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Série : Lefranc Auteur : André Taymans & Erwin Drèze & Jacques Martin-Michel Jacquemart Prix : 9,50€ Date de sortie : 15/11/2006 Nombre de pages : 48 pages en Quadrichromie Catégorie : Aventure Type de reliure : Album cartonné Éditeur : Casterman Publié le 03/01/2007 |
Dans la grande menace, le journaliste Guy Lefranc aidait l'inspecteur Renard à remonter la piste de fraudeurs opérant à grande échelle entre la Suisse, la Belgique et la France. Ces derniers, à la tête d'une puissante organisation clandestine commanditée par Axel Borg avaient lancé un ultimatum terrifiant au gouvernement français : trois milliards de francs-or ou... la destruction de Paris !
C'est peu de temps après cette première aventure que se situe le contexte de ce nouvel album. On nage ici en pleine guerre froide, dans l'ambiance surannée des années 50, au temps où les conférences de Genève supplantaient les actuels G5,G6, G7 ou G8 ou autres réunions de l'ONU.
Guy Lefranc, venu à Genève en tant que reporter pour couvrir la réunion des quatre grandes puissances se retrouve, malgré lui, impliqué dans cette nouvelle aventure quand il apprend qu'un savant atomiste français, qui vient de périr dramatiquement, lui a envoyé un ultime courrier...
Lefranc est tombé... mais Lefranc s'est relevé !
Après un dernier tome rempli d'anachronismes; après nous avoir servi plusieurs albums où un héros fade et immuable nous inonde de répliques insipides voire terriblement incohérentes, Lefranc revient en force dans cette nouvelle aventure pleine de saveurs. Ce dernier Lefranc constitue une rupture majeure sur tous les plans avec ceux des années 1990-2000. On renoue ici élégamment avec le style graphique et narratif du Martin du début des années 50. "Le maître de l'atome" est, en quelque sorte, un retour aux sources. A l'époque en effet, trois ans après la sortie de "La Grande Menace", Jacques Martin s'attellait à mettre en chantier la suite de ce premier album, suite qui ne verra pas directement le jour car l'histoire inachevée restera oubliée dans un tiroir pendant un demi-siècle... jusqu'à la redécouverte récente de crayonnés et de synopsis qui ont relancé l'aventure.
L'album que les auteurs nous servent ici est une oeuvre jouée à plusieurs mains, avec ses avantages et ses désavantages. Le désavantage principal étant sans conteste celui de nous offrir un album dont le dessin n'est pas toujours régulier et dans lequel les personnages ne se ressemblent pas toujours (Le Guy Lefranc de Jacques Martin à ses débuts étant assez loin des traits Baldwiniens du Lefranc de André Taymans). Mais, qu'à cela ne tienne, la surprise de découvrir une planche originale et de quelques crayonnés de la patte même d'un Jacques Martin alors au sommet de son art auront vite fait de transformer ce désavantage en séduction.
La seconde surprise est de taille. En effet, Jacques Martin semble avoir trouvé des repreneurs dignes de la belle époque. Certains connus, établis et confirmés comme André Taymans qui nous gratifie d'un dessin souple, lisse et très agréable; d'autres, inconnus au bataillon de la Bande dessinée, tels Erwin Drèze ou Michel Jacquemart. Biologiste de formation, ce dernier signe ici une première et brillante collaboration scénaristique. A l'instar d'un Yves Sente qui fin 2000 surprenait les lecteurs de Blake et Mortimer par une surprenante mais très réussie Machination Voronov, Jacquemart donne ici un formidable et suprenant second souffle à une série qui en avait drôlement besoin. Il nous reporte dans un contexte qui flirte avec les ambiances véhiculées par les maîtres du neuvième art que sont Edgar-Pierre Jacobs et Hergé. Comment, en effet, ne pas sentir dans cet album un d'hommage discret mais efficace aux chefs d'oeuvre que sont "Le secret de l'espadon" ou "L'affaire Tournesol" ?
"Le maître de l'atome" est une combinaison entre l'ancien et le nouveau et cette combinaison est payante car les "assistants" de Jacques Martin ont réussi à renouer avec la forme et l'esprit du journal Tintin de l'époque tout en s'autorisant certaines libertés bien d'actualité (un personnage féminin, par exemple, chose impensable en 1950).
En bref, cet album est une très bonne surprise. Espérons qu'un jour, continuant dans cette lignée, on pourra dire des élèves qu'ils ont dépassé le maître et que, malgré quelques déboires, Lefranc n'est pas juste une série B avec ses très haut et ses très bas.
En ce qui me concerne, je lui réserve à nouveau une belle place dans ma bibliothèque.
©BD-Best v3.5 / 2024 |