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Série : Un voyage Auteur : Eric Lambe et Philippe De Pierpont Prix : 23 € Date de sortie : 14/03/2008 Nombre de pages : 160 Catégorie : Drame Type de reliure : Album cartonné Éditeur : Futuropolis Lien spécifique : http://www.futuropolis.fr/fiche_titre... Publié le 01/04/2008 |
Le médecin m’a dit ce que j’avais tellement peur d’entendre.
Ce n’était pas fini, il y a huit ans. Juste une rémission. La leucémie a repris possession de mon sang, de ma vie. Je n’en ai plus que pour trois semaines, un mois maximum. Je vais mourir et je n’arrive pas à y croire. Je suis encore vivant, plein d’énergie.
Je n’ai jamais dit à Babette que j’avais eu le cancer. Quand on s’est rencontré, je n’allais pas lui annoncer qu’elle commençait une histoire avec un ex-cancéreux ! Puis, les jours ont passé, et je n’ai jamais trouvé le bon moment. Ensuite, ça n’a plus eu d’importance. On s’aimait et j’étais guéri. On a acheté la maison, on s’est installé et on s’est dit qu’on attendrait un peu avant de faire des enfants. Un ou deux, on verrait. Notre bonheur, c’était de vivre ensemble tous les jours.
Ce matin, j’ai pris la voiture pour un dernier voyage.
Une histoire pour raconter une mort annoncée qui ne survient pas, un voyage qui n’aboutit pas, et une vie prête à redémarrer au bout de la dérive intérieure et géographique d’un homme qui se croit condamné.
Des images d’une grande beauté tissant avec les mots un récit minimaliste qui laisse le lecteur confronté à ses propres sentiments et sensations.
Après Alberto G. et La Pluie, le nouveau récit à quatre mains de Philippe de Pierpont et Éric Lambé
L'avis d'Anne Hérion :
Eric Lambé et Philippe de Pierpont nous avaient déjà fait pleuvoir. Aujourd'hui, ils nous emmènent en voyage.
En silence, un homme part en voyage. Dans ses bagages, juste la maladie et l'idée de sa propre mort. Dans son sillage, un chien et à peine une poignée de souvenirs. Le temps est liquide. Il coule, là, à l'extérieur. Le temps n'existe plus. Il est arrêté, là, à l'intérieur. Pourtant les kilomètres n'éloignent pas le sentiment d'être vivant. La distance ne rapproche pas de la fin.
Il y a l'audace que l'on voudrait avoir, il y a le courage dont on voudrait faire preuve, il y a les mensonges que l'on voudrait effacer et puis il y a l'amour que l'on voudrait donner.
Encore. Un peu. Donner. Pour ne pas se sentir vain.
Pour ne pas avoir été vain.
Le thème de la maladie, le cancer est partout. En littérature, en photographie, au cinéma, sur toutes les lèvres. Le cancer est quotidien. Pourtant, ce récit est loin, très loin d'en être une approche parmi d'autres. Parce que ce Voyage, n'est ni une quête, ni une errance, encore moins une fuite. Juste un glissement.
Un glissement d'existence. Un glissement de vie.
Où un ascenseur qui se referme, la couleur d'un prénom, l'évidence d'une lumière. Où le goût de sang. Où le silence.
hurlent la justesse d'être vivant.
Ce livre est comme ces hommes dont on ne peut définir s'ils sont gris ou s'ils sont bleus. Peut-être parce qu'ils sont les deux. Peut-être parce qu'ils ont atteint le coeur d'une nuance invisible.
Voilà un sujet qui ne m'effleurait que très rarement l'esprit, mais est-ce l'âge ou les aléas de la vie qui ont fait que maintenant j'y pense souvent, je ne sais pas. Chose sûr la mort est un sujet bien difficile auquel chacun réagit suivant sa sensiblité et son état d'esprit.
"Un voyage" est un récit très intimiste, il est sûr que les dessins sont plus un support servant à installer une certaine ambiance, et que c'est l'histoire qui vous prend et vous emmène.
Comment peut-on réagir face à l'annonce de sa mort prochaine? Est-ce que l'on remet tout en question? Est-on submergé par des regrets, des pulsions dévastatrices, de la colère...? Seul celui qui l'a vécu peut y répondre.
"Un voyage" nous propose la réaction d'un homme qui n'a plus que trois semaines à vivre. Vous pensez bien que cela ne peut être que fort et touchant.
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