« - Je sais que j’arrive quelque peu en dehors des horaires de visite, mais…
- Quelque peu ? Un petit effort et vous tombiez dans les heures de visite… de demain matin ! Ah ça ! Vous, les hommes, pour les belles promesses, on peut compter sur vous ! Mais pour ce qui est d’arriver à l’heure à un rendez-vous !...
- Les enfants dorment déjà, Monsieur… ?
- Dali, comme le peintre. J’ai eu un empêchement de dernière minute et…
- Oui ? Eh bien sachez Môssieur Dalida que nos petits patients, eux, ont un empêchement permanent ! C’est un hôpital ici, pas un self-service ! Aussi, je vous prierai de revenir demain !
- Oui, je… Excusez-moi encore. »
Mais qui est donc ce type qui arrive à pas d’heure à l’hôpital pour rendre visite à un enfant ? Hébété, confus, l’homme semble avoir des choses à se reprocher. Il accepte de revenir le lendemain. Mais le contact avec sa progéniture ne va pas passer comme une lettre à la poste. Pour Zita, qui a treize ans et qui est hospitalisée depuis dix ans, toutes les vérités sont bonnes à dire. Pas facile à entendre, pas facile à prononcer, surtout quand son quotidien est déjà bouleversé par le départ d’un de ses camarades de chambrée qui vient d’être adopté.
A l’instar de Pierre Tranchand qui a connu le succès sur le tard avec Les Profs (sous le pseudonyme de Pica), Serge Ernst est un vieux briscard de la BD. Il a fait les beaux jours du journal Tintin avec la série de gags muets Clin d’œil, ainsi que l’associé du diable William Lapoire. Il a occupé les pages de Spirou avec Les zappeurs. Il n’a jamais quitté la scène, mais il a fallu qu’il attende Boule à zéro pour connaître un grand succès public et critique. Son dessin rond rend les histoires de Zidrou accessibles pour tous, sans mièvrerie ni larmes de crocodiles. Tendre, attachant, mais aussi amusant, l’hôpital de Boule à zéro qu’a construit Ernst dédramatise la maladie sans la négliger pour autant.
Zidrou développe le monde de Zita. En gardant cette unité de lieu qu’est l’hôpital, il introduit un nouveau personnage plus qu’important. Alors que beaucoup de gens sortent en se plaignant de la période que nous venons de vivre, Zita donne une belle leçon d’humilité, elle pour qui le confinement dure depuis si longtemps.
Zidrou démarre son histoire par une introduction atypique qui verra son écho dans la conclusion de l’album. Une famille va rendre visite à un enfant hospitalisé sur un bateau, véritable hôpital marin. Il montre l’importance, la nécessité et la vitalité des rendez-vous familiaux pour les malades, qui soignent les âmes, aussi bien de ceux qui sont alités que des autres.
Ne t’inquiète pas, Zita, si le visiteur ne vient pas. Tu es si bien entourée à l’hôpital par le personnel soignant. Et puis, le lecteur, lui, ne manquera pas de venir te voir.
A noter que, comme pour les tomes précédents, à l’initiative de Serge Ernst, 2000 albums sont offerts aux enfants atteints du cancer. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.2000BD.org.
Laurent Lafourcade
Série : Boule à zéro
Tome : 8 – Le fantôme de la chambre 612
Genre : Humour tendre hospitalier
Scénario : Benoît Zidrou
Dessins : Serge Ernst
Couleurs : Laurent Carpentier
Éditeur : Bamboo
Nombre de pages : 48
Prix : 10,95 €
ISBN : 9782818968369
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