Nouvelles relatives à la bande-dessinée ou au graphisme
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Coup de coeur : Intégrale Gueule de bois

Le marin Woody Woodstock dissimule ses traits sous un masque de bois et n'apprécie guère qu'on lui demande de se montrer à visage découvert. Quand il s'explique sur sa particularité, son nez s'allonge bizarrement ! Voici qu'un certain Chester Darling, exorciste défroqué, lui propose de le libérer de son « infirmité ». Il s'avère que Woody est victime des cryptozoïdes, à savoir des vampires, des fantômes, des fées... Fort comme un ours et quasiment indestructible, il devient l'assistant idéal pour Chester Darling, chargé d'exterminer ces monstres.

 

 

 

 

 

 

Grace à une nouvelle (encore ?!) collection d’intégrales, les éditions du Lombard offrent une nouvelle vie bien méritée au tryptique de Philippe Foerster. Alors, ne nous arrêtons pas à la maquette peu engageante de l’ouvrage pour entrer dans l’univers loufoque et horrifiant de l’auteur.

Woody Woodstock est un marin baraqué. Woody Woodstock ment comme un arracheur de dents. Et quand il ment, que se passe-t-il ? Son nez s’allonge. Ça vous rappelle quelque chose ? C’est normal. Foerster nous présente une suite revisitée de Pinocchio, qu’on retrouve à l’âge adulte, dans laquelle le lecteur croisera toute une panoplie de personnages appartenant à l’imaginaire collectif. Bien sûr, depuis la première édition en trois volumes, Once upon a time est passée par là. Mais, Foerster est beaucoup plus original et subversif. Sa Cendrillon mamie est craquante, son Gepetto est sadique. De multiples références parsèment le récit : De Peter Pan au Chat Botté, de Star Wars à Frankenstein, d’Agatha Christie à Edgar Poe, Foerster fait ici un catalogue de tout ses poncifs.

 

 

 

 

 

La fée puzzle pose les acteurs autour de l’histoire de Carlo Collodi. Dix petits golems reprend le mythe de Mary Shelley. La métamorphose d’Alléluia Carabine- titre exceptionnel avouons le- est un final en apothéose complètement délirante.

Foerster est un auteur qui n’a pas la reconnaissance qu’il mérite. Après une bonne dizaine d’albums regroupant ses histoires terrifiantes parues dans Fluide Glacial, il s’est essayé plusieurs fois aux séries sans grand succès. Starbuck, Gueule de bois, Silex Files ont été arrêtées au troisième tome faute de lecteurs. Son trait anguleux ne ressemble à aucun autre. Van Gogh n’a jamais été reconnu de son vivant. Espérons que Foerster ne devra pas attendre autant, mais il est certain qu’un jour, ses albums feront partie des classiques analysés dans les mémorandums de bande dessinée.

 

Laurent Lafourcade

 

Intégrale Gueule de bois par Foerster, 144 pages au prix de 14.99 €, édité chez Lombard.



Publié le 29/04/2013.


Source : Graphivore


Coup de cœur : Millenium

Mis à l'écart du magazine Millenium, Mikael Blomkvist est engagé pour reprendre l'enquête sur l'héritière Vanger disparue 44 ans plus tôt. Le journaliste accepte contre la promesse d'informations sur les cartels suédois. Son chemin croise alors celui de Lisbeth Salander. Pirate informatique surdouée, experte en close-combat et totalement asociale, Lisbeth applique aux « hommes qui n'aiment pas les femmes » sa propre notion de la justice.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Difficile d’évoquer ce premier tome de l’adaptation BD de la trilogie best seller de Stieg Larsson quand on a, justement, apprécié ces romans. Alors, aborder ça avec curiosité, ou, plus facilement, quelque part, attendre les auteurs au tournant ? C’est la première solution que j’ai choisi, en me demandant, dès le départ, comment Homs et Runberg allaient pouvoir tirer l’essentiel du très épais « les hommes qui n’aimaient pas les femmes » pour le faire rentrer dans deux albums de BD, de 64 pages, soit, mais quand même… Et ils y sont parvenus, justement, en allant chercher les faits marquants du bouquin. Certes, les amateurs de polars nordiques n’y retrouveront sans doute pas l’atmosphère lourde et froide qu’ils affectionnent particulièrement, mais Sylvain Runberg reconstruit le scénario du roman en l’articulant sur tous les faits marquants. Et ce qui n’apparaît pas dans le texte est illustré, et de quelle manière, par le dessin de José Homs. Ainsi, bien des longues descriptions peuvent se résumer à une case, ou au visage d’un des nombreux personnages. Mieux, le scénariste met en avant certains éléments (ce qui n’est pas forcément le cas dans le roman, ce premier bouquin pouvant vraiment être lu indépendamment des deux autres) qui constitueront des ponts vers « la fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette ». Et même en construisant l’album de cette manière, on a l’impression que Runberg prend son temps pour exposer toute l’intrigue. Ainsi, à l’issue de ces 64 premières pages, Lisbeth Salander et Michael Blomkvist ne se sont pas encore directement rencontrés, et lui, le journaliste, dispose seulement d’un premier indice solide, partant pourtant d’une intuition. J’avais adoré le dessin de José Homs pour l’Angélus paru sous le label de la collection Secrets. Ici, il choisit un rendu moins « peinture » et la virtuosité de son trait éclate véritablement. Ainsi, le dessinateur ibérique accentue l’expressivité des personnages et aide à (essayer de) situer leur personnalité. On aimera ou pas le résultat, mais force est de constater que cette double démarche, scénaristique et graphique, atteint son but. Il n’y a pas que les 75 ans de Spirou chez Dupuis en 2013… L’annonce de cette audacieuse adaptation constituait, en soi, un petit événement, ce premier tome (chaque roman sera adapté en deux albums) en est un, tout court ! Nul doute cependant que le lecteur lambda se retrouvera face aux mêmes écueils qu’avec le roman. Le tout sera de « rentrer » dedans, de s’y retrouver parmi les multiples personnages d’une intrigue complexe, mais après y avoir goûté…

Après les romans, les films et la série télé, l’éditeur promettait un « Millenium comme vous ne l’avez jamais lu », promesse tenue, et c’est une incontestable réussite qui conduit déjà à attendre le tome 2 de la BD avec impatience et à plaindre le dessinateur du second cycle (chacun des trois cycles étant confié à un dessinateur différent) s’il veut s’attacher à atteindre le même niveau que Homs. Le mythe Millenium compte un jalon de plus, et il est époustouflant !

 

Pierre Burssens

 

Millenium T.1, Runberg et Homs d’après la trilogie de Stieg Larsson, Dupuis, 14,50 €



Publié le 09/04/2013.


Source : Graphivore


Chien d'Aveugle

Taku Ryûmon est un détective solitaire qui vit dans la montagne avec son fidèle chien-loup qu’il a recueilli et dressé. Amateur de chiens de chasse, il est également détective privé; sa spécialité, retrouver les chiens de race qui ont disparus. Dans son domaine, c’est le meilleur ! Un jour, une femme prend contact avec lui pour une enquête très délicate : le chien-guide de sa petite fille aveugle a été subtilisé...

 

 

 

 

 


 

Hormis les liens familiaux et la transmission d’une génération à l’autre, la nature est sans conteste une des principales sources d’inspiration de Jirô Taniguchi. Et, intermédiaire entre l’homme et celle-ci, le chien est un sujet qu’il a abordé plus d’une fois. Ainsi, Blanco fut la première BD pour laquelle il assura à la fois scénario et dessin, et le recueil Terre de rêves est axé sur le rapport à l’animal familier. L’envie d’adapter un roman de Itsura Inami trottait depuis longtemps dans la tête du plus « franco-belge » des mangakas et finalement c’est seulement en 2011 que les Enquêtes du limier furent publiées au Japon. Sous un improbable pitch, c’est tout l’art de Jirô Taniguchi que l’on retrouve dans ce premier tome (le volume 2 est prévu en juin) édité sous le label Sakka. L’enquête laissera sans doute les amateurs de polars sur leur faim, mais c’est avant tout une atmosphère que restituent ces 240 pages. Un héros solitaire et taciturne, l’attachement à la nature, beaucoup de sensibilité assorties cette fois à une palpable documentation sur la formation des chiens guides et de leurs maîtres. . Avec un tel sujet, on pouvait craindre de basculer à un moment ou à un autre dans la sensiblerie, ce n’est jamais le cas…Taniguchi maîtrise son sujet, et surtout son trait qui ne m’a jamais semblé aussi élégant et abouti. A un tel point que j’en regrette presque que ce soit sous sa forme de manga que soit édité Chien d’Aveugle, et qu’il ne bénéficie pas d’une adaptation à l’occidentale dans la belle collection « Ecritures » de Casterman. Pour la première fois, si c’était nécessaire, une comparaison me semble assez évidente avec des auteurs occidentaux, non pour le graphisme mais pour le thème, l’ambiance et la sensibilité. J’aurais en effet pu imaginer Derib ou Cosey (excusez du peu) aborder pareil sujet. Contrairement à nombre de « producteurs » du Pays du Soleil levant, Jirô Taniguchi se renouvelle et renouvelle ses thèmes, surprenant et séduisant à chaque fois. Les Enquêtes du Limier feront le bonheur de ses admirateurs et de tous ceux pour lequel « le meilleur ami de l’homme » signifie quelque chose. Simple et beau…comme un vrai coup de cœur !

 

Pierre Burssens

 

Les enquêtes du Limier T.1 – Chien d’Aveugle, 240 pages au prix de 12.95 € chez Sakka (Casterman).



Publié le 25/03/2013.


Source : Graphivore


Indicible fin de l'humanité

San Francisco. Kyle Matheson fête ses 18 ans avec ses parents adoptifs, qui lui offrent son dossier d’adoption. Kyle feint de s’en moquer pour ne pas vexer ses parents qu’il aime profondément. Tous trois se rendent alors à un match de baseball, lorsqu'en chemin, “quelque chose” surgit de la chaussée ! Kyle se réveille à l’hôpital, sans voix suite au traumatisme de l’accident, mais la mémoire intacte, se rappelant de ce qui l'a provoqué. Le docteur Joanna Bernstein, psychologue, lui annonce alors la terrible nouvelle : ses parents ont péri dans le crash.

Deux semaines plus tard…
Dans le Massachusetts, une ville entière est décimée sans aucune preuve d’explosion. Ni l’armée, ni l’équipe scientifique ne trouvent d’explications logiques. À New York, un individu étrange s'introduit alors dans le bureau de campagne du Président américain. Après avoir tué l’entourage du Président par la seule force de son esprit, cette entité extraterrestre exige qu’on lui amène Kyle Matheson - ou notre monde sera détruit.
Au même moment, Kyle fuit de l’hôpital, pour partir à la recherche de sa mère naturelle…

 

 

 

 

 

 

Un énnemi terrifiant

Comme un de ces bons block-buster cinématographique d'outre atlantique, Indicible est une subtil mélange entre les genres. Amateurs de fantastique, vous serez comblés, amateur de science-fiction, vous serez ravis, fan de thriller cette nouvelle série est faite pour vous. Cette histoire commence sur une erreur de manipulation de particule sub-quantique, qui ouvre la voie à de terrifiantes créatures multidimensionnelles. La fin de l'humanité commence. Seul un jeune garçon semble intéresser de près ces créatures effroyables semeuses de destruction. Pourquoi ? Comment ? Nul ne le sais pour le moment et sur ordre de l'émissaire de ces « Dieux noirs » le président américain, contraint et forcé sous la menace, engage ses troupes à la recherche du jeune homme à tout prix et coute que coute. Le scénariste Renault (Hunter, la colline au mille croix) nous distille un récit très prenant. Les éléments sont parfaitement mis en place, le rythme d'enchainement des événements est judicieusement enchainé, l'intrigue est rondement menée. Il réussi à susciter notre intérêt sur un thème déjà employé mainte fois dans la littérature et le cinéma «  la fin du monde ». Francisco Ruizge, le dessinateur de ce diptyque apporte toute la force de son trait et l'intensité nécessaire. Indicible est le genre de bande dessinée qui ferait idéalement l'objet d'une adaptation hollywoodienne. Le dénouement se déroulera donc dans le prochain tome, une attente qui sera frustrante au vu de la qualité tant narrative que graphique et le seul regret que l'on pourrait ressentir résiderait dans le fait qu'il n'y ai que deux albums prévu pour une histoire aussi passionnante.

 

Laurent Gilles

 

Indicible, "Les Dieux Noirs" tome 1 par Renault & Ruizge, Soleil Production.



Publié le 20/02/2013.


Source : Graphivore


Coup de coeur : La guerre des Lulus

Lucas, Lucien, Luigi et Ludwig sont quatre des pensionnaires de l’orphelinat de l’abbaye de Valencourt en Picardie. Tout le monde les surnomme les Lulus. En cet été 1914, lorsque l’instituteur est appelé comme tant d’autres sous les drapeaux, personne n’imagine que c’est pour très longtemps. Et les Lulus ne se figurent évidemment pas une seconde que la guerre va déferler sur le monde finalement rassurant qu’ils connaissent. Bientôt, le fracas de l’artillerie résonne dans le ciel d’été. Il faut partir, vite. Mais lorsque la troupe évacue l’abbaye manu militari, les Lulus, qui ont une fois de plus fait le mur, manquent à l’appel.

 

 

 

 

 

C'est suite à une conversation avec la directrice de communication de l'Historial de la Grande guerre de Péronne, dans la Somme, qu'est venue à Régis Hautière l'idée de donner une vision de la première guerre mondiale différente des tranchées, des grandes batailles etc. Et cette vision, c'est celle que l'on perçoit à travers les yeux de ces quatre gamins dont le prénom commence par « Lu », rejoints au cours de cet album et de l'année 1914 par une petite réfugiée belge prénommée Luce. Et qu'est-ce que ça fonctionne bien ! Evitant tout pathos, c'est avec énormément de sensibilité, et autant d'émotions pour le lecteur, que l'on perçoit ce début de guerre au quotidien. Les Lulus ont fait le mur, ils retrouvent un orphelinat désert, mais aussi tout un village qui ressemble d'un coup à un village fantôme dans lequel ils vont devoir (trouver de quoi) survivre. Mais la région n'est pas déserte, les coups de canon se rapprochent, et un jour, c'est un orphelinat occupé par les allemands que regagnent les gamins... Avec ce premier album, c'est d'abord de magnifiques portraits de gosses que l'on découvre, des vrais mômes avec leur langage et leurs (petites) questions qui vont tout-à-coup se retrouver confrontés à des préoccupations d'adultes, des préoccupations vitales, ici. Et puis, on a aussi l'impression de découvrir une véritable déclaration d'amour à une belle région. Breton d'origine, Régis Hautière habite Amiens depuis 20 ans. Hardoc (Vincent Lemaire de son vrai nom) réside lui dans l'est de la Somme. Une bien belle région mais qui, lors de la première guerre mondiale, servit de décor à l'une des plus sanglantes batailles du conflit et...de l'Histoire. Et cette région, Hardoc nous la livre notamment à travers des décors particulièrement soignés. J'ai beaucoup pensé à Loisel en découvrant cette Maison des Enfants Trouvés. A ses gamins qui forment la petite bande de son Peter Pan, et à son très beau Magasin général pour la délicatesse du traitement de cette histoire. L'année prochaine, on commémorera le centenaire du début de la Grande guerre (mais y en a-t-il des « petites » ?) On peut imaginer que livres et albums sur le thème se multiplieront, mais d'ores et déjà, il y a fort à parier que celui-ci sortira du lot. Plus loin que la vision d'un conflit, plus loin que l'histoire de ces gamins, il traite d'un sujet universel : celui des enfants dans la guerre. Les Lulus se débrouillent, parfois non sans humour, mais notre regard d'adulte mesure lui, toute la tragédie qui constitue le fond de leurs aventures. Remarquable !



Pierre Burssens

 

La Guerre des Lulus T.1 – 1914 la Maison des Enfants trouvés par Hardoc & Régis Hautière , 48 pages, 12.95 €, édité chez Casteman.

 

 



Publié le 21/01/2013.


Source : Graphivore


Coup de coeur : Luisa Amann, dite La Casati.

Luisa Casati Amman, passée à la postérité sous le nom de « La Casati », dilapida un immense patrimoine, dans le seul dessein de devenir une oeuvre d'art vivante. Ses apparitions sulfureuses, ses tenues choquantes et ses fêtes pharaoniques la firent entrer dans la légende. Un personnage qui marqua les mémoires, sorte de Lady Gaga de la Belle Époque.

 

 

 

 

La Casati, ou connue aussi sous le nom de Luisa Amann, c'est le récit d'une femme pas comme les autres, atypique, surprenante, une femme des années trentes à la richesse immense et qui n'à qu'une seule obsession, devenir une oeuvre d'art vivante et marquer profondement l'esprit de ses contemporains. elle est l'inspiratrice des peintres de son temps, des photographes qui ne restaient pas indemnes après son passage dans leur vie car, la Casati, savait provoquer les excès les plus insensés. Et c'est cela qui la plongera dans la pauvreté la plus extrême et la poussera vers la mort vers le milieu des années cinquantes. L'auteur a voulu faire la lumière sur cette égérie oubliée et résultat est très réussi. La Casati est la représentation de la muse dans les lettres de noblesse de l'art, de celle qui passe du simple objet de fantasme à la prise et la possession des artistes qu'elle à convoité et qui parvient à en faire ce qu'elle veut...qui parvient à ses fins les plus désirées, les plus convoitées. Non seulement vous aurez entre les mains, un album au graphisme étonnant, à la texture agréable mais vous aurez aussi affaire à une écriture élégante, véritable témoignage et miroir d'une époque folle. Pour en savourer toute l'essence, je vous conseille de vous documenter un peu sur le personnage afin de profiter de façon optimale de chaque page de cet album. La Casati, un récit qui vaut le détour car il n'est jamais inutile de céder à la culture artistique et de ses personnages aux frasques les plus surprenantes.

 

Jérôme Leeman

 

La Casati par Vinvi Vanna, 88 pages au prix de 16,45€ édité chez Dargaud.



Publié le 15/01/2013.


Source : Graphivore


Coup de coeur : Louca

L'adolescence est une période horrible pour beaucoup de monde. Pour Louca, c'est pire ! Paresseux, mauvais élève, menteur (pour épater son petit frère), maladroit avec les filles, ce type est vraiment une catastrophe ambulante. Mais, c'est décidé : dès demain, il va changer ! Mais c'est plus facile à dire qu'à faire (surtout quand, en plus, on est versatile).
Heureusement, Louca va recevoir un coup de main d'un dénommé Nathan : beau garçon, super doué au foot, intelligent... ce Nathan a vraiment l'air d'être le mec idéal et le coach rêvé pour Louca. À une petite exception près : Nathan est mort et c'est son fantôme qui va aider Louca...

 

 

 

 

 

 

 

 



Je n'ai jamais vraiment compris l'engouement pour le foot, encore moins les fortunes orbitant autour du ballon rond. Heureusement, cette nouvelle série signée Dequier, c'est bien plus que cela. Louca, c'est d'abord une belle histoire, avec suffisamment d'émotions et de sourires pour séduire un public bien plus large que celui des terrains de foot. Une histoire très joliment mise en images aussi. Bruno Dequier travaille dans l'animation (Moi, moche et méchant 1 et 2, le Lorax, un Monstre à Paris...) et a créé Louca parallèlement à cette activité. Il semble appliquer en dessin certaines recettes employées dans l'image animée. Résultat : des personnages dotés d'une expressivité hors du commun, la priorité à l'efficacité (pas de détails inutiles), de l'espace dans les cases et une lisibilité assez extraordinaire. Côté scénario, même chose, là aussi l'efficacité prévaut. L'auteur construit une intrigue prenante en mettant en scène un nombre très limité d'acteurs un peu à la manière de Matthieu Reynès pour sa « Mémoire de l'eau », et ce Coup d'envoi fonctionne à merveille. Initialement prépublié dans Spirou, ce tome 1 a été largement retravaillé et complété pour sa sortie en album. Ce qui explique le délai relativement important écoulé depuis cette première découverte, mais ce qui nous vaut aussi, pour un premier album, un joli volume de 80 pages complété par la présentation des personnages principaux. Un bonus sympa qui fournit certaines clés pour une compréhension plus fine de cette histoire...et de sa suite (les tomes 2 et 3 sont respectivement annoncés pour juin 2013 et janvier 2014). Quant à l'aspect fantastique (et fantômatique) des aventures de Louca, si, de prime abord, on peut avoir tendance à le rapprocher de celui de Mon Pépé est un fantôme de Taduc et Barral, la comparaison s'arrètera là tant les univers des deux séries sont différents. Si un début d'année doit correspondre à une forme de renouveau, Louca nous offre, en BD en tous cas, un très joli moment de fraîcheur. Quant à Bruno Dequier, plutôt qu'avec un coup d'essai, c'est avec un très beau tir au but qu'il fait son, entrée sur le terrain du neuvième art. Goal !



Pierre Burssens

 

Louca par Bruno Dequier, 80 pages au prix de 12 €, édité chez Dupuis.





Publié le 07/01/2013.


Source : Graphivore


Coup de coeur : L'armée de l'Ombre, l'Hiver Russe

Fin 1942, Ernst Kessler ayant terminé sa formation de soldat au sein de la Wehrmacht est envoyé sur le front russe.  La réalité de cette guerre qu'il ne percevait qu'à travers les journaux se révèle brutalement toute autre.  Ernst Kessler doit affronter non pas un ennemi, celui auquel il s'attendait, mais deux ! En effet, l'hiver Russe s'avère un adversaire aussi redoutable que les Russes eux-mêmes.

Ce premier tome retrace le périple de Kessler traversant la Russie d'Ukraine jusqu'à Stalingrad.  Lui et ses nombreux camarades devront lutter tant contre l'ennemi, contre les partisans attaquant les colonnes de ravitaillement Allemande et contre un climat hostile et complice de la victoire Russe.

 

 

 

 

 

 

Une armée en débacle.

Cet album marque le retour d'Olivier Speltens. Une nouvelle série ou l'on sent qu'il s'y trouve parfaitement à l'aise. En effet, il y signe scénario, dessin et couleurs. Il s'agit d'un album magnifiquement bien travaillé. Bien qu'il soit difficile de proposer une histoire vue du côté des allemands de la seconde guerre mondiale, Olivier Speltens parvient à nous faire oublier ces ressentiments et réussi le pari de nous émouvoir du sort de ces soldats qui, en réalité, n'avaient rien avoir avec les redoutables et démoniaques Waffen SS. Nous abordons ici l'armée régulière, soit la wehrmacht. Nous suivons le périlleux périple de ces jeunes combattants, en proie au terrible hiver russes, aux embuscades des partisans et aux attaques répétées d'un ennemi déterminé poussé par le fanatisme Stalinien. Ces jeunes hommes, dont la mission est de pourvoyer au support des forces qui tente de pénétrer les lignes de défenses de Stalingrad, payeront le prix de leur inexpérience et feront face à de nombreux danger dont ils n'avaient jusque là aucune conscience. L'armée de l'Ombre est un récit ou le lecteur sera particulièrement captivé, page par page, grâce à un découpage efficace et une mise en scène qui n'a rien à envier aux films du genre les plus aboutis. Les drames et rebondissements prennent carrément aux tripes. On perçoit également le formidable travail de documentation de l'auteur qui grâce à cela à pu dépeindre avec justesse cette période dramatique du front de l'Est. Le graphisme et les couleurs constituent les éléments fort qui complètent à merveille ce premier opus. L'éditeur à donc eu le bon feeling de démarrer sa nouvelle collection "Mémoire" avec le tome 1 de l'Armée de l'Ombre. Il ne nous reste donc plus qu'à espérer que le temps passe vite et que nous puissions nous plonger dans le second tome et d'ainsi découvrir la suite de ces faits historiques narré avec brio par un Olivier Speltens décidément très en forme.

 

B. Gilson.

 

L'amrée de l'Ombre par Olivier Speltens, édité chez Paquet.



Publié le 18/12/2012.


Source : Graphivore


Coup de coeur : Jim Henson's Tale of sand

Mac, jeune américain ordinaire, se voit confier par le shérif d’une petite ville tout droit sortie d’un western, une étrange mission : rejoindre coûte que coûte « la montagne de l’aigle ». Pour y parvenir, il ne dispose que d’une vieille carte, d’un sac à dos, d’une injonction en forme de conseil « cours, petit, cours ! » et de 10 minutes d’avance. Sur qui, sur quoi ? Mac sortira-t-il indemne de cette aventure ? Un phénomène outre-atlantique, à peine quelques semaines après sa sortie aux États-Unis, Jim Henson’s

 

 

 

 

 

 

Une course fantastique

Jim Henson est connu de par le monde pour être le créateur des célèbre Muppets. Il est aussi reconnu pour sa réalisation du non moins culte film "Dark Crystal". Mais connaissez-vous l'adaptation en BD d'un de ses scénarios qui fut oublié par l'auteur lui-même pendant quelques temps. Non ? Et bien voila cette lacune comblée par les éditions Paquet. Tale of Sand fut récompensé mainte fois au Eisner Award ( 3 Eisner Award (meilleur roman graphique, meilleur dessin/couleur, meilleure conception/édition) ; 1 Joe Shuster Award (auteur de bande dessinée exceptionnel) ; 2 Harvey Award (meilleur album original et meilleur one-shot) et il était donc logique que cette adaptation trouve son chemin dans notre francophonie. Tale of Sand c'est une histoire en quelques sortes parfaitement écrite pour la BD. Une fuite endiablée d'un protagoniste qui subit les événements malgré lui, ou son chemin l'amène vers l'inattendu, l'improbable et pourtant !...

 

L'absurde, le non-sense semble le fil conducteur dans ce scénario écrit, tout naturellement, de main de maître. Le lecteur se voit entrainé dans des situations à couper le souffle. On aurait mal imaginer pouvoir dans ce cas, transposer cette histoire au cinéma, à l'époque ou le scénario à été écrit. Mais pour le monde du neuvième art, cela ne pose aucun problèmes. Le dessin de Ramón K. Pérez est sublime et effleure la perfection. Il parvient à maintenir en un tout ce voyage onirique. Tale of sand est une de ces réussite de l'année de la part d'un éditeur qui n'a cessé de nous surprendre en cette année 2012 et qui nous promet d'autres surprises d'ici l'année à venir.

 

Tale of sand, par Jim Hensonn Juhl & Ramón K. Pérez, édité chez Paquet.



Publié le 14/12/2012.


Source : Graphivore


Coup de coeur : Saria tome 1 & 2

Venise. Le prince Assanti se meurt. Il confie à sa fille naturelle, Saria, un coffret contenant trois clefs qui, utilisées sur la Porte de l'Ange, donnent accès l'une au Paradis, l'autre aux Enfers, et la troisième au Néant. Escortée par Orlando, un fidèle serviteur, la petite fuit loin du palais royal et de ses dangers. Six ans plus tard, la jeune femme, surnommée la Luna, se prépare à affronter son destin...

6 anx plus tard, surnommée La Luna par le peuple de Venise, Saria s'apprête à affronter son destin. Elle va se confronter au frère du défunt, le doge, ainsi qu'à l'ange Galadriel, tous deux à la recherche des clés.

 

 

 

 

 

Des tandems surprenant

Ce premier tome de la trilogie bénéficie du tandem Dufaux-Serpièri. Il fut à la base édité chez Robert Laffont intitulé « Les Enfers ». Les éditons Delcourt proposent ici une nouvelle maquette dessinée par Riccardo Federici, auteur des épisodes suivants. C'est également une révision de la mise en page ainsi qu'un changement de titre : « Saria ». Maestro de la BD érotique italienne, Serpieri lui donna sa noblesse et son art. Il s'agit d'une histoire ou les genres se mélangent. Nous avons un intéressant mélange de science-fiction et d'ésotérisme ou mœurs glauques et technologie parachève ce mélange aux relents théologiens. C'est un récit qui ressemble en quelque sorte à notre société, décadente, pernicieuse. Jean Dufaux nous surprend une fois de plus. Cet homme qui se sent à l'aise dans tous les thèmes aime, visiblement, celui qu'il nous propose dans ce triptyque foisonnant de rebondissements.

Le tome 2, assuré donc par la continuité de Frédérivo Federici, conforte que l'école italienne est un vivier inépuisable de talent. Bien que le contraste de style graphique soit catégoriquement différent, le lecteur s'y adapte très vite et se plonge dans la suite de l'histoire ou persécuté par Galadriel, l'ancien détenteur des clés, Orlando est fait prisonnier par l agarde du doge et soumis à la torture. Un mal étrange le ronge et l etransforme peu à peu en monstre.Pour le sauver, Saria n'hésitera pas à faire appel au major Sirroco qui, banni par le doge, vit reclus dans les Eaux du repentir.

Saria est une saga mystique, futuriste et comme je le disais plus haut, ésotérique. Un subtil mélange prodigué par de fabuleux talent du neuvième art.

 

Lucien Piron

 

Saria, "les trois clés" tome 1 64 pages et "la porte de l'ange" tome 2, 56 pages, édité par Delcourt au prix de 14.30 €

 

 

 



Publié le 29/11/2012.


Source : Graphivore


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