« - Le bébé, le bébé est arrivé !
- C’est un garçon, regardez comme il est beau !
- Il est brun et tout potelé !
- C’est à elle qu’il ressemble, regardez ses cheveux, son visage !
- Comment il s’appelle ?
- Quels grands yeux, quels grands yeux noirs !
- Ça va être un sacré petit diable !
- Comment tu vas l’appeler, Négros ?
- Il s’appelle Django ! »
23 janvier 1910, à Liberchies près de Charleroi en Belgique, à l’intérieur d’une roulotte dans un campement tzigane, la belle Négros vient de donner naissance à une future légende. On le verra grandir et rencontrer son destin. Enfant, caché sous une table à écouter des musiciens, la passion prend sa source. Soutenu par sa mère, il pourra l’assouvir, obtenir son premier banjo et apprendre, apprendre, apprendre, observer et apprendre. Jeune adulte, galvanisé par la musique, il prouvera aux médecins que sa main meurtrie dans l’incendie de sa caravane ne l’empêchera pas de poursuivre sa carrière.
Ricard Efa met de la musique dans le scénario de Salva Rubio. Des bars à concerts à l’hôpital Lariboisière, le dessinateur espagnol invite au voyage dans des décors lumineux. Tout en couleurs directes, chaque case est soignée dans les moindres détails. Les personnages respirent par leurs regards. Les doigts de Django voguent sur les cordes de son banjo avec précision.
Côté édition, la double-page de rêve, juste avant l’incendie fatidique, est gâchée par la pliure centrale. Il aurait fallu trouver une astuce éditoriale. Les petits chanceux qui se sont procurés l’album à Angoulême ont pu bénéficier de la reproduction de cette image en ex-bris signé par les auteurs.
Rubio concentre son histoire sur l’enfance de Django, son adolescence, son mariage, son accident, sa rééducation et s’arrête sciemment aux portes de sa gloire. Avec ce parti pris, le récit se focalise sur les origines de la carrière de Django, les éléments déclencheurs et la volonté hors normes du jeune tzigane. Le scénariste a effectué un pointilleux travail d’historien pour coller au plus près à la réalité. Pas flagorneuse, cette biographie présente Django sous un angle rude, plutôt prétentieux et pas franchement aimable. Mais n’est-ce pas le prix qu’il a choisi de payer pour atteindre son but ?
L’album est préfacé par celui qui est comme un manouche sans guitare Thomas Dutronc, pour qui Django n’était rien moins qu’un dieu. En postface, Salva Rubio dit tout sur la vie de Django dans un riche dossier documenté de 16 pages intitulé : Django Reinhardt, du mystère à la légende...en passant par l’Histoire.
Pour prolonger l’aventure, un biopic réalisé par Etienne Comar sorti en 2017 avec Reda Kateb dans le rôle titre et Cécile de France s’axe sur les années de guerre pendant l’occupation allemande.
Django main de feu est aussi disponible en édition collector limitée à 777 exemplaires avec frontispice inédit, numéroté et signé, imprimé sur papier d'art. Il ne manque qu’une chose pour faire de cet album un objet idéal : une playlist spotify à l’instar de ce qu’ont fait les éditions Steinkis avec La baronne du jazz, à écouter en lisant.
A tous ceux qui ont un rêve, le destin de Django est porteur d’espoir. Avec une volonté de fer, on peut gravir des montagnes. Django l’a fait.
Laurent Lafourcade
One Shot : Django Main de feu
Genre : Biographie
Scénario : Salva Rubio
Dessins & Couleurs : Efa
Éditeur : Dupuis
Collection : Aire Libre
Nombre de pages : 88
Prix : 17,50 €
ISBN : 9791034731244
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