"-Les otages civils sont détenus dans les cellules de l'ancien pénitencier ! Ils sortent dans la cour principale deux fois par jour, sous la surveillance des warriors armés…
-Combien y a-t-il de prisonniers ?
-D'après le service de police de San Francisco, près d'une centaine… dont une douzaine de femmes et d'enfants !
-Et parmi les activistes, combien de combattants armés ?
-Difficile à dire ! Près d'une trentaine… Mais la nuit, leurs zodiacs parviennent à briser le blocus et ramènent vivres et renforts !"
1970. Un groupe d'activistes amérindiens des Red Power Warriors mené par trois évadés d'une prison californienne s'est emparé d'Alcatraz. L'ancienne prison est aujourd'hui abandonnée mais l'îlot est occupé par des militants pacifistes. Alors que ces derniers veulent regagner le continent, les rebelles armés retiennent en otage ce groupe de fils à papa, de hippies et de drogués pour leur servir de rempart. Que veulent-ils ? Tout simplement le respect des traités revendiquant les droits civiques des amérindiens. Parmi les évadés, se trouve Marcus, le frère du sous-lieutenant Jones. Pour mener l'affront, le gouvernement envoie la brigade militaire des SPADS du général Carrington, qui a fait appel à Jones pour le seconder. Madame le Maire de San Francisco, quant à elle, est contre l'emploi de la manière forte, afin de préserver les otages. La situation réussira-t-elle à être réglée ?
© Yann, Taduc, Tatti – Dargaud
Deuxième volume du triptyque XIII trilogy consacré à celle qui n'a pas encore atteint le grade de Major, Jones, Rouge Alcatraz prend pour thème un événement véridique de l'Histoire des Etats-Unis, à savoir l'occupation de l'île d'Alcatraz dans la baie de San Francisco en Californie, sauf que dans la réalité, ce fut beaucoup plus pacifique que dans la série, XIII oblige. L'invasion dura de novembre 1969 à juin 1971. Soixante-dix-huit amérindiens, menés par un certain Richard Oakes, directeur du département des études indiennes au collège d'Etat de Chicago, et Grace Thorpe, fille du célèbre footballeur et athlète olympique Jim Thorpe. En quelques jours, ce n'est pas moins de six cents amérindiens de cinquante tribus différentes qui composèrent le groupe de squatteurs. Les individus revendiquaient leurs droits et voulaient faire de l'île un centre d'études indiennes pour l'écologie. Le gouvernement les aura à l'usure en commençant par leur couper l'eau, l'électricité et le téléphone.
© Yann, Taduc, Tatti – Dargaud
Il fallait tout le savoir-faire d'un Yann pour tordre et distordre ces événements et y ajouter, avec d'autres, les personnages de Van Hamme et Vance que sont Jones et le général Ben Carrington. A la manière du scénariste originel, il mène l'intrigue tambour battant sans aucun temps mort et avec un épouvantable cliffhangher final (surtout ne feuilletez pas l'album avant de le lire). Là où l'on reconnaît la patte de Yann par rapport à celle de Van Hamme c'est dans des petits clins d'œil comme ici avec une pseudo-Janis Joplin rebaptisée Joanis Joplaez.
Olivier Taduc est dans un graphisme parfaitement Vance-compatible tout en gardant son style que l'on connaît si bien avec Chinaman. Ce n'est pas la première fois que le dessinateur visite l'univers puisqu'il avait pris en charge Jonathan Fly dans un XIII Mystery scénarisé par Luc Brunschwig.
© Yann, Taduc, Tatti – Dargaud
Après la série mère et la série Mystery, ce nouveau concept Trilogy relance la franchise pour un bon moment. Avec des auteurs de qualité, à quoi se priver de faire durer le plaisir ? Efficace.
Laurent Lafourcade
Série : XIII Trilogy Jones
Tome : 2 – Rouge Alcatraz
Genre : Thriller
Scénario : Yann
Dessins : Olivier Taduc
D'après : William Vance & Jean Van Hamme
Couleurs : Bruno Tatti
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782505124771
Nombre de pages : 48
Prix : 13 €
"-Un groupe, c’est comme une famille. Alors autant jouer en famille.
-Et au fait, comment il s’appelle ton groupe ?
-Heu… Ça déchire trop ce nom ! Papa, ça évoque quoi pour toi, "Mano Negra" ?
-C’est le nom d’une bande d’anarchistes andalous de la fin du XIXème siècle et nationalistes yougos."
Ils ont été le meilleur groupe du monde pendant quatre ans. Ils ont reboosté le rock français. Ils ont chanté en espagnol, en français, en anglais, en arabe et ont commencé à sillonner le monde. Il a ensoleillé les plus grands stades et les petites rades, bondissant sur scène. Il a chanté en espagnol, en français, en anglais, en arabe et a continué à sillonner le monde. Ce groupe, c’est La Mano Negra, ce chanteur, c’est Manu Chao. En véritable fan inconditionnel, Gaston retrace le parcours passionnant d’un saltimbanque et de sa troupe, des années 80 à nos jours.
© Gaston - Idées plus
L’histoire commence en 1961 avec la naissance à Paris du petit José Manuel Arturo Chao, un 21 juin, jour qui deviendra plus tard celui de la fête de la musique. Son père, Ramon, dirige ses enfants vers la musique. Manu choisit la guitare, son frère Antoine la batterie, puis la trompette. Porté par le succès des Bérurier Noir, le rock alternatif émerge, avec l’hilarante danse du Pogo. En 1982, Manu créé son premier groupe familial avec son frère et son cousin. En 1984, il fonde les Hot Pants dont il est le leader. En 1987, c’est sous le nom de groupe La Mano Negra que sort le 45 tours à l’étoile rouge sur fond jaune avec l’empreinte de main noire. Suivra le premier album, mythique : Patchanka, qui leur permettra de passer du label indépendant Boucherie Productions à la Major Virgin. Manu Chao garde le contrôle du business : du marketing au prix des places, en passant par les affiches et le choix des titres. Le groupe joue dans une bonne partie du globe, les albums et les tournées s’enchaînent.
© Gaston - Idées plus
Après la séparation du groupe en 1994, Manu Chao a un coup de blues. Il continue de voyager, continue la musique, mais songe à arrêter sa carrière pour passer à « autre chose ». Mais avant cela, il décide d’enregistrer un dernier album solo. Il le veut techno mais un bug informatique supprime les rythmes du genre des enregistrements. Tant pis. L’album sort comme ça, en 1998, comme une maquette. Il s’appelle Clandestino et va s’écouler à plus de trois millions d’exemplaires. Les albums et les collaborations se suivent, jusqu’en 2008 avec la sortie d’un dernier album live. Depuis, Manu Chao continue à tourner mais a une autre conception de distribution de la musique. C’est un philanthrope. Il se fait plaisir, et fait plaisir à ceux qui suivent sa carrière.
© Gaston - Idées plus
Après Bobby Lapointe et Renaud, Gaston s’intéresse à Manu Chao et La Mano Negra. Dans un petit album passionnant, il témoigne d’un amour profond pour la musique de ce troubadour des temps modernes, sans pour autant jamais tomber dans une hagiographie. Le livre est accompagné d’une bande son que l’on peut découvrir grâce aux nombreux QR codes qui parsèment les pages. Magyd Cherfi, le pote de toujours, signe la préface. Et là où l’on voit que la musique de Manu Chao a quelque chose de magique, c’est qu’il intéressera tout autant les aficionados que les profanes.
Laurent Lafourcade
One shot : De la Mano à Manu Chao
Genre : Biographie
Scénario, Dessins & Couleurs : Gaston
Éditeur : Idées plus
ISBN : 9782374700878
Nombre de pages : 64
Prix : 16 €
"-Est-ce que par hasard il y aurait un bus en partance dans les prochaines minutes ? Quelle que soit la destination.
-Le plus pratique est d’acheter le billet directement au chauffeur. Le car est juste devant la porte.
-Merci de votre aide. "
Allan Karlsson est né le 3 juillet 1905. En Suède, pendant que tout le personnel de la maison de retraite s’affaire aux préparatifs de la fête pour son centième anniversaire, le vieillard prend la poudre d’escampette par la fenêtre de sa chambre. Heureusement qu’il est au premier étage parce qu’à son âge on ne peut pas se permettre des cascades trop périlleuses. Après un crochet par le cimetière, Allan se rend dans une gare d’autobus pour partir. Peu importe où. Alors qu’un jeune homme lui demande de garder sa valise pendant qu’il est aux toilettes, le vieux part avec, en bus, direction Strängnäs. Sorti des WC, le type est furieux. Sa valise semblait cacher quelque chose d’important. Réfugié chez le gardien d’une toute petite gare, ferroviaire cette fois-ci, Allan est rattrapé par le propriétaire de la valise… qu’ils tuent. Les voilà donc avec un corps et une valise sur les bras, suscitant bien des convoitises. Va falloir gérer tout ça, et même plus, un éléphant.
© Taillefer, Bonne, Jonasson – Philéas
L’histoire du Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est un road movie. La fuite en avant alterne avec les souvenirs d’Allan. Orphelin de père à douze ans à la suite de la Révolution russe de Février 1917, il doit se mettre au travail. Il va bosser chez un chimiste. A quinze ans, il perd sa mère. Devenu expert en explosifs, Allan va débarquer aux Etats-Unis, avant d’être récupéré par les russes qui souhaitent bénéficier de ses connaissances sur l’atome pour les aider à fabriquer la bombe. C’est au Kremlin qu’il va croiser la route d’Herbert Einstein, frère stupide du génie. Staline va en attraper des sueurs froides.
© Taillefer, Bonne, Jonasson – Philéas
Après l’excellent La demi-double femme, paru chez Mosquito, Grégoire Bonne s’offre une récréation avec l’adaptation du best-seller de l’auteur suédois Jonas Jonasson. A la manière du Pingouin, d’Andreï Kourkov, le roman est de ces histoires loufoques ridiculisant le monde et l’époque dans laquelle ils se déroulent. Si Le pingouin prend place en ex-URSS, la vie de Jonas prend un tournant décisif en pleine guerre froide. L’auteur se moque de tous les dirigeants de l’époque. Au fil de l’histoire, le passé d’Allan prend de plus en plus de place, tant et si bien qu’il faut prendre garde à ne pas perdre le fil de la traque entre les fugitifs, les malfrats et les forces de l’ordre. Le scénariste Taillefer date les séquences, notamment celles du passé, bordées de gris. C’est à la fin qu’il faut être attentif, quand, comme dans un post-générique, on boucle la boucle en apprenant comment Allan a débarqué à l’Ehpad.
© Taillefer, Bonne, Jonasson – Philéas
Drôle et tendre, cruel et loufoque, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire réussit son passage en bande dessinée, grâce notamment à ses personnages attachants et joyeusement barrés.
Laurent Lafourcade
One shot : Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire
Genre : Road movie Polar
Scénario : Taillefer
D'après : Jonas Jonasson
Dessins & Couleurs : Grégoire Bonne
Éditeur : Philéas
ISBN : 97823855020118
Nombre de pages : 120
Prix : 19,90 €
"-J'imagine que tu sais pourquoi je t'ai convoqué.
-Mon seigneur a avancé dans l'enquête qu'il mène sur la mort mystérieuse de nos abeilles ?
-Pas… pas exactement, non. Bien souvent, tu causes des troubles dans la cité et bien souvent, nous te pardonnons… Atsuhiko, es-tu mon ami ?
-Je vous demande pardon ?
-Es-tu un ami de l'empire et de son digne représentant, ton daimyo ?
-Bien entendu, seigneur…
-Alors pourquoi le quartier des apiculteurs ne s'acquitte pas de la taxe ?"
Sur la berge enneigée d'un lac japonais, un couple déplore de ne pas pouvoir avoir d'enfants. Les dieux veulent-ils que s'éteigne la lignée des Inari ? Kiyo demande à son mari Murami de la répudier afin qu'il ait des enfants avec une autre pour que la dynastie Inari se poursuive. Il le refuse. Il ne ferait jamais cela à son aimée. C'est alors qu'une meute de loups se fait entendre non loin. Les bêtes gravitent autour d'un panier en osier suspendu à une branche. Après les avoir fait fuir, les époux y découvrent un bébé. Il s'appelle Caleb. Les dieux leur auraient-ils envoyé un héritier ?
© Clément, Renard, Grelin, Benoît - Glénat
Quelques années plus tard, le bambin a bien grandi. On le retrouve dans une bien mauvaise passe, otage d'une bande de malfrats. Avec l'aide de son serviteur Doglass, il va réussir à s'en sortir, non sans quelques frayeurs. On va rapidement apprendre qu'ils sont chasseurs de primes et parcourent le pays, traquant les bandits qui pourraient leur permettre d'encaisser de l'argent auprès du daimyo local. C'est à une affaire de grande aventure à laquelle ils vont se trouver confrontés. A Chidori, les apiculteurs déplorent la mort mystérieuse de leurs abeilles sur lesquelles repose l'économie de la ville. Voilà donc nos héros en mission pour résoudre cette énigme. Caleb va avoir bien besoin des larmes du Yôkai transmises au fils ainé de chaque génération.
© Clément, Renard, Grelin, Benoît - Glénat
Après Le temps des mitaines, revoici Loïc Clément aux commandes d'une bande dessinée animalière. A la frontière entre Chlorophylle et Kogaratsu, les aventures de Caleb et Doglass démarrent sur les chapeaux de roue. Imaginez donc les personnages de Macherot dans l'univers japonais médiéval de ceux de Michetz et Bosse, et voici Les larmes du Yôkaï. Ce ne sont pas les seuls auteurs qu'invoque Loïc Clément, parce qu'il y a aussi du Goscinny dans son écriture, pour son duo de héros hors du commun tout d'abord, puis surtout dans les dialogues, fins, ciselés, drôles. Caleb et Doglass portent le même équilibre qu'Astérix et Obélix, ou plus encore Iznogoud et Dilat Laraht. Caleb a quand même un petit côté fourbe. Doglass est bien plus malin qu'il ne veut le laisser paraître.
Margo Renard dessine l'histoire dans la même ambiance que l'aurait fait Anne Montel, complice de Loïc Clément sur Le temps des mitaines. C'est Stéphane Benoit qui s'est chargé du storyboard, dynamique, allant à l'essentiel. Les couleurs de Grelin ont un effet aquarelle qui passe très bien sur les décors mais qu'on aurait préféré plus en aplats sur les personnages. Cela n'entache en rien l'ambiance globale de l'intrigue.
© Clément, Renard, Grelin, Benoît - Glénat
Les abeilles se cachent pour mourir est la première aventure d'un duo de héros qui a un énorme potentiel pour une longue série d'intrigues équilibrant à merveille humour et action. L'histoire se termine dans ce volume mais le fil rouge de la famille de Caleb est là pour la relier aux prochaines. A suivre… avec grand plaisir, comme à la grande époque de l'âge d'or du franco-belge.
Laurent Lafourcade
Série : Les larmes du Yokai
Tome : 1 – Les abeilles se cachent pour mourir
Genre : Aventure
Scénario : Loïc Clément
Dessins : Margo Renard
Couleurs : Grelin
Storyboard : Stéphane Benoît
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344053218
Nombre de pages : 88
Jérôme K.Jérôme Bloche, enquête à perpétuité !
Le privé au solex de Dodier est de retour. Il va d'ailleurs rouler en mobylette pour une fois. C'est un simple doudou perdu qui va l'emmener dans sa nouvelle enquête. Le second événement de l'hebdomadaire est un récit complet de Spirou et Fantasio signé par le trio Elric, Lemoine et Baril qui explique comment le groom et le journaliste ont emménagé ensemble.
Pendant ce temps, les abonnés vont construire un très original poptastic en accordéon représentant une scène de Spirou à Korallion
Spirou, ami, partout, toujours.
© Mathieu, Schwartz - Dupuis
Histoires à suivre :
Cavaliers de l'apocadispe (Les) sauvent la nature |
Libon |
Jérôme K. Jérôme Bloche : Perpétuité |
Dodier / Cerise |
Marsupilami (Le) : El Diablo |
Nesme / Trondheim |
Tuniques Bleues (Les) : De l'or pour les bleus |
Lambil / Neidhardt / Leonardo |
Récit complet :
Spirou et Fantasio : La brosse à dents |
Elric / Lemoine / Baril |
Gags (strips, 1/2, 1 et 2 planches) :
Brad Rock |
Jilème / David |
Dad Flashbacks |
Nob |
Des gens et inversement (La pause-cartoon) |
Berth |
Edito (L’) |
Erre / Fabcaro / Greff |
Fifiches du Proprofesseur (Les) (La pause-cartoon) |
Lécroart |
Fish n chips (La pause-cartoon) |
Tom |
Game over |
Midam / Adam / Benz / Angèle |
Kid Paddle |
Midam / Dairin / Patelin / Angèle |
Léon & Lena |
Clémence / Cerq / Alizon |
Pernille |
Trichet / Dav / Esteban |
Spoirou & Fantasperge (Marges) |
Sti |
Strip dont vous êtes la star (Le) |
Libon / Salma |
Tash & Trash (La pause-cartoon) |
Dino |
Rubriques :
3 infos 2 vraies 1 fausse |
Bercovici / Bernstein / Le Gall |
Coin des lecteurs (Le) : Bienvenue dans mon atelier ! |
Tom |
En direct du futur : Lucky Luke in town |
Achdé |
Interview |
Dodier |
Jeux : Les prodigieuses enquêtes de ce cher Lockholmes et du Doc'Teurwatson |
Emeriau & Casters |
Spirou et moi |
Plateau |
Supplément abonnés :
Poptastic : Spirou à Korallion |
Mathieu / Schwartz |
En kiosques et librairies le 25 Septembre 2024
3,20 €
Laurent Lafourcade
"-Bonjour, Viktor.
-Tu es bien matinal, Jörgen… Toujours tes insomnies ?
-Toujours… Mon boulot me fait de plus en plus chier, Viktor. Vingt ans au propaganabüro à lécher les pompes des chinois, j’en peux plus. (…) Et toi, ton tueur ? Tu avances ?
-Non. On n’a plus rien depuis la septième victime… Et ça date d’un mois, déjà..."
Berlin 1975. Viktor Eberhart est flic. Le policier enquête sur une série de meurtres, sans succès. Il pourrait se faire aider par les informateurs de son collègue Jörgen, mais si les chinois l’apprennent, ils risquent de lui retirer l’enquête. Les victimes ont pour points communs leur âge et leur sexe. Elles ne sont connectées ni par leur milieu social, ni par leur profession, ni par leurs fréquentations. Après chaque meurtre, l’assassin découpe ses proies et dispose ses organes autour du corps. Alors que ça fait un mois que le tueur n’avait pas fait parler de lui, une huitième victime vient d’être découverte au Treptower Park. L’inspecteur Eberhart se rend sur place sous une pluie battante, accompagné de son assistant, Mathias. Le commissaire Zhang Jing leur fait comprendre que les policiers allemands n’ont pas à intervenir. Dans une Allemagne envahie par la Chine, Eberhart n’a pas l’intention de baisser les bras et compte bien mener son enquête à bout.
© Clarke - Soleil
Nouvelle Chine est une dystopie. Les années 70 voient une capitale allemande sous occupation chinoise. Après l’invasion du Tibet en 1950, Mao a soutenu les forces vietnamiennes. La guerre d’Indochine gagnée, les occidentaux ont dû plier bagage et abandonner les comptoirs commerciaux en Asie. Pour empêcher une nouvelle alliance de se mettre en place, le grand leader Mao Zedong balance le Chuanranun virus. Les USA ferment leurs frontières et ne se mêlent pas du conflit. L’Europe et le Moyen-Orient sont décimés par le virus. En échange du vaccin, le Bingdu, l’Occident doit se convertir aux valeurs universelles du communisme. Cette fraternité obligée se traduit donc par des distributions hebdomadaires de doses et par la lecture obligatoire du fameux petit livre rouge dont des versions réactualisées sont régulièrement imposées. Au milieu de tout ça, Viktor, qui vit avec sa fille, tente de faire son travail entre chinois non soumis au grand timonier et allemands découvrant les dessous d’un embrigadement international.
© Clarke - Soleil
Clarke met l’Allemagne dans un rôle totalement inédit. Au lendemain de la seconde guerre mondiale (trente ans, ce n’est rien à l’échelle de l’humanité), les teutons se trouvent dans la position du pays envahi. Mais c’est la Chine, et non pas les Alliés, qui prend leur contrôle. Le polar n’aurait pas eu la même intensité si l’action avait eu lieu en France. L’enquête autour du tueur en série n’est qu’un prétexte pour traiter des relations humaines en cette période troublée. Les plus grands tueurs en série ont profité de situations politiques ou belliqueuses pour agir en marge d’un contexte attirant l’attention. Ici, ce n’est pas le coupable qui intéresse, mais la façon dont Eberhart va pouvoir mener son enquête, entre politique et résistance, avec les moyens dont il dispose.
© Clarke - Soleil
Après la trilogie Urbex, Clarke a choisi un traitement noir et blanc mettant en avant un trait sec, avec une certaine rigidité en parfaite adéquation avec le propos. Il ne ferme pas la porte à une éventuelle suite. On a encore beaucoup à apprendre sur son inspecteur. La dystopie est posée et a un potentiel certain à être développée.
Toute ressemblance avec une épidémie de Covid-19 serait purement fortuite… ou pas. Nouvelle Chine est un polar glaçant mené de main de maître par un Clarke au meilleur de sa forme.
Laurent Lafourcade
One shot : Nouvelle Chine
Genre : Polar distopyque
Scénario & Dessins : Clarke
Éditeur : Soleil
Collection : Quadrants
ISBN : 9782302102781
Nombre de pages : 104
Prix : 17,95 €
"-L’Islam est divisé. Les princes, malgré leurs liens de sang, sont trop occupés à se disputer le pouvoir pour faire bloc devant notre armée.
-A qui songez-vous pour prendre la tête de la croisade ?
-A l’Evêque du Puy : Adhémar de Monteil. Il a accompli un pèlerinage en Terre Sainte et connaît bien la question d’Orient. Je pense également aux barons français du Midi qui ont déjà mené la Guerre Sainte en Espagne. Le Comte de Toulouse, Raymond de Saint-Gilles, a déjà accepté. Nous pourrons aussi compter sur les normands de Sicile. Ils ont l’avant-garde de la latinité.
-Excellents choix.
-Et j’ai sollicité le concours de Godefroy de Bouillon et de son frère Baudouin de Boulogne."
Clermont-Ferrand, Novembre 1095. Dirigé par le pape Urbain II, le concile décide de chasser les turcs et les arabes des terres d’Orient qu’ils ont envahi. Deus lo volt ! Dieu le veut ! Il est temps de partir libérer la Terre Sainte et de délivrer Jérusalem. Il est promis à ceux qui perdront la vie la rémission de leurs péchés. Pendant ce temps, à Bouillon, un jeune chevalier s’entraîne avec son maître d’armes. Il s’appelle Godefroy. A vingt-huit ans , il défendait déjà son territoire des assauts du Comte de Namur. Il porte haut le titre de Duc de Basse-Lotharingie. Le temps est venu pour lui de prendre femme. Il ne va pas tarder à faire la connaissance d’Aëlys, une jeune servante, un brin sorcière, qui va lui faire tourner la tête. Mais est-elle bien pour lui ? Au monastère de Cluny, on prévoit un autre destin pour Godefroy. Lui et son frère Baudouin de Boulogne sont sollicités, avec d’autres barons français du midi, pour faire partie de la croisade en Terre Sainte. Il faut en profiter car les princes d’Islam sont préoccupés à se disputer le pouvoir.
© Miel, Dubois d’Enghien, Felideus - Anspach
Comment Godefroy de Bouillon prendra-t-il son destin en main ? Le premier tome de cette série pose les bases et la problématique de la vie de cet illustre personnage de l’Histoire de France. Le récit ne fait que commencer. On découvre dans cet album le caractère et la puissance de l’homme. Avant de l’engager sur les chemins de la guerre, les auteurs l’entraînent sur les sentiers de l’amour. Il va apprendre à ses dépens que l’amour est au moins aussi complexe que la guerre, surtout quand il y a manigances et trahisons. C’est peut-être cela qui va l’amener à faire les choix que l’on sait.
© Miel, Dubois d’Enghien, Felideus - Anspach
Les plus anciens lecteurs se souviendront de la biographie dessinée de Godefroy de Bouillon par Sirius, l’auteur de Timour et Bouldaldar jadis chez Dupuis. Le scénariste Rudi Miel prend la relève, avec plus d’aventure et moins de solennité, mais toujours dans une vérité historique au plus proche de l’esprit de l’époque, tout en comblant les vides des biographies. Godefroy n’était pas aussi lisse que dans l’imaginaire collectif. Les auteurs comptent bien montrer son côté sombre. Un dossier historique complète l’album. Au dessin, Théo Dubois d’Enghien s’est attaché les services d’un archéologue spécialiste dans les fortifications médiévales afin d’être crédible, cohérent et juste. Digne successeur d’un Philippe Delaby, il signe un album impeccable à l’encrage fin et maîtrisé.
© Miel, Dubois d’Enghien, Felideus - Anspach
Dans les années 80, nul doute que la série aurait été l’un des fleurons de feu la collection Vécu chez Glénat. Il y a même l’inévitable scène de sexe dans les pages 30, comme le passage obligé de l’époque. Pas nécessaire. Cela n’entache en rien ce bel album historique et aventureux qui annonce une série solide.
Laurent Lafourcade
Série : Godefroy
Tome : 1 - Le seigneur de Bouillon
Genre : Histoire
Scénario : Rudi Miel
Dessins : Théo Dubois d’Enghien
Couleurs : Felideus
Éditeur : Anspach
ISBN : 9782931105252
Nombre de pages : 56
Prix : 15 €
"-Tous ensemble !
-Bordez !!
-Je ne crois pas que je ne me lasserai jamais de cette jolie mélodie du vent sifflant dans la mâture !... Ah ! Mr Harvey, que donne la mesure du loch ?
-Nous filons à peu près 11 nœuds, Lieutenant !
-Pas davantage, alors que nous sommes aux limites de tension ?!...
-Le vent se renforce et commence à souffler en rafales…"
Forêt de Chizé, Haut-Poitou, octobre 1307, une troupe de templiers s'apprête à rejoindre La Rochelle. Philippe Le Bel souhaite l'anéantissement de leur ordre. Alors que le premier rayon de soleil perce l'horizon, les combattants larguent les amarres les coffres remplis d'un trésor constitué d'argent, d'archives et d'artefacts ramenés de Terre Sainte. Ils comptent bien rebâtir leur ordre au Nouveau Monde.
© Puerta, Bec - Le Lombard
Près de cinq cents ans plus tard, à Gibraltar, le lieutenant Bruce J.Hawker embarque sur le Victory pour y retrouver l'amiral Nelson qui le congratule pour ses exploits maritimes. Il y rejoint ensuite son vaisseau "Le Lark" pour prendre le large et rejoindre l'Angleterre. Le sort en décidera autrement. Pris pour cible par un navire espagnol dont ils franchissent les eaux territoriales, le bateau ne résiste pas à la tempête qui s'ensuit. Bruce et ses hommes, naufragés, sont recueillis par une goélette française qui les embarque, direction la Nouvelle-Ecosse, comme main d'œuvre de luxe, pour dénicher le fameux trésor qui avait fait le même trajet un demi-millénaire auparavant.
© Puerta, Bec - Le Lombard
La série Bruce J.Hawker a été créé à la toute fin des années 70 par William Vance, qui s'adjoindra rapidement les services d'André-Paul Duchâteau au scénario. Le succès de XIII empêchera le dessinateur de poursuivre les aventures de son marin fétiche dont il avait une nouvelle histoire en projet. Presque trente ans après son septième et dernier album, le marin refait surface. Habitué aux fonds marins avec Carthago, le scénariste Christophe Bec remonte le militaire des profondeurs avec ce premier tome d'un diptyque annoncé. En multipliant les références aux aventures passées, qu'il n'est pas indispensable d'avoir lues, il rend hommage à ses prédécesseurs en offrant une aventure avec un grand A. Au dessin, Carlos Puerta est fantastique de réalité. On se prend des coups de canons et des giclées d'embruns en pleine face. Le dessinateur hyper-réaliste marche sur les pas de Vance, sans le copier, en l'intégrant dans son style. Le travail sur les navires est on ne peut plus minutieux. Les décors, dans l'eau ou sur terre, sont criants de matière.
© Puerta, Bec - Le Lombard
Après Ric Hochet et Bruno Brazil, les éditions du Lombard proposent de nouvelles aventures pour Bruce J.Hawker. Avec une reprise d'une telle qualité, pas question de parler de nostalgie, mais de "revival". Avertissons tout de suite les auteurs et l'éditeur, on ne se contentera pas d'un diptyque.
Laurent Lafourcade
Série : Les nouvelles aventures de Bruce J.Hawker
Tome : 1 – L'œil du marais
Genre : Aventure maritime
Scénario : Christophe Bec
Dessins & Couleurs : Carlos Puerta
Éditeur : Le Lombard
Nombre de pages : 56
Prix : 15,45 €
"-Et alors, tu viens pas manger ?
-Pffff… J’suis mieux ici, je me nourris de la nature ! Et puis, les rayons de soleil, c’est plein de vitamines ! Ça vaut bien un repas.
-Comme tu veux. Je prendrai ta ration de frites !
-Des frites ? Rien ne vaut les vitamines des frites !"
Un plateau de cantine, c’est tous les jours différents. Le jour des spaghettis bolognaise, c’est toujours plus apprécié que le jour des choux de Bruxelles. Contrairement à la maison, on mange sans écran devant l’assiette, sauf pour les petits malins qui ont amené leur ordi. Les coquilles des moules, ce n’est pas facile à mâcher. C’est peut-être pour ça que c’est difficile à digérer. Côté dessert, la top technique pour manger les yaourts, c’est le sprotch-hop ! On appuie d’un coup sec sur le pot ouvert, le contenu gicle en l’air et on le récupère dans la bouche… en principe. Si malheureusement on finit taché, il y aura bien une copine pour proposer une solution ni vu ni connu.
© Nob - BD Kids
Dans ce neuvième opus de La cantoche, les élèves ne vont pas faire que manger à la cantine. Ils vont sortir en forêt pour une journée « Planète propre ». Si chacun y va de sa petite contribution pour le ramassage des déchets, c’est bien pour l’environnement. Les vacances au bord de la mer ne sont pas sans rappeler la nourriture, surtout quand on a des matelas gonflables en forme de part de pizza ou de brocolis. Il y en a un qui va plus attirer les copains que l’autre. Un autre événement va être lorsqu’une équipe de télévision va venir faire un reportage à la cantine. Les caméras s’en souviennent et les élèves sont capables de quelques fourberies pour que tout se passe bien pour le chef en échange d’une contrepartie. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour avoir plus souvent des frites.
© Nob - BD Kids
La cantoche, c’est toute une année au fil des saisons dans une école. Nob est un as dans ces mini-gags en quatre cases, s’adressant à un public plus jeune que Dad mais que les plus grands apprécieront quand même. Le cuistot est le sosie physique du père de famille et moralement on aurait très bien vu le papa des quatre gamines se faire embaucher entre deux tournages pour servir les repas à ces chères têtes blondes, brunes et tutti quanti. Mais ce n’est pas lui. Les deux séries sont bien complémentaires. Les couleurs pastels de Nob et Laurence unissent les univers.
© Nob - BD Kids
Le chef n’est pas près de prendre sa retraite. Il en a encore pour vingt ans ! On n’a pas fini de manger des épinards.
Laurent Lafourcade
Série : La cantoche
Tome : 9 - La main à la pâte
Genre : Humour pédago-culinaire
Scénario & Dessins : Nob
Couleurs : Nob & Laurence
Éditeur : BD Kids
ISBN : 9791036363238
Nombre de pages : 64
Prix : 10,50 €
"-Mais Lunure… Je comprends pas pourquoi elle tient tant à garder ses clochettes…
-C’est… Hum… médical.
-Même si elle va monter la garde, on n’est jamais trop prudent ! Surtout que certains monstres invisibles aiment s’en prendre aux humains pendant qu’ils dorment !
-In… Invisibles ? Et de la cendre, ça va nous protéger ?"
Lame, Lune et le moinillon Merle campent en pleine forêt. Ils tentent de rejoindre la citadelle de Haut-Fort dans laquelle sont déjà arrivés leurs compagnons. Mais dans un monde où le moindre bruit peut attirer des monstres, c’est bien périlleux. C’est pour cela que Merle prépare une décoction à base de cendres pour protéger le trio pendant la nuit. Certains monstres invisibles aiment s’en prendre aux humains pendant qu’ils dorment. Ils renversent la tasse de cendres en voulant attaquer et passent ensuite le reste de la nuit à tout ramasser. C’est super long et ça les empêche d’agir. A Haut-Fort, quand le soleil se couche, on prend également garde aux monstres qui ont pris l’habitude de s’approcher. Les moines magiciens défendent les villageois. C’est le cas de Cime et de ses poings d’acier rempart efficace contre les agressions.
© Vornière – Kana
Ce troisième épisode de Silence débute alors que nos héros sont séparés en deux groupes. Ové, Griotte et leurs camarades sont en sécurité, ou presque, à la citadelle. En piteux état, Gris va pouvoir se faire soigner à l’hôpital. Il ne faudrait pas que ses blessures et morsures s’infectent. Le docteur Rameau va le prendre en charge. Ils intègrent une communauté paisible, aimant les animaux, avec des réserves de nourriture. Autrefois, avant les dégâts de la longue nuit où la ville a été endommagée par un géant, Haut-Fort était une ville touristique appelée Roc-en-Ciel. C’est un moine qui à l’époque a battu le géant. Depuis, l’Anglecroix veille sur Haut-Fort et ses habitants. L’endroit possède même une école, et même le Transperce-neige, qui leur permet d’écarter les nuages et de faire apparaître le soleil.
© Vornière – Kana
La situation est beaucoup plus compliquée pour les trois « aventuriers » de la forêt, surtout pour Lame qui va se trouver sous l’emprise du Cauquemare, une créature qui apparaît souvent sur la poitrine des individus durant leur sommeil. La personne se réveille, sans pouvoir bouger, avec le monstre noir flanqué sur le torse, la paralysant. Cela créé des hallucinations cauchemardesques qui offrent au mangaka français Yoann Vornière l’occasion de présenter ses planches les plus exceptionnelles, tout aussi terrifiantes que dynamiques.
© Vornière – Kana
Au fil des tomes, Vornière personnalise et originalise sa série, grâce à laquelle l’Occident peut être fier de la qualité de sa production dans un art qu’on croyait exclusivement asiatique. Mais ça, c’était avant. Du bruit pour Silence !
Laurent Lafourcade
Série : Silence
Tome : 3
Genre : Fantastique
Scénario & Dessins : Yoann Vornière
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505117100
Nombre de pages : 208
Prix : 7,90 €
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