Le jour où Marion emménage avec sa mère dans la maison de famille dont elles ont hérité, une nouvelle vie commence pour la petite fille. Fini la vie citadine, les voilà installées au bord de la mer, dans le village où ses grands-parents ont vécus plus de trente ans auparavant. L'endroit est magique : une vue imprenable, la plage au pied du jardin... Au village, les plus anciens se souviennent du grand-père de Marion, disparu en mer bien avant sa naissance ; c'est l'occasion pour elle d'en apprendre un peu plus sur l'histoire de sa famille, dont elle ne sait presque rien. Et puis, il y a ces rochers sculptés, sur la lande, dont les anciens du village disent qu'ils sont une trace de légendes oubliées...
Celui qui a dit ou écrit que pour réussir un film ou une BD, l'ingrédient essentiel est avant tout une bonne histoire avait bien raison. La preuve avec ce premier tome de la Mémoire de l'eau, diptyque dont le second volet est annoncé pour juin, et qui permet de découvrir un Matthieu Reynès (Alter Ego) scénariste pour sa compagne Valérie Vernay (Agathe Saugrenu). Car c'est sans conteste à une bonne histoire que l'on a affaire. Une histoire de prime abord toute simple mais qui met en scène des personnages immédiatements attachants dans un cadre à la fois séduisant et mystérieux. Ainsi, on suit en tout et pour tout 4 personnages dans ce premier album (celui du gardien de phare, le 5ème, n'apparaît vraiment qu'à la toute fin), sans énorme suspense ou retournement de situation, sans violence, mais autour d'une énigme qui se dessine par petites touches, doucement et sûrement. On suit Marion dans ce qui ressemble, quelque part, à la recherche de ses racines, et c'est une petite magie qui opère. On a envie de voir ses pas sur la plage et de découvrir avec elle ces mystérieuses pierres sculptées... Nostalgie peut-être ? Nostalgie de certains feuilletons qui enchantaient notre enfance ? Et puis, c'est vrai que l'endroit où la petite fille et sa maman s'installent fait rêver. Valérie Vernay signe de très belles planches (pastel gras ?) dans un style semi-réaliste faussement simple et tout en douceur, au diapason de la première partie de cette histoire qui contraste avec la grande majorité de la production actuelle et s'adresse vraiment à un très large public. Matthieu Reynès construit de son côté un scénario parfaitement fluide, dévoilant très progressivement les éléments du mystère de La Mémoire de l'eau. Et qu'est-ce que c'est gai de prendre son temps, d'évoluer tout doucement dans l'histoire sans être secoué de multiples façons par mille rebondissements rocambolesques ou trop artificiels ! La Mémoire de l'eau nage à contre-courant et c'est très bien ainsi. Son charme opère, laissant une impression de douceur ou une envie de vacances. Gageons que le second volet aura conservé toutes ces qualités. Mention spéciale aussi à la couverture et à la maquette de l'album. Coup de coeur !
Pierre Burssens
La Mémoire de l'eau tome 1 par Vernay et Reynès, 48 pages, 12 €, paru chez Dupuis le 6 avril 2012
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