Vivre de sa passion ou vivre pour sa passion. Si l’on devait classer les auteurs de bandes dessinées dans l’une de ces catégories, Kris Arnal ferait partie de la seconde. Véritable passionné du 9ème Art, il a adopté le principe du « Pourquoi pas moi ? » et s’est lancé dans le scénario il y a déjà quelques années. Sa série Moustik compte déjà trois albums au compteur. En exclusivité pour BD Best, Laurent Lafourcade a rencontré Kris Arnal pour un entretien empreint de sincérité.
Bonjour Kris. Peux-tu nous dire qui est Moustik ?
C’est un adolescent, plutôt maladroit, naïf. Il se laisse un peu faire. Il est très attachant. Il subit pas mal de moqueries à l’école et c’est assez compliqué pour lui. Je pense que c’est le cas de beaucoup actuellement.
Tu montres comment à cause d’une situation de moquerie et de harcèlement un adolescent va tenter un dépassement de soi. Est-ce que tu penses que c’est quand on touche le fond qu’on peut remonter ?
Alors, je ne suis pas spécialiste, mais je pense que oui malheureusement. On a toujours la force mentale qui nous permet de rebondir. Au début, quand j’ai inventé ce personnage, je ne pensais pas que ça toucherait autant le public. Je m'aperçois que je reçois beaucoup de messages des lecteurs qui ont subi des moqueries et qui en subissent encore. Harcelés, ils se retrouvent un peu dans Moustik. Comme il a des super pouvoirs, cela les rassure et leur remonte le moral. Alors, rien que pour cela, ça me fait énormément plaisir, même si à la base je n’avais pas vraiment visé ce thème. Moi, je voulais tourner la situation autour d’un personnage basique, ordinaire.
Avec le personnage de la mère de Moustik, tu ajoutes une touche d’humour. Est-ce pour apporter une respiration dans une histoire au fond sérieux ?
Oui, mais j’avoue je voulais faire juste la mère un peu trop possessive. Après, elle le lâche un peu dans les épisodes suivants. Je voulais insister sur le fait que s’il était appelé Moustik, c’était à cause ou grâce à sa mère. Elle l’a un peu trop couvé étant adolescent et ça ne lui apporte que des ennuis.
Les jeunes sont assez cruels entre eux. Est-ce un phénomène contemporain ou bien est-ce que ça dure depuis que l’école existe ?
Depuis que l’école existe, je ne sais pas, mais je pense que c’est récurrent. Tout le temps, on entend des histoires qui se sont passées. On en entend souvent à la télé, dans l’entourage aussi. Ce sont des problèmes qui nous touchent tous. Malheureusement, j’ai bien peur qu’avec les réseaux sociaux le phénomène ne fasse qu’augmenter.
Tu apportes aussi des touches que l’on croit au départ être du fantastique mais qui sont en fait des situations qu’imagine Moustik. Tu fais marcher le lecteur sur un fil tout en restant toujours dans la réalité.
En fait, je voulais apporter une touche de magique car si c’est parler d’un gamin qui est un ado ordinaire avec une vie ordinaire cela ne va pas toucher les gens. Tout le monde ne peut pas voir ce qui se passe et lui-même ne peut pas se contrôler quand il est transformé. Il ne sait pas en quoi il se transforme, il ne sait pas ce que cela va lui apporter ou résoudre comme problème. Dans toutes les histoires, j'essaie d’apporter un peu de magie, car la réalité est assez dure. Si en plus, je fais un album qui reste réalité sans un soupçon de rêve ou de magie ça ne sert à rien.
Ne peut-on quand même pas qualifier Moustik de super-héros ?
Moustik est loin de sauver le monde. S’il arrive à sauver son adolescence, ce ne sera déjà pas mal. Peut-être est-il un super-ado, oui plus super-ado que super-héros. J’ai envi que ce personnage ne reste pas basique. Oui, on peut dire super-ado, ça me va ça, j’aime bien.
Dans son voyage initiatique aux Etats-Unis dans le tome 2, on fait la connaissance de Nelson qui le coache. As-tu pensé à Mickey Goldmill qui entraîne Rocky Balboa ?
Comme tout le monde, j’ai regardé tous les Rocky. C’est une histoire que j’aurais aimé écrire. Je ne voulais pas faire un copié collé, mais j’ai eu envie de mettre un coach. Moustik avait besoin d’être secoué. Il avait besoin d’aller voir ailleurs. Ce type l’a aidé. Il a pu partir avec lui aux Etats-Unis. J’ai trouvé que c’était un bon plan pour décoller pour New-York. C’est une ville que j’aimerais visiter plus tard.
Moustik revient d’Amérique, très sûr de lui, prétentieux. Tu affiches les défauts de ton personnage. C’est rare.
Justement, on m’a fait une critique là-dessus. On m’a dit qu’à chaque fois qu’il se transformait en super-héros, il lui arrivait toujours une bêtise. On m’a reproché de le descendre. Mais je pense, et là les adolescents vont me tomber dessus, que chacun d’eux a, ou bien a eu, moi y compris, le côté prétentieux et arrogant de se croire le plus fort du monde. Je veux continuer à montrer que Moustik reste un ado, même si c’est un super-ado, qui veut faire le mec fort mais à qui il reste des failles.
Comment as-tu rencontré Alexandre Chair ?
Je l’ai rencontré en discutant avec lui par internet. Mes rencontres avec les dessinateurs se passent par les réseaux. C’est là qu'il y a une vie, impressionnante de talents. Alex est de Paris. On a fait des albums et on a eu la chance de se rencontrer il y a deux ans sur le festival de BD de Cajarc où on a été invités tous les deux. J’ai donc pu voir mon complice. On a bien sympathisé. A l'époque, on n’avait fait qu’un album. Nous voilà à trois et le tome 4 de Moustik est prévu pour fin 2021. Ça marche bien.
Quand je rencontre virtuellement un dessinateur, il faut que ça accroche bien avec la personne. Pour la couverture du tome 1, avec le dessin de la tête de Moustik, je lui ai demandé comment tu vas il allait dessiner le personnage. Je le lui ai décrit et c’est le premier dessin qu’il m’a sorti. Lorsque je l’ai vu, je me suis dit qu’il était le bon dessinateur. Je marche au coup de cœur, qu’importe si la personne est un pro ou un amateur. Alexandre Chair n’avait jamais publié mais voilà j’ai flashé. Maintenant, on a d’autres projets ensemble en plus de la suite de Moustik.
A-t-il adapté son graphisme à ton récit ou bien est-ce son trait qui a orienté le cours de ton histoire ?
Lui est plus dans le manga. On nous a dit une fois dans une critique qu’on flirtait avec le manga. Ça c’est bien parce que ça ne fait que flirter. Pour le côté magique, je trouve que ça colle très bien au visuel.
L’originalité de ses décors est qu’ils sont faits à partir de photographies travaillées et colorisées. C’est surprenant au début, mais le procédé s’avère original et efficace. As-tu été toi-même surpris la première fois que tu as vu ça ?
Oui, franchement agréablement surpris. Les pros ne se sont pas faits avoir. Ils ont remarqué que c’était tiré d’une photographie. C’est original, ça reste efficace et ça fait son effet. J’ai laissé faire Alex. Au niveau texte, c’est moi qui donne mon avis final. On travaille en collaboration. Pour ses cadrages, ses couleurs, ses mises en pages qui sont assez explosives par moment, il est fabuleux. J’adore travailler avec lui.
Tu adores le cinéma américain à grand spectacle, preuves en sont les allusions à Spiderman ou autres James Bond. Quelles sont tes références en matière de cinéma ?
Malgré que Moustik se soit transformé une fois en lui, je n’accroche pas trop à James Bond. C’est le clin d'œil au style. Je suis plus Spiderman que Superman. J’aime bien aussi Batman. J’aime bien ce côté charismatique du héros que je voulais donner à mon personnage. Je voulais, disons, que Moustik ait 30% de charisme.
Flaubert disait : « Madame Bovary, c’est moi. » Pourrais-tu dire « Théodore de Guerville dit Moustik, c’est moi. » ?
Moi ? Non, je ne pense pas. Quand j’étais gamin, je n’étais pas meneur de bande, plutôt le solitaire qui avait un calepin et un crayon dans son coin. Je n’étais pas un artiste, je ne me considère toujours pas comme tel.
Si j’ai choisi ce nom, Théodore de Guerville, c’est parce que j’ai pensé que, le pauvre étant déjà naïf et malchanceux, il valait mieux éviter de lui donner un nom accentuant son côté perdant.
Tu rêvais d’être dessinateur. As-tu pensé dessiner Moustik toi-même ?
Quand j’étais adolescent, je dessinais, je me rêvais dessinateur. Je savais reproduire des photos, comme je sais reproduire Moustik pour une dédicace parce que ça fait trop plaisir aux gamins d’avoir une dédicace, même si ce n’est pas celle du dessinateur. Je m’applique avec plaisir à faire le mieux possible.
Quand tu veux être dessinateur et que tu te rends compte un jour que tu n’as pas le niveau, ça ne sert à rien d’insister. Par contre, on va dire que j’assouvis mon rêve quand même à travers d’autres artistes et à travers mes histoires. Je suis aussi heureux maintenant d’être scénariste BD jeunesse que si j’avais été dessinateur.
A un moment, je me disais que j’avais des rêves mais que ça n’intéressait personne. J’avais des histoires dans mes tiroirs et j’avais laissé tomber. Et puis j’ai rencontré ma femme (qui l’est toujours), je lui ai raconté, montré mes histoires, raconté ce dont je rêvais. Un jour elle m’a dit que si au lieu de parler j’agissais ce serait bien. Je l’ai écoutée. J’ai pris confiance en moi.
En 2011, avant même d’avoir écrit les histoires, j’avais aussi un rêve qui était d’organiser un festival de BD. Je l’ai fait dans un tout petit village à Saint-Félix (46), avec une quinzaine de dessinateurs invités. Le président du festival était William Maury, le dessinateur des Sisters, devenu un ami maintenant. J’ai parlé avec des auteurs sur place comme Garréra ou Jean-Christophe Vergne qui m’ont encouragé à me lancer. Et c’est parti de là. Depuis, j’ai arrêté l’organisation du festival parce que ça prend beaucoup de temps.
En 2012, j’ai fait le premier album et ça a enchaîné. Maintenant, je n’ai plus envie d’arrêter. J’ai fait des albums qui ont plu moins que d’autres. Moustik, j’avoue, au début, ça a été un peu lent pour se faire connaître. Maintenant, je m'aperçois que j’ai des commandes d’albums qui n'avaient pas eu lieu dans l’année et que les gens me réclament pour Noël.
Tes lecteurs te sont donc fidèles.
C’est ça. Ils cherchent à se procurer la suite de Moustik qui n’arrive pas toujours aussi vite qu’ils le voudraient. Mais j’ai aussi cinq projets de livres jeunesse en cours. Je négociais tout à l’heure avec un dessinateur. J’ai une espèce de boulimie de projets. J’ai l’impression d’avoir du retard dans mon côté artiste. Je n’ai pas de frein dans mon imagination.
Revenons au thème général du harcèlement scolaire. C’est une cause dans laquelle tu es engagé.
Je m’y suis retrouvé engagé malgré moi. Je vais être honnête, quand j’ai fait Moustik, j’étais sur le côté ado, pas méchant… C’est quand mes lecteurs m’ont écrit et m’ont raconté que leur fils ou leur fille se faisait harceler, que ça n’allait pas, que je me suis dit que Moustik pouvait devenir un porte-parole ou une aide pour ces gamins. Je le souligne dans mes dédicaces. Je me mets une pression positive. Je ne peux pas décevoir.
Les éditions Bamboo sont aussi engagées avec l’album Seule à la récré. L’as-tu lu et si oui qu’en as-tu pensé ?
Oui, je l’ai vu. Maintenant, le harcèlement n’est plus tabou. Avant on disait que c’était des querelles de gamins, que ce n’était rien. Si un grand éditeur comme Bamboo prend l’initiative de sortir cet album qui est très réussi sur ce sujet, c’est formidable. Je l’ai lu et j’ai adoré.
On a entendu parler d’une collaboration avec Steffel Palitta. Qui est-ce ? Et qu’allez-vous faire ensemble ?
Steffel Palitta est un youtubeur. C’est un mec qui est parti de rien. Il a fait sa propre marque de fringues. On a sympathisé par l’intermédiaire de ma fille qui le connaissait. On a discuté et on va faire une BD “publicitaire” avec Moustik qui va tourner autour de chez Steffel. Ça va se dérouler dans une salle de sport. Alex l’a dessinée. Ça va permettre de donner à Moustik un autre public que le public actuel. Je pense que Moustik peut toucher toutes les jeunesses.
Tu as dit : « Les enfants ne mentent pas. Leurs sourires, leur regard révèlent ce qu’ils pensent. Et ça me fait chaud au cœur ». Ne seraient-ce pas eux qui auraient les solutions aux problèmes de la société ?
Effectivement, un enfant, ça ne ment pas. Je ne sais pas s'ils pourraient la changer mais actuellement on ne leur laisse pas une société au top.
A ses débuts et jusqu’au milieu des années 80, le festival d’Angoulême accueillait pléthore de ces jeunes auteurs aux styles imparfaits mais ô combien amoureux de la bande dessinée et respectueux du média. Avec Alexandre Chair, vous entrez dans cette catégorie. Votre série respire la sincérité et la passion. Dans la surproduction actuelle, y a-t-il encore en 2020 une place pour ce style de bande-dessinées ?
Je vais dire oui, il reste une place. Mais en même temps, il y a tellement de talents que je rencontre dans les festivals, que je me dis que c’est un miracle que j’ai pu trouver mon public. On peut me faire le reproche que je ne suis qu’un amateur, ce que je conçois car j’ai un autre métier à côté. Je le fais car ça me fait plaisir et je le fais avec passion. Je ne cherche pas à devenir professionnel. Pour moi, ça me fait plaisir quand tu me dis que mes albums respirent la sincérité et la passion. Quand je fais un livre, je ne me dis pas combien je vais en vendre. Je suis simplement content d’en vendre. Mais en premier lieu, je me demande si ça va plaire, si ça va plaire à mes lecteurs, s’ils vont m’écrire pour me donner leur avis. Je ne refuse pas les critiques négatives, parce que la plupart du temps ce sont celles qui font avancer.
Avant de te lancer dans la bande dessinée, tu as publié des albums jeunesse. Il y a d’abord eu Le mal du bocal en 2012.
C’est l’histoire de Lilou et Elliott. Un petit poisson qui s’appelle Elliott, un peu téméraire, veut refaire le monde parce qu’il se sent plus fort que les autres. Un jour, il rencontre l’hameçon de Lilou et de son grand-père qui étaient en train de pêcher. Elliott se fait attraper par Lilou. L’histoire commence là, c’est l’amitié entre Lilou et le petit poisson. Le grand-père veut le manger et la petite fille demande à le mettre dans un aquarium, pensant le rendre heureux. Lilou et Elliott parlent tous les deux et la fillette se rend compte qu’il est triste. Elle le relâche. Le mal du bocal est un titre qui a été trouvé par Laurent Pinaud. C’est lui qui a fait les très beaux dessins. Malheureusement, l’album n’est plus disponible. J’en ai vendu beaucoup en festivals. Ce n’est pas le même public que pour la bande dessinée.
Tu poursuis avec Mattéo et la machine infernale.
Alors là c’est plus intimiste. Je ne pense pas que j’aurais pu toucher le prix Goncourt avec ça. Mattéo, c’est mon fils quand il était petit. Il a seize ans aujourd’hui. La machine infernale, c’est le tracteur conduit par mon propre grand-père qui s’appelait Roger maintenant décédé. Mon grand-père était quelqu’un d’ordinaire pour les gens mais extraordinaire pour moi. J’ai voulu lui rendre hommage, ainsi qu’à mon fils. Ce n’est pas une histoire qui n’est pas vraie. C’est vraiment un livre intimiste. Quand je l’ai fait, je n’ai pas pensé aux ventes. Mon grand-père était encore parmi nous quand je l’ai publié. Il l’a lu et en a été très ému.
Tu passes ensuite à un livre plutôt décalé : Les zani’mots.
En fait, mon fils Mattéo était à l’âge ou l’on pose des millions de questions. On était en voiture et il me dit : “Papa, ça tremble dans mes pieds, ça pique, qu’est-ce qu’il se passe ?”. Je lui réponds : “Ce n’est rien, tu as des fourmis dans les pieds.”. Il a commencé à flipper. “Papa, Papa, j’ai des fourmis !”. Je lui ai alors expliqué l’expression « Avoir des fourmis dans les pieds ». Et c’est de là que tout est parti. Je me suis donc amusé à expliquer des expressions comme ça dont les gamins ne connaissaient pas le sens. Dans ce livre, on trouve d’un côté l’expression avec sa définition, de l’autre une illustration de Patrick Nater, dessinateur suisse très talentueux. Rien qu'en regardant le dessin, tu comprenais l’expression. J’ai un autre projet dans le même genre.
Pourquoi as-tu dévié vers la BD ?
J’avais assouvi mes rêves de faire un festival BD et un livre jeunesse, il me restait à faire de la BD. Je me suis donc lancé. Ce projet, je l’avais depuis longtemps. Je sais aussi que tôt ou tard je ferais un roman, parce que j’ai ce besoin d’écrire sans visuel. J’ai un ami écrivain qui me donne des conseils. Je veux toucher à tout en fait, à tout ce qui est livre. Je ne me mets plus aucun frein, je joue à « Cap ou pas cap ». Si je me plante parce qu’il n’y a pas de succès, tant pis, mais je l’aurai fait.
Comment un auteur inconnu se fait-il éditer la première fois ?
Alors là, c’est du bol. Avec mon complice, on mettait des photos par ci par là sur internet. Un jour, j’ai la chance d’avoir un éditeur numérique canadien qui me contacte. J’adore l’édition du livre. C’est bien le numérique. Il y a des gamins qui aiment lire sur ce support. Moi, je suis encore à l’ancienne : le papier, le touché, sentir l’encre de la BD,… Mais j’ai quand même accepté, et heureusement, parce qu’un jour, un éditeur papier, quinze mois après, m’a dit qu’il aimerait publier ce livre en version papier. .
Les éditions YIL qui publient Moustik, est-ce que c’est une forme d’autoédition ?
C’est un imprimeur-éditeur. C’est un imprimeur qui a été malin. Il fait un travail de qualité, et qui très réceptif. Il peut tout gérer. Lorsqu’il m’a manqué des exemplaires du tome 1 de Moustik, il me les a envoyés en quelques jours. Ça reste un petit éditeur. Ce n’est pas péjoratif. Heureusement qu’on en a. Ça permet d’assouvir nos rêves. Je sais très bien que les gros éditeurs comme Casterman ou Bamboo ne vont pas s’intéresser à moi.
As-tu déjà pensé à te lancer dans le financement participatif comme Ulule ?
J’y ai pensé. J’y pense encore d’ailleurs, mais ça dépendra car je veux publier d’une façon ou d’une autre. Alors, si je le fais par Yil je le ferai, si je passe par Ulule ou autre, je le ferai aussi. Honnêtement, je ne l'exclue pas. Sans le financement participatif, beaucoup de projets ne verraient pas le jour.
Est-ce que tu vis de ta passion pour la BD ?
A quinze ans, j’avais espoir d’en vivre, d’être dessinateur. J’ai un métier alimentaire à côté dans la grande distribution parce que j’ai une famille. C’est un boulot qui n’a pas de rapport avec le milieu artistique. J'aurais aimé avoir un travail qui touche le milieu du livre. Je n’ai pas cette chance. Mais je ne cherche pas. J’ai des tas de copains pros, mais ce n’est pas mon but. Mon but est de publier.
Dans tes projets, il y a un quatrième tome de Moustik ainsi qu’un autre album avec Alexandre Chair. Peux-tu nous en dire plus ?
C’est un livre qui m’est cher aussi. J’ai deux enfants et j’avais promis à ma fille Morgane qu’un jour je ferais un livre dont elle serait l'héroïne. On en a parlé avec Alex, ça y est on est dessus. Ça va s’appeler “Le chat maléfique”. C’est l'histoire de Morgane qui a un frère et deux amis. Ce sont des ados dans un petit village où ils mettent un peu la pagaille… même beaucoup. Un jour, malgré les recommandations de Morgane, ils vont se retrouver en pleine forêt pendant un orage. Un chat maléfique va leur jeter un sort et ils vont se retrouver transformés. Je n’en dis pas plus. Ce ne sera pas une série comme Moustik mais un one shot.
Tu cherches aussi un dessinateur qui sait faire des petits monstres.
Oui, j’ai lancé un appel sur Facebook et j’ai eu plus de soixante-dix réponses. Moi qui suis quelqu’un qui n’aime pas vexer… Je ne peux pas non plus dire oui à tout le monde. Ce sera pour un livre jeunesse. A part « Le chat maléfique » qui est une BD, mes autres nouveaux projets sont dans le livre jeunesse.
Merci Kris !
Propos recueillis par Laurent Lafourcade
Toutes les images de Moustik sont
© Kris Arnal, Alexandre Chair – YIL Editions
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