L'adolescence est une période horrible pour beaucoup de monde. Pour Louca, c'est pire ! Paresseux, mauvais élève, menteur (pour épater son petit frère), maladroit avec les filles, ce type est vraiment une catastrophe ambulante. Mais, c'est décidé : dès demain, il va changer ! Mais c'est plus facile à dire qu'à faire (surtout quand, en plus, on est versatile).
Heureusement, Louca va recevoir un coup de main d'un dénommé Nathan : beau garçon, super doué au foot, intelligent... ce Nathan a vraiment l'air d'être le mec idéal et le coach rêvé pour Louca. À une petite exception près : Nathan est mort et c'est son fantôme qui va aider Louca...
Je n'ai jamais vraiment compris l'engouement pour le foot, encore moins les fortunes orbitant autour du ballon rond. Heureusement, cette nouvelle série signée Dequier, c'est bien plus que cela. Louca, c'est d'abord une belle histoire, avec suffisamment d'émotions et de sourires pour séduire un public bien plus large que celui des terrains de foot. Une histoire très joliment mise en images aussi. Bruno Dequier travaille dans l'animation (Moi, moche et méchant 1 et 2, le Lorax, un Monstre à Paris...) et a créé Louca parallèlement à cette activité. Il semble appliquer en dessin certaines recettes employées dans l'image animée. Résultat : des personnages dotés d'une expressivité hors du commun, la priorité à l'efficacité (pas de détails inutiles), de l'espace dans les cases et une lisibilité assez extraordinaire. Côté scénario, même chose, là aussi l'efficacité prévaut. L'auteur construit une intrigue prenante en mettant en scène un nombre très limité d'acteurs un peu à la manière de Matthieu Reynès pour sa « Mémoire de l'eau », et ce Coup d'envoi fonctionne à merveille. Initialement prépublié dans Spirou, ce tome 1 a été largement retravaillé et complété pour sa sortie en album. Ce qui explique le délai relativement important écoulé depuis cette première découverte, mais ce qui nous vaut aussi, pour un premier album, un joli volume de 80 pages complété par la présentation des personnages principaux. Un bonus sympa qui fournit certaines clés pour une compréhension plus fine de cette histoire...et de sa suite (les tomes 2 et 3 sont respectivement annoncés pour juin 2013 et janvier 2014). Quant à l'aspect fantastique (et fantômatique) des aventures de Louca, si, de prime abord, on peut avoir tendance à le rapprocher de celui de Mon Pépé est un fantôme de Taduc et Barral, la comparaison s'arrètera là tant les univers des deux séries sont différents. Si un début d'année doit correspondre à une forme de renouveau, Louca nous offre, en BD en tous cas, un très joli moment de fraîcheur. Quant à Bruno Dequier, plutôt qu'avec un coup d'essai, c'est avec un très beau tir au but qu'il fait son, entrée sur le terrain du neuvième art. Goal !
Pierre Burssens
Louca par Bruno Dequier, 80 pages au prix de 12 €, édité chez Dupuis.
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