Huitième tome déjà de cette saga qui n’en finit pas de nous prendre à la gorge.
Nous voici en 1919, la guerre est finie mais les souffrances sont toujours là, présentes, cachées dans des recoins ou des souvenirs qui réapparaissent au gré des jours et des retrouvailles.
A Gentimont, son village, Luce vit avec sa grand-mère et tient désormais un journal intime. Pourtant est-ce encore « son » village. Bien des choses ont changé ! Elle s’en rend rapidement compte avec le retour de ses parents et leur « surprise », un petit frère, en revoyant sa meilleure amie Clarisse, désormais plus attirée par les garçons qu’avant.
Ces quatre années de guerre ont changé les gens. Et elle en premier lieu !
Elle désirerait tellement revoir les Lulus. Que sont-ils devenus depuis deux ans ?
C’est alors qu’arrivent Lucien, Luigi et Franz qui ont décidé de lui rendre visite.
Pourtant l’inquiétude concernant Lucas reste pesante. La guerre les avait séparés … la paix leur permettra-t-elle de se retrouver ?
© Hautière - Hardoc - Casterman
Loin de se contenter d’un « final » collant à la fin de la guerre, les auteurs décident d’aller plus loin, de suivre leurs héros par-delà un armistice qui n’efface en rien les blessures de chacun.
Tous doivent continuer à vivre, doivent se reconstruire comme le pays !
© Hautière - Hardoc - Casterman
Ce huitième tome ouvre une nouvelle approche des enfants dans ce terrible conflit qu’a été la 1ère GM. « L’après est loin d’être la fin » comme dans les films lorsque l’Armistice sonne le début du générique final.
Ici les auteurs poussent plus loin, explorent ou plutôt continuent à suivre leurs héros. Que deviennent-ils ? Les liens tissés durant ces quatre terribles années vont se poursuivre au-delà …
L’occasion d’ailleurs de souligner ici l’excellente qualité de la série complète. Loin de tomber dans une certaine incohérence, voire naïveté que d’autres similaires exploitent au point de rendre leur trame narrative à la limite de l’aberration, les héros des Lulus, enfants de la guerre et dans la guerre, ne nous content que des exploits « réalistes » et historiquement « réalisables ».
© Hautière - Hardoc - Casterman
Les qualités de cette « épopée humaine » résident également dans le dessin. Un trait à la fois rond et grave, agréable aux yeux de jeunes lecteurs. Une mise en couleur s’harmonisant avec l’ambiance et les thèmes abordés souligne idéalement l’atmosphère des aventures traversées par nos héros.
Et pour nous faire patienter jusqu’à la sortie du prochain tome, le 18 janvier verra la transposition de leurs aventures sur les grands écrans belges et français.
Clairement l’événement ciné familial de la rentrée ! Humour, émotions et tendresse se mêlent avec la tristesse, le désespoir et la violence du contexte historique dans cette adaptation libre de la série BD.
Réalisé par Yann Samuell (à qui nous devons déjà « Jeux d’enfants » et un remake de « La Guerre des Boutons »), ce dernier réussit à merveille la plongée les Lulus dans le chaos de la 1ère GM. Une course effrénée à travers la France pour fuir les combats et tenter de se mettre à l’abri en Suisse, le « pays jamais en guerre ».
Respectueux de l’esprit et du ton de la série BD, la vision du monde absurde des adultes dans ce conflit passe par leurs yeux … et la rencontre de personnages parfois contradictoires. Entre l’enseignant bienveillant, l’éducateur rigide, le soldat pacifiste ou perdu, l’occupant déserteur ou l’officier strict, les différents visages de qui pour le « père » ou la « mère » que ces orphelins recherchent frénétiquement pour se sauver.
Le public est touché de la façon la plus sensible et directe par cette naïveté infantile. A chaque instant, le spectateur hésite entre rires et pleurs, sourires et larmes d’émotion tellement le film réussit à capter cette innocence dramatiquement écrasée par la violence de cette guerre.
Pour réussir cette prouesse, des acteurs remarquables, et en premier lieu les interprètes des Lulus : Tom Castaing (Lucas), Mathys Gros (Luigi), Léonard Fauquet (Ludwig), Loup Pinard (Lucien) et Paloma Lebeaut (Luce).
Portés par un casting de rêve, les Isabelle Carré, Alex Lutz, Ahmed Sylla, François Damiens, Didier Bourdon, … font merveille.
Nous serions injustes de ne pas signaler également la qualité des décors et de la photographie. Loin d’être un film de pure action violente, sensationnelle et hyper-technologisée, le côté un rien BD ressort dans l’image et le cadre.
Sans hésitation, un film à voir en famille et qui réserve bien des surprises aux spectateurs, fans ou non des albums BD.
Et si le 18 janvier vous paraît fort loin, le 4, donc juste au lendemain du réveillon de la Saint-Sylvestre, les plus jeunes lecteurs pourront retrouvés nos 5 Lulus en version romancée.
© Hautière - Grynszpan – Hardoc - Casterman
A travers les 2 premiers tomes (« 1914 - La maison des enfants perdus » et « 1915 – Hans »), une transcription fidèle et facilement lisible pour un enfant de 9 ans relate leurs aventures. Rythmé, émouvant, fort bien écrit, cette transposition des découpages de chaque planche en un texte d’une longueur raisonnable (une centaine de pages) offre une excellente porte d’entrée à la série.
Ainsi, Eva Grynszpan relève avec succès ce défi de travail d’écriture inversée consistant à transcrire une BD en roman jeunesse.
Une bonne idée de cadeau s’il en est pour cette rentrée !
© Hautière - Grynszpan – Hardoc - Casterman
Les Lulus n’ont donc pas fini de nous émerveiller de leur innocence et pureté éclatée.
NB : à l’occasion de la sortie du film en salle le 18 janvier 2023, les Éditions Casterman proposent en offre découverte le tome 1 à 5,00 € (disponible dès le 4 janvier 2023).
© Hautière - Hardoc - Casterman
Thierry Ligot
Titre : 1914 La maison des enfants perdus
Série : La Guerre des Lulus
Tome : 1
Éditeur : Casterman
Texte : Eva Grynszpan
Dessin : Hardoc
Format : Souple broché
Nombre de pages : 128
Prix : 7,50 €
ISBN : 9782203236653
Titre : 1915 Hans
Série : La Guerre des Lulus
Tome : 2
Éditeur : Casterman
Texte : Eva Grynszpan
Dessin : Hardoc
Format : Souple broché
Nombre de pages : 128
Prix : 7,50 €
ISBN : 9782203236660
©BD-Best v3.5 / 2024 |