Série : Appoline Auteur : Jean-David Morvan & Toma Prix : 15 € Date de sortie : 16/09/2009 Nombre de pages : 64 Catégorie : Polar Type de reliure : Album cartonné Éditeur : Casterman Collection : Univers d'auteurs Publié le 12/10/2009

De nos jours, dans une ville moyenne qui pourrait être n’importe où. Un soir, à l’heure de la fermeture des magasins, un boulanger tout ce qu’il y a de plus ordinaire est sauvagement assassiné. La caisse n’est pas même fracturée.

En suivant les pas de l’assassin de retour à son domicile –lui aussi un homme d’une apparence des plus ordinaires–, on découvrira que le mobile du crime est lié à une femme mystérieuse qui vit dans les sous-sols de la maison. Est-elle l’instigatrice de cette exécution ? Ou quelqu’un qu’il faut absolument protéger du monde extérieur ?

En enquêtant sur l’affaire, l’inspecteur Wimms, un policier mutique et replié sur lui-même, parvient à trouver la maison de l’assassin. Et fait la connaissance de l’occupante du sous-sol : Appoline, qui fut autrefois, alors qu’elle avait 8 ans, une enfant kidnappée. Dix ans se sont écoulés. On n’a jamais cessé de la rechercher, en vain. Et Appoline, devenue une jeune femme brillante, manipulatrice et fascinante, entreprend de raconter au flic envoûté sa terrible et très extraordinaire histoire…

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Un huis clos étouffant

Jean David Morvan (Spirou et Fantasio) met en scène un récit qui soulève la question des enlèvements d’enfants, de leur détention, du syndrome de Stockholm, des violences et abus sexuels, des relations ambigües (entre haine et amour) entre un ravisseur et sa victime. Mais, ici, le scénariste utilise ces éléments, souvent sordides, pour confectionner un thriller à couper le souffle. Morvan s’est principalement inspiré d’un fait divers tragique, l’affaire Natascha Kampusch. Fillette de dix ans, Natascha a été enlevée en 1998 et a échappé à son geôlier en 2006. Elle a décrit celui-ci comme une personnalité paranoïaque et menaçante qui l’a pourtant emmenée plusieurs fois faire du ski. Elle n’a pas voulu se prononcer sur leurs rapports intimes. Morvan a également puisé dans un autre fait divers horrible, l’affaire Véronique Courjault, une mère qui a tué et congelé ses trois bébés. Extrêmement bien construit, Appoline se lit comme un huis clos entre trois personnages psychologiquement perturbés. Carasse, le kidnappeur fêlé, entretient des rapports malsains avec Appoline. Cette dernière, qui jouit d’une semi-liberté, ne semble pas pressée de s’enfuir car elle paraît adorer les jeux de son bourreau. Wimms, un instable, est manipulé et se découvre des penchants inavoués. Le suspense monte crescendo dans le registre de l’horreur pure et noire pour aboutir à un dénouement choc plus que surprenant. On se doute toutefois que ce récit ne sera pas apprécié par tous. Par ailleurs, il fallait un dessinateur au trait expressif et réaliste pour donner au récit toute sa plénitude et traduire toutes les nuances des sentiments des protagonistes. Le slovène Thomaz Lavric dit TBC (Décalogue) colle parfaitement à ce profil. Son découpage plein de rigueur, est impeccable tandis que les couleurs nous plongent dans l’indicible.

Un thriller noir qui vous glace le sang et dont on ne ressort pas indemne…

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