterchef les a induit en erreur ?

La proposition initiale était de moi. Je trouvais ça chouette que, pour donner plus de vie à notre héros, on fasse comme si c’était vrai. En authentifiant son action via un article de critique, une recette. L’idée a fait son chemin et on s’est mis en tête de demander à quelqu’un dont c’était le métier d’intervenir. Et c’est ainsi qu’Audrey est arrivée dans l’aventure, a proposé sa recette de tofu qui s’est vue critiquer par Jack Wolfgang dans son prestigieux journal. L’idée au départ était de faire une recette par bouquin mais comme on se dégage de l’alimentation, peut-être devra-t-on trouver autre chose que l’alimentaire.

Ce deuxième opus va donc s’intéresser à la perception que l’on peut avoir des capacités d’un animal à l’autre. Un pigeon va être vu comme bête tandis qu’un renard sera rusé. Et un pigeon va vouloir changer les consciences… quitte à employer des méthodes radicales. On ne peut pas dire plus pour le moment.

 

 

 

 

© Desberg/Reculé

 

Enfin, vous nourrissez un autre projet très personnel : Kunoïchi, un webcomic.

Une Kunoïchi, c’est une femme-ninja. C’est un projet que j’écris depuis quinze voire vingt ans, autour de ma passion du Japon. Forcément, il y a eu plusieurs versions de cette histoire mais cela fait un an ou deux que j’ai ma version définitive ou presque.

 

 

 

 

© Henri Reculé

 

C’est un projet très « fanboy » et donc très complexe à proposer. Et s’il n’y avait que moi que ça intéressait ? Dans un premier temps, je ne l’ai pas proposé aux éditeurs, je pensais qu’ils ne seraient pas intéressés. Or, le temps passant, j’ai vu différentes séries naître sur ce thème japonais. Certains auteurs avaient eu « moins de scrupule » que moi ! (Rires)

 

 

 

 

© Henri Reculé

 

Du coup, je n’ai plus voulu remettre mon projet au lendemain, de peur que le jour où je le ressortirais, le marché soit bombardé de séries de ce genre, qu’il se soit épuisé. Après, j’ai donc présenté mon projet à gauche et à droite, je n’ai pas vraiment eu de réponse positive. D’autant plus que je ne suis pas encore un dessinateur dont on peut acheter les yeux fermés tout ce qu’il fait juste sur son nom. Pour que les lecteurs viennent à moi, les thèmes que je mets en récit doivent plaire et je ne peux pas me permettre de faire n’importe quoi. Donc je réalise Kunoïchi, pour le moment, sous forme de webcomic, je le fais quand je veux et le peux surtout. 35 planches sont disponibles sur le site dédié.

 

 

 

 

© Henri Reculé

 

Cela dit, c’est compliqué à envisager puisqu’en tout l’histoire devait compter un ou deux gros bouquins. En faisant plein de concessions j’arrivais à 280 pages. Mais finalement, j’ai envie de raconter mon histoire comme je le sens sans tenir compte d’une pagination. Des pavés dans la veine des graphic novel américains. Avec peut-être 200, 300, 400 ou 500 pages qui ne compteraient que quelques images par planches. En noir et blanc, et gris, a priori.

 

 

 

 

© Henri Reculé

 

J’aime bien cette idée même si depuis que j’ai vu le dessin animé Miss Hokusai, très beau dans ses couleurs et ambiances, je me demande si je ne pourrais pas intégrer des couleurs qui ne soient pas trop sophistiquées à mon projet. Le problème étant le nombre de pages. Je me suis renseigné sur la possibilité de le faire en autoédition, ce n’est pas impossible que je passe par là, ça limite les frais.

Et l’histoire ?

Nous ne serions ni dans l’aventure, ni dans le récit de samouraïs ni même dans la philosophie japonaise trop souvent rendue cliché par les albums s’y intéressant. La prémisse c’est: « une femme assassin fait équipe avec un policier non-violent pour arrêter un tueur en série et découvre la valeur de la vie humaine. »

 

 

 

 

© Henri Reculé

 

Sur un fond historique, Edo au début du XVIIème siècle, nous suivons une enquête sur des assassinats menée par un duo composé d’une kunoïchi et d’un policier. Au fil des pistes, des suspects, j’ai envie de montrer le Japon de cette époque à travers des détails peu connus. Notamment le fait que les policiers, samouraïs de classe inférieure, devaient arrêter un samouraï présumé coupable sans le blesser. D’où en quelque sorte les arts martiaux permettant de combattre à mains nues et sans utiliser son sabre. Dans mon esprit, c’est plus un polar qu’une histoire de samouraï.

On a hâte de découvrir ça en tout cas !

Propos recueuillis par Alexis Seny

 

 

Série : Jack Wolfgang

Tome : 1 – L’entrée du loup

Scénario : Stephen Desberg

Dessin : Henri Reculé

Couleurs : Kattrin

Genre : Anthropomorphe, Action

Éditeur : Le Lombard (édition de luxe chez Khani)

Nbre de pages : 64  (80 pour la version de luxe)

Prix : 13,99€ (150€ pour la version de luxe)

 



Publié le 16/11/2017.


Source : Bd-best

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