Série : Kaplan & Masson Auteur : Convard et Thibert Prix : 14,50 € Date de sortie : 04/09/2009 Nombre de pages : 56 Catégorie : Action Type de reliure : Album cartonné Éditeur : Glénat Collection : Découverte 40 ans Lien spécifique : http://www.glenatbd.com/bd/kaplan... Publié le 12/10/2009

Une série éblouissante, dans la grande tradition du feuilleton policier d’aventures, portée par un Convard au sommet de son art et un Thibert s’imposant
définitivement comme le nouveau maître de la Ligne Claire moderne.
Le scientifique Jason Purcell est un homme brisé. Mais un homme debout. Car depuis la mort de son compagnon de recherches, Albert Bernstein, Purcell reste le seul responsable des abominations d’Hiroshima et Nagasaki… Dévoré de culpabilité, l’homme a décidé de créer un comité de lutte contre la prolifération des armes atomiques. Initiative louable, mais dangereuse, puisque Purcell est aussitôt assassiné par d’ignobles tueurs, capables d’étrangler leurs victimes à mains nues, mais aussi d’escalader les façades d’immeubles à la seule force de ces mêmes mains... De quoi titiller la curiosité d’un couple d’enquêteurs pas comme les autres : Etienne Kaplan, membre des services secrets français, et Nathan Masson, scientifique réputé. L’enquête peut commencer. Elle sera étourdissante d’action, de rebondissements, mais aussi d’intelligence. Portée par le sublime graphisme de Thibert, mêlant le meilleur des années d’or de la Ligne Claire à une rythmique narrative purement contemporaine, Les aventures de Kaplan et Masson constitue tout simplement la nouvelle série événement de Didier Convard depuis Le Triangle secret. Déjà une référence.

Une ligne claire rétro, de bons personnages, un polar à rebondissements, le tout saupoudré d'humour... et d'amour. Très bon premier tome. A suivre.

L'avis de Lison

Cela fait un peu étrange au départ de se trouver avec un album qui a un air des lectures de notre prime jeunesse. Jean-Christophe Thibert est un fan de la ligne claire, cela se voit tout de suite. Et ce "retour aux sources" est profitable !

Pour ne rien gâcher, le scénario de Didier Convard est captivant et nous lance dans un thriller scientifique avec des pointes d'humour ça et là. Un vrai petit bijou à lire absolument !!!

Et, on l'espère une série à suivre !

La chronique de Van Hisse :

Nous sommes dans les années cinquante et un étrange ninja sème la terreur parmi les savants atomistes qui veulent créer un comité de la paix. Le scientifique Masson et Kaplan, chef de la sureté, unissent leurs efforts pour le coincer...


Le professeur Mortimer s'apprêtait à se glisser dans son lit lorsque le téléphone sonna.
- Mais qui cela peut-il donc être à cette heure tardive ? marmonna t-il tout en se demandant comment il pouvait encore fabriquer des phrases aussi biscornues quelques minutes avant de se glisser dans les bras de la seule femme qui voulait encore de lui, c'est-à-dire Morphée.
- C'est le capitaine Blake, Sahib, lui dit Nasir, son fidèle valet indien qui avait décroché le téléphone. "Il demande à ce que vous vous rendiez au club. C'est urgent ! "
- All right, je me rhabille... maugréa le scientifique... Dis-lui que je serai là dans quelques minutes...

Le club était désert à cette heure avancée de la soirée. Ou plutôt de la nuit, car Big Ben sonna deux heures du matin dans le lointain. Dés qu'il aperçut Mortimer, Philip Blake jaillit de son fauteuil comme un diable hors de sa boîte.
- Allons, old chap, que me vaut un si grand emoi - emoi emoi ! fit l'écho dans la pièce vide, avec la voix de Jacques Dutronc.
Le militaire paraissait furibard. Il agitait ce qui ressemblait fort à un dossier :
-Well, lisez-donc ceci, c'est proprement outrageous !
Mortimer attrapa au vol l'objet que Blake lui avait balancé en travers de la figure. Il y jeta un coup d'oeil et sursauta :
- Mais, c'est une bande dessinée !
- Oui, répliqua son vieux compagnon d'arme, c'est exactement ça...
- Mais... mais... qu'y a t-il de si urgent ?... commenca Mortimer en fourrant sa pipe dans sa bouche. Le regard glacé de Blake le força à fermer son clapet et à machonner sa pipe.
Un butler aux traits ensommeillés leur apporta une carafe de whisky et, tandis que Mortimer s'asseyait et se plongeait dans la lecture de cette bande dessinée, Blake se versa une grande rasade et l'engloutit cul sec, histoire de se calmer les nerfs... Il tendit son verre à Mortimer mais celui-ci était déjà trop absorbé pour s'en rendre compte. Nouvelle rasade et il se mit à faire les cent pas en attendant le verdict, le verre dans une main, la carafe dans l'autre.
Un rire lui parvint du fauteuil où était assis son ami. Celui-ci referma le livre et lui sourit :
- Well ! c'est excellent, cela ressemble...
- C'est exactement ça, ça ressemble traits pour traits à nos aventures... Ces...ces...français, ils ont osé nous ridiculiser... Ils ont changé les noms mais c'est tellement évident. Ce kalson...
- Euh... Kaplan, Blake...
- C'est exact ! Ce Kaplan et ce Masson, ce sont nos portraits tout crachés !
- Oui, mais je ne vois pas en quoi cela peut vous mettre dans un tel état. Ce n'est pas une caricature, tout de même, c'est une sorte de pastiche et je ne connais pas meilleur hommage qui soit ! Vous auriez préféré ces inepties de Marniquet ?
Le professeur Mortimer regarda son compagnon d'un air soupçonneux en feuilletant la page de garde :
- Mais, attendez donc, je lis ici que cet ouvrage a été imprimé en 2009, soit dans cinquante ans...
- Ah bon ? hips ! Blake commençait à en tenir une bonne. La carafe de whisky était presque vide. Je ne m'en étais pas rendu compte (pour la date ou la carafe ?)
- La solution la plus logique voudrait que vous ayez voyagé dans le temps, Blake... Je pensais que la machine avait été détruite ! Souvenez-vous du piège diabolique !
- Ssssecret d'état, Mortimer, je ne pppeux rrien dire - il désigna la BD - en tttout cas, je soupçonne Olrik d'être derrière tout cela. Ccc'est lllui qui a inventé cette... chose... pour nous ridiculiser !
- Balivernes, s'écria Mortimer en maîtrisant un accès de colère que seul son tempérament british parvenait à contrôler. Il se leva et d'un geste aussi ample que théatral, balança la bande dessinée dans le feu ouvert. Il se tourna vers son ami qui titubait et tonna d'un air qui ne souffrait point de réplique :
- Vous allez rentrer vous coucher, cuver ce dix ans d'âge que vous avez engloutit comme un ménapien et tâcher d'oublier cette conversation... Et vous allez me promettre de ne plus embarquer dans cette machine de malheur dans le but d'aller chercher des crosses à Didier Convard et Jean-Christophe Thibert, c'est compris ?
- M'enfin, pleurnicha l'officier, "La théorie du chaos" cela aurait très bien pu être une de nos aventures !
- Vous savez quoi, capitaine Blake, vous êtes un grand jaloux ! Il est vrai aussi que les dernières aventures que nous avons vécues ne valaient pas tripette ! Peuh ! Blake et Mortimer au Congo...
Les deux hommes sortirent de la pièce bras dessus bras dessous. L'un surtout pour soutenir l'autre.
Ils avaient à peine fermé la porte qu'une silhouette emballée dans une grande cape jaillit de derrière une tenture. Elle se précipita vers l'âtre et plongea sa main dans le feu, afin de récupérer la BD qui se consumait.
Il la tint en ricanant et leva ses poings d'un air triomphant. Il allait repartir avec son précieux butin fumant lorsqu'il se rendit compte que sa cape était en train de prendre feu (il s'était trop approché de l'âtre)
S'en suivit une danse de Saint Guy tout à fait indigne d'Olrik - car il n'y avait que lui pour faire le zouave comme ça - il se précipita vers la carafe et la vida sur l'incendie, mais c'était oublier que ce n'était pas de l'eau mais de l'alcool. L'incendie redoubla de violence et le malfaisant méchant fut contraint de se débarrasser à la hâte de sa précieuse cape avant de finir complètement roussi.
Quant au livre qui lui avait échappé des mains, il en avait lâchement profité pour se consumer entièrement...

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