Série : Fille de rien Auteur : Sylvain Richard et Arnü west Prix : 14 € Date de sortie : 07/06/2007 Nombre de pages : 64 Catégorie : Drame Type de reliure : Album cartonné Éditeur : Futuropolis Publié le 16/06/2007

Mai 1944, dans les environs de Lyon. Dans une grande ferme, cohabite toute une famille. Delphine, la « matriarche », vit dans la vénération de son mari mort en 1918, et du grand homme de la France, le maréchal Pétain. Ses trois fils, Henri, Marc et Serge et leurs épouses sont restés. Le quatrième, Roland, est entré dans la clandestinité. La guerre, il faut s’en accommoder. Privations, petits arrangements, marché noir… Mais la guerre a surtout créé des gouffres entre les membres de la famille, on ne s’écoute plus, on ne se supporte plus. Surtout que Serge, qui travaille dans un laboratoire de recherches, a comme équipier Jürgen, et Jürgen est allemand, et les Allemands on les a pas invités… et puis tout ce sucre qu’ils utilisent pour leurs expériences sur les mouches. Il y en a qui risque leur peau pour du sucre… D’ailleurs, Jürgen ne se fait guère d’illusions, il ne se croit pas dans le camp des vainqueurs… Pour tous, il est un occupant, un homme à abattre. Il a prévenu Serge. Celui qui restera à ses côtés se retrouvera du mauvais côté. La fin de l’Occupation approche. Bientôt, viendra le temps des petits règlements de compte, des basses vengeances avec leur lot d’injustice et de haine. Les guerres n’apportent jamais rien de bon, les fins de guerre en sont l’écho tenace.

C’est une photo de Robert Capa montrant une jeune femme tondue, un nourrisson dans les bras, huée par une foule sans compassion hilare, qui a incité Sylvain Ricard à écrire Fille de rien. C’était en 1944. la France se libérait… En approchant au plus près de l’intimité d’une famille ordinaire en proie à tous les déchirements de cette période trouble, Sylvain Ricard signe un récit sans concession, empli de toute la complexité des choix humains. Une jolie mise en garde contre le confort facile de la simplification.

 

 

Voici ce que j'appelle une BD intelligente!!!Tellement riche emotionnellement, tellement dure et réelle que les mots ont du mal à me venir(un comble!!!)!!!!

Fille de rien se pose en observateur de la réaction humaine face au desespoir, à la revanche, à la Liberation. A mon sens, il en faut du courage pour aborder un tel thème: la collaboraition et la resistance...Sans jugement de valeur, Ricard et West nous content la vie d'une famille divisée idéologiquement: s'allier ou resister à l'Allemand??Le premier cas de figure est le plus illustré ici, non pas sous l'aspect collaborationniste, non, mais sous l'angle de chercheurs profitant plutôt d'une alliance Franco-Allemande avant l'Heure en vue de faire survivre un petit laboratoire medical du Lyonnais(contrôlé à l'epoque par le tristement célèbre Klaus Barbie!)

Ce qui interpelle dans cette Oeuvre est cette reflexion: "Mieux vaut il s'associer avec l'ennemi pour le bien de tous, quitte à mettre sa fierté et sa tranquilité de côté, ou lutter envers et contre tout???" 

Les credos personnels divisent, nuisent, coupent court à toute éventualité de progression, quand bien même l'etranger ne cherche pas à nuire, mais à aider; La faute à une généralisation bête....

Le Final de cette "Fille de Rien" est sans doute le thème le plus dur, et le plus denonciateur: Fin 44, le Nazisme touche à sa fin, l'Allemand regagne son "FaterLand", la France revit et cède à la jalousie et à la vindicte populaire: point de procès, l'Homme est juge et bourreau, naissent ainsi les resistants de la dernière heure et on soulage sa frustration dans un glauque bain de sang et de larmes!!!

C'est le destin de ces Femmes qui n'ont à se reprocher qu'un trop plein d'Amour  et la perte de l'être aimé dans une guerre qui ne devait pas les concerner, ayant préféré faire la paix avec l'ennemi, non par accord avec une quelconque idéologie, mais avec l'idée d'aimer et d'être aimées...

Fille de Rien est un essai fort bien transformé sur les dessous de l'Occupation et de la Liberation. Jamais negationnistes, toujours juste dans leur propos, les Auteurs ont osé aborder LE sujet qui fâche, et qui reste encore trop tabou!!

Ce livre est pour qui???Pour tout Citoyen serais je tenté de dire, à placer entre les mains de tout élève en vue de lui donner un aperçu de notre passé proche. Une Oeuvre d'utilité publique, une vraie!!!!!

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