Août 1944. Les troupes allemandes sont repoussées vers l'Allemagne. Les ventres sont vides, les corps sont fatigués. Les longues colonnes de soldats sont impitoyablement massacrées par l'aviation soviétique maitresse des cieux. La politique de la terre brûlée n'a eu pour d'autres effets que de décupler la haine de l'ennemi.
Février 1945. Dans une dernière tentative pour arrêter les russes, les allemands font sauter les ponts sur l'Oder, distant seulement de 90 km de Berlin. Le fanatisme de la SS pousse le peuple jusqu'a l'ultime sacrifice : les enfants sont enrôlés dans les troupes combattantes ! Le jeune Kessler a depuis longtemps perdu toute illusion concernant le sort de l’Allemagne. Les soldats sont face à un choix difficile : combattre les bolchéviques qui menacent Berlin et y trouver une mort certaine ou tenter de gagner le front ouest dans l'espoir de se rendre aux anglo-américains.
Oliver Speltens nous délivre le dernier tome de cette formidable série (plus de 75000 exemplaires déjà vendus) qu’est « L’armée de l’Ombre ». Contrairement à ce que certaines personnes pensaient au début de celle-ci, l’auteur ne fait en rien l’apologie du nazisme mais explique habilement le cheminement de ces jeunes hommes ayant choisi de faire allégeance à l’idéologie prônée par Hitler.
Pour ce dernier récit, les troupes soviétiques contre-attaquent vigoureusement les armées d’un ordre censé être au pouvoir durant un millénaire. Cependant, en mars 1945, à l’est de l’Oder, les régiments allemands vont causer d’énormes pertes aux troupes soviétiques, cédant le terrain, maison par maison, à ces derniers. Kessler et ses amis en sont réduits à faire un choix : soit combattre Ivan dans les faubourgs de Berlin ou gagner le front ouest pour se rendre aux troupes américaines.
A l’aide de ses illustrations, d’une solide documentation concernant les véhicules et uniformes et d’un choix de couleurs particulièrement judicieux, Speltens nous entraîne aux côtés de ces combattants, partageant leurs sentiments, doutes et regrets face à l’horreur d’une doctrine dont ils ont été abreuvés depuis leurs naissances.
Une série dont je ne peux que conseiller la lecture aux jeunes (à partir de quatorze ans) afin de conscientiser la génération montante des dangers d’un système dont certains relents se font cruellement ressentir à l’heure actuelle.
Alain Haubruge
L’armée de l’Ombre. Tome 4 : nous étions des hommes» Olivier Speltens
Collection mémoire 1939-1945. Éditions Paquet, 48 pages
Olivier Speltens à la galerie 9art
Infos ICI
Finis les aliens, place aux zombies. Cela n’empêche pas quelques exceptions (qui a cité Stranger Things?) et ne boudons pas notre plaisir, replongeons dans les crop circles qui servait de cœur à l’histoire développée par Makyo et Laval NG: Les cercles de lumière. Une triste histoire puisqu’elle ne fut pas finie. Delcourt publia le premier tome avant de s’en aller voir d’autres horizons et de laisser le récit incomplet. Dans son malheur, voilà que, quatre ans plus tard, les Éditions du Long Bec bouclent la boucle et publie l’intégralité du diptyque dans une intégrale qui vaut le détour.
Résumé de l’éditeur: Depuis plusieurs décennies, des figures géométriques complexes apparaissent dans des champs cultivés partout dans le monde, sans que l’on sache de manière irréfutable s’il s’agit de canulars ou de phénomènes paranormaux… Ces signes seraient-ils porteurs de messages provenant d’une « supra-intelligence » ? Gabrielle, membre d’un groupe de recherche sur ces mystérieux « agroglyphes », et sa sœur Murielle, après la mort de leur père, vont s’approcher au plus près des mystères de ces « crop circles »… Et Julia la fille de Gabrielle, semble être directement concernée…
À force de témérité et de passion, bien plus que de calcul des risques et d’hésitations entre « je le fais – je le fais pas », la cigogne a des principes. Et elle fait bien de s’y tenir. En témoigne cette intégrale qui donne le fin mot de cette histoire restée incomplète avec 58 planches. Une histoire qui, de notre avis, aurait d’ailleurs dû sortir en un one-shot plutôt que de la diviser en deux. Soit, il a fallu du temps, mais voilà, nous pouvons enfin (re)découvrir le travail de Makyo et Laval NG (qui avaient déjà travaillé ensemble sur plusieurs tomes de Balade au bout du monde) dans son intégralité. Et ça vaut le détour.
Ainsi, nous entrons en premier contact avec Gabrielle et Murielle, deux sœurs. Murielle, écrivaine à ses heures, se nourrit des personnes qu’elle croise dans la réalité pour de potentiels romans. Cash, la jeune femme n’hésite pas à classer tous ceux qui l’entourent en deux catégories, les « ganglieux » et les généreux. Généreuse, Gabrielle l’est d’ailleurs sans aucun doute, professeure de math avenante, souriante et exaltée dès qu’on lui parle d’agroglyphes, ces dessins bizarres et intrigants qui prennent possession des champs sans que rien ne puisse expliquer leur apparition. Et si les deux sœurs sont complètement différentes, le lourd secret que renferme leur papa, fraîchement sorti d’un inextricable coma et qui se met à peindre des toiles qui en disent long sur le monde de demain, va les unir un peu plus, au présent comme pour les générations futures. La métamorphose de leur existence est en marche.
Comment critiquer cette bande dessinée sans en dire de trop? En vous disant avant tout que la surprise est de taille et que les chemins balisés par les films et documentaires sur les crop circles ne sont pas vraiment employés ici. Notre monde est fait de trop de territoires inconnus que pour aller voir du côté du ciel et des vaisseaux spatiaux, même si Makyo laisse la porte entrouverte.
Mais le scénariste frappe fort par son indéniable talent à faire du neuf en amenant des thèmes nouveaux et des enjeux actuels sur un thème vieux comme le monde. On flirte avec l’ésotérisme et le thriller, un peu avec l’héritage maya, beaucoup avec le drame familial, mais il est aussi plus que jamais question du lien humain et de l’importance de jouer collectif. Le dessin de Laval NG répond bien au scénario de Makyo, acquis à sa cause, onirique et bien ajusté. Un ouvrage aussi déroutant qu’essentiel.
Alexy Seny
Titre: Les cercles de lumière
Scénario: Makyo
Dessin: Laval NG (Fb)
Couleurs: Laval NG et Vincent Wagner
Genre: Fantastique, Thriller, Drame
Éditeur: Éditions du Long Bec (FB)
Nbre de pages: 128 (dont un dossier de contextualisation de 14 pages)
Prix: 23,50€
Un chat ordinaire (pour sa propriétaire), un peu gras, s'échappe la nuit pour chercher son menu préféré : de la viande ! Il déteste les croquettes, qui sont son ordinaire à la maison. Il est prêt à tout pour assouvir son appétit. Cela l'entraîne dans des aventures étonnantes, absurdes, tragi-comiques et totalement insoupçonnées de sa propriétaire.
Une vie de chat
Pouvez-vous un instant imaginer les rencontres effectuées par votre chat lors de ses sorties nocturnes ? C’est le trip qu’Odrade (dessinatrice et scénariste) vous propose de vivre dans un album disponible en EBOOK sur le site SANDAWE.COM (la parution de la version papier étant prévue pour le 01 décembre 2016).
Seule une amoureuse des chats pouvait nous faire vivre un tel voyage. Partagé en plusieurs récits animaliers, on suit les tribulations de notre matou qui n’aime pas les croquettes au profit de la viande rouge. Lors des virées effectuées par notre matou, celui-ci n’hésitera jamais à échanger ses maudites croquettes avec les divers animaux croisés.
Le fait le plus inattendu de cet album est sa conception effectuée à partir de papier noir et complètement dessiné au crayon blanc. Idée de génie exploitée par sa conceptrice, cette bande dessinée surprendra plus d’une personne et sera le cadeau idéal pour l’ensemble des amoureux des chats.
Alain Haubruge
Album : Le chat qui n’aimait pas les croquettes
Titre : Nuits blanches
Scénario: Odrade
Dessin: Odrade
Éditeur: Sandawe
Nbre de pages: 48
Prix: 12,90 €
Dans la rubrique coup de cœur en voici un de choix en cette période d'automne 2016 riche en sorties BD. Cette fois le nouvel opus de Mathieu Bablet nous à séduit particulièrement. Mathieu est une valeur sure des éditions Ankama sous le label 619. Rappelons-nous d'Adrastée et de La Belle mort, première publication de projet de l'auteur lancé par Run. Le grenoblois nous étonne une fois de plus avec cette fois un récit de science-fiction digne des plus grands classique du 7éme art.
Résumé de l'éditeur :
Dans un futur lointain de quelques centaines d’années, les hommes vivent dans une station spatiale loin de la Terre et régie par une multinationale à qui est voué un véritable culte. En apparence, tout le monde semble se satisfaire de cette « société parfaite ». Dans ce contexte, les hommes veulent repousser leurs propres limites et devenir les égaux des dieux. C’est en mettant en place un programme visant à créer la vie à partir de rien sur Shangri-La, une des régions les plus hospitalières de Titan, qu’ils comptent bien réécrire la « Genèse » à leur façon.
Les références tant cinématographique que littéraires font appels aux œuvres telles que 2001 l'odyssée de l'espace ou les horizons perdus et à une liste non négligeable qu'il serait superflu de citer dans cet article eut égard à la qualité de l'ouvrage. Les amateurs de space opéra y trouveront aussi leur compte. Bablet nous offres des décorums superbes et une ambiance très habile grâce à un découpage soigné. L'auteur mélange les thèmes de façon admirable. Au prime abord, le lecteur pourrait se sentir décontenancé dans sa première lecture. En effet les thèmes s'entrelacent. Manipulation génétique, contrôle des populations, mégalomanie donnent de la complexité au récit.
Mais rassurez-vous, le lecteur s'adaptera rapidement et le plaisir en sera tout aussi augmenté. Il s'agit en fait d'une espèce de métaphore de notre société actuelle. Les loisirs servant de moyen de manipulation par excellence. Le rythme narratif est très bien soutenu. Si cette bande dessinée était un film, vous n'auriez pas le temps d'aller vous recharger en pop-corn.
Vous ne serez pas déçu non plus du graphisme ultra soigné, un émerveillement visuel agrémenté de décors époustouflants, où les styles chromatiques s'enchainent parfaitement dans un subtil mélange. L'album profite également d'un format très élégant, à dos toilé contenant pas moins de 220 pages. En résumé, nous pouvons vous affirmer que Shangri-la constitue certainement le chef-d'œuvre de la carrière encore très prometteuse de Mathieu Bablet. Un must have de l'année 2016 dont vous auriez tort à y faire l'impasse.
Jean-Pierre Moulin
Titre: Shangri-La
Scénario, dessin et couleurs: Mathieu Bablet
Genre: Science-Fiction, anticipation
Éditeur: Ankama, collection 619
Nbre de pages: 220
Prix: 19.90 €
La guerre s'éternise. Le blocus naval mis en place par l'Angleterre, pour empêcher le ravitaillement des puissances centrales, provoque une pénurie alimentaire dans toutes les zones contrôlées par l'armée allemande. Dans cette Europe meurtrie, le périple des Lulus se poursuit. Malgré leur optimisme naturel, ils commencent à désespérer de revoir un jour l'abbé et les copains de l'orphelinat. Et, s'ils restent soudés dans l'adversité, les lézardes apparaissent dans leur belle amitié. Leur route, semée d'embûches, leur réserve toutefois de belles surprises et c'est d'un pas décidé qu'ils partent à la rencontre d'un pays qui leur est inconnu et de ses drôles d'habitants...
Alors que dans le tome précédent nous avions laissé nos Lulus sur le toit d’un train en partance vers l’Allemagne, nous les retrouvons dans cette nouvelle aventure cachés dans un wagon d’un convoi censé les ramener vers la France. Mais que s’est-il passé pendant les onze mois de leur escapade sur le territoire Allemand ? Nous le saurons grâce à un spin off de la série intitulé « La guerre des Lulus - La perspective Luigi » dessiné par Damien Cuvillier.
S’échappant du wagon dans lequel ils voyagent, nos Lulus se retrouvent en Belgique et vont faire une série de rencontres des plus inattendue les unes par rapport aux autres. Ce retour en Belgique sera aussi l’occasion pour Luce, qui est devenue une belle adolescente ne laissant pas ses camarades de marbre, de regagner le village de ses grands-parents. Nos deux complices (Hardoc – Hautière) réussissent une fois de plus à placer la barre très haut avec un scénario et des illustrations qui combleront un très large public familial.
Alain Haubruge
Série: La guerre des Lulus
Tome: 4 - 1917, la déchirure
Scénario, dessin et couleurs: Régis Hautière, Hardoc, David François
Genre: Drame - guerre
Éditeur: Casterman
Nbre de pages: 64
Prix: 13,95 €
Ça y est après les inondations, la grisaille et tout le reste, on aborde tout doucement le bel été. Et comme l’année passée, notre coup de coeur BD va aux Beaux Étés de Zidrou et Jordi Lafebre. Alors que le premier tome était paru en septembre (pour célébrer l’été indien, diront certains), cette fois les deux auteurs ont pris un peu d’avance, histoire de prendre des couleurs même avant le juin. Le plaisir de retrouver la Famille Faldérault sur la route (parfois tumultueuse) des vacances est intact, si pas encore plus grands. Direction la Calanque sur, entre autres, un célèbre air répétitif des Beatles.
Résumé de l’éditeur: Dans ce deuxième tome des Beaux Étés, Zidrou et Lafebre remontent le temps : les Faldérault et leur 4L rouge ont quatre ans de moins. 1969, cap au Sud ! Le Sud, certes, mais le voyage sur les petites routes a aussi toute son importance : le dernier café avec Pépé Buelo avant le départ, le champagne pour les 100 000 km de Mam’zelle Estérel, les pauses pipi, les pique-niques, le camping… avant de rejoindre les calanques paradisiaques de la Méditerranée ! Des moments précieux pour lesquels il est bon de prendre son temps…
Obladi, Oblada, comme une formule magique. Dans une interview, Jordi Lafebre nous avait confié écouter les Beatles sur la route des vacances, le voilà exaucé avec une bande-son du tonnerre offerte par quatre scarabées dans le vent. Et quitte à être dans le vent, autant aussi l’être au soleil en cette belle année 1969.
Le vent de la contestation est retombé mais la fougue des cinq Faldérault est toujours au beau fixe. Enfin, toujours… Déjà, plutôt! Car fidèle aux conditions de leur série (qui impose de sortir d’une bande dessinée dont les héros ont percé le secret de la jeunesse éternelle et de l’anti-vieillissement), Zidrou et Lafebre ont décidé de retourner dans le passé. Avec toutes les règles et challenges que cela impose.
On pense notamment à l’immense travail de charac-design du dessinateur. Car si on passe de six à cinq personnages et que les parents ne changent pas vraiment (quoique, on dirait bien qu’un petit être se cache dans le ventre de Madame, serait-ce Pépète?), il s’agit de rajeunir les trois enfants. Puis, on ne soulignera jamais assez le talent de Lafebre à faire ressentir cet air de famille sur chacun des visages de cette petite famille, incarnation parfaite du bonheur simple et naturel.
Pour le reste, Zidrou et Jordi déroulent le tapis rouge à toute une série de saynètes cocasses mais jamais cliché et réveillant quelques vieux souvenirs endormis en chacun de nous. Les clins d’oeil coulent de source: le métier d’auteur de BD, un Eddy Merckx en pleine forme, un auto-stoppeur hippie et en route pour Katmandou en passant par la conquête lunaire et un pastis bien mérité. Les Beaux étés est l’archétype même du récit qui se laisse vivre, bien vivre. Sans passage en force et avec une insouciance bénéfique. Et à l’aventure, la petite famille est douée pour faire des rencontres à son image, chouettes et sans compter.
C’est comme ça que les Faldérault échouent sur ce petit îlot perdu entre le flot azur et la falaise protectrice. De quoi augurer de belles plages et planches de bonheurs, portée par la terrible efficacité de Jordi Lafebre. Le prodige espagnol livre ainsi des dessins de haute facture, ayant trouvé le juste équilibre en simplicité et maestria, et remarquable d’inventivité (ça commence par la couverture quasi-stroboscopique).
Non, sans exagération, ce deuxième tome, non content de monter en puissance, fait partie de ces ouvrages qui font soleil dès qu’on y plonge et installe leurs rayons sur les visages des lecteurs. Ne vous étonnez pas si vous bronzez, c’est normal, vous êtes fin prêt à vivre vos vacances, tout en authenticité.
Alexis Seny
Série: Les Beaux Étés
Tome: 2 – La Calanque
Scénario: Zidrou
Dessin: Jordi Lafebre (Facebook)
Couleurs: Jordi Lafebre et Mado Pena
Genre: Chronique familiale, Humour
Éditeur: Dargaud
Nbre de pages: 56
Prix: 13,99€
Ça, c’est un coup de coeur! Inventif et totalement créatif sur le fond comme sur la forme, Le coeur de l’ombre de Marco d’Amico, Laura Iorio et Roberto Ricci nous propulsent dans l’envers et l’enfer de nos peurs. Inventant ce qu’il se passe quand le noir s’empare des chambres d’enfant et que surgissent les monstres qui peuplent les histoires culturelles racontées aux gosses pour s’endormir.
Résumé de l’éditeur: Luc a 10 ans, et il a peur de tout, surtout de l’Uomo nero, sombre héros d’une berceuse que lui chante sa grand-mère italienne. « Idioties ! » s’exclame son père. Pourtant, Luc n’a peut-être pas tort d’avoir peur… Avec ce one shot, Marco Cosimo d’Amico nous plonge au tréfonds de nos terreurs enfantines. Un voyage entre le merveilleux et l’univers des cauchemars que Roberto Ricci et Laura Iorio mettent en scène comme un théâtre d’ombres aux ambiances fantasmagoriques.
On connaissait le croque-mitaine dans nos contrées, et mine de rien, avec Le coeur de l’ombre, le trio magique autant que maléfique nous emmène à la découverte du patrimoine horrifique italien et de l’Uomo Nero, pas si diabolique qu’il n’y paraît mais ayant besoin des peurs enfantines pour survivre. Comme tous les autres monstres qui hantent l’ombre grisâtre du monde de la peur. Question de chaîne alimentaire. Et voilà que Paul, l’enfant le plus peureux de l’univers s’aventure dans la bouche de cette ombre peut-être encore plus insidieuse que le diable en personne.
Expérience narrative autant que puissamment graphique, Le coeur de l’ombre fait partie de ces BD’s qui retournent, bouleversent, font passer par tous les sentiments. Obscurcissant les rires et drôleries laissées par Monstres et Cie, les trois auteurs livrent une odyssée entre imaginaire et réalité et puisent, entre ici, le Tibet ou le Mexique, le meilleur de l’ombre tout en n’oubliant pas d’éclairer le tableau et de lui donner des reflets d’une éclatante lumière. La forme est acquise au fond et le graphisme, à couper le souffle, variant les styles (ce passage divin où les héros se retrouvent dans un ciel dessiné par des enfants) et les couleurs vivaces.
Avec une vision toute personnelle du deuil et de la peur, Le coeur de l’ombre se révèle bien moins horrifique qu’enchanteur. Une oeuvre qui mérite sa place aux-côtés des grandes oeuvres prenant comme terreau les rêves et l’imaginaire enfantin. Disons, entre Peter Pan et Pinocchio, non loin de Mister Jack et d’Alice au pays des merveilles (encore plus celui de Lacombe). Horri-féérique.
Alexis Seny
Titre: Le coeur de l’ombre
Récit Complet
Scénario: Marco d’Amico et Laura Ioro
Storyboard: Roberto Ricci
Dessin: Laura Ioro
Couleurs: Laura Ioro et Roberto Ricci
Traduction: Claudia Miggliaccio
Genre: Aventure, Fantastique
Éditeur: Dargaud
Nbre de pages: 104
Prix: 17,95€
L'armistice du 8 mai 1945 signe la fin de la Deuxième Guerre mondiale. En Europe, les armes se sont tues, les camps ont été libérés. En 1947, la résolution 181 des Nations Unies adopte la partition de la Palestine en deux États – juif et arabe. Pourtant, le sang continue de couler. À travers le destin de Leslie Toliver, membre de la Brigade juive, Marvano raconte avec justesse le long chemin qui permit la création d'Israël. Un chemin parsemé d'attentats, de morts, de haine et de peur. La guerre, toujours.
Le premier tome de La Brigade Juive (Jewish Brigade Group of the British Army - חטיבה יהודית לוחמת, חי"ל) évoquait l’histoire d’une des unités les moins connues de l'armée britannique composée de volontaires Juifs. Elle a combattu pendant la seconde Guerre mondiale en Italie contre les puissances de l’Axe. À la fin de la guerre, des soldats de la Brigade juive ont organisé l’assassinat de plusieurs responsables et collaborateurs nazis.
Représentés dans la BD par Leslie et Ari, le second tome s’attarde plus particulièrement sur la découverte des camps de concentration et des exactions commises par les nazis contre les populations Juives. L’auteur, Marvano, y évoque les thèmes de la vengeance, de la justice et de l'identité en posant la question du sens donner à la vie après l’Holocauste. Lors de ce second tome, les chemins pris par Ari et Leslie se séparent, le premier guidant les Juifs survivants des camps de concentration situés en Europe de l’est en organisant leurs entrées clandestines vers une terre promise; le second poursuivant sa chasse contre les criminels nazis en gardant l’espoir de retrouver les siens.
Le troisième tome nous entraine en Palestine, quelques jours avant le 14 mai 1948 (date de fondation d’Israël). A partir du 30 novembre 1947, suite au Plan de partage de la Palestine (résolution 181 des Nations Unies) toujours sous mandat britannique, une guerre civile éclate opposant d’une part des organisations armées juives et d’autre part des irréguliers palestiniens aidés par des volontaires arabes. Le 15 mai 1948, date de la fin du mandat britannique, commence la première guerre israélo-arabe avec l'intervention militaire de la Ligue arabe contre Israël et l'envoi de corps expéditionnaires égyptien, syrien, irakien et transjordanien en Palestine. C’est cette partie de l’histoire de la création d’Israël que Marvano nous propose en suivant les pas de Leslie Toliver.
HATIKVAH, le titre de l’album est le nom de l’hymne national israélien signifiant en français L'ESPOIR. Une série plus particulièrement destinée aux adolescents et aux adultes avec une relecture nécessaire permettant à chacun de découvrir l’ensemble des détails disséminés tout au long du récit et la qualité du travail effectué par le dessinateur scénariste.
NB : la Brigade juive fut officiellement fondée en Palestine le 20 septembre 1944. Elle comptait 5 000 combattants, et fut envoyée en Europe, où elle servit durant la campagne d'Italie. Les membres de la Brigade ne se limitaient pas aux populations juives originaires de Palestine : des Juifs venus de nombreux pays pour se réfugier en Palestine rejoignirent l'unité, une cinquantaine de nationalités étant représentées en son sein. Lors de la Seconde Guerre mondiale environ 30 000 volontaires juifs de Palestine servirent aux côtés des forces britanniques et plus de 700 furent tués en service. L'unité militaire fut officiellement dissoute à l'été 1946. Certains de ses membres rejoignirent ensuite les mouvements sionistes armés pour combattre au cours de la Guerre de Palestine de 1948.
Alain Haubruge
La brigade Juive T.3 HATIKVAH
48 pages
27-05-2016
13,99 €
EAN.
9782505065319
Le sud-est de l'Afrique, durant la Première Guerre mondiale. Josef vit avec son père, un pasteur allemand, dans une région dominée par l'Allemagne. Lorsqu'il rend visite aux autres colons disséminés dans l'immensité de ces terres, le pasteur se déplace en avion. À ces occasions, il initie son fils au pilotage. Un jour, à la suite d'une violente dispute, Josef s'enfuit à bord de cet avion, sans réaliser que la guerre fait également rage dans cette région d'Afrique ! Cet album sera précédé d'un prologue qui fait le lien entre Tanguy-la-Vie-Dure, qui apparaît dans Tramp, et Josef.
Pas besoin d’avoir lu la série Tramp afin d’apprécier à sa juste valeur cette nouvelle aventure. En effet, le scénariste présente un prologue permettant aux lecteurs d’effectuer le lien entre Josef présent dans ce volume et Tanguy Monval alias Tanguy-la-vie dure présent lui dans les pages de Tramp. L’aventure débute lorsque Tanguy la vie dure confie une série de carnets dans lesquels il a pris des notes et croquis au commandant Yann Calec. Ce dernier débute la lecture du premier carnet présentant le premier chapitre de la vie de pilote de Josef.
1917, Afrique orientale allemande, le pasteur Lother accompagné de son fils Josef fait la tournée des malades aux commandes d’un Albatross B.2. En compagnie de son père, Josef fait l’apprentissage du pilotage en même temps que l’étude pratique de la médecine. Alors qu’ils se trouvent chez les Backer, Josef tombe sous le charme de Silke, la maitresse de maison et femme de Klaus Backer. Par défi, Josef accepte la demande faite par Silke afin d’effectuer la réparation du moteur d’un tracteur immobilisé depuis plusieurs années. Lors l’arrivée de Josef à la ferme, Silke est absente pendant plusieurs jours, et lui est logé et confiné dans la grange où se trouve le tracteur. Lorsque Silke fait son apparition dans la grange, elle a été battue par le contremaitre Hansel et se jette directement dans les bras du jeune Josef. Tous deux consomme leur amour lorsqu’ils sont interrompus par le mari trompé accompagné du contremaitre Hansel. De retour à la maison, Josef est placé au mitard. C’est là qu’il apprend de la bouche de son père le « suicide » de Silke. Fou de chagrin, il décide de venger la mort de cette dernière en volant l’appareil de son père pour une expédition punitive sur la ferme Backer et par la même occasion profite de l’occasion pour rejoindre son oncle dans les forces armées allemandes en Afrique. Soixante-quatre pages présentant de l’action sur fond de paysages de savanes africaines. Les dessinateurs (Erik Arnoux & Chris Millien) réussissent le pari de nous présenter au travers d’un dessin réaliste l’aventure d’un jeune adolescent découvrant l’amour et la mort. Une agréable surprise pour un premier tome dont la lecture ravira les amateurs d’aventures exotiques.
NB : De 1914 à 1918, l’Afrique orientale allemande est perturbée par la Première Guerre mondiale. En 1917, la côte Est sera définitivement prise par les Britanniques tandis que l'ouest du pays était déjà conquis par les Belges dès 1916. Lors de la défaite en 1918, la région devient un mandat de la société des Nations (SDN). En 1921, le Tanganyika sera confié aux Britanniques tandis que les Belges hériteront du Ruanda (Rwanda) et Urundi (Burundi). L'ensemble des colons, enseignants, missionnaires et militaires allemands, seront expulsés en janvier 1919. De nombreux colons allemands partiront vers l'Afrique du Sud.
On ne peut pas parler d’Afrique orientale allemande sans évoquer le parcours militaire du général von Lettow-Vorbeck, responsable de l’armée allemande lors du premier conflit mondial. Malgré le fait que son armée était en nombre inférieur par rapport aux autres belligérants (Anglais, Belges, portugais et Sud -Africains), elle a infligé plusieurs défaites cuisantes à ses adversaires. Ils remportèrent leur ultime victoire en Rhodésie avec la prise de l’importante ville de Kasama, le 13 novembre 1918, deux jours après l’Armistice. Le 23 novembre 1918, lorsque les rumeurs d’armistice en Europe furent confirmées, le général von Lettow-Vorbeck se rendit avec son armée invaincue aux forces britanniques de Smuts, soit douze jours après l'armistice conclu en Europe.
Article par : Alain Haubruge
Série : L'Aviateur
Titre: L'envol
Scénario : Jean-Charles Kraehn
Dessins : Erik Arnoux - Chrys Millien
Genre : Aviation
Éditeur : Dargaud
Prix de vente : 14,99 €
ISBN : 9782205073805
Le roi Léopold II de Belgique n’était jamais allé au Congo. C’est sa colonie qui devait venir à lui. Lors de l’Exposition universelle de Bruxelles, trois cents Congolais venus d’Afrique sont répartis dans trois « villages » dans le parc de Tervuren… un véritable zoo humain. Au Congo, Paul met de l’ordre dans sa vie privée et découvre de nouvelles perspectives prometteuses pour la plantation. De leur côté, Morel et Casement continuent leur campagne d’information. Aidés par le vice-consul Thesiger qui, dès son retour en Grande-Bretagne, dépose un rapport accablant sur les exactions commises par la Compagnie caoutchoutière du Kasaï. C’en est trop pour Léopold. Un nouveau décret stipule désormais que tout propos calomnieux envers un fonctionnaire du Congo sera passible d’une amende, voire d’un emprisonnent. Les presbytériens sont dans la ligne de mire. Sheppard va être jugé. Pour la première fois, un Noir aura droit à un procès colonial.
Quatrième et ultime chapitre de ce témoignage livré par Africa Dreams. On ne peut qu’admirer et féliciter les auteurs pour l’exactitude de leur récit ainsi que le formidable travail de recherche effectué. Basée sur une énorme documentation, la saga aura mis six années avant d’être clôturée, mais l’attente en valait la peine. Les représentations signées par Bihel renforcent l’impact du récit. Le choix judicieux des couleurs correspond exactement à l’ambiance générale reflétée par l’histoire. Une histoire racontée en quatre tomes présentant un visage totalement différent du roi bâtisseur que l’on nous a enseigné lors de nos études primaire.
Mis à mal par les puissances industrielles extérieures, Léopold II a de plus en plus de difficulté à cacher à l’opinion publique les exactions commises dans l’état indépendant du Congo (E.I.C) dont il est propriétaire. De 1883 à 1886, il avait prélevé sur sa fortune personnelle près de 10 millions de francs-or. C’était un homme riche, mais pas assez afin de supporter seul l’ensemble des dépenses nécessaires au développement de l’E.I.C. Il voulait tirer des richesses du Congo, et non se ruiner. De 1885 à 1889 l’E.I.C ne lui rapportant presque rien, il s'aperçut que la construction du Congo allait épuiser son ample fortune. En 1890, le parlement belge lui octroya un crédit de 25 millions de francs belge dans la perspective d'un futur transfert de souveraineté de l’E.I.C en faveur de la Belgique. Le crédit se révéla très vite insuffisant, et le parlement belge vota le 29 juin 1895 un second crédit de 6,8 millions. La somme totale des prêts consentis par la Belgique fut de l'ordre de 32 millions de francs-or. Le roi se trouva en difficulté avec les prêts contractés, avant que les investissements consentis au Congo ne soient rentables avec le début du succès mondial sur le caoutchouc dans les années 1890. Les prix grimpèrent en flèche à chaque nouvelle innovation impliquant son utilisation. À la fin des années 1890, la récolte de caoutchouc avait de loin dépassé l'ivoire en tant que principale source de revenus du Congo. Le sommet de cette exploitation intervint en 1903, lorsque le prix du caoutchouc arriva au plus haut. L'ouverture en 1898 de la ligne de chemin de fer Matadi-Léopoldville permit de convoyer rapidement et à peu de frais les marchandises de et vers l'intérieur du pays. Les compagnies concessionnaires congolaises durent cependant rapidement faire face à des concurrents originaires de l'Asie du sud-est et de l'Amérique latine, lorsque les plantations d'hévéas se multiplièrent dans d'autres contrées tropicales plus exploitables, généralement aux mains de firme britannique rivale. C'est alors que les prix du caoutchouc commencèrent à chuter. La compétition amena à abuser du travail forcé afin d’abaisser les coûts de production. Pendant ce temps, le coût du recrutement de la main- d'œuvre grignotait les marges bénéficiaires, qui diminueraient aussi par l'épuisement de la matière première. Avec la montée de la concurrence pour le marché du caoutchouc, la gestion privée de Léopold II devenait vulnérable aux attaques des autres nations, en particulier du Royaume-Uni.
En septembre 1891, Léopold II décréta un arrêté changeant complètement sa politique commerciale au Congo. L’arrêté affirma : « Lépold II, roi des Belges, souverain de l'État Indépendant du Congo […] vu les grandes dépenses de premier établissement et la nécessité d'entretenir de bonnes relations avec les chefs et les indigènes ; sur la proposition de notre secrétaire d'État à l'Intérieur, nous avons décrété et décrétons : article 1, Les commissaires de districts de l'Oubangui-Ouellé et de l'Oruwimo-Ouellé et les Chefs des expéditions du Haut-Oubangui et Ouellé et du Haut-Ouellé, sont autorisés à prendre les mesures qui seraient urgentes et nécessaires pour conserver à la disposition de l'État les fruits des terrains domaniaux, notamment l’ivoire et le caoutchouc. Article 2, notre secrétaire d’État à l’Intérieur est chargé de l’exécution du présent décret, qui entrera en vigueur à la date de ce jour. ». Léopold II, qui se tenait jusqu'alors en retrait de l'exploitation commerciale du Congo, s'arrogeait ainsi le monopole d'une grande partie de l'E.I.C. Dès novembre 1890, le capitaine Coquilhat est envoyé par Léopold II pour remplacer le major Cambier à la tête du gouvernement local, avec pour mission principale de mettre sur pied l'organisation nouvelle qui allait être donnée à la politique économique de l'État de façon à contrecarrer le libre exercice des droits des indigènes et l'action du commerce privé. Cette exploitation en régie par les agents de l'État devait rapidement amener dans le Trésor vide de l'État, via la création de sociétés d'exploitation commerciale et la mise à disposition de la force publique au service de la levée de l'impôt indigène, des millions de francs-or. Sur le terrain, pour les natifs de la région, l'arrivée de la civilisation européenne allait tourner au pire des cauchemars.
Entre 1895 & 1900, l'État indépendant du Congo (E.I.C) fut l’objet d'une campagne anti-congolaise qui s'exprima par différentes voix. Celle d’Edmund Dene Morel fut la plus virulente et une des plus connues. Morel, ancien employé d'une compagnie de transport de Liverpool, devenu journaliste d'investigation à temps plein, publia de nombreux textes contre l'E.I.C. souhaitant la fin du monopole de Léopold II. Dans le magazine américain Times du 18 novembre 1895, le missionnaire américain Murphy écrit : « La question du caoutchouc est au cœur de la plupart des horreurs perpétrées au Congo. Elle a plongé la population dans un état de total désespoir. Chaque bourg du district est forcé d'en apporter une certaine quantité tous les dimanches au quartier-général. Le caoutchouc est récolté par la force ; les soldats conduisent les gens dans la jungle ; s'ils ne veulent pas, ils sont abattus, leurs mains sont coupées et portées comme trophée au commissaire.». En 1900, le chef de poste de Libokwa (Tilkens), écrit dans une lettre qui sera citée plus tard par Emile Vandervelde à la chambre: « Déjà, j'ai dû faire la guerre à trois reprises contre les chefs de tribus qui refusent de prendre part à ce travail. Les gens préfèrent mourir dans la forêt. Si un chef refuse, c'est la guerre, et une guerre horrible – des armes à feu contre des lances et des armes blanches.».
Une campagne de presse enflamma des journaux italiens qui publièrent en juin 1905, une interview du lieutenant Pietro Nattino qui avait servi dans l'E.I.C: « Je considère l'État du Congo, pas du tout comme un État, mais comme une bande de marchands d'esclaves qui, tout en prétendant répandre la civilisation, exploite le travail des indigènes par tous moyens possibles afin d'obtenir 700 tonnes de caoutchouc et d'ivoire pour chaque départ de bateau, c'est-à-dire toutes les trois semaines. »
La situation au Congo était connue, mais peu de Belges y croyaient. Dès 1900, après avoir parlé à des fonctionnaires coloniaux et suivant l'attitude de la presse et de l'opinion belges, Léopold II mit en doute la réalité des exactions, qu'il dénonça comme campagne de propagande du Royaume-Uni pour tenter de prendre la souveraineté du Congo. Il se lança alors dans de coûteuses campagnes de publicité, créant même une « Commission pour la protection des indigènes » pour contrer les « quelques fauteurs d'abus ». À travers un service spécialisé créé au sein du Département des Affaires intérieures de l'E.I.C. baptisé « bureau de la presse », des journalistes de différents pays furent rétribués pour écrire des articles en faveur de la colonie, accusant les esprits critiques de vouloir servir les intérêts du Royaume-Uni et dénonçant les témoignages des missionnaires protestants comme étant anticatholiques. L'État indépendant du Congo contra ainsi de nombreuses attaques pendant plusieurs dizaines d'années. En décembre 1903, Roger Casement remis au ministère du Foreign Office un rapport dans lequel étaient dénoncé les atrocités commises par les agents du roi sur l'ensemble de la population congolaise, hommes, femmes, enfants, vieillards. Ce rapport eut pour suite une note envoyée officiellement en février 1904 à l'administration de l'État du Congo et aux signataires de l'Acte de Berlin. La British Congo Reform Association, fondée par Morel avec l'aide de Casement, demandait que l'on agisse afin de faire cesser les exactions. D'autres nations européennes, ainsi que les États-Unis suivirent. Pour mettre un terme à une campagne qu'il jugeait trop agressive, Léopold II créa lui-même une commission d'enquête et transmit la nouvelle au Foreign Office.
Des commissaires de différentes nationalités furent envoyés sur les lieux, afin de récolter des témoignages. Le rapport qu’ils rédigèrent sur les conditions de vie des Congolais confirma le rapport Casement sur la réalité des abus dénoncés et fut publié le 4 novembre 1905. Suite à ce rapport, le parlement britannique convoqua une réunion des signataires du traité de Berlin de 1885 afin de réviser celui-ci. Ce document a mené au traité de cession de l’E.I.C à la Belgique par Léopold II. Le 15 novembre 1908, quatre années après le rapport Casement, le Parlement belge vota l'annexion de l'État indépendant du Congo, prenant en charge son administration.
Alain Haubruge
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