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Série : Loin d'ĂȘtre parfait Auteur : Tomine Prix : 15.45 ⏠Date de sortie : 20/11/2008 Catégorie : Aviation Type de reliure : Album brochĂ© Éditeur : Delcourt Collection : Outsider Lien spécifique : http://www.editions-delcourt.fr... Publié le 20/11/2008 |
Ben Tanaka a des problèmes. Non seulement il est cynique, sarcastique et insensible, mais en plus sa relation avec sa copine se passe mal. Miko Hayashi lui reproche d'être attiré par les femmes blanches. Tous les deux sont d'origine asiatique. Elle fuit à New York, il reste en Californie. Leur histoire s'inscrit dans l'Amérique multiraciale et borderline d'aujourd'hui. Un pays imparfait, tout comme eux.
L'avis de Jonathan Michielsen :
Avec Loin d'être parfait, Adrian Tomine confirme, si besoin en était, sa position d'auteur surdoué, capable de sonder les failles à travers un quotidien faussement anodin, capable de nous secouer avec une économie de moyens et un dessin faussement rigide, d'une subtilité presque évanescente. La question, c'est: pourquoi est-ce que ça nous touche autant? Pourquoi, au détour d'une page, on prend tellement à coeur toutes ces histoires d'humains moyens? Après ses histoires courtes (Blonde Platine, 32 Histoires...chez Seuil), où l'auteur manie à chaque fois l'effet d'un abîme doucement absurde qui s'ouvre au détour d'une simple émotion, ici, l'histoire plus longue et plus développée de plusieurs personnes américaines d'origines asiatiques qui se cherchent se révèle encore plus riche qu'à l'accoutumée.
Qu'y a t-il de dramatique dans ces personnages qui n'arrivent pas à être simplement tendres, qui s'empêchent presque eux-mêmes d'avoir des relations amoureuses sincères et sans arrières-pensées? Bien sûr, il y a d'abord le contexte, la communauté asiatique aux État-unis, une communauté dont on avait déjà vu les difficultés identitaires avec American Born Chinese. Ici, on y apprend par exemple que même en ayant vécu une majorité de leur vie aux États-Unis, des Coréens auraient horreur que leurs enfants sortent avec un Japonais. Et puis, il y a Ben Tanaka, héros malgré lui de cette histoire, un garçon un peu cynique, qui refuse l'étiquette de victime raciale associée à l'asiatique de service et tous les clichés qui en découlent. Mais qui, de son côté, refuse d'admettre son fantasme de sortir avec une blanche, et se sent trahit quand sa copine, elle, rencontre un blanc. Jour après jour, il s'enfonce sans s'en rendre compte dans une vague aigreur dédaigneuse qui l'éloigne à chaque fois plus des autres.
Au fond, ce qui se passe, c'est un drame tout simple, et c'est peut-être ça qui fonctionne, plus qu'un simple attrait pour une question socio-culturelle: Pourquoi laisse t-on s'immiscer dans une relation un doute, ici la question de la race, jusqu'à en oublier ce qui devrait être le principal, c'est à dire l'autre tout simplement. Il y a une question de maturité bien sûr, mais pas que ça, ce serait trop simple. Il y a surtout un trait profondément humain: les petites obsessions qu'on n'avoue pas, les petits désirs cachés qui se transforment en petites frustrations, tout ce qui nous fragilise et qu'il est si difficile de communiquer. A moins d'être un auteur de bande dessinée extrêmement talentueux, fin, observateur, bref, génial.
L'avis de Samba :
J’avais lu une chronique de ce livre assez positive et voilà que l’occasion m’est donnée d’acheter l’ouvrage sur Ebay à un prix bradé…Voilà parfois comment j’ en arrive à lire un livre qu’à première vue je n’aurais jamais acheté. L’occasion fait le larron…Ce préambule étant dit, passons au livre en lui-même.
Adrian Tomine fait partie de la nouvelle BD américaine indépendante influencé par la littérature et les films de Jim Jarmusch. Il nous livre ici un roman en noir et blanc intimiste qui s’applique à raconter la vie d’un américain d’origine asiatique, ce qu’il est dans la vraie vie. On y voit les petits faits anodins de la vie mais petit à petit par légère touche, il dépeint un tableau tout en nuances et très réaliste.
Le livre se subdivise en trois chapitres, autant dire trois étapes dans l’introspection…
Le scénario est bien ficelé, c’est la grande force de ce livre. Le dessin, sans être extraordinaire, est dans la droite ligne de la BD indépendante américaine : simple et efficace.
Ce livre se lit facilement, avec plaisir. Sans crier au chef d’œuvre, de l’excellent travail…
Si vous avez aimé « Mariée par correspondance », vous aimerez également ce livre.
A noter que « loin d’être parfait » est nommé dans la sélection officielle du Festival International de la Bande Dessinée D’Angoulème 2009.
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