Ça y est, c’est la razzia. Sans rien envier aux rayons musicaux, cinématographique ou de gaming, celui des bandes dessinées est une valeur sûre des cadeaux de Noël. Et il y a du choix. À l’heure où les mastodontes de la presse font leurs tops 10 des albums à offrir (souvent les mêmes, ultra-populaires), on a voulu vous présenter le travail de Wanch, un auteur bien de chez nous. De ceux qui nous soignent aux petits oignons sans nous envoyer dans les roses même avec des personnages à fleur de peau. In Bloom, c’est le premier album de ce Montois qui a du talent à revendre. Rencontre.
Bonjour Wanch, la première chose qu’on voit de vous, c’est cette couverture minimaliste blanche, vide autour d’un personnage assis sur une chaise et face à un pot de fleur. Comment avez-vous conçu cette couverture ? Après beaucoup de recherches ? Là où certains jouent la surenchère, vous jouez la sobriété mystérieuse, non ?
Pour la couverture, il y a eu deux phases. Alors que j’y réfléchissais, un jour je suis tombé par hasard sur une photo dans un journal. Il s’agissait de la photo « Graine de pavé » du photographe Irving S.T. Garp, on y voit une petite fille assise sur une chaise et regardant une fleur pousser entre les pavés. J’ai tout de suite su que je voulais m’en inspirer pour la couverture de l’album, c’était une évidence, et quand j’ai vu que l’auteur de la photo était de ma région, ça n’a fait que renforcer mon élan. Je l’ai contacté pour avoir son autorisation et il a très gentiment accepté.
© Wanch
Ensuite, je ne voulais évidemment pas faire une pâle copie mais réinterpréter à ma sauce. Et le côté épuré qui devait appuyer l’isolement de Jeremy et de la fleur s’est imposé naturellement. Dans l’histoire, ils sont un peu seuls au monde et tout ce qui les entoure devient « effacé » pendant un moment. Le choix du blanc aussi était volontaire ; je voulais qu’on ne voie qu’eux et puis, en librairie, on voit beaucoup de couvertures avec pas mal de couleurs, je voulais trancher avec ça, me démarquer un peu.
La parution d’un premier album, c’est toujours une aventure plus ou moins facilitée par divers facteurs. Mais, avant d’aborder In Bloom, qui êtes-vous ? Qu’est-ce qui vous a filé le virus de la BD ? Y’a-t-il un album, un auteur qui vous a donné envie d’en faire ? Avec quels maîtres ? Quel a été votre cursus ?
C’est cliché de dire ça mais j’ai toujours dessiné et, à l’âge où la plupart s’arrête, moi, j’ai continué. Pour la bande dessinée, il y a deux personnes qui ont été déterminantes dans mon parcours. Alors que j’avais 11 ans et que j’étais déjà bien atteint du virus de la bd, j’ai eu la chance de rencontrer à plusieurs reprises le dessinateur vietnamien Vink par le biais de personnes de ma famille. J’ai passé chez lui quelques journées à le regarder travailler dans son atelier et à boire ses paroles. Cette rencontre a été déterminante dans mon parcours. Je suis sorti de là complètement émerveillé.
Vink a un talent immense mais, surtout, c’est une personne d’une grande gentillesse. Deux ans plus tard, j’ai fait ma seconde rencontre importante ; je me suis inscrit à un cours du soir de BD animé par Antonio Cossu. Je l’ai ensuite retrouvé quand j’ai entrepris mes études en bande dessinée et illustration aux Beaux-Arts de Tournai. Plus qu’un simple prof, Cossu a aussi pas mal influencé ma vision et ma culture en bd. Il a notamment participé à certaines « claques » artistiques que j’ai prises en me faisant découvrir des auteurs comme Breccia ou Prado.
Cela fait sept ans que vous dites vous être impliqué sérieusement dans la bande dessinée. Ça signifie quoi ? Ce sont des sacrifices ? En sept ans, que s’est-il passé ? Des bonnes surprises ? Des regrets ? La découverte d’un monde où il est difficile de parvenir à ses fins ? Une affaire de persévérance ? Qu’est-ce qui fait progresser ?
En fait, j’ai dû interrompre mon cursus aux Beaux-Arts et revoir ma trajectoire pour des raisons disons principalement alimentaires. Du coup, je me suis éloigné du dessin et de la bd pendant quelques années. Mais naturellement, ça a fini par tellement me re-démanger que je m’y suis remis il y a plus ou moins 7 ans. Mais la bd ne me nourrit pas et n’est toujours pas mon activité « principale », j’ai donc dû arranger mon temps en fonction de cela. Et donc oui, c’est pas mal d’efforts ; la bd est quelque chose d’assez chronophage déjà quand on la pratique à plein-temps. Mais quand on a une autre activité à côté, ça complique encore un peu les choses.
© Wanch
Alors, oui, en sept ans, pas mal de choses se sont passées. Même si je connaissais un peu le milieu via des amis qui font de la bd, j’ai vraiment appris à découvrir les difficultés du métier au cours de ces dernières années. On est loin du cliché de l’artiste bohème qui flâne. L’auteur bd est un bosseur, il bosse dur et pas toujours forcément pour une rétribution à la hauteur de ses efforts.
Malheureusement, j’ai aussi découvert la précarité du métier. Finalement, peu d’auteurs ou de dessinateurs vivent décemment de la bd. C’est presque étrange de dire ça mais je répète souvent que j’ai la « chance » que ce ne soit pas mon activité principale, celle qui me nourrit.
Un extrait d’un projet sur Mons, Van Gogh, Arne Quinze et les autres. © Wanch
Vous avez déjà quelques salons BD au compteur, outre vos dédicaces, mettez-vous ces événements aussi à profit pour aller à la rencontre d’autres auteurs de BD ? Des anecdotes ?
En fait, oui, comme la plupart du temps, on bosse comme un ermite dans son atelier, les salons sont la bonne occasion pour revoir les copains/collègues et justement échanger sur le boulot. Je n’ai pas vraiment d’anecdote avec d’autres auteurs bd si ce n’est que parfois, alors que j’étais assez intimidé de rencontrer certains maîtres de la bd, j’ai été assez positivement étonné de voir à quel point certains sont d’une grande humilité.
Notamment, Cauvin qui est une personne très simple et chaleureuse. Sinon, c’est plus avec le public que j’ai quelques anecdotes. J’ai, par exemple, lors de mon tout premier salon en tant qu’auteur, eu un monsieur qui m’a tendu sa carte d’identité. J’ai regardé la carte et lu qu’il s’agissait d’un Monsieur Bloom. Et là, il m’a dit avec un grand sourire : « Je vais prendre l’album et je veux une dédicace bien sûr ! ». Dans un style plus étrange, j’ai aussi eu droit à une personne qui m’a demandé de lui dédicacer avec un dessin … un marque-page. Les temps sont durs pour les lecteurs aussi apparemment !
© Wanch
Comment définiriez-vous votre trait ? Votre méthode de travail ?
C’est toujours difficile de définir son propre trait … Je dirais que je suis dans un style franco-belge réaliste. Étrangement, alors que j’en ai lu très peu, on me parle parfois d’influence manga dans mon dessin. J’imagine que ça doit être des réminiscences de mes visionnages de Goldorak et autres Albator que j’ai dessiné des milliers de fois quand j’étais enfant.
Je ne pense pas avoir de méthode de travail particulière ou en tout cas pas très différente des autres dessinateurs ou auteurs. Je dirais que je suis assez structuré. Du moins, en bd. Je laisse peu de place au hasard ou à l’impro. J’ai besoin que tout soit écrit, de savoir où je vais. Après, du point de vue du dessin, je m’adapte à l’histoire. Il faut que le graphisme serve l’histoire.
© Wanch
Pour « In Bloom », le travail des planches a été assez laborieux. Déjà, parce que l’histoire comporte deux ambiances, une colorée et une autre dans les tons sépia. Pour les planches en « sépia » notamment, il y a eu pas mal de boulot car j’ai travaillé en traditionnel en encrant les planches, puis en posant les ombres à l’aquarelle ( lavis ) et enfin, en rehaussant avec des couleurs via Photoshop. Pour la suite, je me suis promis de ne plus m’imposer autant de couches mais tout dépendra de l’histoire finalement.
Crayonné/Encrage/Lavis/Couleurs © Wanch
Quand on lit In Bloom, on pense à plein de choses. À commencer par Nirvana, que vous n’avez pas le temps de citer dans l’album. Que signifie-t-elle cette chanson pour vous ?
Haha, on me l’a déjà fait remarquer mais rien à voir avec la chanson du groupe grunge ! Je suis vraiment parti de l’expression en elle-même même si bien sûr je me doutais qu’on ferait le rapprochement avec la musique. La chanson n’évoque pas grand-chose pour moi. J’ai écouté Nirvana à l’époque mais de la vague grunge, je retiens plus des groupes comme Soundgarden ou Alice In Chains que j’écoute encore maintenant d’ailleurs.
La fleur, c’est le symbole majeur de cet album, réincarnation d’une maman partie beaucoup trop tôt. L’idée de la fleur s’est très vite imposée ?
Oui, très vite ! En fait, j’ai eu l’idée alors que j’étais encore aux Beaux-Arts. Je m’étais dit que l’idée avait du potentiel et que je devais la garder pour plus tard. Bon, je n’imaginais pas qu’il me faudrait autant d’années pour y revenir.
© Wanch
Qu’est-ce qui vous a inspiré cette histoire de triangle brisé entre un enfant, son père et cette maman disparue ?
Au départ, j’avais pensé à un vieil homme veuf qui s’occupe d’une fleur. Mais je me suis vite dit que ce couple où le seul à parler serait le vieil homme limiterait les interactions. De là m’est venue l’idée du triangle familial.
© Wanch
Ce triangle finalement destructeur, l’avez-vous forcé à s’ouvrir à d’autres personnages pas toujours positifs ? Comment conçoit-on un personnage ? Beaucoup de recherches ?
Pour rejoindre ma réponse précédente, je pense que pour être riche une histoire doit contenir des interactions, l’ajout des personnages entourant les héros s’est fait très naturellement à l’écriture. Il n’y a pas vraiment de formule pour créer un personnage.
© Wanch
Quand je suis au stade du scénario, en général dès que j’ai la trame de base, l’écriture est assez fluide et les personnages se construisent en même temps que le récit de façon presque inconsciente. Les personnages suivent en quelque sorte ma logique liée au récit. Au niveau du dessin, là c’est au cas par cas. Parfois, on galère, on dessine beaucoup pour trouver la bonne tête alors qu’à d’autres moments, on chope directement le physique du perso. Il n’y a pas de règle.
C’est un sujet fort. N’est-ce pas dur à appréhender quand on est encore un jeune auteur ?
Pour être honnête, quand je me suis remis à la bd, je pensais laisser « In Bloom » de côté pour un moment où je serais plus « mûr », je ne voulais pas que ce soit mon premier album. Je ne me sentais pas prêt pour être auteur complet et pas sur un sujet aussi fort justement. Je me suis donc mis en recherche d’un éventuel scénariste avec qui travailler.
© Wanch
Mais, même si un projet ou deux ont failli démarrer, ça a, à chaque fois, calé pour une raison ou autre. Un peu par dépit, je me suis attaqué au scénario de « In Bloom » et une fois que les choses ont été lancées, je n’ai plus vraiment réfléchi au poids du sujet. Mon seul objectif était de sembler juste dans le propos, dans la vision de Jeremy, un gamin de 11 ans, avec toute la naïveté et l’inexpérience que ça comporte face à une chose telle que le deuil.
Jérémy, votre héros fragilisé par un père éteint et des « camarades » d’école pas tendres passe dont le clair de son temps auprès de sa fleur, la soigne, lui parle… Impossible de ne pas penser au Petit Prince et à sa Rose, ça vous a effleuré ? Plus loin, on pense aussi à une imagerie populaire, un peu de Little Nemo, une pleine page qui évoque Jack et le haricot magique… ça vous parle ?
Hé bien, avant d’avoir terminé l’album et après même sa sortie, je n’avais rien relevé de tout ça … ou en tout cas, pas consciemment. C’est quand j’ai vu « Le Petit Prince » réalisé par Mark Osborne que j’ai eu un choc. Je me suis demandé comment j’avais pu zapper ça, un gamin et une fleur, et comment aucun lecteur avait pu ne jamais me le faire remarquer. Donc, bien vu, bravo à toi ! Après, bien sûr, quand j’y pense, oui, toutes ces oeuvres ont eu un impact sur moi, la preuve. Mais ça a vraiment été inconscient pendant l’élaboration du livre.
© Wanch
Il y a la fleur mais aussi un appareil photo. Celui, omniprésent, que le papa utilisait irrémédiablement… jusqu’à la mort de sa femme. Alors, l’appareil photo devient un objet perdu, perdurent juste deux ou trois clichés. Il représente quoi cet appareil photo ? Ce père a-t-il eu si peur de passer à côté de l’instant présent qu’il l’a capturé ?
Oui, avec l’appareil photo, il y a un peu de ça. Il y a aussi le fait qu’il idolâtre sa femme et, d’une certaine façon, pense n’exister qu’à travers elle. Mais l’appareil photo est aussi un instrument qui va créer le souvenir, le lien qui va continuer de nourrir Jeremy.
© Wanch
Je lis aussi dans les remerciements que vous vous êtes notamment inspiré du travail de deux photographes ?
Il y a le photographe Irving S.T. Garp dont j’ai parlé pour la couverture. Et je me suis aussi inspiré quelques photos de Thomas Sluys que je connais depuis quelques années et dont j’apprécie beaucoup le travail. Ce sont essentiellement des photos de nature. Je me sens très proche du travail de Thomas, de ses choix, de ses tons, de ses cadrages. Et c’est donc assez naturellement que j’ai eu envie prendre inspiration de certaines de ses images pour produire les miennes.
© Wanch
Entre photo et BD, il y a des liens, des allers-retours ? Que permet le dessin que la photo ne permet pas ?
Il y a clairement des liens. Je pratique la photo en amateur et, quand je prends une photo, je pense lumière, je pense cadrage, je pense ambiance, je pense composition. Autant de choses auxquelles je pense aussi quand je fais de la bd. Dans les deux cas, on doit faire les bons choix pour raconter ce qu’on veut.
Une évocation du Joker… © Wanch
Je peux me tromper mais je pense que le dessin doit parfois avoir plus un rôle d’évocation sans forcément retranscrire complètement la réalité. Il doit pouvoir faire plus appel à l’imaginaire du spectateur. Bien que certaines photographies aient ce pouvoir là aussi. Comme j’aime énormément les deux arts, j’avoue que j’ai du mal à les départager, d’ailleurs le faut-il ?
… et de Batman © Wanch
Oh que non ! Quand on parle de photo, on parle aussi de traitement des couleurs qui n’est pas absent dans votre album. Avec des passages sépia pour le présent (si ce n’est pour la fleur, toujours en couleurs) et marquer l’absence et de la couleur pour évoquer le passé quand la famille était unie et joyeuse. C’est un peu à contre-courant de l’utilisation des couleurs pour les flashbacks, en général, non ?
Je vais clairement à l’inverse de ce qui se fait habituellement. Mais pour moi, plus que d’une contradiction, c’est parti d’un constat logique de ce qui se passe dans le récit : « Avant on était heureux, il y avait des couleurs et maintenant, la vie est morne, terne ». Maintenant, je ne vais pas mentir, j’aime bien casser les codes, sortir un peu des conventions. Et je pars aussi du principe que le lecteur est intelligent, il n’a aucun souci à sortir des courants et à s’adapter pour autant que la lecture lui en donne l’opportunité.
© Wanch
Vous fonctionnez à l’économie des mots, non ? Avec des séquences « muettes ». Est-ce naturel où vous forcez-vous à faire passer le plus de chose par votre trait ?
Ce n’est pas calculé. Le récit est vu du point de Jeremy, un enfant renfermé et introverti. Son père est enfermé dans sa dépression, presque muet. Tout ça me paraissait logique. Et oui, j’avais envie que beaucoup de choses passe par les regards, les émotions, les gestes. Dans ce deuil, ils sont clairement tous les deux dans le non-dit, on ne se parle plus dans cette famille.
© Wanch
Et en même temps, ils sont à fleur de peau, l’essentiel devait passer par l’émotionnel retenu ou explosif. Évidemment, l’économie de mots signifie aussi un certain challenge au niveau dessin ; il faut pouvoir tout faire passer de façon juste et c’est un exercice que j’aime assez. Peut-être qu’un jour, je m’attaquerai à un album complètement muet, qui sait !
Dans les moments les plus expressifs, il y a ces passages fantastiques. Comment négocie-t-on cette incursion paranormale ? Faut-il éviter d’en faire de trop ?
Quand j’ai commencé « In Bloom », dans le cahier des charges, je voulais dessiner de l’onirisme, du fantastique. Comme le sujet est assez grave, je voulais une histoire qui respire malgré tout. Le fantastique y participe, je l’espère. Après, ce n’est pas à moi de dire s’il y en a trop ou pas assez.
© Wanch
L’écriture de l’histoire a été assez « automatique » et certaines choses ne me sont d’ailleurs apparues clairement qu’après coup ( ex : la référence au Petit Prince ). Je savais juste que Jeremy était un gamin isolé, introverti et rêveur et que l’histoire devait être perçue à travers ses yeux et son imaginaire. Et j’avais aussi envie de passer au lecteur cette ambiguïté qu’on retrouve dans l’enfance, cette limite entre ce qui est réel et ce qui est rêvé, ce qui se passe et ce qu’on fantasme. On ne sait finalement pas ce qui s’est réellement passé ou pas, on sait juste ce qu’a vécu ou cru vivre Jeremy.
Finalement, l’album que nous tenons en main, il est semblable aux premières planches que vous avez dessinées pour ce projet ? Ou, au contraire, y’a-t-il eu d’autres versions ?
Vu mon emploi du temps non complètement dédié à la bd, l’élaboration de l’album a pris près de 3 ans et demi. Du coup, pendant ce temps, mon dessin a évolué et, arrivé au tiers de l’album, quand je regardais les premières pages, je me disais que la différence de niveau était trop grande. J’ai donc refait quelques pages et cases du début mais pas tant que ça au final. Il faut savoir s’arrêter.
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Ce n’est pas déprimant de devoir œuvrer face à des personnages qui tirent la gueule (et on ne voit pas comment ils pourraient faire autrement, les pauvres) durant la majorité de l’histoire ?
Ha, il y a des jours où on est moins enthousiaste de les retrouver, c’est sûr. Ceci dit, je pense que même les dessinateurs de personnages joyeux qui bossent plus d’un an sur un album doivent aussi avoir des bas. Maintenant, soyons honnêtes, je dessine rarement des gens heureux et j’éprouve même un certain plaisir à les faire galérer. Et ce qui m’a un peu sauvé, c’est que même si le sujet est grave, je pense qu’il y a une part d’espoir dans cette histoire.
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Réaliser un album, c’est une chose, ensuite il faut le publier ? Ce fut compliqué ?
Oui, assez compliqué. Je suis passé par pas mal de déboires. D’abord, pas mal de refus. Puis, parmi les intéressés, quelques cas de figure différents. L’éditeur qui aime votre histoire … mais veut tout changer. L’éditeur qui veut vous publier mais ne vous répond plus quand vous lui demandez le contrat. L’éditeur qui vous signe mais s’avère être un escroc, ne vous paie pas et finit par mettre la clé sous le paillasson. Bref, ce n’était pas gagné pour « In Bloom ». J’ai même failli complètement abandonner le projet.
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Qu’est Rodelbas ? Vous êtes aussi passé par BDLabo, une nouvelle structure pour les auteurs BD. Que permet-elle ?
Après mes déboires, un éditeur a signé « In Bloom » et l’album est sorti une première fois. Mais la collaboration n’a pas été optimale. Nous n’étions pas d’accords sur divers points dont le plus important pour moi: le livre ne ressemblait pas à ce que je souhaitais. Après quelques temps, j’ai donc décidé de casser le contrat et de récupérer mes droits. C’est à ce moment que j’ai créé les éditions Rodelbas pour sortir un artbook et aussi tenter une auto-édition de « In Bloom » tel que j’aurais voulu qu’il sorte la première fois. Pour l’impression des albums, je me suis adressé à l’imprimerie Stimanne qui était justement occupée à créer BDLabo.
C’est une structure qui permet justement à des auteurs comme moi d’imprimer des livres de qualité sans tomber dans des budgets à risque en utilisant notamment l’impression numérique qui peut se faire en quantité réduite et à la demande. La structure permet aussi de vendre les livres sur leur site web. Ce qui n’est pas négligeable quand on est auto-édité et forcément très peu diffusé en librairie. Je suis très content de ma collaboration avec eux. C’est une équipe sérieuse et dynamique qui a fait du très bon boulot sur mes livres. J’en profite d’ailleurs pour glisser le lien où il est possible d’acheter « In Bloom ».
L’ouvrage publié, il y a des rencontres avec le lecteur, des dédicaces ? Qu’en retirez-vous ?
Beaucoup ! Les rencontres avec les lecteurs sont clairement enrichissantes et un boost pour moi. Et c’est bien de mettre un visage sur les personnes qui vous lisent. Au début, j’avais tendance à me dire que de par son sujet l’album allait me donner un public restreint mais finalement, je rencontre des gens de tous horizons. Et la cerise sur le gâteau, ce sont les retours que me donnent les lecteurs qui sont jusqu’à présents très positifs et sont aussi souvent assez émouvants parce que beaucoup me disent s’être retrouvés d’une façon ou d’une autre dans « In Bloom ». Quand on fait des livres, c’est la meilleure récompense. Vu la difficulté du métier, ce lien-là est essentiel pour garder l’énergie.
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Quelle est la suite pour vous ? D’autres projets ? Avec de la neige, si j’en crois votre page Facebook ?
Les pages de neige sur Facebook sont en fait d’anciennes pages. Elles sont issues d’une histoire courte réalisée avant « In Bloom » en forme d’échauffement.
© Wanch
En projet, il y a un autre album BD, un one-shot également. Une histoire assez sombre ( on ne se refait pas ! ). C’est une histoire de famille, encore une, assez torturée et conflictuelle. Là, par contre, exit l’onirisme, on est sur du réalisme assez dur. J’ai réalisé près de la moitié des pages pour l’instant.
Et en parallèle, je travaille sur un livre jeunesse, une sorte de conte, que j’espère pouvoir sortir au printemps 2018.
Pour finir, y’a-t-il des BDs, des lectures qui vous ont marqué dernièrement ? Pourquoi ?
La dernière BD que j’ai vraiment beaucoup aimé est « Russian love to red king » de K. Et S. Immonen. Une belle histoire qui parle de la séparation, du manque, de l’absence ( je ne l’ai pas fait exprès ). J’ai lu cette bd deux fois d’affilée et j’ai tout aimé. Le texte est juste, la narration sans faille, le dessin beau. Vraiment un très beau livre que je recommande vivement.
Bonne route et courage pour la suite ! Et joyeux Noël, surtout !
Propos recueillis par Alexis Seny
Titre : In Bloom
Récit complet
Scénario, dessin et couleurs : Wanch (Page Fb)
Genre : Drame, fantastique
Auto-édité chez Rodelbas
Nbre de pages : 66
Prix : 15,09€
©BD-Best v3.5 / 2024 |