"Civilisations - Crète" le 1er opus d'une luxueuse collection chez Delcourt

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En un temps reculé, une ère où les dieux gouvernaient encore les hommes, des civilisations prospéraient dans la fureur des armes ou la quiétude de la sagesse.

Des sociétés, héritées d'âge lointain, disparues depuis longtemps, régissaient des royaumes et des empires dont les vestiges aujourd'hui représentent les fondements des nôtres, les racines de notre culture, de notre identité, de notre adn historique.

Mais comme dans toute évolution, certaines ouvertures, certains croisements apportèrent plus de confrontations de mentalités, de visions et de conceptions sociétales que de tolérance.

La Méditerranée, mer enclavée entre 3 continents, l'Europe, l'Asie et l'Afrique, est un véritable carrefour de routes maritimes, commerciales, militaires, culturelles ... et donc sociétales. De florissantes civilisations y sont nées et s'y sont développées jusqu'au jour de ... leur déclin, de leur anéantissement, de leur disparition !

Parmi elles, la plus extraordinaire fut probablement celle qui donna naissance à tant de légendes et de mythes antiques : la civilisation minœnne ...

Qui n'a jamais entendu parler de la Crète, du palais de Knossos, du roi Minos, de son épouse Pasiphaé, du Minotaure, ... d'Icare et de Dédale ?

Le prince athénien Thésée, Ariane et son fil, ... ?

Dans son giron, l'île de Santorin joua son rôle et connut sa tragédie à la hauteur de sa gloire. Théra, de son nom antique, était un joyau de la mer Égée.

Société matriarcale par excellence, la femme gouvernait, l'homme suivait. Tolérante et pacifique, elle vénérait la déesse Potnia Thérôn, dame souveraine des animaux.

La gouvernance des femmes se manifestait plus par la guidance et le soin de la communauté que par la force et la domination.

"- J'adorais Ida. Je voulais en faire la déesse de ma vie ... La mère de mes enfants ... Qu'y a-t-il de mal à cela ?

- Tu sais bien que pour Ida, pour nous, ton amour exclusif, jaloux, est contre nature. Ici, on ne fonde pas de famille. Les familles sont là depuis toujours ! Ce sont les lignages !"

L'arrivée des Hellènes sur l'île marqua le début d'une lente et dévastatrice transformation des mentalités de sa population. Basée sur le pouvoir viril de l'homme, se laisser diriger par une femme était difficilement acceptable pour ces guerriers !

"Pour vous, les Hellènes, l'homme est au centre de la famille, de la cité, du pouvoir ... Pas ici ! Ici, tout tourne autour de la femme, la mère : comme la terre nourricière, la déesse Potnia, et la reine Pasiphaé qui dirige la Crète"

Dès lors, à la croisée des chemins, afin de tenter d'arrondir les angles, Pasiphaé décide de prendre un "mari". Il sera le lien entre les 2 cultures ... la sienne et celle des Grecs ! Par souci de consilience, de naïveté et tentative d'un juste équilibre, elle choisit un prince phénicien, Minos, d'origine semi-divine. Mauvais choix car ce dernier, rapidement consumé par une volonté de puissance et de pouvoir patriarcale, bouleverse les traditions et coutumes crétoises au point de vouloir en prendre seul le contrôle.

Et pour s'assurer cela, il n'hésite pas à comploter et à truquer les jeux, qui tous les 4 ans, désignent celui qui aura le droit d'être "roi" et de partager la couche de la reine !

"- Aux sauvages et indomptables manifestations de fougue des hommes, je m'oppose avec bienveillance en tant que représentante de l'éducation et de l'ordre, en tant que personnification de la loi, tel un oracle de la sagesse innée.

L'homme doit servir avant d'accéder au pouvoir. Seule la femme peut l'apprivoiser, dompter sa force déchainée et l'orienter vers une voie salutaire.

Comme la graine dans le sillon d'un champ naît à la lumière, l'enfant vient au monde, fruit du sol maternel. Tout comme l'enfant reçoit sa première éducation de sa mère, les peuples la reçoivent de la femme.

La femme conduit, l'homme la suit.

- Le soleil s'oppose à la lune comme l'homme à la femme."

Mais est-il possible de résister à de tels bouleversements sans craindre la colère, l'ire dévastatrice de la déesse ... du volcan ?

L'heure de la confrontation finale approche, les masques tombent, les comptes se règlent ... et Potnia s'apprête à avoir le dernier mot ... la dernière vague !

C'est ce choc des mentalités, ce combat latent pour le pouvoir, la main mise sur le contrôle et la domination, ainsi que l'issue fatale par l'éruption de Santorin que ce superbe livre-objet nous raconte.

Via ses protagonistes, Dédale "Barsabas", Thésée, Ida, Pasiphaé, Minos, Akoto, ... nous plongeons au cœur des intrigues de cette civilisation passionnante et qui a laissé derrière elle tellement de mystères et de mythes.

Un scénario écrit entre passion et authenticité, chaque personnage se débat désespérément face à un destin inéluctable, car déjà écrit dans les astres et les forces de la nature. Bien que basé sur des recherches sérieuses et récentes, Simona Mogavino nous surprend en démarrant son récit à Saqqarah, vers 1630 av. JC avec les prédictions d'astrologues sur ce qui ressemble fort aux 10 plaies d'Égypte ! Étrange ? Non pas forcément !

En effet, l'éruption de Santorin provoqua un gigantesque tsunami qui touchera toutes les côtes méditerranéennes ... Les 10 catastrophes qui frapperont plus tard les royaumes des Pharaons pourraient, d'après plusieurs scientifiques et géologues, aisément en être des conséquences !

A partir de cela, elle crée une fiction documentée exaltante des derniers jours de la civilisation minoenne incluant vengeance, complot politique, légende, drame humain, ...

Tous les ingrédients d'une grande tragédie antique !

Côté dessins, Carlos Gomez nous sert une perle graphique de réalisme. Entre ses "Reines du sang" et ses "Red Sonja", le voici avec un récit mêlant une côté historique indéniable et une fiction des plus prenantes. Des paysages de toute beauté, des visages criant de vérité, des corps musclés rendant hommage aux sculptures antiques, des décors architecturaux riches en détails et superbes en couleurs !

L'opus se clôture avec un petit dossier didactique illustré de nombreux croquis des principaux protagonistes.

Il serait cependant injuste de ne pas souligner la sublime couverture ... reprenant sur un fond rouge sang, l'ombre d'une tête de taureau derrière 2 femmes pleurant sur un tapis de serpents. Une dominante rouge reprise dans le lettrage du titre ! Une exquise composition, annonciatrice de la fin tragique du mythe.

Une nouvelle collection Delcourt prestigieuse qui se décline en 3 branches : "Civilisations", "La Couronne de France" et "Les légendes noires de l'Histoire". Les premiers tomes sont parus simultanément le 25 septembre.

Les 2 autres volumes de la branche "Civilisations" sont déjà connus et paraîtront courant 2025.

Ils porteront sur l'Égypte et Rome ... évidemment !

C'est avec impatience que nous les attendons !

Il est clair que c'était, et cela reste, une excellente idée de cadeau pour les amoureux d'Histoire, de légendes et de mythes de l'Antiquité en particulier.

Une collection de livres de luxe, avec dos toilé et dorures qui enchanteront tous les amateurs d'histoires et d'Histoire !

Thierry Ligot

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Collection : Histoire & Histoires

Série : Civilisations

Tome : 1 - Crète

Scénario : Simona Mogavino

Dessin : Carlos Gomez

Couleurs : Lorenzo Pieri & Lucas Saponti

Éditeur : Delcourt

Genre : Histoire, mythes, légendes, Antiquité

Parution : 25/09/2024

Pages : 128

Format : 23,3 x 32,3 x 1,8 cm

ISBN : 978 2 41300 531 5

Prix : 29,95 €

Publié le 30/12/2024.

Source : Bd-best

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