Les éditions du Lombard, comme leurs confrères des éditions Dupuis, poursuivent leur travail formidable de mise en exergue de leur patrimoine éditorial. Outre bonus et récits courts, ce troisième volume des aventures du lérot se compose de quatre grands récits, dont trois d’entre eux se trouvaient dans le recueil Spécial Chlorophylle, madeleine publiée en 1984.

 

-          Ce n’est pas vrai ?...

-          Mais si !...

-          …Que les animaux y vivent comme des hommes ?... Qu’ils ont des maisons, des voitures, des téléphones, des…

-          Mais oui, mon vieux Caquet !... C’est aussi vrai que je suis ici !...

-          Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Tu es un farceur, Minimum !

 

C’est par ce dialogue entre le corbeau Caquet et le souriceau Minimum que débute Chlorophylle à la rescousse, signant les adieux de Macherot aux éditions du Lombard, qui avaient eu l’outrecuidance de remplacer ses beaux albums cartonnés par les fascicules brochés de la collection Jeune Europe.

Cette discussion symbolise parfaitement l’esprit de la série dans laquelle des récits purement animaliers avaient laissé place à des histoires avec des animaux habillés, véritable miroir de la société humaine.

 

 

 

 

Chlorophylle à la rescousse, aventure alliant action et humour et digne d’un blockbuster américain avec sa scène finale à toute allure, ramène nos héros sur l’île de Coquefredouille où le roi Mitron doit faire face à une déclaration de guerre. Sans compter l’évasion d’Anthracite, l’ennemi juré, de l’île du Requin.

Les récits précédant sont tout aussi formidables. La revanche d’Anthracite et Chlorophylle joue et gagne forment en fait une seule longue aventure à Coquefredouille, une parodie de coup d’état et de guerre civile. Le furet gastronome est un drame plus classique en un acte (mais non moins intéressant) de nos petits animaux dans leur campagne habituelle, qui préfigure ce que seront plus tard les aventures de Sybilline.

 

Macherot était sans conteste le meilleur dessinateur animalier de la BD franco-belge. Digne successeur de Benjamin Rabier, il est resté dans l’ombre des Hergé, Franquin, Morris, Uderzo ou Peyo. Il faisait partie de ce qu’on aurait pu appeler sans que cela soit péjoratif la division 2, avec Tillieux, Will, Walthéry et bien d’autres.

Chlorophylle a été repris plusieurs fois. Après Hubuc et Guilmard, après Dupa, avec Greg puis Bob De Groot, le duo Walli et Bom a fait un très bon travail qui aurait mérité plus de soutien de la part des éditions du Lombard car ils auraient encore pu être aux rennes de la série aujourd’hui. Ce n’est pas par hasard si Macherot leur avait cédé les droits d’exploitation d’Anthracite qu’il avait gardé jusqu’alors.

Cette série est un must...

Se pose quand même la question des intégrales pour ceux qui ont déjà tous les albums. Pourquoi les éditeurs ne publieraient-ils pas un recueil des bonus d'intégrales lorsqu'une série est complètement rééditée ?

 

 

 

 

Laurent Lafourcade

 

Chlorophyle intégrale tome 3, Raymond Macherot, Lombard.

 

Photo © JJ Procureur.

Images © Lombard.

Publié le 08/04/2013.