Cinquième et dernier magasin spécialisé BD arrivé dans la cité du lion (Waterloo), l’équipe de Bd Best vous propose de découvrir le dernier-né en compagnie de Jérémie Crochelet.
© T. Ligot - Little Nemo
Propos receuillis par Thierry Ligot.
Images : Axelle Coenen
Aire Libre est un espace éditorial unique dans le monde de la bande dessinée, un point de ralliement où ont toujours coïncidé les exigences de la création contemporaine et les référents de la fiction traditionnelle.
Dans quelques jours, plus précisément le 20 août 2021, parait une nouvelle réalisation de la collection Aire Libre (Madeleine, résistante T.1 La Rose dégoupillée) Nous avons eu l’immense plaisir de rencontrer Julie Jonart, secrétaire d’édition chez Aire Libre (Dupuis).
Depuis plus de trente ans, dessinateurs et scénaristes de tous horizons inventent une nouvelle ère pour ce qu'il est convenu d'appeler le neuvième art, avec pour seule exigence de satisfaire celles du lecteur et pour seule ambition d'embarquer celui-ci vers des territoires graphiques et narratifs inexplorés. Et si Aire Libre s'avère être le label le plus prestigieux de la bande dessinée, il le doit à ces auteurs qui ont su se l'approprier, transcender les codes, proposer leur vision sans exclusion de genres ou d'inspiration. De la fiction au documentaire, en passant par l'autofiction, l'autobiographie ou la biographie, du drame à la comédie. C'est qu'Aire Libre ne se veut pas de la littérature minuscule, mais de la bande dessinée majuscule. Là où le roman du monde se dessine.
Prochaines parutions Aire Libre:
20 août 2021
© Bertail - Morvan - Riffaud - Dupuis - Aire Libre
24 septembre 2021
© Nicoby - Joub - Dupuis – Aire Libre
01 octobre 2021
© Servais - Dupuis - Aire Libre
Propos receuillis par Thierry Ligot
Images: Axelle Coenen
Cette année, la Belgique célèbre les 120 ans de ses relations diplomatiques avec la Corée du Sud. Le 23 mars 1901, la Belgique et la Corée ont signé un traité d'amitié, de commerce et de navigation. A cette occasion, Le Centre Belge de la Bande Dessinée de Bruxelles invite ses visiteurs à un voyage en Corée, à la découverte de son histoire et de sa culture. En retraçant 100 ans d’histoire du manhwa, le parcours propose un véritable voyage dans le temps à travers des étapes décisives : les premiers dessins parus dans la presse dès 1909, l’immersion dans un manhwabang des années 1960, la découverte d’auteurs majeurs, ou encore l’expérience de scrolling avec les webtoons et actualités les plus connectées ! Sur papier, sur Internet ou sur smartphone, la bande dessinée coréenne ne cesse d’évoluer pour divertir les lecteurs et les captiver, encore et toujours !
Le Roi Philippe & la Reine Mathilde visite officielle en Corée
Traductrice Korean – French, Mr. Kim Jae Hwan, directeur attaché culturel du Korean Center Bruxelles et Mélanie Andrieu, commissaire de l’exposition "Manhwa & webtoon - l'envol de la bande dessinée coréenne"au C.B.B.D
Propos recueillis par Thierry Ligot
Images : Axelle Coenen
Dans le cadre de nos interviews « Derrière le masque », nous avons eu la joie de rencontrer Morgan di Salvia, rédacteur en chef du « Journal Spirou ». Ayant pris son poste en juin 2019, il a affronté de nombreux défis. En 2020, malgré la pandémie de Covid 19, l’ensemble de la rédaction a tenu à ne pas interrompre la publication du journal (ce qui aurait été une première depuis la seconde guerre mondiale), réalisant celui-ci en télétravail. Sans oublier les faillites de son imprimeur et de son distributeur pour la France provoquées par la crise sanitaire. A notre arrivée, le rédacteur en chef a immédiatement retourné un tableau blanc sur lequel était noté les projets futurs Spirou pour l'année 2022, dont un 75 ans sur ... secret ! Interview aussi émotion, lors de l'évocation d'un grand monsieur qui a choisi de nous prévenir de son prochain départ sur l'autre rive.
Propos recueillis par Thierry Ligot
Images : Axelle C
Il est 23h, je finis de relire pour la 3e- 4e fois un petit cahier BD… une perle ! Je ne suis pas le seul à avoir quelques insomnies … quelques questions se bousculent dans ma tête… Envie de les poser à Dominique Bertail sur ses cahiers… et là un échange s’engage … le voici en intégralité.
1) D'où est venue l'idée de réaliser une BD sur Madeleine et comment êtes-vous rentré dans le projet ?
C'est Jean David qui en a eu l'idée et qui a pris contact avec Madeleine. Il m'a ensuite proposé de rejoindre le projet. Il m'a présenté Madeleine et on s'est mis au travail.
© Pablo Picasso - Bertail – Morvan – Riffaud - Dupuis
2) L'idée de publier d'abord les 3 premiers chapitres sous forme de "cahiers" en progression est-elle venue de par le sujet, l'envie de faire autrement que simplement sortir la BD le travail achevé ? Ou pour donner plus de place au travail préparatoire ou autre ? Surtout si l’on sait que ces cahiers ne sont publiés qu'en très petit nombre.
Aire Libre a l'habitude de prépublier en cahier. Ça a de multiples avantages. Tester l'impression, le rythme de lecture, observer les réactions du public et éventuellement adapter le travail en fonction. Mais en l’occurrence, cette prépublication a été essentielle pour Madeleine ! Cela lui a permis de voir l’avancée du travail sans devoir attendre deux ans. Chaque sortie de cahier lui redonnait beaucoup de l'énergie dont nous avions tous besoin.
Le premier cahier a permis à Madeleine de s'assurer qu'elle pouvait avoir confiance en notre façon de transmettre son histoire. Enfin, les cahiers avaient besoin de bonus et ça a été l'occasion de faire un petit « making of » qui finalement sera dans l'album et qui, je pense, apporte beaucoup au projet.
C'est un très grand confort de voir son travail aussi vite imprimé et visible en librairie. Cela donne la sensation d'être plus en contact avec les lecteurs.
© Bertail – Morvan – Riffaud - Dupuis
3) La jaquette est à elle-même déjà une mine d'informations ... sera-t-elle jointe sous une quelconque forme dans la version BD achevée ?
Oui, les illustrations des cahiers seront dans l'album. Sauf le portrait par Picasso en couverture du cahier 1.
© Bertail – Morvan – Riffaud - Dupuis
4) Y aura-t-il encore d'autres Cahiers pour les tomes suivants ou cela se finit-il avec ce troisième ?
Je ne sais pas encore ce qui est prévu pour les cahiers du tome 2.
© Bertail – Morvan – Riffaud - Dupuis
5) Un tirage particulier et numéroté est prévu. Aura-t-il une jaquette particulière ?
Oui, une jaquette particulière est réservée au tirage spécial numéroté de l'album.
© Bertail – Morvan – Riffaud - Dupuis
6) La date de parution est-elle toujours fixée pour le 20 août ?
Oui
© Bertail – Morvan – Riffaud - Dupuis
Propos recueillis par Thierry Ligot
Pour la petite histoire, cela s’est déroulé un soir de juillet (le 4 pour être exact) entre 23h03 et 23h27 !
Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, plus connue sous le nom de George Sand est une romancière, journaliste française, née à Paris le 1 juillet 1804. Avec plus de 70 romans et 50 volumes d’œuvres diverses à son actif, elle compte parmi les écrivains les plus prolifiques, mais est aussi une militante féministe de la première heure.
Sa vie amoureuse agitée, ses tenues vestimentaires masculines et son pseudonyme masculin ont rapidement fait scandale. Elle a contribué activement à la vie intellectuelle de son époque, accueillant dans son domaine de Nohant des personnalités aussi diverses que Frédéric Chopin, Franz Liszt, Eugène Delacroix, Gustave Flaubert, Honoré de Balzac, Alfred de Musset, …
Chantal van de Heuvel (scénariste) et Nina Jacqmin (dessinatrice) ont choisi de nous faire découvrir le parcours de cette femme atypique pour son époque. À travers différents flash-back, les autrices nous plongent dans la vie familiale de celle qui a partagé sa vie amoureuse avec Alfred de Musset, mais aussi de nombreuses années avec Frédéric Chopin.
À cette occasion, notre envoyé spécial (Thierry Ligot) a eu l’opportunité de s’entretenir avec Nina Jacqmin pour une séance derrière le masque que je vous invite à découvrir ci-dessous.
Thierry Ligot & Alain Haubruge
Titre : George Sand Ma vie à Nohant
Genre : Biographie
Scénario : Chantal van de Heuvel
Dessins & couleurs : Nina Jacqmin
Éditeur : Glénat
Collection : Hors collection
Nombre de pages : 104
Prix : 18,00 €
ISBN : 9782344043745
Naissance d’une nouvelle rubrique sur notre site. Cette dernière baptisée « Derrière le masque » donnera la parole aux professionnels de la BD, mais aussi aux scénaristes et aux dessinateurs. Pour cette première, nous vous proposons l’interview d’un libraire atypique qui n’a pas hésité à ouvrir une nouvelle librairie à Waterloo (B), et ce en pleine crise sanitaire. Nous vous laissons en compagnie de Thierry Ligot qui a réalisé l’interview de Reynold Leclercq pour l’ouverture de la Galerie Librairie Brüsel à Waterloo
4) T.L. : La passion, ça, je suis convaincu que tu l’as. La passion, on la sent aussi avec ton petit carnet d’adresses. Tu parlais de dédicaces tout à l’heure. Il semble que tu commences déjà très très fort la semaine prochaine ici à Waterloo ?
R.L. : Oui, on a d’abord Philippe Jarbinet qui viendra pour son nouvel Airborne. On devait faire venir Matthieu Bonhomme pour Lucky Luke. Pour lui, on organisera un système de concours par le net, avec des dédicaces … mais il y aura quand même un ex-libris, on publie une sérigraphie. Et il y a la fabuleuse bâche qui se trouve là, juste à l’entrée qui a une légitimité puisque Lucky Luke est un peu né à Waterloo en 1946. Cela fait juste 75 ans, donc c’est parfait. Et on aimerait continuer à défendre l’image du personnage … à Waterloo parce qu’il y a une véritable légitimité à travailler un personnage comme ça … (la suite sur le lien ci-dessous)
© Ligot Thierry - Brüsel
Prochainement, la suite de l'interview Derrière le masque Episode 2 Reynold Leclercq
En financement participatif sur Ulule, Le coup de cafard, porté par les éditions iLatina s’annonce comme un album coup de poing. Voici l’interview de son autrice : Gato Fernandez, réalisée par son éditeur.
Peux-tu m’expliquer la genèse du projet ?
Il y a environ dix ans, je me suis convaincue qu'écrire sur ce qui m'est arrivé en valait la peine. À partir de ce moment, il y a eu mille versions. Cela m'a même servi de carotte pour continuer.
Un jour, ma soeur adoptive, peut-être dans la pire année de ma vie, m'a comparée à une fille qui avait des problèmes psychologiques et psychiatriques très similaires aux miens, mais qui avait fait mille choses. La comparaison m‘a fait très mal. Cette même semaine, j'ai lu l'histoire d'une adolescente qui s'était suicidée parce qu'elle ne croyait pas qu'elle avait été violée. Tout a changé pour moi.
En tant que militante féministe, j'étais en charge d'une plainte conjointe contre un musicien de rock et un violeur en série. J'ai regroupé les filles qui ont osé se déclarer et les ai accompagnées pour témoigner. Pendant que l'une d'elles faisait sa déclaration, je me suis questionnée sur mon propre cas.
La justice indiquait que mon cas était prescrit. Alors, avec beaucoup de colère intérieure, j'ai décidé de faire tout ce que les adultes ne faisaient pas pour moi quand j'étais enfant. Parmi ces choses, j'ai pu déposer une plainte qui, comme cela arrive souvent, a été rejetée.
Mais en tant qu'autrice mon regard a changé, J'ai décidé que je voulais et devais faire les livres qui m'auraient servi quand j'étais plus jeune. Le synopsis du Coup de Cafard est sorti en un après-midi. Il m'a fallu ensuite quatre mois pour faire le scénario.
Quel a été l’accueil de ton projet en Argentine ?
L'Argentine traverse une troisième vague de féminisme, très importante. Le projet a immédiatement attiré l'attention. Plusieurs éditeurs le voulaient. Finalement, j'ai choisi la personne la plus compréhensive et empathique à ce sujet. C’est quelque chose qui s'est passé aussi en Italie et en France. J'avais besoin que ce projet soit entre les mains de personnes qui se soucient vraiment de moi.
L’Argentine est une société machiste, comme beaucoup d’autres pays. Était-ce difficile d’y initier un projet comme le tien ?
L'Argentine, comme beaucoup d'autres pays, a une culture patriarcale établie et très étendue. La difficulté n'était pas de réaliser Le Coup de Cafard mais d'arriver à la conclusion que c'était nécessaire.
Je n'ai pas été féministe toute ma vie, je n’ai pas toujours eu les convictions que j'ai maintenant. Pendant de nombreuses années, ne pas en parler m'a semblé la chose la plus cohérente. Faire ce que la société patriarcale me disait allait dans le bon sens. Parler à voix haute est quelque chose qui est mal vu, par une femme surtout une dissidente.
Qui t’a encouragé à réaliser ton livre ?
Économiquement, le soutien d’iLatina a été important. Quant à la création du livre ... Beaucoup de gens chers, mon partenaire à l'époque, mes amis et copines, mon psychologue m’ont aidé. C'était un livre vraiment difficile à faire, il m'a fallu trois ans d'attaques de panique, de dépression et d'anxiété. Y compris un lavage d'estomac.
À que point est-ce difficile de raconter une histoire sur soi même, tout particulièrement quand il s’agit d’un inceste ?
Comme je l'ai dit dans la question précédente, c'est TRÈS difficile. Surtout sous l'angle par lequel je l'ai abordé. Celui de Lucia, mon alter ego. Une fille d'environ quatre ans.
Pour en revenir à la chair de la gamine que j'étais, c'était extrêmement dur et douloureux. Quand le script est sorti si facilement, j'ai supposé que ce serait aussi facile pour le dessin. Erreur.
Quand j'ai commencé à concevoir les personnages, j'ai commencé à dessiner les traits de mon parent violeur. J'ai réalisé que ce serait extrêmement difficile, de mettre des détails dans des scènes douloureuses. Plusieurs pages ont été faites au milieu d'attaques de paniqu
Tu décris ton livre comme une sorte de thérapie, t'a-t-il aidé à aller de l’avant ?
J’aimerais pouvoir dire que toutes mes douleurs ont été surmontées grâce au livre, mais non. Je continue à souffrir de dépression chronique, de trouble anxieux et de trouble panique.
Ce que je peux vous assurer, c'est que conclure ce livre était magnifique. Pouvoir avoir cette histoire douloureuse dessinée, la garder entre deux couvertures et pouvoir saisir le livre entre les mains. Par-dessus tout, ce qu’a changé le livre, c'est que maintenant je connais l'importance de pouvoir parler à haute voix et que c'est plus fort que tous mes autres problèmes.
Peux-tu me parler de ton style de dessin ?
La vérité est que j'en ai plusieurs. J'ai choisi un style simple pour Le Coup De Cafard, parce que c’était une histoire très difficile à raconter à cause du contenu.
J'ai déjà pensé à un autre projet auto-publié avec un style tout à fait différent et avec un ton plus adulte en ce qui concerne le dessin.
En France actuellement, la parole sur l’inceste se libère, comment vois-tu la situation? Espères-tu que ton livre aide à la libération de la parole ?
Plus tu parles du sujet, plus tu guéris. C'est ce que la société ne veut pas que vous fassiez. Aller à l'encontre de ce mandat va dans le bon sens.
J'espère que ce livre aidera non seulement plus de garçons et de filles à en parler, mais aussi qu'ils pourront se sentir concernés ou simplement qu’ils ne se sentent pas seuls.
C'est un poids très difficile à porter seul.
Qu’espères-tu d’un premier crowdfunding en France ?
Publier en France est mon objectif depuis que je suis très jeune. J'espère que cela pourra devenir une réalité. Et que les gens pourront découvrir et s'intéresser à ce projet qui m'a coûté tant et qui ne fait que commencer.
Attention, il ne reste qu'une semaine pour y participer !
https://fr.ulule.com/le-coup-de-cafard/
© Fernandez - iLatina
Naissance d’une nouvelle rubrique sur notre site. Cette dernière baptisée « Derrière le masque » donnera la parole aux professionnels de la BD, mais aussi aux scénaristes et aux dessinateurs. Pour cette première, nous vous proposons l’interview d’un libraire atypique qui n’a pas hésité à ouvrir une nouvelle librairie à Waterloo (B), et ce en pleine crise sanitaire. Nous vous laissons en compagnie de Thierry Ligot qui a réalisé l’interview de Reynold Leclercq pour l’ouverture de la Galerie Librairie Brüsel à Waterloo.
1) T.L. : Obélix est tombé dans la marmite quand il était jeune, et toi ? Dans quelle marmite es-tu tombé ?
R.L. : Dans la marmite BD, puisque à la maison, les BD faisaient partie du quotidien. Dès l’âge de 4 ans, j’ai reçu des journaux de Mickey, de Spirou, des Tintin. J’avais, comme beaucoup de Belges, un oncle qui travaillait chez Casterman. Et donc, les gens qui travaillaient pour la vénérable maison recevaient des livres gratuitement à l’époque, souvent des livres légèrement abîmés ou défraîchis et ce qui me permettait à chaque fois que j’allais chez lui, de repartir avec quelques bouquins. Lui voulait me faire lire Alix, moi je préférais les 4 As parce que c’était plus drôle. Voilà, ça a commencé comme cela et puis …
Plus tard, j’ai commencé à écumer les librairies de quartier, puis quand il n’y avait plus assez, les librairies spécialisées dans ma bourgade … (la suite sur le lien ci-dessous)
Reynold Leclercq © Ligot Thierry
2) T.L. : Brüsel, le nom de ta Librairie-Galerie de Bruxelles, une raison pour le choix de ce nom ?
R.L. : Oui, car nous étions installés, à l’époque, en plein centre-ville de Bruxelles, et on cherchait une référence qui soit international parce que notre volonté, dès le départ, était de vendre de la BD dans différentes langues. C’était un des objectifs de la société. Donc on avait du néerlandais, de l’anglais. A l’époque, on pouvait encore avoir de l’allemand, maintenant c’est vraiment très compliqué ! Et du français évidement, plus quelques imports japonais. Donc, on cherchait quelque chose qui ne fasse pas BD dans le titre … (la suite sur le lien ci-dessous)
© Ligot Thierry - Brüsel
3) T.L. : Quand on rentre chez toi, que ce soit Boulevard Anspach à Bruxelles ou maintenant chaussée de Bruxelles à Waterloo, on découvre que tu es plus qu’un simple spécialiste librairie BD. Cette envie de rajouter un plus, notamment l’encadrement, c’est venu tout naturellement ? Car c’est tout un métier l’encadreur.
R.L. : Ici, l’atelier d’encadrement reste à Anspach pour le moment pour une question d’agencement et d’installation. Nous, on essaie d’être complémentaire avec ce qu’on aime et ce qu’on aime faire évidemment. Tout comme Harry Potter qui est déjà présent même ici et de manière minimaliste. les grandes lignes qu’on avait à Anspach, on va les retrouver ici. Donc, il y a également des imports américains. Il y aura des ex-libris. Il y aura des événements, des dédicaces, des expos et des choses comme ça.
Cela fait partie du concept. Pour beaucoup de gens, toutes les librairies se ressemblent. On fait tous de la BD, mais quand on a un œil un peu acéré … (la suite sur le lien ci-dessous)
« Ce qui doit animer en priorité le travail, c’est vraiment la passion ! Si tu n’as pas la passion d’un truc, il ne faut pas le faire »
© Ligot Thierry - Brüsel
Prochainement, la suite de l'interview Derrière le masque Episode 1 Reynold Leclercq.
Dessinateur, comédien, réalisateur, le touche-à-tout Hugues Hausman est au cœur de l’actualité culturelle avec l’album Calembredaines et le film Mad in Belgium.
Bonjour Hugues
On ne parle bien que de ce que l’on connaît bien. Avez-vous déjà mangé des chèques-repas ?
Non, je dois bien l’avouer. Je n’ai jamais essayé.
Quelle est la plus grande distance que vous ayez parcourue dans une liste de courses ?
Je pense que ce doit être 250 mètres haies.
© Hausman – La surprise du chef
Comment avez-vous réagit quand vous avez vu une poule dans la salle d’attente de votre dentiste ?
J’ai tout de suite pensé à une broche au barbecue.
Vous faites-vous suivre par votre médecin dans la rue ?
Là, par les temps qui courent, à 1 mètre 50.
© Hausman – La surprise du chef
Avez-vous du chinois dans votre congélateur ?
Ça m’arrive.
Redevenons sérieux, ou pas, qu’est-ce qu’une calembredaine ?
C’est une plaisanterie, un vain propos, une carabistouille comme on dit en Belgique. Une carabistouille, c’est plutôt un mensonge. Une calembredaine, c’est plutôt une blague qui n’est pas méchante et c’est un mot qui sonne bien !
Emmanuel Macron a utilisé le terme de « Carabistouilles ». Craignez-vous qu’il vous pique Calembredaines » ?
Non, je ne pense pas. Il est trop auto centré pour regarder ailleurs.
Et s’il proposait un poste de conseiller à un belge ?
Il faudrait un ministère de l’absurde alors. Mais tous les ministères sont déjà un peu absurdes.
© Hausman – La surprise du chef
Vous aviez déjà publié un livre intitulé Calembredaines chez Lamiroy il y a quelques années. L’album édité aujourd’hui chez La surprise du chef est une réédition ou y a-t-il des nouveautés ?
Il y a une vingtaine d’années que j’ai commencé à faire des calembredaines, mais chez Eric Lamiroy, l’album est paru il y a à peu près quatre ans. Le livre comportait une centaine de dessins. C’était un format vertical, mais il n’y a eu que 50 exemplaires qui se sont très vite vendus. Pour la petite histoire, on travaillait avec un imprimeur français qui pouvait faire des petits tirages. Comme cela, Eric Lamiroy ne prenait pas trop de risques financiers. Quand l’album a été épuisé, on a voulu le rééditer mais cet imprimeur était décédé et hélas personne n’a repris sa succession. Vu l’engouement sur les réseaux sociaux pour mes petites bêtises, on a décidé de refaire un album beaucoup plus fourni. Il y a 330 dessins, si je ne me trompe pas. J’ai demandé à Philippe Geluck si je pouvais réutiliser la préface qu’il m’avait faite. Il a accepté. On a sorti un bel album grâce à un crowdfouding.
On peut voir sur votre site que vous avez plusieurs centaines de Calembredaines en stock.
Je suis à plus de 1800 dessins. Je vous donne un scoop : la mise en page du tome deux est déjà faite et je travaille sur celle du tome trois, l’idée étant d’en sortir un pour la fin d’année à chaque fois. On ne va pas en faire quinze non plus, mais j’aimerais bien en faire trois ou quatre.
Qui sont vos maîtres à penser dans le dessin d’humour ?
Il y a Gary Larson, Piraro, … J’aime beaucoup les livres d’Emmanuel Reuzé (Faut pas prendre les cons pour des gens) et de Yannick Grossetête (Merci l’amour, merci la vie). Un album qui m’a fait hurler de rire, c’est Salade César de Josselin Duparcmeur et Karibou paru dans la collection Pataquès chez Delcourt. J’aime aussi beaucoup Calvin et Hobbes de Watterson. J’adore ce que fait Tébo (Captain Biceps, Raowl), Geluck bien sûr et bien d’autres…
© Larson
Je me demandais pourquoi il n’y avait pas eu depuis vingt ans ou presque d’autres tentatives de réédition en Français de Gary Larson, après la série publiée par Dupuis de 1997 à 2002 dans la collection Humour Libre. Est-ce que l’humour est traduisible ?
Tout n’est pas traduisible. Ce qu’ils ont fait sur Humour Libre était très courageux. C’était relativement bien traduit. Mais il y a beaucoup de choses qui ne sont pas traduisibles, comme Piraro, car ça joue sur des mots, des situations typiques anglo-saxonnes. C’est pareil pour les Calembredaines. J’en avais traduit une vingtaine en anglais et les avais envoyées à Dan Piraro qui m’avait répondu d’ailleurs. C’est un mail qui m’a beaucoup touché. Mais tout n’est pas traduisible, c’est comme ça. Inversement, il m’arrive d’écrire des Calembredaines en anglais qui ne sont pas transposables en français.
© Piraro
Et en chanson ? Quelqu’un comme Bobby Lapointe aurait pu chanter vos calembredaines ?
C’est marrant que vous parliez de ça, car moi j’ai la chance d’être tombé dans une famille qui m’a fait découvrir très jeune Bobby Lapointe. La première chanson que j’ai apprise très jeune quand j’étais gamin c’est “Ta Katie t’a quitté". Oui, il y a certainement une filiation.
Dans les chanteurs contemporains, j’adore Oldelaf avec, entre autres, La Tristitude. C’est un sacrément bon musicien en plus.
© Bobby Lapointe
Dans le domaine du nonsense, avez-vous des influences au cinéma, comme Harold Lloyd par exemple ?
J’ai toujours été un fan de Buster Keaton. Je connais moins Harold Lloyd bizarrement. J’adore Chaplin, Laurel et Hardy, plus récemment Les Monty Python's, et je vous conseille Casablanca Driver, film Français pas très connu de Maurice Barthélémy, qui faisait partie de la troupe des Robin des Bois.
Oui, j’aime bien l’absurde mais je n’aime pas que l'absurde. Généralement, j’aime moins les comédies françaises que je trouve un peu plus lourdes, plus faciles. L’esprit belge se rapproche un peu de l’esprit anglais, du fait qu’on ait beaucoup d'autodérision et qu’on aime le décalage et l’absurde.
Vous êtes vous-même comédien. Qu’avez-vous fait dans ce domaine ?
Je suis comédien et réalisateur. Je viens d’une famille d'artistes. Mon père était dessinateur de BD (René Hausman), mon grand-père du côté de ma mère était dessinateur de BD et sculpteur (Noël Bissot) et ma mère s’est remariée avec un autre dessinateur de BD (Didier Comès). Je suis né avec un crayon dans la main.
Mes parents étaient aussi comédiens et musiciens. A dix ans, un ami de mes parents, réalisateur, faisait un long métrage et il avait besoin d’un gamin de mon âge. J’ai donc joué dans ce film. Après, ma mère m’a demandé si cela m'intéresserait de faire des études de théâtre. C’est là que j’ai appris pas mal de trucs sur mes parents que je savais plus ou moins, qu'effectivement, ils avaient fait du théâtre et des tournages. Pour moi, c’était assez vague. Quand on est petit, on ne s'intéresse pas trop à ce que nos parents font.
Je suis rentré au Conservatoire de Verviers. Ça a été une révélation et j’ai décidé d’être comédien. A côté de ça, je n’ai jamais arrêté de dessiner.
Est-ce qu’au départ vous avez essayé de dessiner comme votre père ou êtes-vous délibérément allé dans un style complètement opposé ?
Ce n’est pas une question de volonté. Je n’ai pas le talent de faire ce que mon père faisait. Petit, j’étais très sensible à ce que mon grand-père, Noël Bissot, faisait. C’est un dessinateur oublié qui a fait entre autres des dizaines de mini-récits pour Spirou. Quand on regarde son trait, son humour, il était assez précurseur. Il n’a, hélas, pas été compris à cette époque-là.
© Bissot - Dupuis
On ne peut pas terminer sans un mot à la mémoire de votre papa René Hausman, que j’adorais et que j’ai interviewé deux fois. Vous avez travaillé une seule fois ensemble, dans ce qui rassemblait vos deux univers opposés : le personnage de Zunie.
C’est la maison d'édition Noirs dessins qui a demandé à mon papa de reprendre Zunie. Mon père était occupé. Il n’avait pas vraiment l’esprit à faire tout ça, c’est pour cela qu’il m’a demandé de plancher dessus. J’avais plus cette facilité-là de faire des trucs sans parole, des trucs visuels avec très peu de texte, pour l’efficacité du gag. Je faisais les croquis et le découpage. Je lui proposais. Je crois qu’il n’y a pas un seul gag qu’il a retravaillé. On a avancé comme ça pour faire l’album.
C’était une collaboration idyllique.
Oui. Et ce qui a été génial, c’est qu’à la sortie de l’album, on a fait pas mal de séances de dédicaces à deux. C’est un de mes plus beaux souvenirs : dédicacer avec son père un album qu’on a fait ensemble. Ce qui était très drôle, pour la petite histoire, dans les dédicaces qu’on faisait, c’est qu’on se donnait un peu une ligne de conduite : soit mon père dessinait Zunie et moi je faisais un animal et imaginais à chaque fois un nouveau gag pour la personne, soit je dessinais Zunie et mon père devait faire un animal et trouver le gag. C’était génial.
© Hausman
Quels sont vos projets ?
Il y a un grand projet que j’ai depuis des années. J’aimerais reprendre les personnages de mon grand-père, Le Baron et Juju. J’ai fait tout le découpage d’un album de 44 planches qui est prêt, sauf que graphiquement, je ne suis pas content. Donc je bosse dessus depuis une bonne quinzaine d’années. Je suis un peu le gardien du temple. Au moment où je vous parle, j’ai tous les originaux de mon grand-père ici dans mon bureau.
Vous êtes un artiste multicartes. Qu’est-ce qui vous fait courir ?
C’est ce que je dis toujours: la vie est trop courte pour ne faire qu’une seule chose. Il faut être curieux. Je peux autant faire du one man show, jouer au théâtre tout autant dans des comédies, du vaudeville, que dans du théâtre plus engagé. Ce n’est pas antinomique. L’un nourrit l’autre. C’est comme le dessin qui nourrit l’écriture et l’écriture qui nourrit le jeu. Le jeu nourrit la réalisation. Il y a un ping-pong entre les diverses disciplines que j’essaie de faire et c’est cette richesse-là qui est intéressante. Avec peu de moyens mais avec la ligne de conduite que ça ne devait pas ressembler à un film fauché, j’ai récemment réalisé et joué dans un film qui s’appelle « Mad in Belgium ». N’ayant pas trouvé de distributeur, on a décidé de le mettre en ligne gratuitement sur YouTube (et en meilleure qualité sur Viméo: https://vimeo.com/293406596). C’est l’histoire d’un kidnapping qui tourne mal. J’ai eu la chance d’être entouré de comédiens magnifiques et d’une excellente équipe technique. C’est un film dont je suis très fier.
Merci Hugues.
Propos recueillis par Laurent Lafourcade
©BD-Best v3.5 / 2024 |