Série : Le singe qui aimait les fleurs Auteur : Krassinsky Prix : 9,80 € Date de sortie : 01/06/2007 Nombre de pages : 48 Catégorie : Divers Type de reliure : Album cartonné Éditeur : Dargaud Collection : Poisson Pilote Publié le 14/06/2007

Saviez-vous que sur les rives du Kinabatangan vivait une communauté de singes nasiques (ceux avec les gros pifs endémiques à l’île de Bornéo) ?

Parmi eux Vernish, un singe pourtant à l’écart du groupe…
C’est qu’il n’apprécie guère le comportement plutôt rustre de ses congénères et de leur chef, Sivanesh, une grosse brute qui se comporte comme un animal (d’ailleurs c’est un animal !). Plus solitaire, Vernish vit à l’écart et passe son temps à cueillir des fleurs qu’il trouve dans la jungle et rêve surtout d’avoir un bon copain. D’ailleurs il en a un, de copain : c’est Koola, un vieux singe qui vit dans une carcasse d’avion. Mais si Koola n’aime pas trop les fleurs, les bouteilles de Coca Cola que lui ramène Vernish le plongent dans un bonheur proche de la béatitude.
C’est quand même chouette d’avoir un bon copain ! Sauf quand ça finit mal…

Jean-Paul Krassinski réussit là une bien belle caricature de la vie sociétale humaine. Et pour mieux cerner les démentiels errements de la nature humaine, rien de tel qu'un échappatoire bestial.

D'une bonté naïve sans égal, Vernish, singe mal aimé, incarne le parfais archétype de l'homme-enfant pour qui la relation spontanée et gentille incarne l'essence de la relation sociale. Malheureusement, cette débordante empathie symbolisée par le don de fleurs, ne s'inscrit pas dans l'adaptation à la vie en communauté. Ses valeurs ne sont pas celles mises en avant dans une société animale structurée. Tiens donc, le lecteur pourrait-il s'identifier à ce petit singe? Qui n'a jamais souhaité un ami ?

Hormis cette fuite en avant communautaire, se dégage de ce bel album une critique acerbe de la société de consommation porteuse de mal, déroulant, dans l'ombre d'un réconfort immédiat illusoire, un tapis rouge à l'auto-destruction sciemment programmée. Conflits de genre et de civilisations, la patte de J.-P. Krassinski fait mouche par la légèreté du ton et des graphismes. Les lecteurs de Kaarib ne seront guère depaysés par les traits toujours épurés et rectilignes du talentueux dessinateurs. Ajoutez à cela un travail fin et juste de Laetitia Schwendimann aux couleurs et vous obtenez une parfaite solution offrant plaisir et satisfaction au lecteur curieux.

Décidément, Dargaud et sa collection Poisson Pilote n'ont de cesse de surprendre le lecteur en l'interrogeant sur le bien fondé de sa démarche intellectuelle.

Merci beaucoup monsieur Krassinsky.

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