« - Vous… Vous n’étiez pas obligée de prendre ma défense… de… d’avoir pitié de moi.
- Je n’ai pas pitié de toi… Et si quelqu’un doit inspirer la pitié ces temps-ci… c’est plutôt moi.
- Pourquoi ? Que vous arrive-t-il ?
- « Tu ». J’ai dû quitter mon appartement le mois dernier pour rachat, j’ai été plaquée par mon copain la semaine dernière et virée de mon boulot aujourd’hui… On dirait que plus personne ne me supporte.
- Je peine à le croire. Une personne aussi charmante que vous…
- C’est du sarcasme ou de la drague ?
- Je ne vous connais pas assez… ni pour l’un, ni pour l’autre. Alors, disons… que c’est de la politesse. »
Dans un Paris futuriste, humains et robots cohabitent dans une société pas très égalitaire. Si certains ont des droits, d’autres ont plutôt des devoirs. Karel, robot à forme humaine, vient de rencontrer Elle, une humaine dont la roue de la vie ne tourne pas trop dans le bon sens en ce moment. Elle était serveuse, dans un café dégueulasse comme elle dit. Elle retrouvera certainement un autre boulot mal payé avec des horaires pourris. Karel a fait des études de journalisme jusqu’à ce qu’on l’accuse de ne pas vérifier ses informations et de chercher le buzz… comme les humains. A présent, il est confesseur encourageant. Il écoute des gens se plaindre et réponds ce qu’ils veulent entendre. Entre Elle et lui, ça va être différent… parce qu’il y aurait comme une petite étincelle.
© Kid Toussaint, Martin - Dupuis
Depuis le visionnaire Metropolis de Fritz Lang en 1927 jusqu’à Zoé, film Netflix avec Ewan McGregor, Léa Seydoux et Christina Aguilera, le cinéma et la littérature ont exploré les relations entre les hommes et les robots. Isaac Asimov a transcendé le concept avec ses nombreux romans et nouvelles et ses trois lois fondamentales protégeant les humains des robots.
Première Loi : « Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger. » (Karel y fait d’ailleurs allusion dans cet album) ;
Deuxième Loi : « Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi. » ;
Troisième Loi : « Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. »
© Kid Toussaint, Martin - Dupuis
Andrès Garrido, professeur de dessin espagnol, signe son premier album. Ouvert à tous les styles, il puise ses influences aussi bien dans le manga (Karel a une légère ressemblance avec Astro Boy d’Osamu Tezuka) que le franco belge, tout en s’autorisant des découpages lorgnant parfois vers le comics. Il insuffle de la vie et de l’amour dans cette histoire qui en dégage tant. Garrido a vu Quand Harry rencontre Sally, Ghost, Eternal sunshine of the spotless mind et La belle et le clochard. Sans jamais nommer la ville, il pose des indices montrant que l’histoire se passe dans un Paris futuriste. On y voit une cathédrale sur une île, comme un vestige de Notre-Dame-de-Paris et on aperçoit une Tour Eiffel bardée d’antennes satellites étouffée par des immeubles qui l’entourent.
Plus que des couleurs, le dessinateur pose des ambiances, chaque séquence ayant un ton bien déterminé, les rouges-bleus de nuit dominant l’ensemble.
© Kid Toussaint, Martin - Dupuis
Dans la KidToussaint Mania du moment (sept albums en deux mois, tous très bons dans leurs genres), et surfant sur les traces d’œuvres comme le film A. I ou la série Real Humans, Love Love Love se détache du lot. Pourquoi ? Parce qu’on ne sort pas de sa lecture comme on était avant d’y entrer. Il est impossible de ne pas être amoureux après l’avoir lu, peu importe de qui, mais cette histoire met des papillons dans les cœurs.
Trois mots suffisent à résumer l’histoire et les ressentis à la lecture de cet album : ce sont Love, Love et Love.
Laurent Lafourcade
Série : Love Love Love
Tome : 1 – Yeah Yeah Yeah
Genre : Aventure fantastique
Scénario : Kid Toussaint
Dessins & Couleurs : Andrès Garrido Martin
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 56
Prix : 12,50 €
ISBN : 9791034733569
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